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4 décembre 2007 2 04 /12 /décembre /2007 00:48

Quand on lit la tradition des Rômes, on comprend non seulement d'où viennent les personnages de l'Ancient Testament mais aussi d'où est tirée le mot Christ, leur dieu s'appelait Isa-Kris'ten et ils le font concevoir par Maha-Maria, la grand Marie, océan céleste qui contient la lumière du monde. Ce livre est vraiment fabuleux, très riche d'enseignement...

 

 

 

 

Les Rômes

Histoire vraie des vrais Bohémiens

par Jean-Alexandre Vaillant

1857

5ème partie

4e partie

3ème partie

2ème partie

 1ère partie

CHAPITRE PREMIER - suite...

LES ROMES AUX INDES

D'où nous venons ? l'on n'en sait rien.
L'hirondelle
D'où nous vient-elle ?
D'où nous venons ?  l'on n'en sait rien.
Où nous allons, le sait-on bien ?

Apnès avoir fondé la science, les parfaits, Anaki et Ianak, ne tardèrent pas à en connaître le prix, car partout où il la portaient, ils devenaient les chefs des peuples ignorants, grossiers, sauvages qu'elle leur aidait à éclairer, à adoucir, à policer. Ils ne furent pas longtemps non plus à comprendre qu'elle leur était un trésor d'autant plus précieux, et qu'ils devaient conséquemment d'autant plus cacher, qu'ils y puisaient à leur gré richesse et puissance. Ils en avaient composé la cabale, c'est-à-dire les signes, lettres ou chiffres, dessins ou figures, qui en exprimaient parfaitement les choses et les faits, les noms et les nombres, et ils en avaient établi le siège et le sanctuaire dans la plupart de leurs villes, qui elle mêmes n'en étaient que le reflet. On dirait presque que Cabul fut une de ces villes et que les Anaki y avaient caché la cabale, comme sous leur nom d'Anak-ins ils la cachèrent plus tard la Câba d'Arabie. Car si, comme on le dit, Abraham bâtit cettee cabane carrée, cette maison cubique, avec les matériaux d'Ismaël, c'est qu'avant lui Brahma avait créé, à l'aide des phases de la lune, le Tantara ou zodiaque de la terre, dont le carré ou le cube, type alors de toute perfection fait la divinité de Cyb-èle.

Quoi qu'il en soit, bien que suffisamment révélée déjà sous les signes, comme l'esprit l'est sous la lettre, ils s'évertuèrent à en révéler non seulement les noms et les nombres, les choses et les faits, mais encore les lettres et les chiffres, les dessins et les figures. A force d'imagination, ils y parvinrent, et voici en quelques mots bien clairs comment ils y parvinrent.

Le temps et ses subdivisions avaient été caractérisés par les nombres 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 9, 10, 12, 21, 36, 70 ou 72, 336, 353 ou 354, 360, 432, et ces nombres exprimaient :

1. La monade indivise, l'individu solitaire, m'astre solaire et munaire, la zone diurne et nocture, l'éternité du temps, l'infini du monde.

2. Le duel divisible, haut et bas, sus et sous, feu et eau, lumière et ombre, éther et air, mâle et femelle, soleil et lune, homme et femme, femme, les deux vers ou versants et les deux stiques ou vers du distique de l'Univers, les deux heures ou destins, bonheur et malheur des hommes.

3. L'amazône on ensemble des trois zônes sidérale, lunaire et solaire, qui sont les trois Touts éternels et simulent pour la terre la trinité apparente du ciel.

4. Les quatres temps, les quatre vents oi voix, les quatre sons ou airs, les quatre points des solstices et des équinoxes, les quatre branches croisées de la lumiere du temps, les quatre points cardinaux, les quatre semaines lunaires, les quatre métaux, etc.

5. Les cinq planètes, les cinq semis.

6. Les six saisons ou temps composes de deux mois luno-solaires liés ensemble et pendant lesquels la nature compose, mûrit, décompose tout ce qui est de la terre.

7. Les sept étoiles du pôle, les sept nuits sidérales d'où naissent, pendant l'aphanisme lunaire, les sept jours de la semaine.

9. Les neuf mois de gestation humaine et astrale, parce que, après avoir été conçu le 25 mars, lorsqu'à sa sortie de la mort de l'hiver il entre dans la vie du printemps, le soleil renaît comme l'homme, neuf mois après, le 25 décembre à minuit.

10. Les dix ki ou kans, décans ou décades qui divisaient le mois solaire en trois parties de dix jours et l'année en trente-six mois de dix jours ou en dix mois de trente-six jours; les dix premiers arcs du ciel, les dix premiers signes du zodiaque.

12. Les douze signes zodiacaux, les douze mantara ou formules du zodiaque, les douze manses de la lune et du soleil, les douze grandes constellations du Tantara, les douze mois du zodiaque de Tentyra.

21. Les vingt et une nuits de phanie ou de clarté lunaire, après lesquelles, il y a aphanisme, obscurité par absence de lune.

24. L'ensemble des douze mois solaires et des douze mois lunaires et des vingt-quatre heures du jour.

36. Les trente-six décans on décades de l'année.

70. Les soixante-dix éléments temporels dont se compose l'année.

336. Le nombne des jours de l‘ancienne année lunaire, composée des vingt-huit jours, des quatre semaines du mois ou des quarante-huit semaines lunaires multipliées par douze.

360. Le nombre des jours de la nouvelle annéé solaire, composée des trente-six décades de l'année multipliées par dix.


432. La somme des quatre ages ou des quatre temps, produit de la multiplication des trente-six decades solaires par les douze mois lunaines.

Possesseurs du sens propre, autogorique, réel, de cette cabale, les sages, sakia et sagia, lui imposèrent un sens autre ou allégorique, idéal, et lui firent exprimer pour le vulgaire :


1. L'homme ou la femme du ciel, le menin ou la ménie des astres, le poëte ou la muse du temps, le dieu de la lumière ou la déesse de la clarté, et ils leur donnèrent à chacun d'abord dix, puis douze principaux noms correspondant à chacun des dix et des douze signes zodiacaux.

2. L'empirée en haut et l'empire en bas ; l'Elysée et le Tartare, le Paradis et l'Enfer, le royaume d'Ormuzd ou d'Osiris, séjour du Bien, et le royaume d'Ahriman ou de Typhon, séjour du Mal, la demeure des sours et des assours, des astres et des ombres, des héros et des hommes.

3. La trinité réelle de Dieu, les trois personnes évidentes de cette trinité : l'air brah, le feu siv, l'eau vis, déifiés en Brahma, Siva,
Vis'nü.

4. Les quatre grands livres du temps, quatre grands messagers de la lumiere du monde, les quatre grandes voix des astres, les quatre grands prophètes du ciel, les quatre bras de Brahma, Siva et Vis'nu.

6. Lesz six jours du temps de creation pendant lesquels Vis'nu, Brahma, Siva, produisent, vivifient, mûrissent toutes choses et pendant lesquels aussi Brahma, Siva, Vis'nu, créent, détruisent et recomposent toutes choses.

7. Le char de la lune et du soleil, le char d'Hénoch et d'Apollon, les sept chevaux qui traînent le char de Suria, comme les sept nuits de l'aphanisme de la lune traînent après elles les sept jours du soleil.

9. Les neuf mois de gestation de l'astre (deva), de la planete lunaire, de la divine lune, Devaki, laquelle ayant conçu le devas ou astre divin, le dieu soleil, le 25 mars, à l'équinoxe du printemps, le met au monde le 25 décembne, à minuit, afin que cet astre ou devas solaire, que ce dieu Soleil, renaissant pour une nouvelle année, soit à jamais le Divin Sauveur des hommes.

10. Len dix premiers patriarches de la terre, les dix premiers rois des hommes, les dix incarnations de Vis'nu, les dix commandements de Bouddha, de Bouddha, qui est Daboud ou David, et de Manu, qui est Manoel.

12. Les douze nouveaux patriarches, les douze grands dieux du ciel, les douze tables de la loi, les douze travaux d'Hercule et de Rama.

36. Les trente-six kabires on nautonniers des trente-six karabies ou nefs du temps, subdivisés en douze, six, trois, selon les mois, les saisons, les zônes.

70. Les soixante-dix goupils, nourrices de Buddha, dont Phrygiens et Hébreux firent les soixante-dix membres de la famille d'Hecube et de lacobe.

336, 360, 432. Les vertus ou qualités, les vices ou défauts qui président à chaque jour, qui caractérisent chaque étoile et chaque homme; qui, influant sur chaque astre devas ou soreh, en font des dieux ou des héros bien ou malfaisants, et qui, influant sur les hommes, en font des saints et des parfaits, des heros et des dieux.

Multipliant ensuite 360 et 432 par autant de dixaines qu'il leur plut, ils donnèrent au monde jusqu'à 3,600,000 et 4,320,000 ans d'existence; le temps, dont le spirite ou esprit est l'éther, étant éternel, ils le représentèrent sous la forme d'un serpent qui tourne éternellement en spirale et dont chaque spirale forme un annenu et compte les révolutions diurnes, hebdomadnires, mensuelles, annuelles cycliques et séculaires de l'éternité; le fleuve étant par ses méandres comme le serpent par ses spirales, et le temps étant comme un fleuve qui coule sans cesse, emportant avec lui ses éléments qui le constituent, ils donnèrent à ce serpent, hydre ou fleuve, trois, sept, quatorze et vingt-huit têtes, selon qu'ils voulaient imprimer les trois zones, les sept jours, les sept nuits et vingt-huit nuits lunaires ; chaque étoile étant un nome, une monade, il en firent le numéraire et la monnaie de Brahma, d'où l'on comprend déjà comment Abrahm était riche en or ; les étoiles étant les signes et les singes ne parlant pas autrement que les étoiles, ils firent des singes le signe des étoiles, les donnèrent pour compagnons au soleil Rama et les vouèrent à la vénération des hommes.

Le zodiaque étnnt comme une forêt (remus) dont chnque étoile est un arbre, ils firent de cette zône sidérale (nama) la forêt des cieux, forêt de Némée et de Calydon, dont Rama est le sanglier et Suria le lion, et de chaque signe zodiacal une bête de cette forêt ; les pôles de cette forêt étant tour à tour dans l'ombre et le froid de l'hiver et dans la lumière et la chaleur de l'été, ils caractérisèrent le tropique septentrionnal par la chèvre et le bouc et le tropique méridionnal par le lion et l'éléphant ; et la chèvre de Siva et le lion de Vis'nu furent pour eux le symbole des deux hémisphères du monde.

Quand ils eurent ainsi divinisé toute la nature physique et morale, quand ils eurent ainsi, en la personnifiant, spiritualisé la matière et matérialisé l'esprit en donnant des formes à toutes les abstractions, ils composèrent des hymnes, des légendes sur tous ces personnages imaginaires ; le temps et l'ignorance aidant, le monde, qui ignorait les faits, crut aux fictions, et la superstition se propagea de siècle en siècle, de foi en foi, chez tous les peuples de la terre.

Cependant tout ceci ne s'accomplit ni sans bruit, ni sans résistance, et il ne fallut pas moins de guerres et de sang
pour asseoir ces mensonges sur les bases où elles reposent depuis près de sept mille ans, qu'il n'en faudrait aujourd'hui pour les renverser. Quoi qu'il en soit, bien que les parfaits, Anaki ou Ianak, n'aient pas attendu cette subversion d'idées pour sortir de leur pays, tout fait préjuger néanmoins qu'elle leur fut une nouvelle occasion d'en sortir ; nous pourrions donc les suivre ful une nouveile occasion d'en sortir ; nous pourrions donc les suivre dès à présent dans leurs lointaines pérégrinations autour de la terre, mais afin de montrer que les Rômes, Zath et Pali n'étaient ni moins sages, sakia ou sagia, que les bodhas ou les Meydes, ni moins habiles qu'eux dans l'art de la fiction ou de l'allégorie, nous allons encore, avant de marcher sur leurs traces, expliquer en quelques mots le nouveau mythe dont ils sont les auteurs et dont la morale fait depuis trois mille ans la plus belle religion des Indes.


Vers le onzième siècle avant notre ère, les Zath étaient déjà retirés dans la Duab ou Mésopotamie, d'entre la Gemna et le Gange. Dans leur besoin d'un Dieu, et n'en trouvant pas, ils en firent un du soleil, qui, pour eux, est l'astre des besoins, et le nommèrent lsa-Kris'ten, parce que sa lumière est brillante comme l'or, pure comme l'air, est diaphane comme le cristal. Ils le font concevoir par Maha-Maria, la grande Marie, mer ou océan céleste qui contient la lumière du monde, et le font naître de la planète ou déesse lune Devaki, laquelle le mit au monde le 25 décembre, à minuit, dans la ville de Mythra, sur les bords de la rivière qui, pour ces raisons, fut nommée Iemna et Gemna, de la Nuit et de la Naissance. Selon eux, quand il naquit, une gloire céleste illumina ses parents et son berceau, comme le soleil éclaire les astres à l'antipode, quand il va sous l'horizon ; les choeurs des Devatas, astres ou anges, pasteurs des hommes, firent retentir autour de son berceau les divins concerts de leur sublime harmonie, comme chanteront les pâtres des troupeaux autour du berceau de Jésus ; sa naissance inspira des alarmes aux tyrans comme en inspirera à Hérode celle de Jésus ; dans la crainte de le laisser échapper, Kamsa, son oncle, et roi des Zath, comme Hérode le sera des Juifs, ordonna de massacrer tous les nouveaux-nés ; le massacre eut lieu, mais il ne put atteindre celui qui devait être le Sauveur des hommes, parce qu'il est l'astre Devas ou Dieu du monde. Pour le cacher à l'Hérode, roi du pays, ses parents le transportèrent à Gokal, ville des vaches, comme ceux de Jésus le transporteront dans les paturâges de Goscen, pour le soustraire au Komsa de la Judée ; il vécut là, retiré chez les pâtres, comme Apollon chez Admète, et, comme lui, il leur enseigna à jouer de la flûte ; rentré plus tard à Mathura, comme Jésus à Jérusalem, il étonna comme lui par sa science et ses miracles, et l'amour qu'il inspire lui fait comme à Jésus de nombreux partisans ; mais sa royauté est contestée, comme doit l'être un jour celle de Jésus, et il meurt en croix, sur cette même croix, où, mille ans après, Jésus doit mourir. C'est alors qu'il laisse ses instructions à Ariun, son bien-aimé, comme Jésus-Christ a laissé les siennes à Jean, qu'il appuie sur son coeur.

La morale dont les Zath embellirent ce mythe en fit bientôt la plus belle de toutes les doctrines de l'Inde, comme ce mythe en était lui-même le plus beau. Importée au casmire, elle y eut ses prêtres et son temple ; et ce temple de Stawa, perfection de Buddha, fut le modèle du temple de Salomon, perfecton de David.

Maintenant quc nous avons établi suffisamment de rapports entre les pays et les peuples d'au delà et d'en deça le Sind, du sud au nord, de l'est à l'ouest, des Tagh de Tartarie aux Ghât de l'Indoustan, pour piquer la curiosité et stimuler l'intérêt du lecteur, nous l'engageons à nous suivre et à marcher avec nous sur les traces des Rômes. Pour peu qu'il tienne à apprécier la justesse de nos assertions, il nous suivra, car pour le mieux mettre à même de reconnaître les Rômes là où nous les rencontrerons, nous lui promettons de nous faire leur interprête et de lui donner, mieux qu'ils ne pourraient le faire, le sens propre de quelques-unes de ces merveilleuses légendes qui, par eux, nous sont venues de Judée, d'Egypte, de Colchide, de Grèce et d'Italie. Comme jusqu'ici nous n'en avons jamais connu que le sens figuré, sous lequel elles perdent tout leur intérêt, nous espérons le leur rendre en les dépouillant de l'allégorie dont les sages les ont couvertes comme d'une saie, et nous serons d'autant plus heureux de mettre à nu la vérité qu'elles cachent, la science qu'elles renferment, vérité qui ne doit plus être sous le boisseau, science qui ne doit plus être un mystère, que nous offrirons au lecteur un agréable avant-goût du Livre de la Parole.

