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8 janvier 2007 1 08 /01 /janvier /2007 20:55

La première partie se trouve ICI...

Où l'on apprend que Moïse ramena d'Egypte la religion d'Akhenaton mais aussi la circoncision.

 

Moïse et le monothéisme

 

par Sigmund Freud

1939

3ème partie

2ème partie

1ère partie


Si Moïse fut égyptien

 

III
 

Essayons maintenant de tirer de tout ceci quelques conclusions : si Moïse fut bien un Égyptien, s'il donna aux Juifs sa propre religion, ce fut celle d'Ikhnaton, la religion d'Aton.


Nous avons plus haut établi un parallèle entre la religion juive et la religion égyptienne populaire et montré
combien elles différaient. Appliquons-nous maintenant à comparer la religion juive à celle d'Aton pour montrer leur identité primitive.

Ce n'est pas là, nous le savons, une tâche facile car la soif de vengeance des prêtres d'Amon nous a privés de bien des renseignements sur la religion d'Aton. Quant à la religion mosaïque, nous ne la connaissons que sous sa forme définitive, telle qu'elle se trouva fixée, environ 800 ans plus tard, par le clergé juif, dans la période qui suivit l'Exil. Si malgré cette insuffisance de documents, nous parvenions à trouver certains indices susceptibles de confirmer notre thèse, ceux-ci seraient pour nous d'un grand prix.


Il y aurait bien un moyen facile d'étayer notre thèse de l'identité des religions d'Aton et de Moïse, ce serait de nous servir d'une profession de foi, d'une proclamation. Mais alors on nous objecterait, je le crains, que cette voie est impraticable. Le credo juif, on le sait, dit :«Schema Jisroel Adonai Elohenu Adonai Echod. » Si ce n'est pas seulement par hasard que le nom égyptien
Aton (ou Atum) rappelle le mot hébraïque Adonai et le nom divin syrien d'Adonis, si cette ressemblance est le fait d'une similitude primitive de sens et de langage, voilà comment on peut traduire la formule juive : « Écoute, ô Israël! Notre dieu Aton (Adonai) est le dieu unique. » Ma totale incompétence dans ce domaine m'empêche malheureusement de résoudre la question et je n'ai pas non plus trouvé, dans la littérature, beaucoup de renseignements la concernant 1. En outre, il ne faut pas en prendre à son aise en pareille matière. Nous aurons d'ailleurs à revenir sur le problème du nom de la divinité.


Les similitudes aussi bien que les divergences entre les deux religions sont aisément discernables mais ne nous éclairent pas beaucoup. Toutes deux sont des formes
d'un rigoureux monothéisme et nous inclinerons, de prime abord, à rapporter à ce caractère fondamental toutes les concordances observées. Le monothéisme juif est, sur certains points, plus rigide encore que l'égyptien, par exemple quand il interdit toute représentation plastique. En dehors du nom de la divinité, la différence la plus essentielle réside en ce que la religion juive a entièrement abandonné le culte du soleil tandis que les Égyptiens continuent à s'y adonner. En comparant la religion populaire égyptienne avec la religion juive, il nous est apparu qu'à côté du contraste de principe, un élément de contradiction intentionnelle entrait en jeu dans la divergence des deux religions. Cette impression se confirme si, dans notre parallèle, nous remplaçons la religion juive par celle d'Aton qu'Ikhnaton, nous l'avons vu, avait instituée par hostilité intentionnelle envers la religion populaire. Nous nous étonnions, à juste titre, de constater que la religion juive ignorait l'au-delà et l'existence après la mort, croyance qui n'est cependant pas incompatible avec le monothéisme le plus strict. Cet étonnement se dissipe si nous passons de la religion juive à celle d'Aton et si nous admettons que cette négation de la vie future est empruntée à la religion d'Ilhnaton. Pour ce dernier, rejeter l'idée d'un au-delà était devenu une nécessité dans sa lutte contre la religion populaire où le dieu des morts, Osiris, jouait un rôle plus grand peut-être que n'importe quel autre dieu des régions supérieures. La concordance, sur ce point important, des religions juives et d'Aton constitue un premier argument sérieux en faveur de notre thèse. Nous verrons qu'il n'est pas le seul.


Moïse n'a pas seulement
donné aux Juifs une nouvelle religion : il a aussi, c'est certain, institué la pratique de la circoncision, ce qui est d'une importance capitale au point de vue du problème qui nous occupe. Pourtant ce fait a jusqu'ici été assez négligé. Il est vrai que le récit biblique le contredit souvent, d'abord en faisant remonter la circoncision à l'époque des patriarches et en la considérant comme un signe de l'alliance conclue entre Dieu et Abraham, ensuite en racontant, dans un passage particulièrement obscur, que Dieu, irrité de voir Moïse négliger cette coutume sacrée, résolut de le punir de mort et que l'épouse de Moïse, une Midianite, sauva son époux menacé de la colère divine, en pratiquant rapidement l'opération. Toutefois il ne s'agit là que de déformations qui ne doivent pas nous induire en erreur et dont nous connaîtrons plus tard les motifs. Il n'en reste pas moins vrai que si nous nous demandons d'où est venue aux Juifs la pratique de la circoncision, nous, ne pouvons répondre qu'en disant : « d'Égypte ». Hérodote, le père de l'Histoire », nous apprend que la circoncision était depuis longtemps pratiquée en Égypte et ses affirmations ont été confirmées par la découverte des momies et même par certains dessins sur les parois des tombeaux. Nul autre peuple de la Méditerranée orientale n'a, à ce que nous sachions, adopté cette coutume. Nous pouvons admettre que les Sémites, Babyloniens et Sumériens n'étaient pas circoncis. La Bible elle-même en dit autant des habitants de Canaan et cela est présupposé dans l'aventure de la fille de Jacob et du prince de Sichem 2. Nous considérons comme dénuée de fondement l'hypothèse suivant laquelle les Juifs, en Égypte, auraient adopté, autrement que par rapport avec la religion fondée par Moïse, l'usage de la circoncision. N'oublions pas que la circoncision était en Égypte une coutume partout répandue dans le peuple et admettons un moment que Moïse, comme on le croit en général, ait été un Juif déterminé à délivrer ses compatriotes du joug égyptien, à les conduire dans un pays où ils pourraient jouir fièrement de leur indépendance nationale, ce qui, du reste, arriva réellement. Dans quel but alors leur imposer aussi une pénible coutume qui aurait, dans une certaine mesure, tendu à en faire des Égyptiens ? Pourquoi perpétuer chez eux le souvenir de l'Égypte ? Les efforts de Moïse ne visaient-ils pas, au contraire, à faire oublier à son peuple juif le pays de sa servitude et à étouffer en lui la nostalgie des « oignons » d'Égypte ? Non, notre point de départ et l'hypothèse que nous lui avons adjointe sont à tel point inconciliables que nous sommes en droit d'en tirer la conclusion suivante :
Si Moïse a donné aux Juifs non seulement une nouvelle religion, mais encore la loi de la circoncision,
c'est qu'il n'était pas juif mais égyptien, d'où il s'ensuit que la religion mosaïque était vraisemblablement une religion égyptienne, non pas celle du peuple, trop différente, mais la religion d'Aton avec laquelle la religion juive concorde sur bien des points importants.


Comme je l'ai déjà fait observer, mon hypothèse de l'origine non pas juive mais égyptienne de Moïse soulève une nouvelle énigme. Des manières d'agir qui paraîtraient normales chez un juif deviennent incompréhensibles chez un Égyptien. Toutefois si nous situons Moïse à l'époque d'Ikhnaton, si nous le mettons en rapport avec ce pharaon, alors l'énigme est éclaircie et les questions qui se posent semblent résolues. Supposons que Moïse ait appartenu à une noble famille, qu'il ait occupé une haute situation, que peut-être il ait été membre de la famille royale, comme le dit la légende. Certainement conscient de ses grandes possibilités,
il était ambitieux et énergique, peut-être rêvait-il de devenir un jour chef de son peuple et maître de l'Empire.

Familier du pharaon, il se montrait adepte convaincu de la nouvelle foi dont il avait compris les idées dominantes en se les appropriant. Lors de la réaction qui se produisit à la mort du souverain, il vit s'effondrer toutes ses espérances, tous ses desseins. A moins qu'il n'abjurât ses chères croyances, l'Égypte n'avait plus rien à lui offrir ; il avait perdu sa patrie. Dans sa détresse, il trouva un curieux expédient. Le rêveur Ikhnaton s'était aliéné l'esprit de son peuple et avait laissé morceler son empire. Doué d'une nature énergique, Moïse conçut le plan de fonder un nouvel empire auquel il donnerait la religion dédaignée par l'Égypte. C'était, on le voit, une tentative héroïque pour contrecarrer le destin, pour chercher une compensation, dans deux directions, aux dommages qu'il avait subis du fait de la catastrophe d'Ikhnaton. Peut-être était-il alors gouverneur de cette province-frontière (terre de Gessen) où certaines tribus sémitiques s'étaient établies, sans doute dès l'époque d'Hyksos. C'est de ces tribus qu'il voulut faire son nouveau peuple, décision d'une importance historique considérable 3.


Il se mit donc en rapport avec ces tribus,
se plaça à leur tête et organisa « d'une main de fer » leur exode. Contrairement à ce qu'en dit la Bible, il faudrait admettre que l'Exode se réalisa sans accrocs et sans que les fuyards fussent poursuivis, ce que l'autorité de Moïse rendit possible, aucun pouvoir central n'étant là pour lui mettre des bâtons dans les roues.


Si notre hypothèse est juste,
l'Exode aurait eu lieu entre 1358 et 1350, c'est-à-dire après la mort d'Ikhnaton et avant qu'Harembad 4 eût rétabli l'autorité de l'État. Le but du voyage ne pouvait être que le pays de Canaan. C'est là qu'après l'écroulement de la suprématie égyptienne, des hordes de belliqueux Araméens avaient pénétré en conquérants et en pillards, indiquant ainsi dans quel lieu un peuple capable pourrait s'assurer la possession de nouvelles terres. Ces guerriers nous sont connus par les lettres découvertes en 1887 dans les archives de la cité en ruines d'Amarna. Ils y sont appelés Habiru et ce nom a ensuite été transféré, on ne sait comment, aux nouveaux envahisseurs juifs : les Hébreux, qui, venus plus tard, ne pouvaient être nommés dans les lettres d'Amarna. Au sud de la Palestine, à Canaan, vivaient aussi certaines tribus apparentées étroitement aux Juifs venus d'Égypte.


