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18 décembre 2006 1 18 /12 /décembre /2006 10:21

 

 

Les tentations du Christ

 

par Sédir

 

1ère partie



« JÉSUS FUT EMMENÉ PAR L'ESPRIT DANS LE DÉSERT
POUR Y ETRE TENTÉ PAR LE DIABLE ». (MATTHIEU IV, I.)

 

 



Puisque nous avons accordé l'épithète de
mystique au seul disciple de l'Évangile, le Christ doit être l'unique sujet de notre étude. Ses guérisons forment, vous vous en souvenez, l'oeuvre capitale de Sa vie extérieure; je veux aujourd'hui découvrir dans Ses tentations le travail essentiel de Sa vie intérieure.

Il se peut - permettez-moi de vous en prévenir à l'avance - que les choses dont je vais vous parler paraissent aux catholiques, aux protestants, aux ésotéristes, aux israélites ou aux orthodoxes, soit des hérésies, soit des panégyriques. Telle n'est pas mon intention.
Je ne veux rien attaquer; je ne veux entraîner personne dans aucune voie particulière. Devant vous j'oublie tout ce que j'ai pu apprendre; je ne dis que ce que j'aperçois à l'instant par la mince lueur du Verbe qu'il m'a été donné de saisir. Et ce que je désire de vous, c'est que, vous étant placés dans les conditions morales convenables, vous n'acceptiez mes affirmations qu'après les avoir contrôlées.



* * *


Pourquoi les tentations du Christ sont-elles la clef de Sa vie intérieure ? Voici :
Le Verbe revêtit la nature humaine pour donner un exemple universel et parfait. Sa mission essentielle n'était pas de souffrir; la souffrance est seulement le corollaire de Ses travaux. A regarder Jésus, tout homme, en tous temps, en toutes situations matérielles et morales, trouve son modèle; Jésus est l'Homme primitif dans la fraîcheur de l'innocence, l'Homme final dans la splendeur de la connaissance, l'Homme éternel dans l'immutabilité de l'union au Père. Toutes les difficultés, toutes les angoisses du coeur, toutes les inquiétudes matérielles, Il les a subies, ou plutôt Il les a délibérément appelées en Lui. Au centre de toutes ces choses Il a déposé une semence de Lumière; en les hébergeant, Il a modifié tous ces êtres. De sorte que nous autres, ensuite, bénéficions de ces innombrables bienfaits.

Soit que cette goutte de pureté céleste et de douceur propitiatoire déposée voici vingt siècles
dans l'âme des ministres du Destin en amollisse l'implacable probité; soit que, si nous cédons aux invites du Très-Bas, ces mêmes ministres nous excusent parce qu'autrefois le Seigneur des créatures consentit à paraître écouter ces propositions insidieuses; tous, dans les désespoirs dévastateurs et dans les péchés anodins, nous pouvons par la foi nous raccrocher à la lueur que la souffrance de l'Agneau fit briller lorsque ces mêmes tentations et ces mêmes ravages entrèrent dans l'enceinte immense de Sa personne humaine.

Les douleurs du Christ commencèrent avec
la première parole tombée de la bouche du Créateur; elles dureront jusqu'à ce que la dernière onde de la dernière parole créatrice s'éteigne aux plages imprécises du Néant. Chacune de nos désobéissances, Il en ressent la blessure; chaque supplice que les Ténèbres infligent à Ses amis L'atteint; chaque haine, chaque blasphème, chaque oubli du Ciel frappe Son corps cosmique. Le Calvaire ne fut que la cristallisation terrestre et locale du martyre permanent auquel S'offre le Fils de l'Homme dans le lieu spirituel où aboutissent tous les actes des créatures. Mais chaque coup mortel Le ressuscite pour une autre agonie; chaque martyre exalte le triomphe de Son Amour; chaque goutte de Sa vie très précieuse est le salut d'un être; et une étoile nouvelle s'allume au firmament des esprits avec chaque larme que l'angoisse de notre bonheur final arrache à Ses yeux divins. Telle est la splendeur de l'immense, de l'incompréhensible Amour dont Il nous poursuit.