A suivre...

Posté par Adriana Evangelizt

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4 décembre 2007 2 04 /12 /décembre /2007 00:18

 

 

Les Rômes

Histoire vraie des vrais Bohémiens

par Jean-Alexandre Vaillant

1857

4e partie

3ème partie

2ème partie

 1ère partie

CHAPITRE PREMIER - suite...

LES ROMES AUX INDES

D'où nous venons ? l'on n'en sait rien.
L'hirondelle
D'où nous vient-elle ?
D'où nous venons ?  l'on n'en sait rien.
Où nous allons, le sait-on bien ?

 

Il est donc acquis à l'histoire que les Zath, premiers pâtres et premiers guerriers, sont les premiers nés d'entre les hommes, aussi bien à la vie du corps qu'à celle de l'esprit. La plus forte preuve en est leur état primitif de pâtres, car il est le premier auquel les hommes purent se livrer alors qu'aux premiers jous du monde ils n'avaient ni instrument pour labourer ni terre, ni outils pour y creuser des mines. La force et le courage qu'ils durent déployer pour dompter len animaux avec lesquels ils avaient à lutter d'abord corps à corps, le besoin qui les poussa à les soumettre et le plaisir qu'ils éprouvèrent à les apprivoiser, les rendirent à la fois guerriers et artisans. Pâtres, ils étaient monades, c'est-à-dire solitaires, parce qu'ils marchaient seuls par famille, avec leurs troupeaux, devenus guerriers et errant ensemble par tnbus pour chercher aventure, ils furent nomades; et c'est de là que les Rômes s'appellent eux - mêmes encore aujourd'hui Rom-muni. Dans leur état de pâtres et de guerriers, ils cherchaient les moyens de charmer leurs loisirs; et, comme ils n'en trouvèrent pas d'autres que le chant et la danse, ils inventèrent den instruments dont ils purent s'accompagner ; comme aussi c'était par monts et par vaux qu'ils s'en allaient paissant leur bétail au milieu de leurs lyri ou montagnes, tout porte à croire qu'ils ont inventé cet instrument dontApollon, berger chez Admete, charma le premier les troupeaux, et qu'on appelle la lyre; comme enfin pour prendre leurs ébats, ils se prenaient par la main et  formaient des kol, c'est-à-dire des choeurs ou des rondes, ils devinrent danseurs, bari-guri et cory-bas. Il ne faut donc pas s'étonner que len Rôes, qui sont un niélange de Zath, de Mèdes et de Bodhas, soient restés en Europe ce qu'ils étaient aux Indes, artisans et artistes; mais il serait complètement faux et déraisonnable, à l'aspect de la misère qui les couvre, d'en vouloir faire des Parias. Aussi ceux-là seulemenet sont tombés dans cette erreur qui ne jugent que sur les apparences ; et ils y sont tombés parce que, depuis les institutions brahmaniques auxquelles ils sont antérieurs, comme le fait à la fiction, la vue à l'idée, Boudha à Brahma, les artisans Ts'oud tartares ou Soudras indiens, fils de Brahma, réduits plus tard en servitude par le code de Manou, comme le furent en Egypte par le code de Ménès les artisans hébreux, fils d'Abraham, dont le dieu est Manoel, y sont maintenus jusqu'aujourd'hui dans un tel état de dépendance et d'infériorité que, malgré toute leur intelligence, ils n'en peuvent sortir  que par la révolte. Cependant il y a toute une civilisation de difference entre les Parias et les Soudras : les premiers sont le type absolu du plus haut point de dégradation et d'abjection auquel puisse jamais arriver la faiblesse et la bassesse de l'esprit et du coeur de l'homme. Auprès d'eux les crétins sont des aigles, et les plus idiots sont des hommes, ce que ne sont pas les Pariah pour les Brahmanes. Quant aux seconds, de quelque profond mépnis dont les ait frappés la loi de Manou, il est facile de voir qu'ils ne sont pas moins hommes que ne l'étaient les Hébreux en Egypte.

Selon ce code de Manou, les Soudras sont la caste servile; rien ne peut les dégager de cette servililé, pas même l'affranchissement ; "car, dit la loi, qui pourrait les dégager d'un état qui est leur nature ? Le devoir du soudra est de servir, et son nom est l'expression du mépris. Qui le tue ne paie pas plus d'amende que pour un chat ou un chien, un lézard ou un crapaud. II peut se louer comme charpentier, serrurier, maçon, peintre, écrivain, musicien ; mais il lui est défendu d'amasser des richesses", et, pour lui en épargner l'orgueil, la loi qui fixe l'intérêt mensuel de l'argent à deux pour cent pour le brahmane, l'a fixé pour lui à cinq pour cent. "Il peut accomplir les sacrifices religieux, mais il en doit omettre la lecture des textes sacrés, et les lui enseigner est un  crime. Il ne doit se nourrir que des restes de son maître et ne se vêtir que de ses vieux habits."

Tandis que l'homme des trois castes supérieures peut choisir femme dans les castes inférieures, les soudras ne peuvent s'allier qu'entre eux. L'enfant né d'un soudra et d'une brahmane est declaré c'andali (Prononcez tchandali.), comme qui dirait lunatique et répnouvé, comme autrefois en Europe un bâtard. Tandis que, dans le cas de succession, la femme brahmane a quatre parts, la kshatria trois, la veyssiah deux, la soudra n'en a qu'une, et l'enfant qu'elle a de son mari d'une des trois castes supérieures n'a droit, serait-il unique, qu'à cette quatrième part. D'ailleurs, si un soudra se permet de s'asseoir sur le siège d'un brahmane, on lui brûle avec un fer chaud la partie coupable. Insulte-t-il un homme de caste supérieure? on lui coupe la langue; ose-t-il admonester un brahmane? la loi ordonnce de lui couler de l'huile bouillante dans la bouche et dans les oreilles.

Cette servilité dans laquelle ils sont maintenus est certainement affreuse, mais si elle est la servitude, elle n'est pas l'esclavage, et moins encore le néant dans lequel sont tenus les pariah. Ils sont tenus bons à servir, les Pariah sont tenus bons à rien ; qui les tue ne paie que comme pour un chien , qui tue un pariah ne paie rien ; ils doivent omettre la lecture des livres sacrés dans leursacrifices, les pariah ne doivent pas même sacrifier; ils ne peuvent porter que de vieux habits et ne manger que les miettes, le pariah est condamné à rester nu et à manger les bêtes immondes et les charognes; ils paient six pour pour cent d'intérêt annuel, le pariah ne saurait trouver de credit à aucun pnix; ils sont désavantagés dans leurs alliances dérogatoires avec les castes supérieures, mais les Pariah ne pourraient jamais être l'objet d'une pareille mésalliance. Ainsi, le soudra n'étant point pariah, le Rôme qui est soudra ne peut l'être davantage. Le soudra est serf, mais il n'est esclave ni de l'Etat ni des particuliers. Il ne donne pas, il loue ses services, et c'est à son propre compte qu'il exerce son métier. enfin ii peut posséder, droit que n'a pas l'esclave; et sa personne est protégée contre son maître, qui ne doit pas le châtier injustement. Il est si peu esclave de l'Etat que l'émigration, si sévèrement interdite aux autres castes, lui est au contraire permise. En effet, tandis que la loi ordonne expressément à tout homme qui, étant deux fois né, a été investi du cordon sacré, de ne pas sortir des Indes et d'habiter de préférence de l'Hymalaya au Mont- Vindhya, elle laisse au soudra la au soudra la faculté d'ailer gagner sa vie dans tous les pays du monde. Ainsi, mêrne après leur asservissement par les intitutions brahmaniques, les Soudras ont toujours pu sortir des Indes ; brahmanes, ils s'y seraient refusés, parias, ils n'auraient même pu y songer ; le brahmane et le paria tenant aux Indes, l'un, comme l'aigle à l'air, l'autre, comme le reptile au limon.

Mais bien que maintenus dans une position servile et dégradée par les institutions brahmaniques, il ne s'ensuit pas que les Soudras aient toujours été réprouvés et jugés inaptes à la guerre, à l'administration, au gouvernement ; il ressort même du livre de Manou qu'il y avait en son temps non seulement des villes gouvernés par des rois soudras, mais aussi des territoires entièrement habités par des Soudras, comme l'est encore aujourd'hui le pays des Mahrates. En effet, les Zath qui, eux aussi, étaient soudras, s'étaient constitués en un Etat dès la plus haute antiquité ; et tout porte à  croire que ce fut apres bien des siècles que, par suite de leurs querelles, ils furent soumis à la famille d'Hastinapour. Alors, ainsi que nous l'avons dit, ils occupaient le haut Multan avec les Meydes et les Bodhas. Le pays fut partagé entre eux; une partie fut concédée aux Mèdes, une autre aux Zath. Des villes se fondérent, et la vallée se civilisa. Parmi ces, on pourrait indiquer Balk, Caboul, Peshour, Cas'mir, Delhi, Mythra et Magada, puisque si c'est là que s'établirent les Anaki de Tartarie et les Inaka de l'Inde, c'est de là aussi que sortirent les sakia et les sagia ; il est aussi permis de supposer, les Medes et les Bodhas ayant gardé pour eux le haut de la vallée, que les Zath se retirèrent d'abord dans la partie inférieure, qui porte seule aujourd'hui le nom de Mul-tan et que, plus tard encore, ils furent obligés de le quitter pour aller s'établir au sud, dans le delta du Sind, et à l'est, dams le territoire d'Agra , dont ils occupent aujourd'hui toute la contrée, située entre Thana, Sour et Lahore.

Quoi qu'il en noit, cette soumission des Zath, ce partage de la vallée, cet établissement des Zath sun les rives de la Gemma et dans le delta du Sind, semblent n'être que les résultats de la conquête des Brahmanes. Jusque-là, adonnés à la garde de leurs troupeaux et se livrant, comme leurs frères du Thibet et de la Tartarie, à l'exercice de tous les métiers, les Zath, principalement musiciens et danseurs, comme les Basigurs, s'en allaient an son du neï, de la kobza et de la mogada, rois pour eux des instruments, chanter aux Bodhas et aux Medes, manassa et t'shoud, c'est-à-dire cultivateurs et artisans, la paix, la joie et l'amour. Peu leur importait des demeures fixes ( sala ), des habitations couvertes (stré-kaïa), la terre était à eux, puisque pantout l'on y aime la danse, la musique et le chant. Voulaient-ils de l'espace? il était vaste; un beau ciel ? il était bleu ; de la chaleur ? elle était grande: que pouvaient-ils désirer de plus et espérer de mieux au delà des sources des Panc'ab ? ils n'y eussent trouvé que sauvagenie et ténèbres. Au delà des Tagh tout est de glace, an delà des Ghât tout est de feu. Hommes de la nature, ils vivaientavec elle, et ils étaient heureux, comme ils le seraient toujours et partout où l'ordre liberticide n'interviendrait pas violemment entre elle et eux.

Dans leur reconnaissance pour Adon, le soleil, leur père et leur dieu, ils lui offraient en esprit la vie du chevreau ou du bouquin, du iagu ou du mandu, dont ils allaient manger la chair pour sustenter leurs corps après une longue fatigue. Soit dit en pnssant, c'est ce iagu et ce mandu, emblèmes pour eux de l'ardeur des sens, comme le Meyde on Mende était l'expression de l'ardeur au travail, que des leur première descente vers les contrécs du sud-ouest, les Pélasges apprirent aux Grecs à chanter dans leurs tragédies, et que les Egyptiens honorèrent au point d'appeler de son nom Mendès la ville où ils lui dressèrent un temple. Travailler pour jouir, aimer pour multiplier, telle était la vie des Zath; et elle ne pouvait être autre sous ce riche et puissant climat des Indes où la nature est si prodigue qu'elle n'a que faire du secours de l'homme, où l'homme est tellement favorisé de la nature, qu'il peut, au besoin, se passer du secours des arts, où la nature et l'homme ont un besoin constant d'expansion, et où tous deux ils semblent n'être que pour féconder et produire.

Telle fut longtemps leur vie; mais, nous l'avons dit, tout porte à croire que, mêlés aux Meydes et aux Bodhas, ils finirent par se livrer à leurs travaux puisque, sous leur nom de Rômes, ils les exercent encore aujourd'hui en Europe. En effet, s'ils ne creusent pas la terre pour y chercher, commle les Meydes, l'argent et l'or, comme eux du moins ils travaillent les métaux, le fer et le cuivre et cherchent l'or dans le sable des nivières; s'ils ne cultivent pas non plus ka terre comme les Bodhas, pour y semer du blé, comme eux pourtant ils en étudientles simples pour en composer, comme eux, des philtres enchanteurs, dont les uns sont des breuvages solutaires et les autres de subtils poisons. C'est donc des montagnes, tagh ou togh, des pays d'Aria et d'Hénochia, c'est donc des montagnes plus hautes encore, Tangh ou Tanghut, du haut Thibet ou Boutan, enfin c'est donc du haut pays ou Taghorma du Mul-tan qu'il est dit au livre de Job (Ch. 27, v. 7, 8, 9) : "Certainement l'argent a sa veine et l'or un lieu d'où on le tire pour l'affiner; car l'homme met fin aux ténèbres, en sorte qu'il recherche le lieu de toutes choses, même les pierres précieuses dans l'ombre de la mort. C'est de là que sortent le pain, la poudre d'or, l'onyx et le saphir. — Les jeunes lions n'y ont point marché, les vieux lions n'ont point passé par là. L'homme y met sa main aux pierres les plus dures et renverse les montagnes jusques aux fondements."

On est d'autant plus porté à le croire que la légende de Job n'est qu'une allégorie de l'opulence et de la misère où s'élève et tombe l'homme qui s'évertue à fatiguer la terre, et que le nom même de JOB, par lequel les Hébreux ont caractérisé tous les IEBUSIENS, fait suffisamment allusion à ces anciens terriens de la terre Ebhu du Bhoutan pour n'en pas douter.

Aussi lorsque la légende ajoute : "L'homme fait passer les ruisseaux a travers les rochers fendus", est-on en droit de se demander si ce n'est pas à l'homme, au Meyde, plutôt qu'au dieu Zab, qu'il faut attribuer l'écoulement des eaux qui faisaient jadis une vaste mer, un brillant miroir de cette vallée riante et profonde, qu'arrose aujourd'hui le Jilum, et dont la capitale a conservé le nom de Cash-mir.

Quoi qu'il en soit, les Meydes furent les premiers tubal ou forgerons et les Bodhas les premiers sémites on cultivateurs de semences, blé ou orge, riz ou dora ; et les rapports des Zath avec eux sont suffisamment établis par la langue des Rômes. En effet, s'ils nous appellent gac'ni (villageois) avec le sens de païens, c'est que leur gac'o ou village (pagus) n'est autre que le gac'an des Mog-gols ; d'ailleurs, lleur homme spirituel kuduk, son intelligence os'ak, son savoir, jana étant pour les Moggols : la sagesse, la vue, la science, ces analogies font naturellement supposer qu'ils ont dû vivre ensemble ; et ce qui peut induire à faire de cette présomption une certitude, c'est que, aux temps antiques, les fils n'étant disciples que de leurs pères et les disciples se disant fils de leurs maîtres, les premiers disciples ou c'abi (prononcez tchabi) des Moggols sont assurément les fils ou c'abi des premiers Rômes.