Ce sont, à notre avis,
les mêmes motifs qui ont fait adopter la circoncision et provoqué l'Exode. On sait de quelle manière les hommes, peuples ou individus, réagissent à l'égard de cette très ancienne coutume devenue si malaisée à comprendre. A ceux qui ne l'ont point adoptée, elle semble singulière et assez effrayante, mais ceux qui l'ont conservée en sont fiers. Ils se sentent grandis, anoblis par elle et méprisent les incirconcis qu'ils trouvent malpropres. Aujourd'hui encore, l'une des injures que jette le Turc à la tête du Chrétien est celle de « Chien incirconcis ». Tout porte à croire que Moïse qui, en sa qualité d'Égyptien était circoncis, devait partager cette manière de voir. Il fallait donc que les Juifs en compagnie desquels il abandonna sa patrie remplaçassent avantageusement pour lui les Égyptiens qu'il quittait et ne fussent en aucun cas inférieurs à ceux-ci. Moïse voulait faire d'eux un « peuple saint », ainsi qu'il est textuellement dit dans la Bible. C'est en signe de cette consécration qu'il leur fit adopter la coutume qui les rendrait au moins les égaux des Égyptiens. En outre, il ne pouvait être qu'agréable à Moïse de les voir se distinguer, par la circoncision, des peuples étrangers chez qui leur exode devait les conduire. Les Juifs éviteraient ainsi de se mêler à ces peuples, semblables en cela aux Égyptiens eux-mêmes qui se différenciaient de tous les étrangers 5.


La tradition juive, cependant,
se comporta ultérieurement comme si elle avait été accablée par les conclusions que nous venons d'exposer. Admettre que la circoncision avait été une coutume égyptienne, cela équivalait à peu près à reconnaître que la religion donnée par Moïse était une religion égyptienne. Et comme les Juifs avaient de bonnes raisons pour nier ce fait, il leur fallait bien aussi contester tout ce qui se rapportait à la circoncision.

1 Quelques passages seulement dans Weigall, l. c., p. 12, 19 : « Le dieu Atum qui décrivait Re comme le soleil couchant, était sans doute de la même origine qu'Aton adoré en Syrie du Nord. Ainsi une reine étrangère aussi bien que sa suite aurait pu se sentir plus attirée vers Héliopolis que vers Thèbes. »

2 Nous savons qu'en traitant de façon si désinvolte et si arbitraire la tradition biblique, en utilisant seulement ceux de ses textes qui corroborent nos vues tandis que nous rejetons sans hésiter ceux qui infirment ces dernières, nous nous exposons à voir sévèrement critiquer notre méthode et nous diminuons la force convaincante de nos arguments. C'est là cependant la seule façon possible de traiter un matériel dont l'authenticité, comme on sait, a été sérieusement endommagée du fait de déformations tendancieuses. Espérons qu'une fois ces motifs secrets découverts, justice sera rendue à nos efforts. Il est impossible de parvenir à une certitude et nous prétendons d'ailleurs que d'autres auteurs ont agi comme nous.

3 Si Moïse fut bien un haut fonctionnaire, nous comprenons plus aisément le rôle de chef qu'il assuma auprès des Juifs. S'il fut prêtre, il lui devint facile d'apparaître comme un fondateur de religion. Dans les deux cas, il n'aurait fait que continuer à exercer sa profession. Un prince royal pouvait aisément être à la fois gouverneur et prêtre. Flavius Josèphe (Antiqu. jud.) admet le mythe de l'abandon mais semble avoir eu connaissance d'autres traditions que celles de la Bible. D'après lui, Moïse est un chef d'armée égyptien qui mena en Éthiopie une guerre victorieuse.


4 L'Exode aurait donc eu lieu
un siècle environ plus tôt que ne l'admettent la plupart des historiens qui le situent à l'époque de la XIXe dynastie, sous le règne de Merneptah ou peut-être un peu plus tard, car les relations officielles semblent placer l'interrègne sous le règne d'Harembad.

5 Hérodote, qui visita l'Égypte aux environs de 450 av. J.-C., relate dans le récit de son voyage un fait bien propre à caractériser le peuple égyptien et qui offre une surprenante similitude avec certaines particularités connues du judaïsme plus tardif. « Ils sont, à tom égards, plus pieux que les autres hommes desquels ils se distinguent encore par certaines coutumes. Ainsi ils pratiquent la circoncision qu'ils furent pour des raisons de propreté les premiers à adopter; ensuite ils ont horreur des porcs, ce qui tient certainement au fait que Set sous la forme d'un porc noir a blessé Horus ; enfin et surtout, ils respectent les vaches que jamais ils ne mangent ni ne sacrifient parce que, ce faisant, ils offenseraient Isis aux Cornes de vache. C'est pourquoi jamais un homme ou une femme égyptiens ne voudraient embrasser un Grec, se servir de son couteau, de sa broche ou de sa marmite, ni ne mangeraient de la chair d'un bœuf (pourtant) pur qui aurait été découpé avec un couteau grec... Dans leur étroit orgueil, ils considéraient de haut les autres peuples qui étaient impurs et plus éloignés qu'eux-mêmes des dieux. » (D'après Erman, The Egyptian Religion, p. 181, etc.).
Naturellement nous n'aurons garde d'oublier ici les parallèles tirés de la vie des Hindous. Et, soit dit en passant, qui donc a suggéré au poète juif Henri Heine, au XIXe siècle après J.-C., de
se plaindre de sa religion un disant qu'elle était « ce fléau ramené de la vallée du Nil, la foi malsaine de la vieille Égypte ».

 

La suite... Si Moïse fut égyptien IV

 

Posté par Adriana Evangelizt

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8 janvier 2007 1 08 /01 /janvier /2007 20:41

Lire d'abord la première partie...

Où l'on commence à entrevoir que la religion de Moïse est celle d'Akhénaton qui répudie Osiris, le dieu ressemblant tant à Ieschoua... pour ne croire qu'en Aton, symbolisé par un cercle d'où partent des rayons finissant par des mains... tout un symbole.

 

 Moïse et le monothéisme

 

par Sigmund Freud

1939

2ème partie

1ère partie

II


Si Moïse fut égyptien

 

I

 

 

Dans le premier chapitre de ce livre, j'ai cherché à étayer d'un argument nouveau l'hypothèse selon laquelle Moïse, le libérateur, le législateur du peuple juif aurait été non point juif mais égyptien. On avait depuis longtemps fait observer que son nom dérivait du vocabulaire égyptien, mais sans attribuer à cette observation toute l'importance qu'elle a véritablement. J'ajoutais que l'interprétation du mythe d'abandon aux eaux du Nil rattaché à Moïse nous obligeait à conclure que le prophète était un Égyptien dont le peuple avait eu besoin de faire un Juif. En terminant mon exposé, j'ai dit que d'importantes et vastes conclusions découlaient de l'idée que Moïse avait été égyptien. Toutefois, je ne me sentais pas disposé à les soutenir publiquement parce qu'elles s'étayaient non pas de quelque preuve objective, mais seulement de probabilités psychologiques. Plus une opinion acquise de cette façon semble avoir de portée, plus il convient, avant de l'exposer aux critiques du monde extérieur, de lui donner de solides fondements; sans cette précaution elle serait comme une statue d'airain aux pieds d'argile. Une probabilité, si séduisante soit-elle, ne saurait nous préserver de l'erreur, même si toutes les données du problème semblent aussi bien ajustées que les pièces d'un puzzle. Il faut se rappeler que le vraisemblable n'est pas toujours vrai et que le vrai n'est pas toujours vraisemblable. Enfin, il n'est guère tentant de se voir classé parmi les scholastiques et les talmudistes qui se contentent d'exercer leur ingéniosité sans se soucier du degré de vérité de leurs assertions.


Malgré ces arguments qui conservent aujourd'hui leur valeur de jadis et malgré un conflit intérieur, je me décide à donner une suite à mon premier essai. Mais cette fois encore, il ne saurait s'agir ni d'un tout, ni même de la part la plus importante de ce tout.

***

Si nous admettons la nationalité égyptienne de Moïse, nous allons tout de suite avoir à résoudre une nouvelle et difficile énigme. Lorsqu'un peuple (ou une tribu 1) se prépare à une grande entreprise, il faut s'attendre à voir un individu prendre la tête du mouvement ou s'en faire élire le chef par ses compagnons. Toutefois comment concevoir qu'un Égyptien de haute naissance, peut-être un prince, un prêtre, un haut fonctionnaire, ait pu se mettre à la tête d'une troupe d'étrangers immigrés de moindre civilisation ? Comment expliquer qu'il ait avec eux quitté le pays ? On sait le peu de cas que faisaient les Égyptiens des peuples étrangers, ce qui rend le fait encore plus invraisemblable. C'est même, à mon avis, cette invraisemblance qui a empêché ceux d'entre les historiens qui ont reconnu l'origine égyptienne du nom de Moïse, et qui ont attribué à celui-ci la sagesse de l'Égypte, d'admettre la possibilité de sa nationalité égyptienne.


A cette difficulté s'en ajoute bientôt une autre. Moïse, ne l'oublions pas, ne fut pas seulement le chef politique des Juifs établis en Égypte, mais aussi
leur législateur, leur éducateur, l'homme qui leur imposa une nouvelle religion à laquelle il donna le nom qu'elle porte encore : la religion mosaïque. Mais un individu peut-il parvenir, à lui seul, à créer une religion ? Et si quelqu'un cherche à influer sur la religion d'autrui, n'est-il pas naturel qu'il tente de lui faire adopter sa propre religion ? Les Juifs d'Égypte pratiquaient certainement une forme quelconque de religion et si Moïse, qui leur en apporta une nouvelle, était Égyptien, tout porte à croire que cette dernière fut bien la religion égyptienne.


Cependant cette hypothèse se heurte à un obstacle
entre la religion juive attribuée à Moïse et la religion égyptienne, le contraste est total, la première étant un monothéisme extrêmement rigide. Il n'y a qu'un Dieu, unique, omnipotent, inaccessible; l'homme n'en peut soutenir la vue et n'a le droit ni de s'en faire une image, ni même d'en prononcer le nom. Au contraire, dans la religion égyptienne, il y a une multitude innombrable de divinités d'importance et d'origine différentes. Quelques-unes personnifient des forces naturelles telles que le ciel et la terre, le soleil et la lune, ou bien même des abstractions, ce qui est le cas de Maat (la Justice, la Vérité), ou encore des figures grotesques comme le nain Bes. La plupart de ces divinités cependant sont des dieux locaux datant de l'époque où le territoire était morcelé en districts nombreux. Elles empruntaient des formes animales, comme si elles n'avaient pas encore dépassé l'ancien stade des animaux totems. Ces divinités animales n'étaient pas nettement différenciées, quelques-unes assez rares se voyaient attribuer des fonctions particulières. Les hymnes qui leur étaient consacrés les célébraient toutes dans les mêmes termes et n'hésitaient pas à les confondre les unes avec les autres d'une façon qui nous dérouterait tout à fait. Les noms des divinités se trouvent enchevêtrés de telle manière que certains sont réduits à n'être plus que les épithètes des autres ; ainsi à l'apogée du « Nouvel Empire », le dieu principal de la ville de Thèbes est appelé Amon-Rê ; or le nom d'Amon est celui du dieu à tête de bélier de la cité, tandis que le nom deest celui du dieu solaire à tête d'épervier d'On. Le culte de ces divinités comme la vie quotidienne de l'Égyptien sont dominés par le cérémonial, les pratiques, les formules magiques et les amulettes.