Tentation veut dire épreuve. Un fardeau est l'épreuve des muscles qui le soulèvent. On ne peut être certain de posséder aucune vertu que si on a lutté contre le vice qui s'y oppose. Le Rédempteur, en tant que Dieu, est au-dessus des tentations, puisque c'est de Lui qu'elles tiennent l'existence. En tant qu'homme, Il leur donne accès en Lui pour les améliorer, modifier leur marche ultérieure et laisser à Ses frères cadets qui, ensuite, se réclameront de Lui, une chance plus grande de victoire, à cause de Sa victoire. La tentation n'est pas seulement un phénomène psychologique; c'est aussi un processus biologique. Soit que le tentateur vienne m'attaquer, soit que moi-même je l'aie cherché, en corps ou en esprit, le contact, le colloque, ou l'entrevue ont employé des cellules; car toute sensation est un contact. Les mauvais désirs peuvent se dresser en moi, de mon propre fonds, par le jeu de mes organismes mentaux, comme mon estomac fabrique des ferments et mes muscles des toxines. Mais la tentation est le mauvais désir jeté en moi par une main étrangère. On appelle diable ce tentateur, on l'injurie, on le maudit; mais le soldat du Ciel ne redoute pas sa visite et ne le maltraite pas; il sait bien que ce n'est qu'un ouvrier qui fait son travail, tout simplement.

Nous verrons tout à l'heure quelle est la conduite à tenir en l'occurrence; mais étudions d'abord notre modèle.



* * *


Le Christ fut tenté au début de Sa vie publique par Satan; pendant Sa mission, par Ses adversaires; à Sa mort enfin, par l'excès de Son propre épuisement. C'est la première de ces trois épreuves qui nous est la plus compréhensible et qui offre le plus de leçons immédiates.

Tous les mots portent dans le récit évangélique; et chaque détail est un enseignement. Ainsi, c'est l'Esprit qui emmène Jésus au désert; et, en effet, le serviteur du Ciel ne fait plus rien de sa propre volonté; il n'a plus de volonté; il s'est rendu esclave une fois pour toutes, et son effort se borne à réaliser, jour par jour, les ordres qu'il reçoit de son Maître. A maintes reprises Jésus affirme cette dépendance complète vis-à-vis de Son Père, duquel Il certifie tenir directement connaissances et pouvoirs. Son guide, dans l'événement qui nous occupe, c'est le principe de vérité, d'énergie, de sagesse qui se tient à l'opposite de la matière, comme l'être en face du néant, comme la force en face de l'inertie. C'est surtout - et je n'insiste pas, quoiqu'à regret, pour rester dans mon sujet - c'est surtout la liberté, cet apanage essentiel du plan divin, cette splendeur des êtres qui se meuvent dans l'Absolu. L'Esprit donc, c'est-à-dire le Dieu en Jésus, avait décrété la tentation, avait donné à Satan l'ordre de venir, avait conduit « l'Homme » au désert. Pourquoi ? Nous le saurons lorsque le monde créaturel sera derrière nous; aujourd'hui nous pouvons seulement tirer des actes de l'Esprit quelques-unes des vérités qu'ils renferment.