Sans doule les montagnes du Caucase sont assez hautes pour être un Taghorma, et elles recèlent assez de métaux pour qu'on en ait exploité les mines dès la plus haute antiquité; mais là n'est pas le Togharma biblique, là n'est pas le premier séjour des Tubal. Ces premiers affineurs de métaux, ces premiers forgerons étaient les Meydes, qui habitaient où nous les avons vus, au nord-ouest du Multan et jusqu'au Taghorma thibétain. C'est chez eux et non chez les Chalybes du Caucase que se dirige, plus tard,
l'intendant d'Abraham pour chercher une épouse au fils de son maître;  et c'est à Paddan Haran, c'est-à-dire à Aram, sur le Padda ou grand Gange qu'il s'arrête, quand il l'a trouvée. C'est chez les Bodhas que vint habiter Jacob, près de Laban, son oncle, et c'est de chez eux qu'il rapporta en Judée le livre ou parole de la science astronomique, dont Laban lui-même est le labeon ou genie qui en fait la voix; enfin ce sont les Zath qui ont conservé chez les Hébreux ces charmes de la parole, ces dharamas indo-tartares dont les Grecs ont fait des drames, et qui consistent, comme nous l'allons voir, a changer le fait en fiction, la vérité en fable, les astres en héros, les héros en dieux, les heros et les dieux en hommes, par la substitution de l'allégorie de l'imagination à l'autogorie du bon sens. 

Cinquième partie

Posté par Adriana Evangelizt

 

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14 octobre 2007 7 14 /10 /octobre /2007 13:39

 On continue sur la tradition des Roms, et il manque quelques pages sur le livre. Quel dommage. Car ce Peuple possède des racines qui remontent loin dans le temps, à l'Origine. Au commencement. Et ils ont gardé leur tradition pratiquement intacte. Quand on voit combien ils sont rejetés par le monde depuis des milliers d'années et aujourd'hui par le monde moderne, je pense fortement que ceux qui règnent au sommet ont à coeur d'enterrer l'Histoire de l'Humanité. Car les Romes sont notre mémoire. Et je suis fière d'être ici leur Amie et d'avoir découvert grâce à eux les Saintes Maries de la mer mais aussi d'autres lieux dans le monde. Car être l'Amie des Gitans c'est posséder un passeport international où l'on est reçu comme un Frère partout où l'on va. On ne peut pas en dire autant de tout le monde...

 

 

Les Rômes

Histoire vraie des vrais Bohémiens

par Jean-Alexandre Vaillant

1857

3ème partie

2ème partie

 1ère partie

CHAPITRE PREMIER

LES ROMES AUX INDES

D'où nous venons ? l'on n'en sait rien.
L'hirondelle
D'où nous vient-elle ?
D'où nous venons ?  l'on n'en sait rien.
Où nous allons, le sait-on bien ?

 

Tableau de William Bouguereau

Il est, du Sind au Gange, un territoire appelé Panc'ab, c'est-à-dire cinq eaux, parce qu'au sud, cinq rivières :  le Sutlej, le Ravi, le Shnab, le Jilu et le Sind l'arrosent et le fertilisent

pages manquantes 30 et 31


troupeaux de bétes que leur intelligence avait soumises et apprivoisées ; ces premiers pâtres furent bientôt les premiers rois.

Cependant, ils étaient sans loi, sans liens sociaux, sans culte, sans science, sans art, sans industrie, sans agriculture, sans astronomie, sans commerce ; ils vivaient isolément les uns des autres, divisés par familles et séparés de toute la distance nécessaire à la nourriture de leurs troupeaux ; chaque famille parlait un langage rude et dure, pauvre et décousu ; ils étaient loquaces, mais leur voix sortait rauque du gosier, et leur langue était glapissante dans le palais, parce qu'ils ne possédaient qu'à demi le lab, cette articulation des lèvres (labia) qui, par leur battement, font la syllabe et composent le discours. L'esprit de société étant en eux, ils se rapprochèrent, et leur union augmentant leurs forces physiques, intellectuelle et morale, ils ne tardèrent pas non-seulement à cultiver la terre pour y semer et y planter, mais aussi à la creuser pour y ravir ses métaux et ses pierres précieuses.

Ce premier rapprochement des hommes eut lieu dans le haut Mul-tan, qui n'avait pas encore de nom, aux sources de l'Ira-vati, du Brahma-putr, du Gange, dii Sind et du Gihon; oui, c'est là, aux limites des trois grands pays connus depuis sous les noms de Médie, Indes, Boutan, que se réunissent les trois premieres families, tribus ou peuplades auxquelles la Tradition attribue toutes les vérités et toutes les fables qui projetèrent plus tard leur lumière et leur ombre sur l'intelligence de l'humanité. Ces trois familles, dont nous allons parler, étaient les Zath, les Bodhas et les Meydes (1).

Les Bodhas ou Boutains, adorateurs ou cultivateurs de la Terre (Bhu ou Ebhu ), furent les premiers laboureurs et devinrent bientôt les premiers Puthi, penseurs, supputeur ou calculateurs du temps, les premiers astronomes, parce qu'ils avaient senti que, pour mieux cultiver la terre, il leur fallait connaître les cieux.

Les Meydes ou Medes, adorateurs de la magicienne Médée, triple Hécate, qui est la lune, furent les premiers qui creusèrent les mines et dont l'intelligence pénétra jusque dans les entrailles de la terre, comme la lune de Médie, comme Made-leine roule son disque argenté à travers le ciel de la nuit. Devenus avec le temps, les premiers médecins, ces dispensateurs de la santé des hommes, s'en firent aussi les rois.

Les Zath, adorateurs du soleil sous son nom de Pal ou Bal, et les premiers nés d'entre les hommes paissaient les troupeaux qu'il avaient soumis, comme le soleil, leur père et leur dieu, paît les hommes qu'il éclaire.

Ainsi, pâtres, laboureurs et artisans, comme ils avaient besoin les uns des autres, les Zath, les Mèdes et les Bodhas vécurent longtemps en bonne intelligence, assez du moins pour asseoir la science sur sa base, la faire rayonner sur toute la terre, et imposer à ceux qui l'avaient créée, Indiens et Tartares, le nom de parfaits ianaka et anaki. Nous reconnaîtrons tout à l'heure dans les Mèdes, les Zath et les Bodha, ces trois fils de Noé, Sem, Cham et Japhet, qu'il mit dans son arche et sauva du déluge, pour en faire les pères de toutes les nations de la terre. Nous allons maintenant faire entendre ce qu'étaient les Anak, quelle était leur science, et comment aussi ils devinrent chefs et rois des nations.

Incapables, après un laps incalculable de sommeil dans le temps, de trouver l'origine de la naissance de l'homme, et se sentant le besoin d'un principe, les Zath, les Mèdes et les Bodhas le demandèrent à leur intelligence ; et leur intelligence s'élevant jusqu'à l'Arc du ciel, séjour des arcanes ou arcs de l'anneau zodiacal, depuis devenus mystères, ils se le donnèrent pour principe, en composèrent leurs arches, et firent un vaisseau, un argo ; et cet argo, comme tout arc de cercle, arc céleste faisant pont sur la terre, et cette arche zodiacale faisant un vaisseau dans les cieux, ils passaient sans cesse sur ce pont pour aller sans cesse de l'une à l'autre rive du temps, de la nuit au jour, ils montaient sans cesse dans ce vaisseau pour voguer sans cesse de l'un à l'autre bord de la mer de l'éternité, du jour à la nuit; et c'est ainsi qu'en passant chaque nuit et chaque jour au-dessus de leur tête, cet arc céleste, cette arche zodiacale leur livrant, leur traduisant, leur trahissant, nuit par nuit, jour par jour, les arc-anes, ou révolutions diurnes et arcs annuels qui font les mystères des cieux, ils en firent leur harghah ou tradition ; et, comme le monde est la voûte, le dôme céleste circulaire, le tabernacle, dont chaque arc est la carène et l'ensemble, un vase, un vaisseau qui contiennent la vérité du monde, la tête de l'homme fut pour eux un tabernacle, dont le crâne est la carène, et dont l'ensemble est le vase qui contient la science de la terre.

Ces ainsi qu'ayant étudié les deux vers ou côtés de l'univers, et les trois zone sidérales, lunaires et solaires, ils firent de cette amazone du monde la triple mamelle de tout. La nuit et le jour, le feu et la lumière, la lune et le soleil, le ciel et l'air, l'eau et la mer furent pour eux les dix éléments du monde, les dix premiers besoins ou tyrans des hommes, leurs dix premiers rois ou patriarches. Toute étoile (sidus) fut pour eux le siège (sedes) d'un monde, et tout corps sidéral un foyer dont la lumière qu'il émet et qui s'en émane est une émission, un message céleste, qui en fait un messager, un ange du ciel, en correspondance avec les coeurs et les intelligences des hommes, astres et lumières de la terre.

La lune et le soleil furent pour eux les guides de l'esprit et les chefs des corps, les rois ou régulateurs, les pâtres ou les prêtres des choeurs des astres et des coeurs des hommes ; ils en firent tour à tour les sacerdotes et les pontifes, selon qu'ils étaient au-dessus ou au-dessous de l'horizon, sur le pode ou sous le pont dans Ormuzd ou dans Ahriman ; ils firent de l'orient et de l'occident du soleil la main droite et gauche de Dieu, donc la terre est le piédestal. Le ciel fut pour eux une vaste mer de ténébres, du sein desquelles sort ou naît la Lumière, et dans lesquelles voguent et voyagent sans cesse la lune, le soleil, la terre et les astres, comme les vaisseaux des hommes sur l'océan de la terre. Pour eux, Dieu fut l'ix ou l'axe invisible, inconnu, autour duquel tourne le temps éternel, comme le ciel semble tourner sur son axe autour de la terre qui l'admire comme la roue du char tourne autour de son essieu sur la terre qu'il parcourt. Pour eux, la zone sidérale, le zodiaque, fut une robe étoilée, la stole ou l'étole dont Dieu se revêt à l'Orient quand le soleil se couche à l'Occident. C'est dans cette robe  qu'ils renfermèrent les destinées humaines ; et c'est de cette robe (apo-stole) que vinrent plus tard toutes ces grandes voix qui, dans tous les siècles, se sont fait entendre à la terre.

Pour eux, la lune et le soleil furent tour à tour le corbeau et la colombe, le vautour et l'aigle, le roi et le prophète qui tour à tour s'élèvent et s'abaissent, disparaissent et meurent dans la mer des cieux pour s'y relever et y revivre, s'y rabaisser et y mourir encore. Les quatre points des solstices et des équinoxes furentles quatre principaux messagers célestes, les quatre grands bras de la croix lumineuse du ciel, que le soleil porte éternellement sur son dos autour de la terre et sur chacun de ses points. Les quatre saisons ou temps que ces points déterminent furent les quatre grands livres de Brahma ou d'Hermès, les quatre grandes voix ou oracles de Dieu, les quatre grands anges ou messagers, les quatre grands prophètes ou évangélistes. Les douze mois qui remplissent par triades ces quatre grands temps furent les douze petits livres de Dieu, les douze boeufs ou taureaux célestes de la nuit et du jour, qui soutiennent à la fois l'océan du temps et la mer d'airain du temple de Salomon ; les douze tables de la loi de Moïse et de Romulus, où sont écrits les dix commandements de Manu, dieu de Bouddha, ou de Manoel, dieu de David ; les douze fils de Jacob, rochers d'Israël au Sinaï et sur le Jourdain, et les douze apôtres de Jésus, rochers du Christ au Jourdain et sur le Gol-gotha.

Pour en arriver à comprendre, à suivre, à déterminer toutes ces grandes révolutions qui font les divisions du temps, Meydes, Zath, Bodhas couraient la terre et conduits, pendant la nuit, par les sept étoiles du Char, s'élevaient jusqu'au sommet des plus hautes montagnes, dont ils faisaient leurs observatoires. Le ciel nocturne étant un océan d'étoiles, et le Char celle des constellations qui leur était le plus utile, ils en firent le type de cet océan, le signe du temps sidéral, le nommèrent Hénoch, appellèrent henochi et henochia les montagnards les montagnes qui s'étendent du Caucase au Boutan, ils prirent même le nom de Ianaka ou Anaki, parce qu'ils étaient pour les hommes ce que les étoiles du Char étaient pour eux-mêmes, des guides sûrs, des chefs parfaits.

Quand, à l'aide de Rama, le soleil, et de C'andra, la lune, ils se furent assurés de la justesse de leurs observations, ils en firent une science, l'astronomie, qu'ils nommèrent du nom de ces deux astres Rama-C'andra ou C'andrama, en dressèrent les Mantaras ou formules, qu'ils gravèrent sur une une table de pierre carrée, le Rasaï-sita ; et le Mandala ou cercle étant tracé, et le Tantara ou Zodiaque étant composé, le monde fut créé et les siècles commencèrent.

C'est à cette époque qu'il faut faire remonter leur première pérégrination au-delà des limites du Sind, car c'est alors que l'un d'eux, sous le nom d'Inachus  va porter de Cappadoce en Grèce le culte de Diane et d'Apollon ; que, Dandares, ils vont porter en Phrygie, qui en prit le nom de Dar-danie, les formules, ou tantara, zodiacales, et que Pali ou Anaki, ils vont occuper, sous le nom de Pelasges ou de Philistins, le Kanaan et la Palestine. D'ailleurs, un fait remarquable, et qui tend à convertir en preuves toutes ces présomptions, c'est que ce Tan-tara de Bouddha donna naissance au Taro de tous les pays, au Tyndare des Grecs et au Tora des Juifs aussi bien qu'au Den-dera ou Ten-tyra d'Egypte et que les Dar-danes ou Dan-dares étaient, chez les Phrygiens, réputés pour les inventeurs des signes lunaires de la rasaï sita, et les possesseurs de ces formules dont ils faisaient un mystère comme d'un don de Dieu.

Pour nous éviter la peine de revenir à leur berceau, nous ne les suivrons pas encore dans cette première émigration, nous attendrons pour cela que les sages, sagia et sakia, se soient substitués aux parfaits ianaca ou anaki ; que les signes, les idoles, les images se soient substitués aux types, aux faits, aux phénomènes : que l'histoire de la vérité et de la science des astres, vélée d'abord dans le temps sous le voile de l'ignorance des hommes, puis dévélée par la sincérité de leur intelligente autogorie, se soit enfin révélé par leur sagace allégorie du velum de la fiction, du manteau de la fable, de la révélation des dieux. Afin de se bien convaincre que les Rômes qui sont Zath, ne sont pas comme on le croit, des Parias, mais des Soudras, nous verrons d'abord ce qu'étaient les Zath, ce que sont encore les Soudras et les Parias et comment les Rômes sont Soudras.

 Les Zath sont si bien reconnus dans tout l'Orient pour les aînés de la race humaine, qu'on dit Zati-brahman, Brahme ou Brahme de naissance ; que cette expression "Zata-samram"  ne signifie synthétiquement les Justes, que parce qu'elle signifie au propre "nés de la lune et du soleil" et au figuré "nés avec le souvenir de la vie antérieure" ; que,  chez les Népalais, le Zataca-mala est le livre des naissances et des vies antérieures. D'ailleurs, pour que le premier né d'entre les astres, le soleil, servitde type à cet arbre de la science, qui, sous le nom de pari-zata, anbre de vie, orna le premier le jardin des dieux, il fallait nécessairement que les Zath, ses premiers adorateurs, fussent rééllement considérés aussi comme les premiers nés d'entre les hommes. Enfin, selon les Chinois, c'est au pays de Ta-hia que fut composé le livre sacré du lotus de la loi excellente, et qu'un Zath, par eux nommé Zata-vana, le Zath vende ou errant, traduisit les livres sanscrits en langue du Boutan et du Thibet.

Ce pays de Ta-hia est précisémcnt celui que les Romains connurent plus tard sous les noms d'Aria et d'Hénochia, le Haut Mult-an, pays des anaki et des sagia, des savants et des sages. Quoique pâtres, ces Zath étaient jadis si fameux que les livres indiens disent du soleil, puissant Hari, dieu des combats, qu'ils appellent Sram, et que les Grecs et les Romains nomment Arès et Mars, "Couvert d'une peau de bête, un bâton à la main, et les cheveux relevés en Zatha, il va au milieu des ombres, comme le feu à travers les touffes de gazon."