C'est au contraste de principe qui existe entre un monothéisme rigoureux et un polythéisme effréné qu'on peut facilement attribuer quelques-unes de ces dissemblances. D'autres découlent manifestement
d'une différence de niveau intellectuel, l'une des religions étant restée très proche de celle des temps primitifs, tandis que l'autre s'est élevée vers les sommets de l'abstraction pure. Peut-être est-ce a ces deux facteurs qu'il convient d'attribuer l'impression parfois ressentie d'un contraste voulu, intentionnellement accentué, entre les religions mosaïque et égyptienne, celle qu'on éprouve lorsqu'on constate que l'une des religions condamne de la façon la plus rigoureuse toute espèce de magie et de sorcellerie, tandis que dans l'autre, magie et sorcellerie fleurissent abondamment, ou encore lorsqu'au goût insatiable des Égyptiens pour la représentation plastique de leurs dieux, en glaise, pierre ou métal, vient s'opposer une rigoureuse interdiction de figurer n'importe quel être vivant ou imaginaire. Mais il y a, entre les deux religions, une autre différence encore que nous ne sommes pas en mesure d'expliquer. Nul autre peuple de l'Antiquité n'a autant cherché à nier la mort, ne s'est donné autant de mal pour s'assurer une existence dans l'au-delà. C'est pourquoi Osiris, le dieu des morts, maître de cet au-delà, était le plus populaire et le moins contesté des dieux égyptiens. Au contraire, l'ancienne religion juive avait totalement renoncé à l'immortalité, jamais et nulle part il n'est fait allusion à la possibilité d'une existence après la mort. Cela est d'autant plus surprenant que la croyance en une vie future peut très bien, ainsi que les événements l'ont montré, s'accorder avec le monothéisme.


Nous espérions que l'idée de l'origine égyptienne de Moïse nous apporterait, en maints domaines, avantages et clartés. Mais voici que la première conclusion que nous en tirons, en postulant que
la religion donnée aux Juifs par Moïse était la sienne propre, se heurte aux divergences, si ce n'est au contraste frappant, des deux religions.

 

II

 

Cependant un étrange épisode de l'histoire religieuse d'Égypte nous ouvre de nouvelles perspectives. Ce fait fut tardivement découvert et apprécié à sa juste valeur. Il est possible, malgré tout, que la religion donnée aux Juifs par Moïse ait bien été sa propre foi, une sinon la religion égyptienne.


Sous le règne de la glorieuse dynastie, à l'époque où l'Égypte devint un empire mondial, vers
1375 av. J.-C., un jeune pharaon qui se fit d'abord, comme son père, appeler Amenhotep (Amenhotep IV) et qui plus tard transforma son nom, en même temps que bien d'autres choses encore, monta sur le trône. Ce roi entreprit d'imposer à ses sujets une nouvelle religion qui allait à l'encontre aussi bien de leurs traditions millénaires que de leurs us familiaux. Il s'agissait d'un rigoureux monothéisme, première tentative de ce genre dans l'histoire pour autant que nous sachions. Avec la croyance en un seul dieu naquit aussi, chose inévitable, l'intolérance religieuse demeurée jusque-là, et restée longtemps encore après, étrangère à l'Antiquité. Mais le règne d'Amenhotep ne dura que dix-sept ans ; très peu de temps après sa mort, survenue en 1358, la nouvelle religion fut proscrite et la mémoire du roi hérétique, honnie. C'est aux ruines de la nouvelle résidence qu'il avait édifiée et consacrée à son dieu, et aussi à des inscriptions tombales, que nous devons les quelques renseignements parvenus jusqu'à nous touchant ce souverain. Tout ce que nous apprendrons sur ce personnage remarquable et même unique mérite de susciter le plus vif intérêt 2.


Toute innovation est forcément préparée et conditionnée dans le passé. Nous sommes en mesure avec assez d'exactitude de remonter assez loin dans l'histoire du monothéisme égyptien 3. A l'École des prêtres du temple du Soleil d'On (Héliopolis) une tendance s'était depuis longtemps manifestée à développer la conception d'un dieu universel et à faire ressortir l'aspect éthique de celui-ci. Maat, déesse de la vérité, de l'ordre et de la justice, était la fille de Rê, le dieu du soleil. Dès le règne d'Amenhotep III, père et prédécesseur du réformateur, l'adoration du dieu solaire prit un nouvel essor, sans doute par opposition au dieu Amon de Thèbes devenu trop puissant. On tira du passé une très ancienne dénomination du dieu solaire :
Aton ou Atum et, dans cette religion d'Aton, le jeune souverain trouva un mouvement qu'il n'eut pas besoin de créer, mais auquel il put se rallier.


Les
conditions politiques avaient déjà, alors, commencé à exercer leur influence sur la religion égyptienne. Grâce aux exploits victorieux d'un grand conquérant, Thothmès III, l'Égypte était devenue une puissance mondiale. La Nubie, dans le sud, la Palestine, la Syrie et une partie de la Mésopotamie dans le nord, avaient été réunies à l'Empire. Cet impérialisme se manifestait, dès lors, dans la religion sous les formes d'universalisme et de monothéisme. Comme le pouvoir du Pharaon ne s'exerçait plus seulement sur l'Égypte, mais aussi sur la Nubie et la Syrie, la divinité, elle aussi, devait cesser d'être uniquement nationale. Le Pharaon étant devenu le maître unique, aux pouvoirs illimités, de tout l'univers connu des Égyptiens, le nouveau dieu de ceux-ci devait, lui aussi, être unique et tout-puissant. En outre, il était normal que, les bornes de son empire s'étendant, l'Égypte devînt plus accessible aux influences étrangères ; parmi les épouses royales, certaines étaient des princesses asiatiques 4 et il est possible que certaines influences monothéistes venues de Syrie se soient fait sentir.


Amenhotep n'a
jamais nié avoir adopté le culte du Soleil d'On. Dans les deux hymnes à la gloire d'Aton que nous ont conservés les inscriptions tombales et qui sont vraisemblablement l'oeuvre du souverain lui-même, il glorifie le soleil, créateur, protecteur de tout ce qui existe et en Égypte et en dehors de l'Égypte. L'ardeur qui transparaît dans ces hymnes est comparable à celle qui animera, quelques siècles plus tard, les psaumes en l'honneur du dieu juif Jahvé. Toutefois il ne se contenta pas de cette surprenante anticipation sur la connaissance scientifique des effets du rayonnement solaire. Il fit, c'est certain, un pas de plus en n'adorant pas le soleil en tant qu'objet matériel, mais en tant que symbole d'un être divin dont l'énergie se manifestait par ses rayons 5.


Toutefois si l'on veut rendre justice au souverain, il convient de ne
pas le considérer seulement comme le partisan et le protecteur d'une religion d'Aton qui existait déjà avant lui. Son action fut bien plus efficace. Il ajouta à la doctrine d'un dieu universel quelque chose qui en fit le monothéisme, à savoir son caractère exclusif. Dans l'un de ses hymnes, il est dit clairement : « Oh toi! Dieu unique à côté de qui il n'en est point d'autre 6. » Et n'oublions pas que pour apprécier la nouvelle doctrine, il ne suffit pas de connaître seulement son contenu positif ; il importe presque autant d'être au courant de son côté négatif, de ce qu'elle répudie. Il serait également erroné d'admettre que la nouvelle religion ait surgi tout à coup, tout achevée, tout équipée, à la manière d'Athéné sortant du crâne de Zeus. Au contraire, tout semble indiquer que pendant le règne d'Amenhotep elle se renforça peu à peu, gagnant en clarté, en harmonie, en rigueur et en intolérance. Peut-être cette évolution se réalisera-t-elle sous l'effet de l'opposition violente que rencontrèrent, parmi les prêtres d'Amon, les réformes du roi. Dans la sixième année du règne d'Amenhotep l'hostilité était telle que le roi modifia son nom pour en supprimer les syllabes formant le mot Amon, nom du dieu honni, et se fit désormais appeler Ikhnaton 7. Mais le souverain ne se contenta pas de proscrire de son propre nom le nom de la divinité haïe, il l'effaça encore de toutes les inscriptions et du nom même de son père Amenhotep III. Peu après son changement de nom, Ikhnaton abandonna Thèbes, soumise à Amon, et alla fonder, en aval du fleuve, une nouvelle capitale qu'il appela Akhetaton (Horizon d'Aton). Les ruines de cette cité s'appellent aujourd'hui Tell-el- Amarna 8.


Amon fut bien la principale mais non pas l'unique victime des persécutions du souverain. Partout dans l'empire
, les temples furent fermés et leurs biens confisqués, les cultes interdits et les trésors ecclésiastiques saisis. Le monarque, dans son zèle, alla jusqu'à faire rechercher les inscriptions des monuments anciens pour que le mot « Dieu » y fût effacé chaque fois qu'il y était au pluriel 9. Il n'est pas surprenant que de telles mesures aient suscité au sein du clergé opprimé et du peuple mécontent un besoin fanatique de vengeance qui put s'assouvir après la mort d'Ikhnaton. La religion d'Aton n'était pas devenue populaire et n'avait vraisemblablement été adoptée que par un petit groupe de personnes gravitant autour du souverain. La fin de celui-ci est restée mystérieuse et nous n'avons recueilli que de rares renseignements sur quelques-uns de ses obscurs parents et successeurs dont les règnes furent de courte durée. Son gendre Tutankhaton se vit déjà contraint de retourner à Thèbes et de substituer dans son nom le dieu Amon au dieu Aton. Puis survint une période d'anarchie jusqu'au moment où le général Harembad réussit, en 1350, à rétablir l'ordre. La glorieuse XVIIIe dynastie était éteinte et, dans le même temps, ses conquêtes en Nubie et en Asie se trouvèrent perdues. Durant ce triste interrègne, les vieilles religions égyptiennes furent rétablies et la religion d'Aton fut abandonnée, la ville d'Ikhnaton détruite et pillée et le souvenir du souverain, honni comme celui d'un criminel.


C'est bien à dessein que nous allons maintenant considérer certains caractères négatifs de la religion d'Aton. Disons d'abord qu'elle
exclut tous les mythes, toutes les pratiques de magie ou de sorcellerie 10.


Ensuite, cette religion
modifia la figuration du dieu solaire qui ne fut plus représenté, comme jadis, par une petite pyramide et un faucon, mais, ce qui semble presque rationnel, par un disque d'où émanent des rayons qui se terminent par des mains humaines. Malgré toute la floraison artistique qui se manifesta pendant la période d'Amarna, il n'a pas été possible de découvrir d'image personnelle du dieu solaire Aton et nous sommes en droit d'affirmer qu'on n'en découvrira pas 11.