Avant de commencer Sa propagande, le Christ voulut, si j'ose dire, essayer Ses forces; ou, plutôt, il fallait qu'avant de combattre les représentants visibles du Mal, ses chefs invisibles aient été affrontés et vaincus. Pourquoi le désert ? A cause de la solitude. La solitude est quelque chose de mystérieux; soeur du silence, elle affaiblit les faibles, elle exalte les forts. Elle déterge les plaies de l'âme, que le feu rouge du repentir cautérise; elle nous met de force en face de nous-mêmes; et quelles leçons terribles ces regards prolongés ne nous apprennent-ils pas ! On en sort, ou en lambeaux, ou trempé contre tous les chocs. Mais tournez vos yeux vers la solitude de Jésus; fixez-la, si l'éclat immobile et blanc de ce désert surchauffé ne vous aveugle pas. La solitude de Jésus : des roches, des sables, un soleil torride, un azur implacable; par intervalles, la silhouette furtive de quelque fauve, une caravane aux confins de l'horizon, un rapace dans le ciel éblouissant. Pas même la sensation d'un voisinage possible. Dormir seul, se promener seul, penser seul, prier seul, oublier le son de sa propre voix, prévoir seul les tortures prochaines, les voir, appréhender les morsures des chiens funèbres de l'Enfer. Seul au dehors, seul au dedans, ainsi fut notre Jésus. Seul Il était depuis le commencement sur les grandes routes qui relient les planètes aux soleils et les tribus errantes des étoiles aux cités des constellations sédentaires; seul Il était sur les sentiers perdus où, à peine chaque mille ans, passe un voyageur mystérieux. Nous, qui prétendons aimer notre Ami, Le laisserons-nous encore jusqu'à la fin achever seul Ses infatigables pérégrinations ?

Car seul Il fut quant au corps, seul dans les espaces de Sa pensée, seul dans les élans et les accablements de Son amour, seul dans l'exaltation progressive de Sa volonté, seul enfin dans Ses correspondances invisibles. Pendant ces quarante jours, tout fut retiré au Christ, même les cohortes angéliques qui auparavant assuraient Ses constantes communications avec Son Père et avec le monde. Pendant ce jeûne, Il fut comme s'Il n'existait pas; quittant peu à peu les régions habitées de l'Au-Delà, Il parvint en esprit jusqu'au bord de l'Abîme originel. Sans cette rigueur d'isolement, le but de cette retraite n'aurait pas été atteint.

Concevrons-nous cette solitude, nous qui avons peur d'être seuls; nous qui, lorsque nos affaires nous laissent un répit, nous précipitons là où se trouve la foule; nous qui cherchons les passe-temps les plus fades plutôt que de rester en face de notre conscience; nous qui, dès la jeunesse, gâchons parfois toute notre existence par peur de rentrer, le soir, dans une chambre vide ? Imaginerons-nous le silence immense du désert, les symphonies magnifiques du soleil sur les grands horizons; les porphyres, les marbres et les montagnes lointaines transformées matin et soir en architectures de rêve; les nuits profondes, les étoiles par myriades, et la lune inquiétante; toujours le silence, toujours la solitude; et les tempêtes intérieures plus effrayantes que le simoun; pas un livre, pas un visage, pas une lueur; cela, quarante jours et quarante nuits ?...

Parmi les hiéroglyphes de la très mystérieuse science des Nombres, le quarante est un des plus célèbres. Il signifie expiation et pénitence; il a gouverné le déluge, le sommeil d'Adam, l'exil des Hébreux; il est le chiffre de la matière, de la mère, de la mort, de tout ce qui transforme; il a un rapport avec la Vierge et avec le Christ, puisqu'il procède d'un autre nombre non moins célèbre, le treize. Mais retenons seulement cette thèse connue que le Messie, venu pour réparer la faute d'Adam, doit subir les mêmes situations et refaire les mêmes actes, mais en sens inverse. Ceci donne la clef de bien des énigmes évangéliques.

Je ne vous expliquerai pas cet enfer que rencontre Jésus. Vous savez qu'il est l'ombre nécessaire à la splendeur, le sol nécessaire à l'éther, l'individualisme favorable à l'altruisme, l'obstacle indispensable à l'élan, le passé sans lequel l'avenir n'existerait pas, l'immobilité point d'appui du mouvement. Il remplit donc une fonction utile, et nous ne devons ni le haïr, ni le craindre. Il y a partout des esprits mauvais; les uns sont attachés aux choses, les autres vivent dans l'atmosphère, d'autres enfin, et ce sont les assaillants directs de l'homme, vivent dans le mental. Ils ont un chef universel : Lucifer, roi de l'orgueil, image renversée du Verbe; il est, dans l'état immobile, glacé, impénétrable de la cristallisation, ce qu'est Jésus dans le jaillissement innombrable de la vie éternelle. Il tente tous les hommes, mais par son influence naturelle, de sorte que nous ne nous en apercevons même pas. Sous ses ordres se tiennent, dit la tradition, Asmodée, prince des convoitises matérielles, Mammon, prince de ce monde, dieu de l'argent, Belzébuth, prince de l'idolâtrie et des oeuvres sinistres. Lucifer, lui influe, par son immobilité; il est le zéro métaphysique, le point fixe du monde.