Quatrième partie

Posté par Adriana Evangelizt

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29 septembre 2007 6 29 /09 /septembre /2007 23:36

 

 

 

Les Rômes

Histoire vraie des vrais Bohémiens

par Jean-Alexandre Vaillant

1857

2ème partie

 1ère partie

Selon eux, leur langue est sonore, malléable, harmonieuse, et leur misère seule la rend rauque et glapissante. Nous parlons, m'ont-ils dit souvent, comme les oiseaux chantent, nous chantons comme les lions rugissent. C'est donc dans leur langue que j'ai cherché leur origine; car c'est là qu'ils se cachent tout entiers, et s'abritent contre les atteintes de notre civilisalion liberticide. Quoique restée pauvre, quoique bigarrée de mots étrangers, quoique dégénérée, elle n'en a pas moins conservé son mécanisme originel, son bizarre génie, son cachet antique sur lequel on peut lire, comme sur le plus vieux des schâles dc Cas'mir, sinder Vaïom, je viens de l'Inde.

En effet, ainsi que nous le ferons entrevoir ici, jusqu'à ce qu'il nous soit permis de le démontrer au livre de la Parole, les Romes sont un mélange de Zath, de Meyd et de Bhodas, devenus Pali, Mèdes et Boutains. Tous d'abord Ianak indiens ou Anaki tartares, c'est-à-dire parfaits, ils devinrent plus tard Sagia ou sakia, c'est-à-dire sages. Ils restèrent parfaits tant que, sinon dans la croyance de la réalité du moins dans le positif de l'évidence, sinon dans la certitude des causes du moins dans la connaissance des effets, ils demeurèrent sinon dans toute la vérité des faits du moins dans toute la sincérité de la science; mais quand leur imagination, plus active que leur jugement, eut substitué l'idée à la vue, le possible au réel, l'image au type, la fiction au fait, quand ainsi les fantasiastes se furent substitués aux réalistes, les poëtes aux vates, les fabulistes aux historiens, ils devinrent sages et conservènent improprement à leur nouveau nom le sens du premier.

Mais le sage, sagia sanscnit ou sakia tartare, n'est pas plus parfait, ianak ou anaki, que le menteur n'est véridique. Le vrai sens de sage est celui qu'il avait chez les Latins, celui de couvreur ou fabuliste, de revoileur ou mythologue, de découvreur ou oracle, et de dévoileur ou devin. Le sage (sagus) est au propre celui qui fait du silence (sige) le voile ou la saie (sagum) de son savoir; le sage, Salomon le dit, cache ce qu'il sait (1); et la sagesse (sigae) latine est l'art et le talent de couvrir pour se faire un mérite de découvrir. Elle est le résultat de la sagacité avec laquelle le sage, devin ou sorcier, cache sa pensée sous le silence de la parole et fait de la lettre une lettre morte, une fable, en jetant sur la réalité de l'histoire le manteau allégorique de la fable, et sur la vérité des faits ce muet langage de la fiction, qui fait qu'en tous pays la religion, qui devrait être la science, n'en est précisément que l'inéffable ou muet langage, la mythologie.

C'est ce que démontrera jusqu'à l'évidence le livre de la Parole, dont l'arithmologie, raison mathématique des mots, a pour but principal de prouver ce qu'affirment Moïse, saint Jean et saint Athanase, savoir : 1° qu'au commencement il n'étaitqu'une LEVRE, c'est-à-dire qu'une langue chiffrée et mathématique; 2° qu'au commencement la parole était, qu'elle était en Dieu, qu'elle était Dieu, que Dieu était la parole; 3° que le JUDAÏSME, quoique diamétralement opposé à l'HELLENISME, n'en est pas moins faux et comme lui hors de la vérité; conséquemment, comme l'ont pressenti Arnobe, Onigène el les plus savants Pères de l'Eglise chrétienne, que la BIBLE n'est autre chose qu'une cosmosophie mythologique où les hommes jouent prosaïquement le rôle poétique des dieux et des héros d'Homère, personnifications des devas, astres du Meru des Indes et des soreh, astres de l'Omer d'Arabie; et que la révélation de la vérité de Dieu n'est autre chose que la revoilation de la science des astres par la substitution de l'allégorie à l'autogorie, c'est-à-dire du sens figuré au sens propre, de la fiction au fait.

Quoi qu'il en soit, si, complétement déchus en Europe de leur condition de curi (guerriers) ou de fils du soleil (raïput) en leur qualité de Zath, les Romes en sont venus à ne plus être, comme les Meydes, que des artisans, ils n'exercent cependant aucun des états réputés vils aux Indes; ainsi ils ne sont ni potiers (sukali), ni pelletiers (mucieri), ni cordonniers (s'akili), à moins qu'un maître ne les y oblige; mais ils sont vaniers (kos'ari), orpailleuns (nhudari), et aussi forgerons, fondeurs, serruriers, marechaux, fourbisseurs, graveurs. C'est que Pelo-pes et Pelas-ges, c'est-à-dire maîtres de la terre, dont ils ont fait le cycle ou le tour, ce qui leur valut le nom de Cycl-opes, ces Rômes, anciens Titans indo-tartares, sont les restes des zak-indi de Sicile, issus de la Sindi-kie du Pont et de ces Sindi de Pysidie, de Lybie, de Carie, de Lemnos et de Thrace, en si grande réputation dans l'antiquité pour leur habileté dans les arts que les Grecs la personnifièrent sous le nom de POLYPHEME, et en firent un géant immense et monstrueux n'ayant qu'un oeil au milieu du front, l'intelligence, oeil du genie. D'où l'on conçoit comment, pour les Grecs comme pour les Hebreux, la prudence et la ruse constituant la sagesse, le prudent et rusé Ulysse, type de la sagesse hellénique, dut crever cet oeil du genie qui ne découvre la vérité, science de Dieux, que pour en faire l'évidence, science de l'homme.

D'ailleurs, les Romes sont restés ce qu'ils étaient, pâtres et nomades, musiciens et poetes, artisans et artistes, sigans ou sagans, oracles ou devins, sages ou sorciers; et ni le temps, ni la misère, ni l'esc!avage n'ont pu détruire complètement leur langue, leur croyance, leurs traits; Indo-tartares, ils sont bruns de peau, d'un brun foncé, bistre ou olivâtre, et quelquefois même presque noirs, presque aussi noirs que les Abussari du Tagh-orma Thibétain, leurs ancêtres, que les Habes d'Abyssinie, que les Malli ou montagnards de ce Porus qu'Alexandre traita en roi, que ces tribus du Togh-arma biblique, le Caucase, que le roi des Perses plaça dans son armée à côté des indiens; mais ils sont sveltes, bien faits, souples, agiles, vigoureux; ils ont le visage ovale, le front haut, les yeux noirs, grands et bien fendus, de longs cils qui versent sur leur visage une teinte de melancolie, le nez presque grec, les dents blanches et bien rangées, les lèvres minces et vermeilles, les mains et les pieds plus petits que grands, les bras et les jambes gréles, les cheveux noirs et épais, durs et mats, généralement longs et droits, mais souvent aussi frisés et bouclés comme ceux de Pâris et d'Ascagne; et qui a vu ce Vulcain gravé sur les antiques monnaies de Lemnos, qui leur doit son nom, a vu leur portrait le plus frappant et le mieux frappé. Voir les GRAVURES,
ICI...

Doués au plus haut point du sentiment instinctif de la literté, ils ont toujours été nomades; ils ont toujours aimé les tentes, les chevaux et les chars ; mais doués également des facultés de l'esprit, au lieu de se laisser abrutir par l'exercice continu du corps, ils ont conservé les précieux dons que la nature leur a répartis. Ils élèvent des chevaux, travaillent les métaux, composent des danses, improvisent de la musique et des chansons; chansons lubriques, musique lascive, danses dythyrambiques, qui échappent à leurs instincts comme malgré eux, et deviennent l'expression la plus vraie de leur violent amour des sens; car ils aiment comme ils marchent, dès qu'ils peuvent et tant qu'ils peuvent, de bonne heure et longtemps.

C'est parce qu'ils ont toujours marché que la science s'est faite, et c'est parce qu'ils l'ont apportée avec eux des Indes dès la plus haute antiquité, qu'en recherchant leurs origines j'ai pu délier le noeud des siècles, et que je ferai toucher du doigt l'origine réelle des choses d'ici-bas. Leurs pythons, penseurs ou savants, ont rempli le Kanaan, l'Egypte et la Grèce; leurs curi, lettrés ou militants de la science, ont civilisé la Colchide et la Crête, l'Italie et les Gaules; tout Saxon pour qui talk et tell signifient dire et conter peut comprendre sans peine que leurs oracles Telkas et Telmas descendent de ces Telchines de Colchide, qui donnèrent à la Grèce sa première civilisation et instituèrent chez les Rhodiens, comme chez les Gaulois, le culte d'Ogarn ou d'Ogmion, c'est-à-dire la navigation océanique, le culte de Neptune. C'est d'eux que les dames anglaises tiennent leur qualité de lady, expression du sexe d'Eve dont elle cache l'abîme et dont chez les Grecs Ladon exprime la pudeur et Léda l'impudicité. C'est d'eux que les Montmorency tirent leur titre de premier baron chrétien, synonyme pour eux de grandeur, éminence, altesse; et que dire de plus? De même que le culte de Diane et d'Apollon a été importé de Dioscure en Grece par leurs telchines de Colchide, et de même que le mythe de Késu Chris'ten naquit aux Indes, il y a trois mille ans, au milieu des Zatha ou Jatha, leurs ancêtres, c'est du milieu des Esséniens, leurs pères, qu'est sorti, il y a dix-huit siècles, le mythe hébraïco-grec, qui fait le mystère de Jesus-Christ.

Si, semblables à un père de famille qui, par excès de tendresse, se dépouille pour ses enfants et reste pauvre et nu, ils paraissent n'avoir rien gardé de ce qu'ils ont donné aux hommes, c'est qu'ils ne leur ont donné que l'art et qu'ils ont gardé pour eux la nature ; c'est qu'ils ne leur ont donné que la lettre et qu'ils leur ont gardé pour eux l'esprit; c'est qu'ils ne leur ont donné que la fable du livre et qu'ils ont gardé pour eux la vérité du ciel. En effet, ils n'ont d'autre livre que le ciel, d'autres lettres que les étoiles, d'autres anges que la lumière des astres, d'autres prophètes que les saisons et les mois, d'autres sacerdotes et d'autres pontifes que le soleil et la lune, d'autre Dieu que la lumière, d'autre maître que Dieu, d'autre temple que le monde. Et c'est ainsi que, hommes de la nature et faisant du ciel leur bible ou leur livre de la lumière et du temps le dieu de leur temple et le temple de leur Dieu, ils savent se passer et de livre et de temple.

Je ne traite ici que leur histoire, afin de coopérer autant qu'il est en moi de les tirer de l'abjection dans laquelle ils vivent, et de leur mériter une place sur la terre. Peut—être ai-je déjà contribué par la parole à en asseoir quelques uns ; puissent ces quelques pages, les faisant mieux connaitre qu'ils ne le sont, les aider à devenir tous selassi, c'est-à-dire fixes ou sédentaires, et partie intégrante des populations au milieu desquelles ils vivent. L'Europe y gagnera pnès d'un million d'âmes, qui lui font honte et la gênent; et je n'aurai point à regretter les dix-huit années que j'ai employées à la bible de leur science. Je regrette de ne pouvoir y renvoyer dés à  present le lecteur, désireux de s'expliquer, par leurs origines, celles de la plupart des choses d'ici-bas; mais ce livre est la PAROLE, cette Parole qui au commencement était et par qui tout a été fait ; cette Parole qui était en Dieu, parce qu'elle était dans la vérité de la science physique, intellectuelle et morale; cette Parole qui était Dieu, parce qu'elle était la lumière morale, intellectuelle et physique du ciel et de la terre, des astres et des hommes; cette Parole enfin que les sages ont si bien révélée ou
revoilée en l'embellissant, et qu'ils ont tant d'intérêt à révéler ou à revoiler de la saie de leurs allegories et de la sagacité de leurs fables, qu'ils ne la comprennent plus eux-mêmes.

Peut-étre ne m'est-il pas moins dangereux de la révéler aux hommes qu'il ne leur est nécessaire de la connaître; car, chose singulière, les hommes, qui de tous côtés cherchent Dieu, se détournent de la parole de vérité, qui est la science, et ont en horreur la vérité de la Parole, qui est Dieu. Mais, courage! car, sinon tout ce qui est ancien et vieux, comme dit l' Apôtre, du moins tout ce qui est fictif et mensonger, doit être aboli; or le temps est proche où la Parole doit enlever la saie de la fable, et mettre à nu les mysteres des dogmes qui, en revoilant l'évidence des axiomes, font de la vénité de Dieu un mensonge dont, en tous pays, le sage fait la religion de l'homme. La présomption de cette vérité ressortira du moins de cette histoire; car si c'est d'Onient que nous vient la lumière, c'est aussi d'Orient que nous viennent les ténèbres, et la patrie des Rômes est le berceau des vérités et des fables de l'Occident.

Oui, l'lnde, cette vaste contrée où tout est grand, où les plaines sont sans limites, où les montagnes touchent au ciel, où les fleuves sontdes dieux, où un seul arbre abrite des tribus entières, où un seul animal porte toute une famille; l'Inde, ce puissant climat où tout bruite, tout chante, tout vit, où le serpent siffle, où l'oiseau parle, où rugit le tigre, où rit le singe, où le ver luisant est un flambeau ; l'lnde, cette officine des peuples, où la race humaine fermente et foisonne, on les mangues se pétrissent et se forment, où chaque corps d'etat constitue une société à part; l'Inde, cette terre des diamants, des perles et de l'or, des sorciers, des pèlerins et des bayadères, des pagodes, des fétiches et des dieux, l'Inde est la patrie des Rômes; et ni la haine ni la tyrannie qui les en ont chassés, ni les espaces immenses de temps et de lieux qui les en séparent, n'auraient jamais pu la leur faire oublier, car elle est tout entière dans leur langue, car leur langue est leur science et leur science est la vérité. Ce qu'elle demeura de temps dans le calme de l'âge d'or, personne ne le sait, parce qu'alors elle travaillait seule aux calculs du temps, à la confection de l'astronomie, à l'invention de l'anneau zodiacal, à la fabrication du mandu, à la creation du monde, dont en Egypte osi-mand-ias est l'ombre de la lumiere, et dont en Nubie ocu-mand-ueï est la vue et la parole, et qu'elle n'en sortit que pour tomber dans l'anarchie des mythes et des dieux, des doctrines et des cultes dont elle embellit et couvrit son oeuvne. Agitée depuis par les schismes qui naquirent dans son nom, elle s'épancha continuellementau dehors; chaque secousse qui l'ébranla fit faire au reste du monde un pas de plus vers la civilisation ; et ses peuples et ses langues, ses mythes et ses dieux, ses doctrines et ses cultes, ses sciences et ses fables, ainsi semés sur toute la terre, y prirent plus ou moins racine. Si l'histoire ne l'a point écrit, c'est qu'elle ne pouvait l'écrire, car elle n'existait pas, mais les langues de tous les peuples nous le témoignent; et, pour tout homme de bon sens, ce témoignage vaut mieux qu'un récit, car, ou les langues n'expriment pas ce qu'elles disent, ou elle sont elles-mêmes l'histoire; et cette histoire, exempte de toute partialité, est naturellement la plus vraie, parce qu'elle est la plus ingenue, la seule vraie, parce qu'elle est mathématique. D'ailleurs, elle ne commente pas, elle traduit, comnme un, dix, cent, traduisent 1, 10, 100; aussi sol-eil venant du latin sol, celui-ci traduisant le grec el-ios, et sol et ios exprimant l'unité, la monade, la sol-itude de l'astre du jour, ces mots offrent une tiliation de faits plus authentiques et plus réels que les vingt et une premières, que les rois et les patriarches anté-diluviens de la Chine, de l'Assyrie et des Juifs, que les premiers sièges de Troie et de Tyr, que la conquête de la Toison-d'Or par Jason et le massacre du minotaure par Thésée, que les sept premiers rois de Rome et les trois premiers rois de France, toutes choses auxquelles les Rôm-muni m'ont appris à ne pas croire, et auxquelles personne ne croira plus quand j'aurai parlé.