Enfin, il n'est plus jamais question ni du dieu Osiris ni du royaume des morts. Dans les hymnes et les inscriptions tombales, on ne découvre aucune inscription qui fasse allusion à ce que les Égyptiens eurent peut-être de plus cher. Nulle part ailleurs le contraste avec la religion populaire ne se trouve plus marqué 12.

 

1 Nous ignorons totalement combien d'hommes prirent part à l'Exode.

2 Breasted l'a appelé: The first individual in human history (La première personnalité dans l'histoire de l'humanité). 


3 Ce qui suit a été principalement tiré de l'exposé fait par J. H. Breasted dans son History of Egypt, 1906, et aussi de The Dawn of Conscience (L'Aube de la Conscience), 1934, et des chapitres touchant cette question dans la Cambridge Ancient History, vol. II. 


4 Peut-être même est-ce la cas de Notertete, épouse bien-aimée d'Amenhotep.

5 Breasted, History of Egypt, p. 360. « Mais quelque évidente que soit l'origine héliopolitaine de la nouvelle religion d'État, il ne s'agissait pas d'une pure adoration du soleil. Le mot Aton était employé à la place de l'ancien mot désignant le dieu (nuter) et ce dieu se différencie nettement du soleil matériel. » « Il est évident que ce que déifiait le souverain, c'était la force avec laquelle le soleil agit sur la terre » (L'Aube de la Conscience, p. 279). L'opinion d'Erman (La Religion de l'Égypte, 1905) à propos d'une formule en l'honneur du dieu, est analogue : « Ce sont des mots destinée à exprimer, sous une forme abstraite, que ce n'est pas aux étoiles que s'adressait le culte mais à l'Être qui se manifestait en elles. »

Suite... Si Moïse était Egyptien III

 
6 Id., History of Egypt, p. 374.


7 Je me conforme pour écrire ces noms à l'orthographe anglaise (ailleurs : Akhenaton). Le nouveau nom du souverain a à peu près la même signification que l'ancien : le dieu est satisfait. Comparez notre Godefroy, le nom anglais Godfryy et le nom germanique Gotthold.


8 C'est là que fut retrouvée en 1887 la correspondance, si importante au point de vue historique, des rois égyptiens avec leurs amis ou vassaux asiatiques.


9 Id., History of Egypt., p. 363.

10 Weigall. The Life and Times of Ikhnaton, 1923, p. 121 (La vie et l'époque d'Ikhnaton). «Ikhnaton refusait d'admettre l'idée d'un enfer suscitant une terreur contre laquelle il fallait se prémunir grâce à d'innombrables formules magiques. » «Ikhnaton flung all these formulas into the fire. Djins, bogies, spirits, monsters, demi-gods and Osiris himself with all his court, were swept into the blaze and reduced to ashes.


11 A.Weigall, l. c., p. 103. « Akhnaton did not permit any graven image to bc made of the Aton. The true god, said the King, had no form ; and he held to this opinion throughout bis life. »


12 Erman, l. c., p. 70 : « Il ne fut plus question d'Osiris ni de son royaume. » Breasted, Dawn of Conscience, p. 291 : « Osiris is completely ignored. He is never mentioned in any record of lkhnaton or in any of the tombs at Amarna. »

Posté par Adriana Evangelizt

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8 janvier 2007 1 08 /01 /janvier /2007 16:41

Voilà donc le livre de Sigmund Freud Moïse et le monothéisme pour comprendre d'où venait la religion de Moïse l'Egyptien. Une chose est sûre, c'est qu'elle n'était plus du tout dans la lignée d'Abraham. C'est une des raisons pour laquelle Ieschoua est venu en ce monde mais aussi une des raisons pour laquelle il fut sacrifié. Car l'élite sacerdotale des Pharisiens et le Sanhédrin ne tenait pas à ce que la vérité se sache. A lire avec attention...

 

 

 

Moïse et le monothéisme

 

par Sigmund Freud

1939

1ère partie

I
Un Égyptien : Moïse

 

Déposséder un peuple de l'homme qu'il célèbre comme le plus grand de ses fils est une tâche sans agrément et qu'on n'accomplit pas d'un cœur léger. Toutefois aucune considération ne saurait m'induire à négliger la vérité au nom d'un prétendu intérêt national. Bien plus, tout porte à croire que l'élucidation d'un seul point du problème pourra éclairer l'ensemble des faits.


Moïse, l'homme qui fut pour le peuple juif un libérateur et
qui lui donna ses lois et sa religion, appartient à une époque si lointaine qu'on se demande tout de suite s'il doit réellement être considéré comme un personnage historique ou s'il n'est qu'une figure de légende. Dans le premier cas, ce serait au Xllle, peut-être au XIVe siècle avant notre ère, qu'il faudrait le situer. Nous ne possédons sur lui d'autres renseignements que ceux que nous donnent les Livres saints et les traditions écrites juives. Bien que nous ne puissions avoir aucune certitude sur ce point, la plupart des historiens s'accordent à penser que Moïse a réellement vécu et que l'Exode d'Égypte, auquel son nom reste attaché, a vraiment eu lieu. On a prétendu avec raison que si cette hypothèse était repoussée, l'histoire ultérieure d'Israël deviendrait incompréhensible. La science contemporaine traite d'ailleurs avec bien plus de prudence et de ménagements qu'à ses débuts les traditions du passé.


Ce qui, dans la personnalité de Moïse, attire d'abord notre attention, c'est son nom qui, en hébreu, se prononce Mosche. Quelles sont donc l'origine et la signification de ce nom ? On sait que, le récit de l'Exode nous apporte dès le Chapitre Il une réponse. On y raconte qu'une princesse égyptienne, après avoir sorti l'enfant du Nil, l'appela Moïse en motivant étymologiquement le choix de ce nom par le fait qu'il avait été « sauvé des eaux ». Toutefois cette explication est
manifestement erronée. Selon l'un des auteurs du Lexique Juif 1, l'interprétation biblique du nom « Celui qui a été retiré des eaux » est une étymologie populaire, déjà incompatible avec la forme hébraïque active : Mosche qui peut tout au plus signifier « le retireur ». Cet argument s'appuie encore sur deux autres faits : 1º il est insensé d'attribuer à une princesse égyptienne quelque connaissance de l'étymologie hébraïque; 2º il est presque certain que les eaux d'où fut retiré l'enfant n'étaient pas celles du Nil.


En revanche, on a, depuis longtemps et de, divers côtés, supposé que le nom de Moïse avait été emprunté au vocabulaire égyptien. Au lieu de citer tous les auteurs qui ont adopté ce point de vue, je reproduis ici un passage traduit du récent ouvrage de J.H. Breasted 2, auteur d'une « Histoire de l'Égypte » qui fait autorité: «Il est important de faire remarquer que
son nom de « Moïse » était égyptien. Le mot égyptien « mose » signifiait « enfant ». C'est une abréviation de certaines formes plus complètes du même mot, telles par exemple que « Amon-mose », c'est-à-dire Amonenfant, ou « Ptah-mose », c'est-à-dire Ptah-enfant, ces noms étant déjà eux-mêmes des abréviations des formes complètes . « Amon (a donné) un enfant » ou « Ptah (a donné) un enfant ». Le mot « enfant » se substitua bientôt avantageusement aux noms entiers composés et le mot « Mose » se retrouve assez fréquemment sur des monuments égyptiens. Le père de Moïse avait certainement donné à son fils un nom où entraient les mots Amon ou Ptah, le nom de la divinité ayant été ultérieurement abandonné, celui de l'enfant resta alors simplement : « Moïse (Mose). (L's qui se trouve à la fin du nom de « Moses » a été ajouté dans la traduction grecque de l'Ancien Testament et n'appartient pas à la langue hébraïque où ce nom est « Mosche ».) » Ayant ici littéralement reproduit le passage du livre de Breasted, je ne me sens nullement disposé à en assumer la responsabilité en ce qui concerne les détails donnés. Je m'étonne aussi quelque peu de ce que Breasted ait omis de parler, dans son énumération, de noms théophores analogues qu'on retrouve dans la liste des rois égyptiens: Ahmose, Thut-mose (Tothmès) et Ra-mose (Ramsès).


Comment expliquer que parmi les nombreux savants qui ont
reconnu l'origine égyptienne du nom de Moïse, aucun n'ait conclu ou tout au moins supposé que le porteur de ce nom ait pu être lui-même égyptien ? A l'époque actuelle nous n'hésitons plus à tirer de pareilles conclusions, bien qu'aujourd'hui tout individu porte deux noms au lieu d'un : le nom de famille et le prénom, et bien que ces changements de noms et une adaptation à de nouvelles conditions d'existence soient toujours possibles. Ainsi nous ne nous étonnons pas d'apprendre que le poète Chamisso était d'origine française et qu'au contraire Napoléon Buonaparte était d'origine italienne. Nous apprenons encore sans en être surpris que Benjamin Disraeli, comme son nom le laisse entendre, était un Juif italien. Tout nous porte à croire qu'en ce qui concerne les époques anciennes et reculées, l'appartenance à tel ou tel peuple doit être plus marquée encore et même absolument certaine. Cependant nul historien, à ce que je sache, n'a tiré de conclusions semblables en ce qui touche le cas de Moïse, même parmi ceux qui, comme Breasted, sont tout prêts à admettre que Moïse « était instruit (le toutes les sagesses de l’Égypte 3 », 4.

 

 

Qu'est-ce donc qui a empêché les historiens de tirer cette conclusion ? Il n'est point aisé de le deviner. Peut-être le respect invincible qu'inspire la tradition biblique. Peut-être paraissait-il monstrueux d'admettre que Moïse ait pu être autre chose qu'un Hébreu. En tout cas on constate que, tout en reconnaissant l'origine égyptienne du nom de Moïse, on n'a tiré de ce fait aucune conclusion quant à l'origine du prophète lui-même. Pour peu que l'on attache quelque importance à la question de la nationalité de ce grand homme, il serait souhaitable d'apporter encore du matériel nouveau et susceptible de nous fournir une réponse.


C'est là justement le but de mon petit essai auquel l'application que j'y fais des données de la psychanalyse confère le droit d'être publié dans la revue
Imago 5. Mon argumentation n'impressionnera certes qu'une minorité de lecteurs, celle qui est déjà familiarisée avec les vues psychanalytiques et qui sait en apprécier les résultats. Espérons qu'aux yeux de ces lecteurs-là nos conclusions auront quelque valeur.