Autour de lui, de tous les côtés à la fois, s'agite
l'adversaire, le diable, Satan, le tueur, celui qui se met en travers et, tout à fait à l'extérieur, tout près du plan des corps, grouillent les démons, qui amollissent, corrompent, putréfient et dissolvent les composés vitaux; c'est eux que l'on nomme Légion.

Mais quelle fut l'utilité d'un jeûne aussi rigoureux et aussi prolongé ? N'était-ce pas provoquer l'épuisement, l'hyperesthésie, le délire ? A quoi cela répondait-il ?

Le Christ fut un être exceptionnel. Ce qui aurait affaibli un homme ordinaire ne faisait qu'exciter Ses énergies vitales. L'affaiblissement du jeûne se restaure par un appel aux réserves nerveuses; mais le corps de Jésus n'avait pas été construit par la terre; les matériaux en avaient été apportés directement d'un monde bien plus beau et bien plus pur que le nôtre. Il était plus fort et plus vigoureux qu'un enfant de la terre; Ses os étaient durs comme l'acier; Ses sens, exquis; Sa résistance à la fatigue, invraisemblable; Sa rapidité à réparer l'usure, extraordinaire. La dixième partie de Ses veilles et de Ses souffrances aurait tué l'homme le plus vigoureux. La nourriture matérielle ne Lui était pas nécessaire; Sa vitalité physique tirait un aliment du monde d'où elle provenait. Des forces arrivaient sans cesse sur Lui; et la conscience de Sa filiation divine maintenait toute Sa personne dans une tension surnaturelle.

L'histoire des contemplatifs nous montre d'ailleurs mille exemples d'abstinences extraordinaires. Le curé d'Ars, pour prendre un cas bien proche encore, travailla toute sa vie vingt-deux heures sur vingt-quatre, sans autre soutien que la moitié d'une pomme de terre. Et Jésus n'a-t-II pas dit : « Ma nourriture, c'est de faire la volonté de Celui qui m'a envoyé » ? Quiconque se dévoue corps et âme au service du Ciel, le Ciel lui conserve la vie et lui délivre des forces surnaturelles; à moins que l'heure n'ait sonné pour ce soldat de partir en mission sur une autre planète.

On reçoit dans la mesure où on se donne. Et Jésus S'était donné tout entier. Vous-mêmes, Messieurs, l'exaltation d'un simple sentiment humain, d'un amour, d'une oeuvre, d'une ambition, ne vous a-t-elle pas rendus capables d'efforts extraordinaires ? Il ne s'agit pas ici de déséquilibre nerveux; mais, actuellement,
notre vie est entée sur la matière; si l'on parvient à la déraciner et à la transplanter dans le royaume du plus pur Idéal, combien ne recevra-t-elle pas d'aliments miraculeux ?

Ainsi, le jeûne du Christ n'est pas incroyable. Des saints en ont fait presque autant, qui ont conservé, en dépit de cet effort, le calme et le bon sens pratique nécessaires à des fondations, la lucidité qu'exigeaient les conseils qu'on venait en foule leur demander. L'abstinence facilite une concentration plus fixe, une union plus profonde, si, entendez-le bien, l'ascète prépare et vivifie les privations corporelles par les privations du moi.



* * *

 


Sources Livres Mystiques

Posté par Adriana Evangelizt

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