Mais, je le sais, il n'est que trop de gens sur l'esprit desquels un écrit, quel qu'il soit, s'il date de loin, a plus d'empire que tout ce que le bon sens peut découvrir de mensonger dans ce qu'ils appellent documents des siècles. Pour eux Ktésias est un historien, et l'auteur du Livre de la Parole, s'il n'est visionnaire, ne sera peut-être qu'un homme ingénieux; pour moi, ils ne sont, eux, que des enfants crédules qui regardant sans voir, veulent prendre la lune dans le seau d'eau où elle se mire, et qui, lisant sans comprendre, acceptent aussi bien le mensonge que la vérité. Entre eux et le bohémien Narad, fils de Nun, il y a toute la distance de l'imagination au discernement, de la foi éclairée à la foi brute, de la defense hébraïque de cueillir les fruits de l'asvata, grande science indienne du bien et du mal, et la recommandation indienne de s'en nourrir; de la sagesse qui fait la ruse, du mystère à l'évidence qui fait la sincérité de la science, de la Judée aux Indes; car tout en s'appuyant, comme eux, sur des documents, et sur les leurs propres, le Bohémien ne se contente pas de lire la lettre, il en veul comprendre l'esprit. La lettre est pour lui le sam-scrita, le signe formé par les étoiles, écrit par la lune et le soleil, parole du ciel et verbe de Dieu, sur le DEVA NAGARI, divin lac du ciel où la lumière des astres reflète l'intelligence de Dieu, lac lumineux de la terre où l'intelligence de Dieu fait refléter la lumière des astres. Oui, pour lui, l'écriture est le miroir de la parole, comme la parole est le miroir de la pensée, comme le chiffre est le miroir du nombre : elle est pour lui le vaste miroir où toute image se reflète et c'est cette image qu'il veut voir et quand il en a vu la pile et la face, il a vu la vérité.  C'est cette vérité dont il m'a donné la clef que je ferai connaître au monde dès qu'il le voudra. En attendant, et pour me preparer la voie, j'interprèterai si clairement dans cette courte et lamentable histoire de ceux de sa race, certains faits et certaines expressions qui leur sont propres, que chacun y reconnaîtra leur origine indo-tartare, leur vie cyclopéenne, monade et nomade, l'antiquité de leur invasion en Europe, le noeud qui les unit à la plupart des peuples de tout l'ancien continent et enfin leur affinité avec les Abas de Perse et les Anak de Tartarie, avec les Abantes de l'Eubée et les Anax de la Grèce, avec les Pythons et les Anakins du Kanaan, avec les Curètes de Colchide et de Crète, avec les Curi du Latium et les Curils des Gaules, avec les artisans et les savants, avec les sorciers ou devins, avec les militants de la science et de la sagesse antique chez tous les plus anciens peuples de la terre.
 
C'est avec un sentiment profond d'estime et de sympathie que j'ai choisi pour textes à mes quinze chapitres les admirables couplets de notre illustre chansonnier ; et ce livre n'est que l'analyse d'une longue et cruelle misère dont sa chanson est la synthèse la plus vraie.

Troisième partie

Posté par Adriana Evangelizt


 

 

 

 

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29 septembre 2007 6 29 /09 /septembre /2007 22:55

 Un cadeau pour mes amis Gitans... et là où je vis, ils se nomment Hofmann, Ziegler ou Weiss... étrange comme leur nom est semblable à ceux de nos "ancêtres". Intimement je suis persuadée qu'ils sont la treizième tribu égarée. J'ai trouvé un livre fabuleux mais il manque quelques pages... un ouvrage à la gloire des Roms, de leur histoire, de leur race qui a gardé la tradition orale et la façon de vivre des temps immémoriaux. J'avais déjà posé La symbolique gitane. Alexandre Vaillant a passé quinze ans de sa vie avec les Rômes. Il en est sorti un livre éclatant de beauté. J'espère qu'il fera plaisir à tous mes frères tziganes qui passent sur mon blog.

 

Les Rômes

Histoire vraie des vrais Bohémiens

par Jean-Alexandre Vaillant

1857

 1ère partie

 

Vous qui, au récit d'une femme sublime par le coeur et par la pensée, versez encore des pleurs de compassion sur les Nègres d'Afrique, dont l'Amérique républicaine fait ses esclaves, jetez un regard charitable sur cette courte histoire des Romes de 1'Inde, dont l'Europe monarchique fait ses Nègres, et ces hommes, pelerins d'Asie, ne seront plus routiers, et ces esclaves blancs seront libres.

Pour nous, nous nous estimons d'autant plus heureux d'avoir enregistré dans les annales de l'Histoire les actes de leur affranchissement en Roumanie, que cette contrée, qui nous est chère, s'est ainsi mérité les justes sympathies de l'Europe; et nous félicitons les princes A. D. Ghyka, de Valaquie, et G. A. Ghyka, de Moldavie, d'avoir entrepris et achevé cette oeuvre humanitaire qui doit porter leurs noms à la postérité et les couvrir d'une gloire immortelle.

 

AVANT-PROPOS


Sorciers, bateleurs et filous,
Reste immonde
D'un ancien monde,
Sorciers, bateleurs et filous,
Gais Bohémiens, d'où venez-vous?

 


Tout le monde a entendu parler des Romes sous les différents noms de Gypsi, Bohémiens, Gitanos; beaucoup en ont vu; bien peu les connaissent. Ceux-là même qui croient en savoir le plus sur leur compte sont encore à se demander leur nom, leur origine, leur croyance; leur noms, parce que chaque peuple les ayant qualifiés  à sa guise, ils semblent en avoir trop pour en avoir un ; leur origine, parce qu'il n'est résulté des recherches des savants qu'hypothèses plus ou moins fausses, conclusions trop exclusives et souvent absurdes, en un mot, rien de certain ; leur croyance, parce qu'elle est au fond de leurs coeurs, que leurs coeurs, fermés à notre indifference et à notre tyrannie, ne peuvent se trahir que par leur langage, que leur langage, seul critérium de leur origine, est inconnu, et que dès lors toute comparaison est impossible.

Si comme les particuliers, comme les Espagnols surtout, les peuples pouvaient faire de la multiplicité de leurs noms autant de titres de noblesse, les Romes seraient assurément la race la plus noble, comme elle est aussi la plus ancienne de la terre; car on peut compter jusqu'à soixante et plus les différents noms qu'on leur donne, et dont la plupart ne leur appartiennent point.

Ainsi selon les temps et les lieux, on les a appelés : Bohémiens, Egyptiens, Gitanos, Gypsi, Philistins, Pharaoniens, Iatars, Taterpak, Skoeier-pak, Splinter-pak, Spukaring, Kieldering, Nads-moends-folk, Heidenen, Ceard ou Caird, Sarrazins, Agariens, Pagani, Sani, Tsani, Kieni, Cieni, Sicani, Secani, Siguni, Sinti, Sindi,. Siah-Indous, Zind-Cali, Cali, Siku1i, Cal—Indi, Luri, Caras'mar, Cinquanes, Cingesi, Ciagisi, Cingari, Gingari, Zinguri, Zingari, Zogori, Zechi, Zendji, Zidzuri, Gindani, Dandari, Dardani, Zigenner, Ziegeuner, Zeygeunen, Djaï, Daïas, Biadjaks, Vangari, Gadjar, Korbut, Madjub, Harami, Astingi, Asdingi, Athingani, Tsigani, Zâth, Zoth, Tshigani, Rom-cali, Romnic'aï.

On conçoit donc, leur nom n'étant point connu, que leur origine ne pouvait l'être davantage. En effet, les uns la croyent toute récente et les autres fort ancienne; ceux-ci les font venir d'Asie en Europe, ceux-là d'Afrique; les premiers par l'Orient, les seconds par l'Occident; tel les fait descendre du Zendji-Bar ou côte des Zendji  par l'Egypte, tel les fait passer de la Tangi-Tan, montrueuse contrée d'Afrique, en Espagne; quelques-uns les font descendre du Caucase ou sortir des Palus Méotides. A en croire ceux-ci, ils sont Kalmouks, venus de la Dsongarie; à en croire ceux-là ils sont Scythes, et probablement le reste des Daces vaincus par Trajan; qui ne voient en eux que les debris des Avars et des Pétchénègues, qui les tiennent pour les ilotes de Sparte ou les bacchantes de Thrace ; qui les croient les Aborigènes de la vallée du Danube, les Siguni d'Hérodote; qui, enfin, les confondent, au contraire, avec les colons romains de ces contrées dont ils ne sont que les esclaves.

Que dire encore de l'opinion des savants sur leur croyance? Ils divaguèrent au point qu'après les avoir traités en Pauliciens, en Manichéens, parce que, selon les ideologues, les Déistes sont pires que les Athées. Dès qu'ils les surent danseurs, nomades, maraudeurs, ils les firent Tourlaks, Fakirs, Calenders; puis, à l'aspect de leur peau tannée, à la vue de leur misère, à l'examen de leurs penchants et de leurs aptitudes, il fut décidé qu'ils étaient ou Ethiopiens, d'Egypte on de Colchos, ou Troglodites, ou Phrygiens, peut-être même Canaanites, enfants de Chus; mais, à coup sûr, fils de Caïn et condamnés à errer comme lui jusqu'à la fin des temps.

Certes, à la vue de conclusions si diverses, il faudrait s'étonner, si l'on ne savait que l'histoire n'est que trop souvent à côté de la fable, que l'examen est moins un levier qu'une sonde et que la vérité jaillit parfois de l'erreur comme l'étincelle du caillou, et n'en brille qu'avec plus d'éclat, comme le diamant au sortir de la mine. Cependant, il faut le dire, si chacune de ces conclusions est trop absolue, elles sont généralement justes dans leur ensemble, car si les Romes ne sont pas exclusivement
ce que chacun isolément les croit, ils sont à peu près tout ce que, tous ensemble, ils les disent.

L'Egyptien, s'est-on dit, est noir et mange la chair de porc, donc ils sont Egyptiens; le Troglodite était orpailleur, donc ils sont Troglodites; ils dansent, s'enivrent et s'abandonnent à la lasciveté des sens, donc ils sont les satyres et les bacchantes de Thrace; ils disent la bonne aventure, donc il sont les prêtres ou les prêtresses d'Isis.

Etranges conclusions qui montrent à quel point peuvent divaguer et la science étymologique, lorsque, violentant la raison pour n'avoir pas tort, elle se renferme dans le cercle étroit d'un fait, d'une idée, d'un mot, et la science d'examen, quand elle s'appuie sur des faits particuliers, communs à des races diverses, au lieu de s'appuyer sun des faits généraux, propres à chaque race.

On en conviendna volontiers quand par leur langue, tout mot ayant sa raison, disent Cicéron et Saint-Paul, je pourrai découvnir le sens vrai d'une multitude de faits dont la sagesse antique a forgé des fables, dont la science a composé des dogmes, dogmes et fables qu'elles ne sont plus en état d'expliquer; on en conviendra quand on se sera convaincu que, si
peu nombreux qu'ils soient restés en Europe, les Rômes sont un peuple; que, bien que vagabonds depuis les siècles, ils ont cependant une patrie; que, quoique loin d'elle, ils en ont conservé la langue autant qu'ils l'ont pu; on en conviendra quand on aura reconnu comment leur histoire est liée à celle de tous les peuples; comment la plupart des émigrations de la haute Asie n'étaient pas encore en Europe qu'ils étaient déjà aux colonnes d'Hercule; comment ils étaient en Afrique en même temps qu'en Espagne; en Thrace et en Dacie avant de se répandre en Germanie et jusqu'aux confins du pays des Celtes; au Caucase et sur les bords de la mer Noire, avant de pénétrer en Sarmatie et jusqu'en Scandinavie; dans toute la Moesie, avant de coloniser la Grèce; en Macédoine, avant de monter en Illyrie et de là en Italie; aux Indes, avant de se répandre, d'un côté en Tartanie, en Perse, en Syrie, de l'autre en Arabie, au Caucase, en Egypte, et de ces diverses contrées par toute la terre. Et que, si ceci étonne, ceci est pourtant la vérité, car ainsi m'a dit NARAD, fils de NUN, l'lnde est ma gemma bhu, ma terre natale.

Cette vérité fut confirmée vers le milieu du XVIII siècle par un jeune Roumain d'Omlash en Ardialie : Valé était son nom. Comme il étudiait à Leyde, il y fit la connaissance de trois jeunes Malabarais , étudiants comme lui. Etonné d'abord de la ressemblance de ses amis avec les Romes ou T-sigans de son pays, Valé le fut davantage lorsqu'il entrevit l'analogie de leur langue, et son étonnement fut au comble quand, de retour à Omlash, il se fut assuré que les Romes comprenaient au moins a demi les quelques mots malabarais qu'il avait eu soin de recueillir.

Ce fut sur ces données, qu'il se procura, que Grellman publia, en 1782, son histoire des T-sigans, seul et premier livre sérieux sur cette malheureuse race. Pour corroborer son travail, il prit soin de le faire suivre d'un petit vocabulaire et de courtes observations grammaticales de Valé. Ce premier pas fut un pas immense. La langue des Romes cessa d'être ce qu'on la croyait généralement, un Argot, et son analogie avec le malabarais donna naturellement à ceux qui la parlent une origine commune avec les peuples de l'Inde. Après lui, Fessler va plus loin sous le rapport philologique. Ayant naturellement à parler des Romes dans son histoire de la Hongrie, où il en est plus de cent mille, il met leur langue en rapport avec les principaux idiomes de l'Indoustan et corrobore si bien, par son tableau comparatif, l'opinion de Grellman, que de présomption elle devient certitude.

Des lors, plus de doute, les Rômes sont Indiens, Indoustans, Multans, Bengaliens ou Malabarais; ces nouvelles idées émises, Richardson essaie de découvrir la caste à laquelle i!s appartiennent, et croit la trouver dans celle des Baziguri, parce que ceux-ci sont ménétriers, danseurs et vagabonds; mais cette analogie, pareille à tant d'autres, ne prouve encore rien, sinon que parmi les Romes ii est assurement des Baziguri; et les Romes restent ce qu'ils sont, des indiens dont l'origine est un mystère que leur langue seule peut dévoiler. Mais pour connaitre leur langue, ii faut les voir de près, vivre avec eux, vivre de leur vie; et ils sont si misérables que la plupart de ceux à qui cette heureuse idée peut venir y renoncent à la vue de la dégoutante misère qui les entoure.

Cependant, en 1803, le docteur Godefroy Hasse semble les étudier de si près qu'il les voit loin dans le passé et les aperçoit partout dans Hérodote, en même temps que Robertson les retrouve partout au Kanaan, a l'aide des livres hébreux. Si, par de simples rapprochements de moeurs, ils ont su se faire de nombreux adherents, j'ose espérer m'attirer tous ceux de l'un et de l'autre. En 1835, M. Graffunder publie à Erfurth son essai grammatical de leur langue, et M. Kogalniceano en fait imprimer à Iassi la traduction française. Par cet essai grammatical, M. Graffunder fait voir les règles et la construction de la langue des Romes et comprendre comment, en leur conservant leur haine et leur amour traditionnels., leur lasciveté et leur
nomaderie immémoriales, elle les a séparés des autres peuples au milieu desquels ils se glissent et campent comme des ronces et des taupes dans un jardin.

Restée longtemps en arrière de la simple curiosité, la philanthropie s'empare enfin de toutes les précieuses découvertes opérées jusqu'en 1835, et M. Borrow, jaloux de répandre la foi anglicane parmi les Romes d'Espagne, ne craint pas d'aller étudier leur langue au milieu d'eux. Dc ses longs et généreux efforts il est résulté un livre riche de faits et de pittoresque, d'expérience et de savoir. On y voit les Romes tels qu'ils sont, car il ne les peint que comnme il les a vus, et sa connaissance de leur dialecte m'a convaincu, plus que le pittoresque des deux premieres parties, qu'il n'a pu faire autrement que de les bien voir. Il interprète plus qu'il ne commente; il raconte plus qu'il n'expose; il ne présume pas, il démontre; il ne disserte pas, il prouve. Il prouve que le dialecte zincali n'est langue de filou d'aucune sorte, ni l'argot français, ni le gergo d'ltalie, ni le cant, ni le slang, ni le latin-voleur d'Angleterre, ni le germania des Espagnes, ni l'italien rouge des Allemands, ni même le more.