En 1909, O. Rank, qui à cette époque subissait encore mon influence, publia, sur mon conseil, un travail intitulé « Le mythe de la naissance du héros » 6. Il écrit :« Presque tous les grands peuples civilisés... ont très tôt
magnifié dans la poésie et dans la légende leurs héros : rois et princes légendaires, fondateurs de religions, de dynasties, d'empires ou de cités, bref leurs héros nationaux. Ils se sont complu, en particulier, à parer de traits fantaisistes l'histoire de la naissance et de la jeunesse de ces héros. La stupéfiante similitude, voire même parfois l'identité de ces récits, chez des peuples différents, souvent très éloignés les uns des autres, est connue depuis longtemps et a frappé nombre de savants. » Si, comme l'a fait Rank en utilisant la technique de Galton, on reconstitue une « légende type » propre à faire ressortir tous les traits essentiels de ces récits, on obtient la formule suivante :


Le héros est né de parents du plus haut rang, c'est, en général, un fils de roi.


Sa naissance est précédée de graves difficultés, par exemple d'une période d'abstinence ou de longue stérilité, ou encore, les parents, entravés par des interdictions et des obstacles extérieurs, ont dû entretenir l'un avec l'autre des relations clandestines. Pendant ou même avant la grossesse,
une prédiction (rêve ou oracle) a annoncé que la naissance de l'enfant serait cause d'un malheur et c'est généralement le père qui en est menacé.


En conséquence,
le père (ou quelque substitut de celui-ci) donne l'ordre de tuer ou d'exposer le nouveau-né à quelque danger extrême. En général, le bébé déposé dans une petite corbeille est abandonné au fil de l'eau.


Il est ensuite
sauvé par des animaux ou par de petites gens (des bergers, par exemple) et allaité par un animal femelle ou par une humble femme.

Devenu grand, il retrouve, après maintes aventures, ses nobles parents, se venge de son père et, d'autre part, s'étant fait reconnaître, parvient à la grandeur et à la renommée.

La plus anciennement connu des personnages auxquels s'attacha ce mythe de la naissance est Sargon d'Agade, fondateur de Babylone vers 2 800 avant J.-C. Nous avons intérêt à reproduire ici le récit dont il serait lui-même l'auteur.


« Je suis Sargon, le roi puissant, le roi d'Agade. Ma mère fut une vestale ; je n'ai pas connu mon père, tandis que le frère de mon père demeurait sur la montagne. C'est dans ma ville d'Azupirani, sur les rives de l'Euphrate, que ma mère se trouva enceinte de moi. Elle me mit secrètement au monde, me plaça
dans une corbeille de jonc dont elle boucha les ouvertures avec de la poix et m'abandonna au courant où je ne me noyai pas. Le courant me porta jusqu'à Akki, le puiseur d'eau. Akki, le puiseur d'eau, dans la bonté de son cœur me sauva des eaux. Akki, le puiseur d'eau, m'éleva comme son propre fils. Je devins le jardinier d'Akki, le puiseur d'eau. Alors que j'étais jardinier, Istar me prit en affection. Je devins roi et régnai pendant quarante-cinq ans. »


Dans la série qui commence par Sargon d'Agade, les noms qui nous sont les plus familiers sont ceux de Moïse, de Cyrus et de Romulus. Rank a cependant pu réunir un
grand nombre de figures de héros appartenant soit à la poésie, soit à la légende qui ont eu une enfance entièrement ou partiellement analogue, par exemple Oedipe, Karna, Pâris, Téléphos, Persée, Héraclès, Gilgamesh, Amphion, Zéthos, etc.


Les travaux de Rank nous ont permis de connaître la source et la tendance de ce mythe. Il me suffira de les indiquer brièvement : le héros est celui qui
s'oppose courageusement à son père et finit par le vaincre. Le mythe qui nous occupe ici retrace cette lutte en la faisant remonter à la préhistoire du héros puisque l'enfant naît contre le gré de son père et échappe aux mauvais desseins de ce dernier. Le fait de déposer l'enfant dans une corbeille est une évidente représentation symbolique de la naissance, la corbeille figurant le ventre maternel et l'eau, le liquide amniotique. Dans d'innombrables rêves, les relations entre parents et enfants se trouvent représentées par l'acte de tirer hors de l'eau ou de sauver des eaux. Quand l'imagination populaire applique à un personnage fameux le mythe de la naissance en question, c'est pour proclamer que ce personnage s'est bien conformé au plan type d'une vie de héros. Mais c'est ce qu'on appelle « le roman familial de l'enfant » qui constitue la source de tout le mythe ; on y voit comment le fils réagit aux changements de ses rapports sentimentaux avec ses parents et particulièrement avec son père. Les premières années de l'enfance sont dominées par une immense surestimation du père. Les rois et les reines des rêves et des contes de fées ne font que représenter les parents. Plus tard, au contraire, sous l'effet de la rivalité et d'une déception réelle, l'enfant se détache de ses parents et adopte à l'égard de son père une attitude critique. Les deux familles du mythe, la noble et la modeste, reflètent toutes deux la famille, telle qu'elle apparaît à l'enfant à des époques successives de sa vie.

On est en droit de soutenir que ces explications permettent de comprendre aussi bien l'extension que l'uniformité du mythe de la naissance du héros. Il sera alors d'autant plus intéressant de constater que la légende de la naissance et de l'abandon de Moïse occupe une place à part et contredit même sur un point essentiel les autres récits.

Considérons d'abord les deux familles entre lesquelles, d'après la légende, se joue le sort de l'enfant. Suivant l'interprétation psychanalytique, elles se confondent pour ne se séparer que dans le temps. D'après la légende type, la première des deux familles, celle où naît l'enfant, est une famille noble, généralement royale. La seconde famille, celle où l'enfant a été recueilli, est modeste ou déchue, suivant les circonstances auxquelles se rapporte l'interprétation. Seule la légende d'Oedipe fait exception car l'enfant, abandonné par sa royale famille, est recueilli par un autre couple royal. Ce n'est sans doute pas par hasard que, dans ce cas, l'identité primitive des deux familles transparaît jusque dans la légende. Le contraste social qu'offrent les deux familles et qui tend, nous le savons, à souligner la nature héroïque du grand homme, confère encore à notre mythe une deuxième fonction particulièrement importante quand il s'agit de personnages historiques. Peut-être ce contraste sert-il aussi à fournir au héros ses lettres de noblesse, à le porter à un niveau social plus élevé. C'est ainsi que Cyrus, qui fut pour les Mèdes un conquérant étranger, devint, grâce à la légende, le neveu du roi des Mèdes. Il en est de même pour Romulus. Si ce personnage a réellement existé, il n'a pu être qu'un aventurier venu on ne sait d'où, un parvenu. La légende en a fait le descendant, l'héritier de la maison royale d'Albe la Longue.


Le cas de Moïse est bien différent. Ici la première des deux familles, celle qui en règle générale est noble,
est assez modeste. Moïse descend de lévites juifs. Au contraire, la seconde famille, celle qui devrait être modeste, et qui recueille l'enfant, se trouve remplacée par la maison royale d'Égypte ; la princesse élève l'enfant comme s'il était réellement son fils. Cette légende diffère donc de la légende type, ce qui n'a pas manqué d'étonner bien des chercheurs. Ed. Meyer, et d'autres après lui, ont admis que la forme primitive de ce mythe avait dû être modifiée. Le pharaon7 aurait été averti par un rêve prophétique que le fils de sa fille deviendrait, un jour, dangereux pour lui et pour son royaume. C'est pourquoi il ordonna que l'enfant fût, dès sa naissance, abandonné aux eaux du Nil. Cet enfant fut sauvé par des Juifs qui l'élevèrent comme leur propre fils. Suivant l'expression de Rank, c'est pour des « raisons nationales » 8 que la légende a été remaniée dans le sens que nous savons.


Mais à y regarder de plus près, nous constatons immédiatement
qu'une légende de Moïse qui ne différerait pas des autres mythes de la naissance n'aurait pas été possible. En effet, cette légende est soit d'origine égyptienne, soit d'origine juive. Or l'origine égyptienne est inadmissible, les Égyptiens n'ayant aucune raison de glorifier Moïse qui n'était pas pour eux un héros. C'est pourquoi la légende a été créée par le peuple juif, c'est-à-dire rattachée, sous sa forme connue, à la personne du chef de ce peuple. Toutefois cette histoire ne se prêtait guère à l'usage qu'on en voulait faire. Quel profit, en effet, pourrait tirer un peuple d'une légende qui fait de son héros un étranger ?


Il faut bien dire que la légende de Moïse, telle qu'elle nous est parvenue,
ne répond plus à ses desseins secrets. Si Moïse n'est pas de naissance royale, notre légende ne peut faire de lui un héros; s'il demeure juif, c'est qu'elle n'a rien fait pour le grandir. Seul un petit fragment de ce mythe reste efficient : l'assurance que c'est en dépit de puissantes forces extérieures que l'enfant a pu survivre. Ce trait se retrouve dans le récit de l'enfance de Jésus, le roi Hérode assumant alors le rôle du pharaon. Nous avons ainsi le droit de supposer que plus tard quelque commentateur plutôt mal avisé s'est cru autorisé à ajouter à l'histoire de son personnage, Moïse, certain détail 1 plus conforme au modèle classique d'un mythe de héros, une légende d'abandon. Mais ce détail, à cause des conditions particulières, ne pouvait convenir à Moïse.


C'est à ce résultat à la fois
décevant et douteux qu'aboutiraient nos recherches et la question de la nationalité de Moïse ne serait nullement élucidée si nous ne disposions d'un autre moyen, sans doute plus favorable, d'aborder ce mythe d'abandon.


Revenons aux deux familles du mythe. Du point de vue psychanalytique nous savons qu'elles sont identiques ; sur le plan mythique, elles sont l'une noble et l'autre, modeste. Cependant quand la légende s'est attachée à un personnage historique, il y a un troisième plan,
celui de la réalité. L'une des familles est la vraie, celle où naquit vraiment le grand homme, celle où il grandit. L'autre est fictive, inventée par le mythe pour les besoins de la cause. En général, la famille modeste doit être la vraie famille et la famille noble, celle qui est imaginaire. Le cas de Moïse semble un peu différent. Et c'est ici que notre nouveau point de vue nous permet de reconnaître que la première famille, celle qui abandonna l'enfant, est certainement imaginaire ; c'est la seconde famille, celle où il fut élevé, qui est la vraie. Si nous avons le courage d'admettre que c'est là une vérité d'ordre général qui intéresse la légende de Moïse aussi bien que les autres, il nous apparaîtra soudain clairement que Moïse fut bien un Égyptien et vraisemblablement un Égyptien de noble naissance. De cet Égyptien, le mythe a fait un Juif. Telle serait notre conclusion! L'abandon aux eaux du Nil trouvait là sa place et il fallait bien, pour se conformer à la nouvelle conclusion, modifier - non sans violence - l'intention. Le moyen de se débarrasser de l'enfant se transforma en un moyen de le sauver.


Une des particularités de l'histoire de Moïse explique pourquoi elle diffère de toutes les autres légendes du même genre. Tandis qu'en général les héros, au cours de leur existence, s'élèvent au-dessus de leur médiocre condition initiale, Moïse, lui,
débute dans sa vie héroïque en daignant se mettre au niveau des enfants d'Israël.


Si nous avons entrepris cette petite recherche, ce fut dans l'espoir d'en tirer un second et nouvel argument en faveur de l'origine égyptienne de Moïse. Nous avons pu voir que le premier argument, celui du nom, n'avait pas partout été considéré comme décisif 9. Il faut nous attendre que le nouvel argument, celui qui nous est fourni par l'analyse du mythe de l'abandon, ne connaisse pas un sort meilleur. Sans doute nous objectera-t-on que les circonstances qui entourent la création et la transformation d'une légende demeurent trop obscures pour qu'il nous soit permis d'en tirer pareille conclusion. Tous les efforts tentés pour mettre en lumière le fond de vérité que recèle l'histoire du personnage héroïque appelé Moïse sont condamnés, nous dira-t-on, à rester vains, à cause
de la confusion, des contradictions et des évidentes et tendancieuses déformations et surcharges accumulées au cours des siècles. Pour ma part, je me refuse à faire mienne cette attitude négative, tout en n'étant pas en mesure d'en démontrer le mal fondé.


S'il n'est pas possible de parvenir à une certitude, pourquoi publier ce travail ? Je déplore que ma justification elle-même se réduise à des suggestions. Si toutefois l'on consent à tenir compte des deux arguments que je viens d'exposer en essayant d'admettre sérieusement que Moïse a bien été un noble Égyptien, de très intéressantes et larges perspectives s'ouvrent alors devant nous. A l'aide de certaines hypothèses, les motifs de l'extraordinaire entreprise de Moïse peuvent devenir intelligibles et, par suite, on saisit les possibles raisons de nombreux caractères et particularités des lois et de la religion qu'il a données aux Juifs. On est alors en mesure de se faire une opinion bien fondée sur l'origine des religions monothéistes en général. Toutefois il faut se garder de baser sur de simples probabilités psychologiques d'aussi importantes conclusions. Même si nous considérons comme un fait historique l'origine égyptienne de Moïse, il convient de nous ménager un second point d'appui, et cela afin de pouvoir réfuter toute critique. On pourrait en effet nous reprocher de nous laisser aller à notre imagination et alléguer que nous sommes trop loin de la réalité. Que ne possédons-nous de preuves objectives de l'époque où vécut Moïse et où eut lieu l'Exode. Elles eussent sans doute suffi. Mais ces preuves n'ayant pas été découvertes, il est préférable d'en rester là et de ne pas chercher à tirer d'autres conclusions du fait que Moïse était égyptien.

La suite... Si Moïse fut Egyptien - 1ère partie

 

 

Notes

1 Judisches Lexikon, entrepris par Herlitz et Kirschner, vol. IV, 1980. Les Éditions juives, Berlin.

2 The Dawn of Conscience, Londres, 1934, p. 350. (L'Aube de la Conscience).

3 L. c., p. 334.

4 Notons que l'hypothèse de l'origine égyptienne de Moïse a été assez souvent émise et cela depuis les époques les plus lointaines jusqu'à ce jour, sans toutefois qu'on s'appuyât sur le nom du prophète.

5 La revue Imago (de Vienne), « Zeitschrift fur Anwendung der Psychoanalyse auf die Natur und Geisteswissenschaften » (Revue (le Psychoanalyse appliquée aux sciences de la nature et de l'esprit). (Note de la trad.).
6 Cinquième cahier des Écrits de psychanalyse appliquée, Fr.Deuticke, Vienne. Je suis fort éloigné de chercher à diminuer la part prise par Rank à ce travail.

7 Voir aussi le récit de Flavius Josèphe.
8 L. c.. p. 80.

9Voilà ce que dit, par exemple, Ed. Meyer, dans Die Mosessagenund die Leviten (Les légendes de Moïse et les lévites), Berliner Sitzbericht, 1905: « Le nom de Moïse est probablement le nom de Pinchas dans la dynastie des prêtres de Silo... nom sans doute égyptien. Cela ne prouve pas toutefois que ces dynasties étaient d'origine égyptienne, mais qu'elles avaient certaines connexions avec l'Égypte » (p. 651). On peut ici se demander de quelle sorte de connexion il pouvait s'agir.

Posté par Adriana Evangelizt

 

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21 décembre 2006 4 21 /12 /décembre /2006 03:46

Il faut d'abord lire la 1ère partie...

 

 

Le Sacrifice antique

 

 

par Sédir

 

2ème partie

1ère partie

 Tableau de Bleu Turell

Il en devient ainsi dans les sacrifices expiatoires.
Ils sont de deux sortes :
pour le péché, pour le délit.
Remarquons tout d'abord
la rigueur primitive de la Loi : pas de pardon possible pour les fautes commises sciemment; le coupable était exilé. Le sacrifice expiatoire ne valait donc que pour l'effacement des fautes involontaires. Si le coupable est un prêtre ou la communauté d'lsraël, c'est un taureau qu'on offrira; dans le premier cas, ce sera le prêtre qui lui imposera les mains; dans le second cas, ce seront les anciens, représentants de l'assemblée. L'immolation s'opère comme précédemment, mais avec cette différence que le prêtre aspergera sept fois du sang de la victime le voile du sanctuaire, puis les cornes de l'autel aux parfums, et le reste du sang sera versé au pied de l'autel aux holocaustes. De la sorte, la vitalité physique de la victime chargée de la faute commise sera emportée par le voile et par les parfums, tous deux correspondant à la clémence de Jéhovah, et les coupables se trouveront débarrassés de cette tache. La graisse de l'animal sera brûlée au pied de l'autel des holocaustes et tout le reste du corps transporté hors du camp au dépôt des cendres grasses pour y être entièrement consumé.

Selon les théories égyptiennes, adoptées par Moïse, une nation, celle des bords du Nil ou bien la multitude errante dans le désert, une nation adoratrice du vrai Dieu représente en petit, sur le coin de terre où elle vit, les peuples innombrables des cieux invisibles et leurs organisations zodiacales. Ainsi étaient les douze circonscriptions de Misraïm et les douze tribus d'Israël. Il existe bon nombre de savantes études sur le symbolisme du zodiaque auxquelles ceux qui s'intéressent à ces spéculations pourront se reporter avec fruit. De même que, dans l'organisation cosmique, un lieu demeure entre tous sacré, séjour du Très Haut et de ses cinq formes mystérieuses, de même, dans le royaume terrestre où vit le peuple élu, juif ou égyptien -- car autrefois chaque peuple se considérait comme élu -- un lieu est ménagé, ville sainte avec son temple où le peuple n'entre qu'après des purifications, symboles de ses accomplissements de la Loi, grâce auxquelles l'homme se rend capable de monter jusqu'au séjour céleste.

Dans ce temple vivent
les prêtres choisis comme sont les anges qui, devant la face du Tout Puissant, chantent ses louanges et exécutent ses ordres; et les autels de pierre, vitalisés par les invocations sacerdotales, par les parfums et par le sang des victimes, deviennent les pôles négatifs attirant les forces positives des régions supérieures.

Dans le culte de Moïse, en particulier, le peuple en route parmi les solitudes, c'est le cosmos immense voguant sur le Néant originel. Le camp, avec ses douze tribus, c'est le système de notre univers particulier. La tente sacrée, c'est le monde de la gloire, la Shekinah, maison de l'Éternel. Les prêtres sont les choeurs qui se tiennent sans cesse devant le trône de Dieu. Les fidèles et les victimes, ce sont les offrandes, les aspirations et les espérances que toutes les créatures font monter constamment vers leur Auteur pour Lui demander un secours, pour qu'Il efface leur désobéissance, pour Lui présenter leurs louanges de remerciement et d'adoration.

Pour en revenir à notre
sacrifice expiatoire, on comprendra sans doute maintenant que le véhicule même de l'âme de la victime ayant été jugé seul capable de monter vers l'Éternel implorer son pardon, tout le reste du corps, le cadavre réel, inerte et sans vie, soit porté hors du camp, dans ce désert qui représente le Néant originel, où vont les résidus des échanges universels.

Une partie de la chair de la victime immolée en sacrifice expiatoire était qualifiée de sacro-saint et
servait aux repas des prêtres seuls, à l'exclusion de leurs femmes. Ceci pour faire participer le sacerdoce à la clémence de Jéhovah, puisque le sacrifice en question n'était qu'une évocation de cette clémence.

Le sacrifice expiatoire pour le délit était une réhabilitation; le délinquant, déchu de ses droits sociaux, les recouvrait en offrant à l'autel des holocaustes un bélier, dont la chair était aussi réservée aux seuls prêtres.

Dans l'esprit du théocrate, en effet,
la caste sacerdotale tout entière représente le peuple dans ses rapports avec Dieu; on pourrait dire que Dieu regarde son peuple à travers les prêtres. Ceux-ci tiennent la tête de la vie nationale dans son aspect religieux. Tous les péchés du peuple, ils y participent et s'en trouvent responsables. Toutes les vertus du peuple, ils doivent les exercer; toutes les bénédictions descendantes, c'est par eux qu'elles passent avant de se répandre sur la foule.

Tel est le motif de cette identification double et constante du prêtre, d'une part avec le fidèle offrant le sacrifice, de l'autre avec le Seigneur qui le reçoit. Notons bien que cette identification n'est pas un geste symbolique, ni une allégorie morale;
pour les Israélites de ces époques, c'était un phénomène réel, une entrée des esprits de ces hommes les uns dans les autres, et tous ensemble dans l'esprit de Dieu. C'est ce caractère de substantialité réelle qui faisait la force des religions antiques, et il me semble que le catholicisme tirerait un renouveau d'énergie de la résurrection prudente et motivée de cette croyance.



* * *



Parmi les nombreux rites israélites mus par le sacrifice, nous avons noté la consécration du grand prêtre et celle de l'autel où l'on sacrifie des animaux mâles :
taureaux et béliers, le sexe mâle appartenant à Jéhovah.

La réintégration du lépreux offre une particularité curieuse. Elle comporte l'offrande de deux oiseaux, d'hysope, herbe dépurative, d'écarlate, signe de la pureté du sang recouvrée par le malade, de cèdre, bois incorruptible. L'hysope et le cèdre furent d'ailleurs les témoins, dit la Traditio
n, du premier crime dont les suites engendrèrent la lèpre. L'un des oiseaux est égorgé, son sang versé dans une coupe remplie d'eau courante; on y trempe l'oiseau vivant, le cèdre, l'hysope et l'écarlate, et le prêtre en asperge sept fois le lépreux. Puis il lâche l'oiseau dans la campagne. Sept jours plus tard, le malade qui s'est rasé la tête, les sourcils et la barbe, se représente devant le prêtre avec deux agneaux, une brebis, un peu de fleur de farine pétrie dans l'huile, et de l'huile. Le premier agneau est immolé sur le côté nord de l'autel des holocaustes et, de son sang, le prêtre marque l'oreille droite, le pouce droit et l'orteil droit du lépreux. Puis il répète la même chose avec l'huile, dont le reste est versé sur la tête du fidèle.