Tandis que M. Borrow s'occupe ainsi au milieu de ceux d'Espagne, et qu'après les avoir étudiés en Dacie, je m'en occupe en Turkie, M. Bataillard les cherche dans les documents historiques, s'empare de tous les textes connus sur leur apparition en Europe et juge raisonnable de ne les y fixer que vers 1417, parce que, ignorant leur langue, il est amené à révoquer en doute les monuments les plus précieux, et ceux-là même qui pourraient le tirer de son erreur sur l'époque, non pas de leur apparition en Occident, mais de leur établissement en Orient.

D'un autne côté, M. A.-F. Pott de Hall les étudie et dans les chartes et dans les livres, recueille, traduit, impnime en un volume in-8° tous les mots, toutes les expressions qu'il a pu découvrir de la langue des Rômes et mérite, en 1845, de la part de l'Académie française, le prix de philologie. 

Il est certain que cette langue n'a pu demeurer invariable; que, disséminé comme il l'est, le peuple qui la parle a dû, malgré son aversion pour tout ce qui n'est pas lui, subir la loi de nature, adapter à son usage plus d'un mot étranger, et façonner les siens à certaines modifications hétérogènes; mais il n'en est pas moins vrai que, si la forme en varie, le fond en est toujours un partout et pour tous, et ce fond est le sanscrit. II est vrai que l'analogie du Rômmanès et du sanscnit est devenu presque imperceptible, quant a la forme grammaticale; mais elle est évidente et presque complète dans la valeur des lettres et dans la composition; ainsi, comme en sanscrit, le mouvement s'exprime par r, la profondeur et la hauteur par g, le fluide par l, etc. Comme en sanscrit, les mots se composent par simple juxta-position et le dernier seul se modifie.


Ainsi Uri-gaben, s'habiller, mot à mot : passer ses chausses ; mus'in-kero, chapelier, mot à mot : faiseur de chapeaux ; ma-garu, âne, mot à mot : longue oreille; kar-pu, melon, mot à mot : fruit de la terre; kol-pu, tour, golfe, mot à mot : rond-terre; kris'tal, cnistal, mot à mot : transparente et solide surface.

Un fait remarquable et qui peut servir à montrer comment, malgré leur ignorance et leur disséminement, leur langue les a fait rester eux, c'est qu'ils ne nous méprisent pas moins que nous les méprisons; c'est que, si nous les appelons payens, ils nous appellent gacni (Prononcez : gatchni); c'est que, si nous nous disons fils de l'homme, Adam, ils se disent fils de la femme, Romni.

La suite...

Posté par Adriana Evangelizt

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29 septembre 2006 5 29 /09 /septembre /2006 17:06

Alors la suite de la symbolique gitane dont la première partie se trouve ICI... on découvre là leur propre tradition qui ressemble à l'Ancien Testament avec quand même une différence, le fameux Dieu créateur n'est pas seul... il y a avec lui un Être qui possède la Beauté, la Force et la Sagesse... ce qui nous fait penser au Serpent de la Genèse et à Lucifer...

La symbolique gitane

 

par Guy Pierre Geneuil

2ème partie

 

1ère partie 

CHAPITRE II


La Création du Monde - SINTO CHIBALO -


A la première bouffée d’air de l’univers, Baro Devel (Dieu pour les gitans) était assisté de Sinto Chibalo, dont le nom signifie « Celui qui écrit et trace le temps ». Seul Baro Devel savait d’où venait Sinto Chibalo. C’était un secret divin mais on apprit de la bouche même du Dieu, qu’il lui avait donné la Beauté, la Force et la Sagesse.


Du haut des saintes montagnes, Baro Devel et Sinto contemplaient la Terre et les veines qui irriguaient les plaines immenses et les étendues boisées.


Baro Devel dit à Sinto Chibalo :


- De ton prénom tu traceras le récit et de ton nom tu seras porteur des nouvelles et des anecdotes de la vie. Tu les inscriras sur tes tablettes et tu les décriras à travers le temps. Car je te fais Immortel. De ta voix sortira la Connaissance de ceux qui seront issus de ce fleuve et qui s’en iront de par le monde comme l’eau qui coule inlassablement dans une éternelle errance.


Baro Devel créa alors Sept cieux au-dessus de la Terre, puis la Lumière et les nuages qui adoucissent l’éclat du soleil. Enfin il souffla très fort et créa le Vent, mais de son souffle puissant, il dérangea quelque chose dans l’ordre du monde et d’un des cieux se détacha un éclair violent qui tomba sur la Terre dans un grand fracas. Une boule incandescente se mit à rouler sur le sol.

Lorsqu’au bout d’un moment elle s’immobilisa, un petit homme portant sur la tête un drôle de bonnet rouge en sortit. Il était revêtu d’un habit écarlate d’où sortait au bas du
dos une queue fourchue. A cet instant les débris de la boule enflammèrent la campagne et bientôt tout ne fut plus que désolation autour d’elle. Baro Devel regarda avec tristesse ce que ce petit homme rouge avait fait, mais ce dernier se moqua de Baro Devel d’une voix étrange et cassée. C’était le Bing (Diable) celui qui représentait le mal et qui était la négation même du créateur. Baro Devel dit à Sinto :
- Regarde cet être de malheur, ne le suis jamais, ne l’écoute pas. Laisse-le baver son souffre. Plus tard, tu diras aux hommes de ne pas le déranger et de le laisser faire ses
grimaces. Qu’ils l’ignorent et qu’il vocifère seul dans le vide. Il représente la tentation se déguisant sous le masque de la beauté. Tous les malheurs du monde seront causés par le Bing.


Sinto promit à Baro Devel de transmettre ses volontés à travers l’espace et pendant tous les temps, puis il regarda disparaître le Bing se donnant des airs de saint mais conservant cependant sa queue fourchue au bas de son dos. Pendant quelques temps, le Bing se terra à l’autre bout du monde.


Baro Devel continua à créer la vie. Tout d’abord les cinq éléments : l’air, le feu, l’eau, la terre et le brouillard qui empêche les hommes de se diriger.


Sinto regarda les fleuves se créer, l’eau remplissant les mille veines de la Terre, et tous les gouffres existant, faisant des étangs, des lacs, des mers et des océans. Dans les premières gouttes d’eau provenant de la neige recouvrant le toit du monde où sont réunies toutes les plus hautes montagnes, se reflétaient les Sept cieux donnant Sept couleurs différentes au monde. Ces jeux de lumière ressemblaient aux fruits des arbres que Baro Devel accrocha aux branches.

Puis il suspendit dans les cieux, de-ci, de-là, des bougies, des lustres et des astres, pour qu’on puisse voir, même lorsque la nuit est venue.


Sinto Chibalo remercia Baro Devel d’un grand « naïs » (merci) pour la beauté qu’il créait et inscrivit dans sa tête tous les faits et gestes du créateur.


Pendant ce temps Baro Devel continua à travailler la terre et la pierre et de sa grande vakanala « louche » il remplit d’eau tous les trous que les fleuves n’avaient pas atteints. Puis une fois l’oeuvre finie, il prit Sinto par l’épaule lui faisant voir en tournant sur eux-mêmes toute l’étendue de sa création. Il lui dit alors :
- O païl ! « c’est-à-dire » : « Ceci est la Vie »

Nativité du Rom et de la Romni


Baro Devel voulut alors créer l’être humain dans l’univers qui existait déjà. Il prit un peu de terre, un peu de lichen et quelques poignées d’herbes puis il se mit à modeler deux boulettes de ce mélange. Il déposa celles-ci dans le creux de la kalkavi (chaudron), alluma le feu et fit cuire les boulettes, après quoi il partit contempler sa création : la Terre, le ciel, les mers, les fleuves, écoutant les oiseaux chanter sur les branches des
arbres. Il flâna, rêva et oublia les boulettes de terre dans la kalium. Soudain, il repensa à ce qu’il avait entrepris et se hâta de retirer les boulettes, mais celles-ci étaient toutes noires. Il remodela à nouveau un homme et une femme et resta assis près du chaudron, malgré l’harmonie du chant des oiseaux et les parfums de la nature. Pressé de retourner contempler son chef-d’oeuvre, il retira un peu vite les deux boulettes. Celles-ci étaient toutes blanches. Baro Devel les regarda mais ce n était pas ce qu’il voulait encore. Il façonna à nouveau deux autres boulettes et resta, attentif, près de la kalkavi. Lorsqu’il jugea la cuisson à point, il retira les deux boulettes. Celles-ci étaient dorées, parfaites. Le premier couple gitan était créé. Baro Devel regarda un instant ses enfants, souffla doucement sur eux et à ce moment là, les Fils-du-Vent se mirent en marche...


Alors, pour eux, il créa le Paradis, le Jardin des délices. Un grand tapis de mousse recouvrait le sol tandis que le ciel, venant jusqu’à terre, entourant leurs corps nus, protégeait les arbres se trouvant autour d’eux. Leurs fruits étaient mûrs et le couple n’avaient qu’à tendre la main pour les cueillir. La vigne comme une main caressait de ses grappes les lèvres du couple dont la seule occupation était de s’aimer tandis que la rosée, en mille éclats de diamant, faisait briller la peau dorée de leurs corps. Le Rom admirait les deux beaux fruits gonflés de sa Romni et il était heureux. Aucun oeil indiscret ne pouvait déceler leur présence dans ce jardin, où tout n’était qu’Amour et Beauté.


Au bout de trois mois, la femme sentit son ventre s’enfler tandis que grandissait de plus en plus sa gourmandise. Mais les fruits les plus proches lui paraissaient laids et elle leva la tête pour regarder plus loin et plus haut. Elle s’aperçut alors que les fruits qu’elle ne pouvait atteindre étaient plus mûrs, plus beaux et plus désirables que ceux qu’elle cueillait d’habitude. A cet instant, le ciel se leva au-dessus de sa tête.


Très vite, après les avoir mangés, les nouveaux fruits lui parurent laids et fades, et à nouveau la Romni s’assit pour en choisir d’autres, un peu plus loin. Ils lui parurent les meilleurs.


Aussitôt, le ciel monta un peu plus haut. Il se trouvait maintenant à plus d’un mètre du sol. Le Rom cueillait des feuilles des arbres et en parait sa compagne dont le ventre s’arrondissait de jour en jour tandis que les pétales des fleurs se répandaient sur sa longue chevelure. La Romni était très belle mais avait toujours aussi faim aussi se leva-t-elle de toute sa hauteur pour attraper des fruits encore plus éloignés que les précédentes.

A ce moment, dans un grand fracas, le ciel monta si haut qu’il ne protégea plus le couple. A l’horizon apparurent des plaines, des montagnes, des rivières et des mers, ces dernières étaient désormais les seules à posséder le ciel. Baro Devel avait créé le bonheur, l’amour et le plaisir, mais la Romni n’avait rien compris, elle était comme le poulet à deux têtes voulant partir dans deux directions différentes. Comme les outils sont à portée de la main pour créer l’objet parfait, ainsi le merveilleux est-il souvent si proche de nous qu’on le touche sans le savoir.


Et depuis, Roms et Romni furent condamnés à parcourir le monde à la recherche de leur nourriture. Dans le ciel dorénavant très haut, Baro Devel crée de temps en temps des nuages noirs ou blancs et laisse tomber la pluie sur le sol. Certains arbres la boivent et de nouveaux fruits apparaissent.


Le début du voyage


Baro Devel dit à l’Homme et à la Femme de se multiplier et ils eurent beaucoup d’enfants. Leur premier fils s’appela Tubalo. Le Créateur lui donna un don : celui de savoir fondre les métaux. A l’oreille il lui avait enseigné le secret de faire des kalderas (chaudrons), c’est pour celle raison que les descendants de Tubalo s’appellent les Kaldérachs.


C’est Sinto qui activait le feu, il appuyait sur le soufflet et regardait Tubalo mélanger ses métaux et laisser couler dans des moules d’où sortaient des cruches, des pichets, des outils servant à travailler le bois et la terre.


Tubalo instruisit tous ses descendants et ceux-ci partirent à travers les routes. Lorsque Baro Devel disparut de la Terre, Sinto suivit Tubalo à travers le Sind et l’Indus servant de son mieux la créature de Baro Devel. En cours de route, ils rencontrèrent des êtres ayant à coup sûr touché le dos du Bing, car ils étaient laids, méchants, cruels, persécutaient les femmes et les enfants, tuaient leurs ennemis en les frappant dans le dos.
Sinto nomma les hommes pourchassés par ces suppôts du Diable, les Roms, et il leur conseilla de fuir cet endroit infesté par le Bing.


Ils s’en allèrent plus loin et se séparèrent en quatre groupes, les uns retournant vers le Sud, le Sind, d’autres vers l’ouest à l’endroit où le soleil se couche, d’autres à l’est comme « escropa », le trou, où se lève le disque blanc « Parnon ». D’autres enfin vers le Nord, comme Naiss : à l’endroit où la lumière reste toujours égale. Ils partirent sans se retourner, craignant de regarder le Bing.


Et Sinto comprit pourquoi il était Chibalo « l’écrivain », car le point où il était se prénommait Géo « Terre », et c’était de lui que partaient les quatre directions : le Nord, l’Ouest, le Sud et l’Est. Les quatre horizons. C’était le symbole pour écrire l’histoire. La clé de la Gnose.


Il expliqua tout ceci aux voyageurs avant qu’ils ne partent, et Tubalo regarda Sinto. Il souriait car il comprenait les pensées du Chibalo.


La vie errante commença, mais Baro Devel dans sa grande bonté avait tout prévu car des poissons habitaient l’eau et des animaux vivaient dans les plaines et les forêts. Certains avaient dû avoir des contacts avec le Bing, car ils étaient cruels et sournois et l’homme devait s’en méfier.


La grande famille de Tubalo se séparait de plus en plus cherchant toujours plus loin un havre de paix. Tubalo dit à tous ses descendants :
- Vivez en paix aujourd’hui et il leur confia le mot de tous les symboles : « O Fetchaumé ».


Les kaldérachs partirent les premiers et Sinto leur indiqua la direction de l’Ouest en leur disant.

- Ajouké samané côssé, ce qui voulait dire : « Vous nous attendrez là-bas ».


Les animaux suivirent les hommes, car les bêtes aussi craignaient le Bing. En remerciement, certains leur donnèrent leur lait, leurs œufs et leur miel tandis que d’autres les portèrent avec leurs fardeaux.


Lilyi (Lilith)


Lorsque Baro Devel créa la quatrième boulette, il ne mélangea pas assez la terre et de la même pâte, il créa à la fois Caïn et Lilyi. Caïn ne put féconder Lilyi, mais pourtant certains voyageurs pensent qu’ils sont les descendants de cette union et qu’ils ne furent pas entaché du péché originel car « ils étaient déjà vieux quand les hommes sont nés. Ce sont les dieux qui leur apprirent à marcher », assurent les tziganes qui ajoutent que c’est la raison pour laquelle ils n’eurent pas besoin de travailler à la sueur de leur front attachés à leur terre mais que, depuis, ils marchent, marchent, marchent...


Lilyi ressemble étrangement à la sorcière Abanina. Dans la tradition juive, on raconte aussi que Lilith fut la première femme du premier homme et qu’ils furent tirés tous les deux du même limon. C’est pour cette raison que les juifs pensent qu’elle ne fut pas féconde. Ils disent qu’elle est la mère des démons.


Les Kaldérachs, les fondeurs, assurent que cela est vrai et le répètent à leurs enfants, qui le diront eux-mêmes à leurs petits enfants, afin qu’ils se souviennent. C’est la tradition.


Pour les tziganes, Lilyi est le démon femelle, la reine des démons. Elle est représentée chez les voyageurs comme une larve dont la queue se termine par une touffe de crin, sa tête sans cou étant surmontée d’un phallus que recouvrent des cheveux ressemblant à des branches mortes. Elle sent le soufre, le parfum des méchants, et hante les ruines et les déserts.
Elle est la manifestation des forces du Mal, la désolation.
Elle est la mère de tous les impurs.
Naturellement, Lilyi est toujours pourchassée par les bons anges.