On voit ici qu'un des deux oiseaux est offert à Jéhovah, l'autre lâché dans le désert,
servant d'indemnité au démon de la lèpre; les onctions et les aspersions sur les endroits du corps réputés positifs et mâles, signifient bien l'effacement d'une souillure contractée par le mauvais usage d'énergies de même ordre.

La faculté que possèdent
les âmes animales de se charger des péchés commis par les hommes est mise en relief de la façon la plus nette dans le rite du bouc émissaire. Pour les anciens, le péché n'était pas seulement une action perverse, une négation métaphysique; il était aussi une véritable souillure de l'âme vivante, de l'esprit vital, et même de la matière physiologique. Pour l'effacer, il fallait donc, à leur avis, une réparation matérielle, une purification fluidique, et le repentir. Ce dernier élément moral se trouve peu exprimé dans les livres de Moïse; mais ceux de David lui ont fait une grande place et lui ont donné l'expression la plus pathétique. Le rite du bouc émissaire illustre ces théories.

Ce rite était précédé d'une quadruple offrande : le grand prêtre présentait
un taureau expiatoire et un bélier holocauste; le peuple offrait deux boucs expiatoires et un bélier holocauste. Les deux boucs sont tirés au sort : l'un reviendra à Jéhovah, l'autre à Azazel. Le grand prêtre immole son taureau, procède à des encensements et à des aspersions, puis fait de même pour le bouc de la communauté. Par ses gestes, les péchés du grand prêtre et ceux du peuple étaient enlevés du saint-des-saints, de la tente d'assignation et de l'autel où ils s'étaient concentrés comme nous l'avons vu tout à l'heure, en même temps que les prières et les vertus des Israélites. Le grand prêtre, imposant les mains sur le bouc resté vivant, le charge de tous ces péchés, le chasse dans le désert, où il devient la possession d'Azazel et des mauvais esprits.



* * *



Inutile de continuer les descriptions sommaires de nombreux autres rites, puisqu'ils étaient tous inspirés par le même esprit et bâtis sur le même plan. Le peu que nous avons vu suffit à faire apparaître le caractère général des rites sacrificiels dans l'antiquité. La théorie en est partout la même dans ses grandes lignes.

L'homme, accablé par l'énorme Nature, poussé par des passions impérieuses, accumule de ces maladresses que la notion du Bien lui révèle comme des péchés. Ayant irrité son Dieu ou ses dieux, il tâche de les fléchir ou il implore leur aide toute-puissante. Se butant aux murs du monde invisible, il y cherche des lézardes qu'il puisse agrandir, il tente de séduire les gardiens des portes mystérieuses, il essaie d'escalader ou de fracturer. Naturellement l'égoïsme, sous la forme d'instinct de la conservation, l'inspire et aussi l'aveugle. Il s'imagine attendrir son Dieu en lui offrant quelque chose, il saisit quelque créature plus faible et la pousse devant lui, comme un bouclier, il la fait souffrir à sa place, non seulement en tuant son corps, mais en jetant sur son âme hagarde les vampires infernaux que ses fautes attiraient sur lui-même. Tel est, à mon sens, le caractère essentiellement mauvais du sacrifice antique. Fondé sur un calcul mesquin : j'offre un petit objet dans l'espérance de recevoir un joyau; opérant sur ce qui est plus faible, par la contrainte et la violence, avec l'espoir de rendre accommodant ce qui est plus fort; supprimant de la vie corporelle, maléficiant de la vie immortelle; réduisant le Seigneur à l'image de l'humaine lâcheté; sophistiquant la religion vraie, qui est un entretien d'esprit d'homme à Esprit de Dieu, en l'enchaînant dans des rites et des formules; et, du même coup, chargeant des plus lourdes chaînes ses aveugles partisans, le sacrifice antique me représente la caricature invertie du véritable sacrifice, du sacrifice unique et innombrable que célèbrent les êtres éternels devant le trône de Dieu, et que nous nommons la Création.

Dans cette gloire perpétuelle, aucun coupable, aucun bourreau, aucun calcul, aucune contrainte, aucune larme, aucune formalité. L'assistant, le prêtre, la victime, l'autel, la prière et le Dieu agissent par l'enthousiasme innocent et libre de l'Amour. La crainte ne paraît pas, mais seules la joie, la lumière et la paix.
Nous nous croyons aujourd'hui bien affranchis de certains préjugés auxquels obéissait l'homme antique. Nous n'acceptons plus la vieille théorie des mondes invisibles, ni la grande idée de Dieu. Nous ne voulons nous en tenir qu'au dehors, nous voulons ignorer le dedans, l'au delà et l'en--deçà. Nous avons répandu sur tous les modes de l'action et de la pensée la même erreur que les Anciens professaient sur l'ordre religieux. Nous tenons les signes pour les seules réalités et, quant à la vraie Réalité, nous la nions.

L'essai que je viens de tenter, vous avez le droit de l'étendre aux diverses fonctions de la vie sociale, comme à celles de la vie individuelle. Nous devrions, plus sages que le vieil Hébreu ou que le vieil Asiatique, nous devrions nous apercevoir que tout ce qui fait notre orgueil de gens du XXe siècle, notre industrie, notre richesse, nos arts, notre confort, notre philanthropie, notre science énorme, tout, tout cela, ce n'est que symboles, signes, apparences et contenants. Nous devrions comprendre que tout cela n'est que l'ombre renversée d'une Présence formidable, mais méconnue, dédaignée, caricaturée. Nous devrions apercevoir l'astre, par delà les nuages magnifiques mais fugaces; la cime, derrière les brouillards, l'Etre, au dedans des existences. Nous devrions nous éprendre d'Absolu.

Alors, nous pourrions mettre un peu d'Absolu dans ce décevant Relatif au milieu des reflets duquel nous nous agitons; nous pourrions nous essayer à ce magnifique grand'oeuvre dont, seul au monde, l'homme est capable. Ne nous laissons pas séduire par le charme nuageux de l'un de ces Christ « naturalisés » que l'ironique Asie présente à la crédulité de nos intellectuels, comme une vieille nourrice agite la poupée de chiffons pour faire taire un marmot criard. Le seul Christ possible est l'incompréhensible Christ des chrétiens. Si l'on s'éprend d'un dieu normal, logique et qui ne soit que l'agrandissement d'un héros, on en vient vite à ne plus avoir de dieu du tout. Le seul Dieu qui satisfasse notre inextinguible soif d'Infini, c'est Celui-là qui nous dépasse infiniment : c'est Jésus. Mais à quoi bon faire l'apologiste ? Jésus est le Maître : Il laisse rêver les sages et s'agiter les puissants : Il les laisse faire leurs expériences, jusqu'à la fatigue et jusqu'au dégoût. C'est alors qu'Il les attend. C'est alors que ces pauvres étourdis, enfin débarrassés de leurs prestigieuses et vaines magnificences, verront luire, comme la douceur de la plus belle aurore, le regard fort et tendre de ce Jésus -- leur Maître et leur Ami -- contre lequel ils dressèrent si longtemps leurs petites prérogatives, leurs naïfs systèmes et leurs puérils mépris. La victoire, disent les stratèges, appartient à l'armée qui tient un quart d'heure de plus. Le Christ l'aura toujours, ce quart d'heure, puisque c'est Lui qui organise le Temps, puisqu'Il ne S'offense jamais, ni ne S'irrite, ni même ne S'impatiente .


J'essaierai de vous décrire ces splendeurs, telles qu'elles se manifestent ici-bas, dans notre second entretien.


Sources Livres mystiques

 

Posté par Adriana Evangelizt

 

 

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21 décembre 2006 4 21 /12 /décembre /2006 02:44

Premier article d'une série de trois sur le sacrifice. On commence par le sacrifice antique souvent cruel et barbare puisqu'il y est question d'holocaustes d'animaux. Explication donc de la tradition de Moïse qu'il avait ramené d'Egypte... où l'on comprend mieux l'opposition du Galiléen sur la question. Car à quoi bon sacrifier un animal pour "abollir" ses mauvaises actions et qu'un dieu les pardonne ? Le sacrifice c'est sur soi-même qu'il faut l'exercer en se réformant... en s'améliorant... ce sera l'objet du second article quant au message de Ieschoua...

Nous sommes obligés de décomposer cet article en 2 parties.

 

 

Le Sacrifice antique

 

 

par Sédir

 

1ère partie

 

 





L'échange est l'expression la plus générale des rapports entre les êtres. Chaque créature reçoit quelque chose de toutes les autres, et leur rend autre chose. Entre systèmes solaires et planétaires, entre les minéraux, les plantes et les animaux, entre la mer et l'atmosphère, entre l'homme et la Nature, entre les mondes invisibles et les visibles, entre les dieux et les démons, entre les hommes eux-mêmes, entre l'homme enfin et Dieu, tout n'est qu'échanges : obligatoires ou délibérés, cupides ou généreux, involontaires ou conscients.

Ces contrats innombrables, lorsqu'ils sont tacites, forment le jeu normal des lois qui régissent la vie universelle. Lorsqu'ils sont exprès, ils résultent de l'impérieux besoin qu'un être éprouve d'un secours extraordinaire. Sans entreprendre ici une énumération fastidieuse de tous les cas que présentent les situations physiques, morales, intellectuelles ou spirituelles dans lesquelles les créatures peuvent mutuellement se trouver, je considérerai seulement celles d'entre elles qui ressortissent au domaine religieux.

L'homme primitif, perdu dans la jungle préhistorique, essaie de ravir à ses compagnons les proies qu'ils ont conquises ou les objets utiles qu'ils ont fabriqués. Il tente l'échange et, si l'échange ne réussit pas, il se rue à la bataille. Mais il se sent parfois seul, faible et désarmé, surtout devant l'assaut inexorable des forces naturelles. Il conçoit alors l'existence probable d'êtres plus puissants que lui, de génies, de dieux méchants ou bons, et il en vient vite à chercher comment attendrir les premiers, se concilier les seconds, ou même comment lancer ceux-ci contre ceux-là. Telle est la forme primitive de la religion : une crainte, un appel, et peu à peu se constitue un ensemble de pratiques empiriques d'où naît la magie des sauvages.

Cette conception religieuse d'un commerce profitable entre l'homme et un invisible plus puissant s'épure peu à peu, au cours des siècles, à mesure que se précise l'idée d'un Etre suprême. Et l'on voit, dans les grandes religions antiques, celles de la Chine, de l'Inde, de l'Iran, de l'Egypte, puis d'lsraël, de la Grèce et de Rome, s'établir le double usage d'un culte social auquel les foules sont conviées, et d'un culte personnel qui sublimise les éléments exotériques du sacrifice et en organise la pratique dans la vie intérieure d'un certain nombre d'individus d'élite.