Le Déluge


Les voyageurs suivirent le Sind et au bout de quelques générations, ils arrivèrent devant une immensité d’eau. Tout en enseignant Tubalo, Sinto leur fit abattre des arbres et leur montra comment fabriquer des radeaux à l’aide de lianes. Quand les embarcations furent terminées les hommes qui avaient cueilli des baies et glané les herbes chargèrent tout sur leurs radeaux. Déjà au loin les cris des barbares habités par l’esprit du Bing se faisaient entendre et des incendies illuminaient l’horizon détruisant toute la
végétation alentour. Depuis leur embarcation, ils pouvaient distinguer que toute la terre devenait un désert. Seule l’eau continuait à couler éternellement et le Sind narguait le Bing.


Lorsque le Bing arriva au bord de l’eau et vit toutes les embarcations au loin, il entra dans une grande colère et se mit à gonfler ses joues, soufflant de toutes ses forces vers les radeaux. La mer se souleva, les embarcations montèrent en haut des vagues, mais par miracle celles-ci restèrent stables et furent seulement poussées plus loin, si bien que le gnome devenait de plus en plus rouge et que son souffle devenait de plus en plus violent. La terre disparut et les hommes se trouvèrent entre le ciel et l’eau. Les oiseaux les accompagnaient, certains se reposant de temps en temps sur les bateaux de fortune et donnant en échange leurs œufs aux enfants. Le Bing était loin et la mer redevint calme. Le vent apaisé poussait doucement les radeaux. Soudain, les oiseaux s’envolèrent dans de grands cris. Ils tournoyèrent au-dessus des embarcations et se dirigèrent tout à coup, tous ensemble, dans la même direction. A l’horizon les hommes virent apparaître une tache blanche et bleue. Ils crièrent : « Terre ».


Tubalo qui suivait les rassura, c’était bien une nouvelle terre. Ils débarquèrent et découvrirent alors d’autres hommes que Baro Devel avait créés en cet endroit. Ils étaient de couleur différente et vivaient dans des arbres creusés dans les rochers. Certains d’entre eux avaient la couleur du soleil levant. Ils étaient habillés différemment suivant leurs groupes.

 

Le Temple de Salomon


Un homme, vêtu d’une longue robe blanche se mariant avec ses cheveux et sa longue barbe, sortit d’un groupe et vint vers eux. Bien que ne l’ayant jamais rencontré auparavant, Tubalo reconnut alors Salomon et Salomon qui était aussi très proche de Baro Devel reconnut Tubalo. Il lui dit dans la langue des sintis : « Michto O Pral », « Sois le bienvenu mon frère ! » Tous les hommes et les bêtes avaient débarqué et ils s’installèrent sur ce pays plein d’oliviers aux feuilles toujours vertes et au tronc tortueux. Les femmes s’occupèrent des enfants, les lavèrent et les endormirent.


Salomon dit à Tubalo :
- Baro Devel m’avait dit que tu arriverais prochainement et que le Temple que je lui consacrerai serait ton oeuvre, toi le forgeron.
Il lui montra un colline et sur celle-ci désigna à Tubalo l’endroit où le temple devrait être construit. De toutes celles de la région, la colline où s’édifierait la Maison de Baro Devel était la mieux située.


Salomon expliqua à Tubalo que toute la construction serait faite en utilisant la proportion dorée (le nombre d’or), qu’il y avait un sens géométrique à respecter ainsi que des mots sacrés à prononcer pour chaque phase de l’ouvrage. Il lui indiqua l’horloge du temps avec ses deux solstices.


Les hommes qui étaient venus avec Tubalo se mirent à l’oeuvre. Les poutres tirées des bois de cèdres montèrent dans le ciel, à partir d’un double carré creusé dans le sol. Sinto, qui dirigeait le chantier salua au passage Salomon et se rendit vers un autel de pierre où étaient déposés les outils et les planches sur lesquelles étaient tracés les plans du futur Temple. La proportion dorée était la mesure de l’ensemble comme elle est partout la mesure du monde. Tandis que l’on apercevait les hommes tailler la pierre à flanc de montagne et les femmes tisser les paniers d’osiers devant servir à véhiculer les pierrailles et le sable, Sinto désigna un tas de minéraux et demanda à certains Roms de construire un immense four afin que Tubalo commence à fondre.


Salomon monta sur la première pierre du Temple, celle qui resterait enfouie à tout jamais mais qui serait aussi la première a soutenir l’ensemble de l’édifice. Il prit d’une main un compas, l’ouvrit, puis tendant son bras au ciel mesura l’ouverture entre l’astre blanc et la terre à l’équerre. Il rapporta cette mesure sur la règle et continua à tracer cette mesure sur les tablettes du plan du Temple.


Pendant ce temps Sinto et ses Kaldérachs préparaient le creuset pour Tubalo, car Salomon avait commandé deux immenses colonnes d’airain. Plusieurs mois passèrent. Les
Kaldérachs travaillaient dans la joie. Tubalo forma alors trois compagnons et leur donna les mots sacrés puis le secret des nombres. Sans intervenir, Sinto assista à l’initiation des compagnons que Tubalo éclairait. Il ne fit aucun commentaire.


Les Colonnes du Temple


Lorsque, de même que le Temple, les deux colonnes furent terminées, elles prirent place de chaque côté de l’entrée de la maison de Baro Devel. Les colonnes étaient creuses et prévues pour contenir, cachés à tout jamais, le Livre Sacré, le tracé du Temple et ses symboles secrets. D’autre part, une autre ouverture au dos de chacune d’elle, permettait à tous de déposer les métaux et les objets profanes qui ne devaient jamais pénétrer dans le Temple.


Peu de temps après, les trois compagnons que Tubalo avait initié tuèrent lâchement leur Maître afin de rester les seuls dépositaires des mystères de l’architecture divine. A l’endroit où Tubalo mourut on planta un mimosa et Tubalo, dans la mémoire des habitants du pays de Salomon, prit alors le nom de Tubal-Cain.


Tubalo avait une soeur, Abanina la sorcière, que les juifs appelaient Naama. Celle-ci épousa Salomon sur ces vieux jours et lui donna un fils, Roboam, qui fut le successeur de Salomon. Comme ses ancêtres, il abandonna la loi de son peuple et s’écarta du bon chemin.

Il fut responsable de la destruction du temple de Salomon.


Quelques Kaldérachs montèrent la garde devant la Maison sacrée car personne ne devait approcher du Temple. Une légende assure que la seule distraction de ces gardiens était de fumer de l’herbe, nommée hasch, c’est pourquoi on les appela bientôt les haschachims. Leur manière d’interdire aux profanes l’entrée du Temple était d’une telle brutalité que partout chacun les craignait. On redoutait tant ces « haschichim » que leur descendance tout aussi cruelle fut bientôt assimilée aux assassins.


Les années passèrent, puis les Haschichim se dispersèrent aux quatre vents, en emportant le Livre Sacré. Avant qu’il ne meurt, Tubalo leur avait enseigné le Patrin, c’est-à-dire la compréhension des signes sacrés de la route, mais aussi du temps et de l’espace, le « latcho Drom », c’est-à-dire la « bonne route ».


Ainsi, tous leurs descendants purent se reconnaître de par le monde. Les fils du vent suivent toujours ce tracé. Personne ne sut ce qu’était devenu le Livre Sacré.


Les Kalderach ou « chaudronniers » ne savaient ni lire ni écrire, c’est pourquoi ils se transmirent oralement les secrets de la trempe et de la fonte des métaux. Actuellement encore ils exercent ce métier et certains d’entre eux sont conseillers en
alliage dans les fonderies et les aciéries. Pour les tziganes, Cain, ou Quayin, veut dire forgeron. Il a été condamné à l’errance après avoir tué son frère Abel. Fugitif, il rejoint le pays de Nod, le pays des nomades, mais il suit encore les mauvais chemins. Un des fils de Cain, Hamek prit deux femmes : Ada dont il eut deux fils : Yabalo qui est celui qui vit sous la tente et son frère Yubalo qui est musicien, celui qui joue de la lyre et du chalumeau. L’autre eut un enfant : Tubalo ou Tu Balo- Toubal Cain ou encore, Tubal-Cain, ce dernier fut comme son grand-père Adam, l’ancêtre de tous les forgerons.


L’oeuvre était achevée et Sinto repartit accompagné de nombreux kaldérachs. Salomon leur donna alors le nom de la treizième tribu. Ils se dirigèrent vers le couchant où Baro Devel gagnait son repos. Une nouvelle épreuve les attendait, le désert, mais chacun poursuivait son chemin croyant pouvoir rattraper la lumière couchante, là où Baro Devel se retirait, sous le manteau terrestre.


Depuis ce temps personne n’a pu retenir entre ses mains aucune lumière, car la lumière est Baro Devel, et Baro Devel est le créateur. Il conseilla ainsi Sinto : « Si tu veux me retrouver commence par sortir ».


Sinto donc repartit sachant que Baro Devel suivrait la trace de ses créatures. Au loin, très loin, le Temple se confondait avec les collines...

 

Posté par Adriana Evangelizt

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28 septembre 2006 4 28 /09 /septembre /2006 18:33

 

La symbolique gitane

 

par Guy Pierre Geneuil

 

1ère partie 

 

 

Préface

 

Lorsque l'on se laisse entraîner dans les mythes fondateurs, les symboles, la culture et les légendes tziganes, il est difficile d'échapper au charme, presque l'envoûtement, que recèle cette pensée où les cultes de la Déesse Mère et de la Mère Nature tiennent une si grande place.

Qu'il s'agisse de Sara la Kali ou de la création du monde, des patrins (à la fois langage et signes de reconnaissance) ou des moyens utilisés pour guérir les douleurs humaines, physiques ou spirituelles, ou encore des activités légendaires de la vieille Kinèche et du Musicien aux doigts d'Or, tout nous replonge dans un passé que manifestent dans notre imaginaire les cultes druidiques oubliés ou le chamanisme.

Ce que l'on peut appeler une « écologie » à la fois spirituelle et pratique, religieuse et physique est, véhiculée traditionnellement, la dernière référence subsistant des origines de notre civilisation. Au fil des pages du livre de Guy-Pierre Geneuil, on remarquera bien souvent combien la culture tzigane est un conservatoire naturel de ce que notre culture moderne  a délibérément effacé. A la manière de l'argile conservant la trace de nombreux éléments et métaux disparus, les mythes et  la symbolique tzigane sont un véritable testament d'une culture  et d'un âge depuis longtemps oubliés. C'est la raison pour  laquelle, il ne paraît pas invraisemblable au lecteur de rencontrer,  réunis dans les étangs de Camargue, Jean l'Evangéliste,  Sara la Kali (dont le mythe concerne à la fois l'Egypte antique  et l'Inde), les Saintes Maries et Maître Jacques, architecte du temple de Salomon. Ces anachronismes mêlant curieusement  différents thèmes et civilisations ne sont pas la preuve d'une  quelconque naïveté enfantine mais bien plutôt celle d'une rare  ouverture d'esprit que sont peut-être seuls à posséder de nos  jours ceux qui se veulent avant tout des « voyageurs ».


En réalité, cette représentation du monde réunissant comme  dans une mosaïque les éléments semblant les plus disparates  est en fait une « materia prima », un terreau sur lequel peut germer  ne conception de l'univers qui allie la vision la plus  ancestrale et, paradoxalement les concepts les plus modernes.


Qui, dans ce début de millénaire, peut encore se vanter de  savoir communiquer et guérir, d'interpréter les signes du temps  et les révélations spirituelles en lisant simplement ce que disent  les plantes et les arbres, les feuilles et les petits cailloux, comprendre  les significations des lignes des mains, des haricots  rouges et des lentilles blondes ?


Loin, à des années lumière de ces considérations, des astrophysiciens  nous parlent de la naissance des mondes qu'ils  interprètent, à leur tour, en déchiffrant, presque inaudibles, les  signes de vie se manifestant dans les poussières d'étoiles. Cette  image doit nous réconforter, il y a sous nos yeux les prodiges de la technique et les révélations de la Vieille gardienne des traditions tziganes, le plus proche et le plus lointain, mais toujours une découverte des mystères de notre monde et, en définitive, de nous-mêmes.


Lorsque nous réalisons cela, du plus profond de notre  coeur, nous pouvons dire aux voyageurs, gardiens des jardins  disparus : « Naïs », c'est-à-dire Merci.

 

Robert-Jacques Thibaud *

 

 

INTRODUCTION


Du « Non Homme » à l?Initié


J'ai la chance d'être à la fois gitan et gadjo (c'est à-dire, non gitan). En tant que tel, je sais qu'une partie de moi-même, dans sa philosophie, sa vie et sa mentalité, est un défi permanent à la mentalité et aux pratiques de l'autre. La nature et le type de société formée par les gitans, ou tziganes, sont en effet en totale contradiction avec le mode de fonctionnement de ceux que péjorativement ils nomment les « gadjé ».


Pour les gens du voyage, l'humanité des « non-gitans » est sélective, compétitive, possédante, ce qui la rend naturellement intolérante et prétentieuse. Il leur semble que ses règles et ses priorités sont essentiellement : posséder, posséder encore plus, consommer, consommer toujours davantage, car dans ce type de société, celui qui ne consomme et ne possède rien, ne mérite pas d'être considéré.


La Loire, belle et vagabonde offre un parfait exemple de la différence existant entre ces deux conceptions du monde, celle des tziganes et celle des gadjé. Le fleuve, jadis sauvage, coulait librement et déplaçait dans les sinuosités de ses flots, des matériaux que le courant déposait ça et là, fécondant ainsi les îles de sable où se fixaient diverses végétations. Laissés stériles, ces tertres nus, minés par le courant, se dissolvaient et disparaissaient, emportés plus loin par le fleuve, allant vers d'autres destinées, là où les caresses de l'eau et de l'air pouvaient enfanter d'autres arbres.

Ces temps qu'enrichissaient de nobles contemplations poétiques, sont malheureusement bien révolus puisque actuellement, très loin en amont, les hommes ont greffé d'horribles gigantesques marmites, sur les flancs de la Mère Nature (Terre Mère). Ils dévient les eaux du fleuve par de gigantesques barrages, ou les ébouillantent dans des centrales nucléaires.


Ainsi, avant que l'oeuvre des flots puisse s'accomplir, ceuxci ont été détournés de leurs actes en des nuages qui pleurent, plus loin, sur d'autres terres ingrates que l'homme a pareillement dépouillées et défigurées. Les îles restes stériles et fleuve meurt. C'en est terminé de la poésie !


En écho à nos pleurs, nous parviennent les propos des penseurs du temps :


- « Nous répondons à vos besoins, à ce qui vous rend heureux choisissez entre vos congélateurs, vos radiateurs, vos lumières vos chaleurs ou la Loire avec ses îles meurtrières et sauvages.  »


L'intérêt public leur donne provisoirement raison.


Le monde humain « gadjé » se veut cartésien, l'intelligence régnant seule sur son monde où ne brille que son savoir.
Cette seule conception décide hélas de l'architecture et des grandes réalisations de notre temps. En réalité, il s'agit d'un pouvoir gravement malade, dans son corps mais aussi dans son coeur, son esprit et son âme !
Trop occupés dans nos laboratoires, nous n'avons plus souci de nos propres témoignages, nous avons oublié le labyrinthe de Dédale qui nous enseignait par la connaissance de nous-mêmes comment reconnaître la belle et la mauvaise oeuvre.
Partout, l'odieuse mentalité égoïste s'est installée. Dans tous les espaces occupés, le gadjo reste admiratif de ses élites qu'il s'agit pour lui d'imiter quand bien même il les jalouse, les méprise. Il est certain, qu'il lui sera désormais difficile retrouver la simplicité originelle !

La religion est une autre illustration de ce phénomène. En effet, toutes les religions s'approprient Dieu. Le tzigane aussi croit en Dieu - et de quelle belle manière - mais il n'a pas de religion ! Pour lui la religion est encore une dérive des gadjé, produite par leur mentalité, un pur produit d'un esprit sélectif parfois intolérant) mais non d'une recherche réellement spirituelle. Le « veau d'or », adulé et privilégié au quotidien par la société, illustre parfaitement cette aliénation mentale et matérielle. Dans la pratique, il est visible pour tous, que tout se monnaie d'une manière ou d'une autre, tout s'achète et tout se vend : les titres, la gloire, les noms, les idées comme les produits, les philosophes, les convictions politiques et les révélations spirituelles.


Nous navons de cesse de tout régenter, de vouloir tout posséder. Il nous faut régner sur tout, y compris sur le Mystère, c'est pourquoi nous enfermons Dieu dans des textes religieux correspondant aux conceptions de nos actuelles intelligences. Nous avons la folle prétention d'interpréter la tradition divine, orale, après l'avoir écrite. Toujours, il nous faut expliquer.


Je divise, je compartimente, je cloisonne et spécialise, j'alvéole, je protège mes pouvoirs, je censure... Le gadjo c'est apparemment cela, rien que cela.


Voilà ce que nous sommes et qu'éclaire, a contrario, le Tzigane. Celui-ci a une toute autre mentalité lui permettant de déclarer que les gadjé sont :
« nés pour détruire, pas pour conserver.
nés pour haïr, pas pour aimer.
nés pour prendre, pas pour donner.
nés pour voler, pas pour partager... »
Et le Tzigane d'ajouter, dans son silence et sans haine :
- Le gadjo est le non homme puisqu'il nie et se nie, qu'il ne recherche pas la connaissance de sa nature pour son plein épanouissement.
Qu'il ne la respecte pas.

Interrogez le Tzigane. Il vous dira qu'il n'a ni passé ni avenir. Il conçoit l'éternité dans la loi de ce qui se renouvelle d'une façon universelle... Il se coule dans cette conception sans mémoire du passé, sans souci d'avenir car tout est dans l'éternel présent. Il vit libre dans « l'actuel maintenant », permanent et immuable.


Sans jamais parvenir ici-bas à la perfection de l'assimilation du pluriel au singulier, du singulier au pluriel, de l'individu à la communauté, le tzigane va cependant tenter d'obtenir cet état de « Nous-Je ».

 

CHAPITRE I

 


Présentation du mode de vie des tziganes

 


Dans la société tzigane, la tribu est, pour l'enfant, ce qu'est la coquille à l'oeuf. La communauté, mais aussi l'individu Tzigane, sont enrichis et assistés par la Mère (ancienne de la tribu), respectée et honorée par tous, et à qui chacun doit tant de choses, tant en pratique journalière qu'en soins bienfaisants éventuels. C'est l'illustration de la mère généreuse et féconde, la manifestation de Sara la Kali, Sara la Noire, la Terre Mère, la Création divine, manifestée sur tous les plans : le minéral, le végétal et l'animal. La Mère a reçu et dispense l'enseignement spirituel. Elle ouvre à tous, les chemins menant au monde divin promis aux tziganes après le passage de la vie à la mort.


Au contraire, les Gadjé, ou « non-hommes », cherchent par tous les moyens à rendre présent leur passé qu'ils projettent dans l'avenir. Seul l'égoïste refuse le vieillissement car il ne veut pas faire la part des choses dans le cours de sa vie. La mort est une notion inventée par l'homme ignorant mais, ici-bas, le Tzigane expérimente, s'enseigne lui-même puis transmet aux générations nouvelles sa connaissance préservée et son mode de vie.

Jeune, quand intuitivement mes pairs me mettaient en garde contre l'inutilité de la course aux technologies modernes, je répondais que nous devions créer un homme nouveau. J'ai appris depuis que ce que l'on pourrait qualifier de « non faire » constituait en réalité une des formes de la sagesse.

 

Seul le Tzigane authentique, dans le plus pur mode de vie des « Fils des vents », du Soleil, de la Mer, de la Terre apprend le faire, le bien faire et enfin... le non faire !


Si le gadjo est intelligence, le tzigane, ou Rom, connaît la réalité du monde d'instinct, par intuition. Le monde est fini, pas l'homme, pas le Rom, car l'homme est toujours en perfectionnement et demeure pour cela persuadé qu'il doit continuellement apprendre. Le profane, quant à lui, croit avoir reçu la mission de « définir » le monde.


Le Tzigane croit en la paix mais aussi dans sa force. Il la vit mais ne lève pas d'armées, pourtant il a dû souvent se battre, parfois enrôlé involontaire dans les bataillons des gadjé. Il n'a pas mal vécu cette idée de combattre les « non-hommes », et s'est consolé de son enrôlement en contemplant les gadjé se battre entre eux. Dans son histoire, jamais le Tzigane n'a cherché, pour son idéal, à organiser une force structurée au combat, qu'il soit offensif ou défensif. Le Tzigane est pacifique et non violent de nature, quoi qu'il puisse lui en coûter.


Chez le Tzigane n'existe aucune structure sociale hiérarchisée. Il n'y a aucune typologie de l'organisation mais cependant il vit dans l'unité. Il y a naturellement une grande diversité de tribus, de groupes, de « Kompagnia », de familles, mais toutes sont dans l'unité, rejoignant intimement cette pensée : - Dans l'unité multiple de la vie universelle, les espaces innombrables distingués par leur différence sont néanmoins unies.


A l'extrême limite, je pourrais écrire qu'il n'y a pas de « race tzigane », pas d'exclusion, pas de sélection ethnique, mais un mode de vie permettant l'intégration pleine et entière de tout nouveau « Frère », nouveau membre ou maillon dans la famille qui l'accueille. Il ne sera pas demandé au nouveau venu, nouveau-né, à quel endroit il est né, ni de quelle race étaient ses parents. C'est en ce sens que la mère adoptive devient la vraie mère, comme la Terre Mère, elle-même, adopte, bon gré mal gré, tous ses enfants.

Tout homme, tzigane ou gadjo, choisissant librement, puis épousant pleinement la tradition de vie des gens du voyage devient Rom d'office, véritable et authentique, et conserve pour toujours cette qualité.


En attendant son intégration pleine et entière qui dépendra de sa propre détermination, le gadjo ou la gadji prendra provisoirement pour nom : racli (pour la femme) et raclo (pour l'homme) mais, pour être un Rom, il faut savoir nier tout ce qui emprisonne, ne plus vouloir connaître ses anciennes activités.


C'est là le prix et la seule condition de la liberté.


S'il est un peuple parmi tous qui garde ici-bas la pureté de sa connaissance traditionnelle, c'est bien le peuple tzigane. De tous temps, il a su conserver l'enseignement qui fait son particularisme.


Si le gadjo reste admiratif de celui qui arrive au sommet de l'échelle sociale, dans la population tzigane, la référence est inverse. Est admiré celui qui sait se jeter dans l'unique point central de l'unité de l'homme et de sa nature terrestre, pour et par l'unité de l'âme et de la nature divine.


Est admiré et désigné en référence, montré en exemple, celui qui est, et vit, libre, au plus près de la « non possession ».


En fait, le gadjo s'épuise et se perd dans la recherche et dans l'amertume. Il semble en fait que ce soit lui, le fameux errant.


D'où l'éternelle question que l'univers lui pose :
- Gadjo, as-tu tes papiers, possèdes-tu ton carnet de circulation dans l'espace-temps ?


L'idée a de quoi faire sourire ! Une quête sans fin dans le cercle du monde, dans l'espoir vaniteux et vain d'une impossible terre promise. Il n'y a pas là de quoi se prévaloir d'une quelconque supériorité !

 

Le Tzigane n'est pas triomphaliste. Il est très réaliste de sa piètre condition humaine, de son état d'être délabré, comme celui du gadjo. Il chante l'impossible Amour et l'impossible Pays. L'impossible Paix à atteindre ici-bas.

 
A tous les gadjé et à tous les tziganes, à tous les initiés gitans et à ceux qui sont nés gitans, je dis enfin attention ! Nous avons tous la même chance à l'altérité. La même malchance, peut-être ? Ce sera à vous de juger, lecteurs.


Je veux préciser qu'en ce qui concerne leurs modes de vie respectifs, on ne peut dire du tzigane qu'il est dans la lumière tandis que le gadjo se trouve dans les ténèbres. C'est inexact d'un côté et faux de l'autre.


Je veux dire que dans la finalité, que l'on peut appeler Lumière, chacun cherche son propre but, ses propres vérités, son propre espoir, tout comme le firent jadis les Chevaliers du Graal. C'est le sommet que veut atteindre tout homme, initié ou profane, gadjo ou non-homme. Tous sont sur le même banc d'une même école, celle de la vie au sens le plus large.


Nous sommes tous entourés de lumières et de ténèbres, il ne dépend que de chacun de nous de basculer d'un côté ou de l'autre.

 

Abrégé historique, origine des tziganes


La terre d'origine des voyageurs (que nous nommerons Tziganes par souci de simplification) se situerait dans l'Est de l'Inde. Ils descendraient d'une des branches népalaises et birmanes, les Gouds, appelés aussi Sind'Hi, Sinti ou Sindi Luri. Ceux-ci domptaient les chevaux et enseignaient le yoga. Ils jouaient avec le feu, le manipulaient, faisaient des sauts périlleux.


De nos jours encore, on rencontre des tribus Sindis Manus.


On découvre leur trace pour la première fois en France en 1409 à Sisteron. Ils sont décrits comme des « nègres » ou des « égyptiens » et sont, dans la même année, réduits à l'esclavage.


Ils ne furent affranchis qu'en 1429. Ces différentes vicissitudes ont été consignées dans le journal que tenait alors un bourgeois de la ville.


En 1504, sous Louis XII, premières sanctions contre ces intrus et vagabonds qu'on nomme « bohémiens » à la suite d'un édit du roi de Bohème, Sigismond, lequel nomma un voïvode, Ladislas, chef des tziganes. A cette époque, en France, en raison du fléau qu'était le brigandage, le vagabondage pouvait être puni par la pendaison.


En 1539, François 1er accuse, par un édit, les Bohémiens d'abus et de tromperie. Il en résulte pour eux, l'interdiction de séjour, le bannissement qu'accompagnent des punitions corporelles.


En 1561, Charles IX par un autre édit, ordonne aussi l'interdiction de séjour, bannissement et punitions corporelles mais y ajoute les cheveux rasés pour les hommes, les femmes et les enfants.


Le bon roi Henry IV interdit, quant à lui, les attroupements de plus de trois ou quatre personnes et ordonne des punitions pour ceux que l'on reconnaît être vagabonds et « mal vivants » (ou vivants hors normes).

En 1647, Louis XIV interdit d'être bohémien ! et condamne aux galères ceux qui le sont cependant.


1660, punitions corporelles affligées aux bohémiens.


1666 et 1673, galères pour les hommes, fouet, flétrissure, bannissement pour les femmes et les filles.


1700 à 1716, les Bohémiens subissent le carcan, sont fustigés, marqués, puis envoyés aux galères à perpétuité. Les femmes sont rasées, les enfants enfermés dans les hôpitaux.

En 1719, les galères sont transformées en déportation.


1720 à 1722, mêmes peines mais désormais les communautés doivent se regrouper, marcher en ordre. L'armée peut faire feu sur les Bohémiens récalcitrants.


1724, Louis XV ordonne d'arrêter les Bohémiens pour vagabondage. Interdiction de se réunir à plus de quatre personnes. Les hommes valides doivent être glabres tandis que les autres sont fouettés et envoyés à l'hôpital.


1764, lorsqu'un bohémien est arrêté, il est condamné à neuf ans de galères. En cas de récidive, il risque la prison à perpétuité.

 
An II, l'incarcération est le lot de tout mendiant.


1802, dans le pays basque, interdiction de séjour et interdiction d'être bohémien.

 
Sous Napoléon 1er le sort est le même qu'au pays basque, mais il s'y ajoute l'enrôlement de force dans la marine. Les hommes valides sont envoyés aux travaux forcés tandis que le bannissement existe toujours.


A celle époque, Joséphine de Beauharnais de la Pagerie avait besoin d'esclaves pour ses plantations de cannes à sucre et de coton, aussi fit-elle envoyer dans les Caraïbes des esclaves noirs et des femmes tziganes car les coulis des Indes, les Juifs errants « ou » les « becquets grégoire » ne supportaient pas le climat. En effet, seuls les Tziganes et les noirs s'acclimataient à ces régions. Il fallait des bras dans les îles car les Indiens caraïbes avaient massacré les Awawak et les négriers avaient quant à eux exterminé les Indiens caraïbes.


Par la suite les Tziganes furent parqués dans les Landes.


Rappelons pour mémoire qu'en Roumanie, en 1845, les fils et héritiers de Sédar Nicolaï Nica de Bucarest, furent autorisés à vendre deux cents familles tziganes.


1912, en France, tout tzigane est fiché dès l'âge de deux ans et doit être porteur d'un carnet anthropométrique devant être visé par les autorités à chaque déplacement. Son véhicule doit porter une plaque SDF (sans domicile fixe) suivi d'un numéro permettant la surveillance. Le carnet est le même pour les criminels, les prostituées ou les interdits de séjour.


De 1949 à 1968, une commission interministérielle est chargée d'étudier l'attitude des Pouvoirs Publics à l'égard des Tziganes, des Bohémiens ou des Romanichels. Trente ans après, soit en 1979, les conclusions furent publiées. On y soulignait notamment l'insouciance, la paresse « naturelle », la malpropreté « traditionnelle » des populations concernées...


Maurice Grimaud, Directeur Général de la Sûreté Nationale, dans une circulaire aux préfets datée du 16 mars 1964, demande que l'on « sédentarise » les nomades, et que l'on soit un peu plus « nuancé » (!!!) lors de leur arrestation.


En 1968, De Gaulle demande à Roger Frey, alors ministre de l'Intérieur, de transformer le carnet anthropométrique en carnet de circulation. Depuis, tous les nomades, tziganes, gitans, manouches, possèdent ce carnet qu'ils doivent faire viser à chaque changement de département ce qui amène parfois des complications sans nombre pour les « Fils du Vent ». Ainsi, en décembre 1981, un voyageur qui faisait le trajet Aix Paris, s'est fait contrôler dix-huit fois en cours de route...


En résumé, il semble bien qu'un « bon » nomade soit un nomade immobile... 

Désignation des tziganes à travers le monde

 


FRANCE :


- En vieux français : Cingre, Cingar, Cingam.


- En provençal : Caraque (cigale), Boumian, Boims, Bohémis.


- Languedoc : Cocarousse.


- Bourgogne : Camps Volants (gens du cirque).


- Saintonge : Rabouins, Beurdindins.


- Paris : Tzigane, Gitan, Manouche, Roms, Kalos, Bohémiens, Romanichels (péjoratif), Hongrois, Andalous.


- Bretagne : Noirs ou Noireaux.

 
- ALBANIE : Eugite, Griego, Simgo.


- ANGLETERRE : Gypsie ou Egypcian, Tickers.


-ARABIE : Kurbat, Nawar, Ghaçar Nuri, Zoffi, Panjab Luli, Duman, Helebi Bocha.


- ETHIOPIE : Clon Faw, Sind, Indus.

 
- ESPAGNE : Egiptano, Egiptanos, Gitano, Calo.


- FINLANDE : Mustalainen.


- EUROPE Centrale : Faraoni.


- GRÈCE : Gyptoï Aigyptraki.


- INDES : Rom + Candala (intouchable) Paria, Dombas,


Aurari ou Zlatari (orpailleur).


- NÉPAL : Manouche, Manus (homme libre).


- PORTUGAL : Kalo, Calao.


- PERSE : Karachi.


- SCANDINAVIE : Gipten, Jippenessen, Tarten.


- SUÈDE : Svart, Tallar.
 

* Robert Jacques Thibaud est l'auteur, aux Editions Dervy, de Pluton, Itinéraire de la vie éternelle, et de SYMBOLIQUE DES APÔTRES, Itinéraire initiatique de la légende dorée au Zodiaque.

Deuxième partie

Posté par Adriana Evangelizt

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