Il m'est impossible d'analyser ici dans leurs formes et dans leur esprit les rituels vénérables élaborés par Fo-Hi, par Vyasa, par le premier Zoroastre, par Moïse, conformément aux besoins de leurs peuples et à leurs compréhensions de la vie universelle. Il me faudrait pour cela toute une année de causeries.

Mais nous allons, si vous le voulez bien, jeter un regard d'ensemble sur les conceptions hindoues du sacrifice, puis analyser rapidement les principaux éléments du culte antique le plus près du nôtre : le culte israélite. Nous nous rendrons compte ainsi, autant qu'il est possible dans un si court espace, des croyances préalables qu'il suppose et des moyens mis en oeuvre pour faire descendre sur les hommes telle des forces supé-rieures qu'ils ont crue capable de les aider à vivre.



* * *



C'est l'Inde, je crois, qui offre du sacrifice la matière la plus riche; il faudrait des années pour l'épuiser. Je ne me permettrai de dire ici que quelques vues très générales.

Nos orientalistes pensent que la première idée du sacrifice vient
de la découverte du feu. Le feu, Agni, est invoqué à chaque ligne des rituels védiques. Pour l'homme primitif, l'importance du feu pour la conservation de sa vie est telle qu'il prend peu à peu l'habitude d'entourer la naissance et l'entretien du feu des mêmes paroles, des mêmes gestes, qui deviennent par la suite des rites indispensables. Lorsque la science sacrée des relations de l'homme avec l'invisible se constitue, le feu physique devient le signe de plusieurs autres feux plus subtils : le feu élémentaire, le feu éthéré, le feu du firmament, le feu solaire, le feu intellectuel, le feu cosmique; et ces sept sortes de flammes, en se combinant avec les autres formes de la force universelle, engendrent les quarante-neuf flammes d'Agni, la cinquantième, indescriptible et insaisissable, étant identique au Brahman et à l'Atman.

L'un des Brahmanas,
le Çatopatha, enseigne que la Création tout entière n'est qu'un immense et continuel sacrifice, le premier et le dernier, le principe, le modèle et le terme de tous les sacrifices. Car le Seigneur (Pradjapati) y préside comme prêtre, comme victime, comme agent (feu) et comme bénéficiaire ou destinataire. Nous retrouverons une thèse semblable dans la théologie catholique.

Le sacrifice, ajoute le même livre, pour que la vie du monde demeure normale, doit être continu : non point une suite de cérémonies distinctes, mais une
trame sans fin d'holocaustes et d'hommages tendue de toute la surface de la terre sacrée jusqu'à toute la superficie des univers visibles et invisibles qui roulent rythmiquement autour du point originel. Il va partout et tout converge vers lui; il fait descendre les dieux, et monter l'homme aux séjours célestes; il est pour lui la seconde naissance, la troisième étant la libération définitive.

Au regard du Brahmane,
tout est sacrifice : la nourriture qu'on jette aux animaux; l'aumône donnée au mendiant; l'offrande funéraire qui nourrit les mânes et les attire près du foyer familial; le culte rendu aux dieux qui se nourrissent de la fumée du bois, des graines, des parfums; l'ascétisme du Yogi tendu vers l'Absolu.

A leur tour,
les animaux aident l'homme; le pauvre secouru efface des péchés; les ancêtres protègent les fils pieux; les dieux envoient la santé, la chance et la richesse; et Parabrahm délivre son dévot.

Il paraîtrait que, dans les siècles primitifs,
on a sacrifié le bouc, la brebis, la vache, le cheval et même l'homme. C'étaient des complications du rite originel, lequel se contentait de nourrir le feu tutélaire avec du bois et des aspersions de beurre et de soma. Le brahmanisme revêtit d'une force mystérieuse et d'un sens secret les paroles toutes simples dont les assistants accompagnaient la naissance du feu : ce furent les mantrams ou incantations. Mais en même temps se concréta l'idée qui est à la base de la magie : à savoir que la forme matérielle de l'acte religieux commande son effet spirituel et que, par suite, toute erreur, même involontaire, même minime, dans la célébration du rite, entraîne, pour le prêtre comme pour les assistants, des catastrophes inévitables, absolument comme ferait dans la chaufferie d'un paquebot l'erreur machinale d'un mécanicien.

Les mêmes idées générales se retrouvent
dans l'Avesta, dans les hiéroglyphes égyptiens, dans les livres de Moïse. Etudions ces derniers; le plan de cette science mystérieuse y apparaît plus net, plus simple que partout ailleurs, et aussi complet.



* * *



Moise dispose les cérémonies de son culte en deux catégories :
les sacrifices proprement dits et les rites animés par les sacrifices.

Dans la première se trouvent :
l'holocauste, où la victime est immolée tout entière (Olah);
le sacrifice non sanglant (Mincha);
le sacrifice de
communion (Zebach schelamim);
le sacrifice expiatoire pour un péché, ou un délit

Les rites vitalisés par le sacrifice sont :

la consécration du Grand Prêtre;
la consécration de l'autel;
la purification des femmes après l'enfantement;
la réintégration du lépreux;
la préparation de l'eau lustrale;
le rite du bouc émissaire;
le voeu du Nazir;
le sacrifice pour amener la pluie;
le sacrifice de l'agneau pascal;
et d'autres encore, aux fêtes solennelles.


Etudions l'holocauste.

Tout d'abord, il faut noter que la religion juive est essentiellement monothéiste. A l'époque, en effet,
où Moïse la promulgua, bien que les autres religions proposaient aussi un Dieu suprême à l'adoration de leurs dévots, elles peuplaient les mondes et les espaces cosmiques d'une multitude de divinités secondaires à qui incombait la gérance des nombreuses fonctions de la vie universelle, et vers qui montaient les prières des foules plus soucieuses de voir leurs désirs réalisés que d'attendre, dans une stoïque résignation, l'épuisement de leurs destins. Tout, dans l'esprit de nos ancêtres, obéissait à quelque dieu ou à quelque génie : non seulement la fortune terrestre, la fertilité des champs, la santé, les phénomènes météorologiques, la guerre, la paix, mais encore la course des planètes visibles et invisibles, les migrations des ancêtres et les mouvements des fleuves de forces cosmiques. Il était donc nécessaire à la vie religieuse de l'humanité que, sur un coin du globe, une petite peuplade reçût et conservât jalousement le dogme de l'Etre unique, cause première et maître suprême de toute la création. Il fallait que ce peuple maintînt entier ce dépôt de la Révélation primitive; il fallait à ce peuple une imperméabilité, une opiniâtreté, un orgueil de race tels qu'aucune influence étrangère, qu'aucune invasion ne pussent l'entamer. Aussi remarque-t-on chez les Hébreux les défauts de ces vertus, de même que les racines du chêne contiennent à l'état nocif les baumes bienfaisants de ses feuilles et de ses fruits. Telle est la cause de la sévérité de la loi de Moïse et de la dureté de ses commandements. Telle est la raison pour laquelle le Dieu du Sinaï est terrible, jaloux, vindicatif et si peu pitoyable.

On a beaucoup écrit sur le sens du Tétragramme sacré :
Jéhovah. Je crois que sa traduction la plus vraie, c'est : l'Etre existant par lui-même. Il était donc présenté au peuple comme le créateur, le maître tout-puissant, le justicier. Et tout ce qui sur la terre porte le sceau de la force positive, active, inflexible, était son signe et sa représentation.

Ainsi,
dans l'holocauste, la victime : taureau, bouc ou bélier est mâle, et porte des cornes, marque de vitalité. Cette victime est brûlée, consumée dans l'élément actif par excellence, le feu. Le prêtre imposait d'abord les mains sur la tête de l'animal, pour lui communiquer son âme, c'est-à-dire pour que l'âme de la victime monte vers le Très Haut, à la place de celle du prêtre. Lorsque la victime est égorgée sur l'autel, quelques minutes plus tard, dans l'espace second où vibrent les dynamismes occultes, les choses se passent comme si le sacerdote s'était lui-même immolé.
L'autel est rectangulaire, chacun de ses côtés faisant face à un point cardinal. Suivant la science égyptienne,
le nord correspond à l'élément feu,
le sud, à l'élément
terre.
l'est, à l'élément air,
l'ouest, à l'élément
eau.

Aussi la victime était elle immolée
sur le coté nord de l'autel, mais la tête tournée vers l'ouest, symbole de son retour à la substance-mère. Une fois le cadavre écorché, dépecé, lavé dans le réservoir placé à l'ouest, les graisses étaient brûlées à l'est, et la fumée montait dans l'air. La rampe par laquelle on montait sur la plate-forme de l'autel aboutissait au sud; du sol, emblème du monde matériel, le sacrificateur et la victime montaient vers le nord, sur l'autel symbole de ce pôle dynamique où se concentrent les énergies vitales de la planète, sublimisées, pour s'élever vers les mondes supérieurs. L'antique croyance que c'est par le pôle nord que partent de la terre les âmes libérées appuie cette même notion. D'ailleurs, les prêtres égyptiens pensaient, comme Moïse, que la race blanche, toute nouvelle encore à ces époques fabuleuses, et dernière née de la Terre, venait du pôle nord.

Le sang de la victime était
aspergé sur les quatre parois de l'autel. De même que l'eau des nuages, considérée comme le sang de la terre, féconde le sol en l'arrosant, de même le sang, véhicule de toute la vitalité physique de l'animal, dynamisé en outre par la consécration préalable, vitalise les pierres inertes, les sature d'énergie, les change en centre d'attraction pour une multitude de créatures invisibles, et transforme l'autel en une sorte de pôle attractif qui fait descendre du haut du firmament et de la ténèbre des atmosphères occultes les foudres toutes-puissantes de Celui que l'on ne nommait pas. Le sang joue le rôle essentiel.

Quant aux chairs, dans certains cas, on les réduisait en cendres, qui s'amoncelaient sur le côté sud de l'autel. Le sud était considéré comme le lieu bas, le lieu inférieur, où s'accumulaient tous les résidus inertes, toutes les corruptions de la planète; on plaçait là les sombres portes de l'enfer. Le sacrifice qui comportait la combustion totale de la victime était dit sacro-saint, parce qu'en effet rien de vivant ne restait, les sels de la cendre étant des substances mortes; tout ce qui, après la mort de l'animal, possédait encore une vitalité diffuse, s'était répandu dans l'atmosphère seconde, comme la fumée s'élevait dans l'atmosphère physique. Cette consommation complète se pratiquait surtout pour les sacrifices purificatoires : le sacerdote se chargeait des péchés du peuple et devenait ainsi victime; puis il transportait sa qualité de victime sur l'animal, et ce dernier, tué, puis brûlé, emportait en même temps dans les ondes de sa vie physique dématérialisée et dans les remous de son âme libérée, les larves obscures engendrées par les péchés du peuple. Car les prêtres d'Osiris et, à leur suite, les Kabbalistes, croyaient à l'existence d'une âme corporelle, attachée aux os et à la chair, et d'une âme spirituelle, la vitalité proprement dite, attachée au sang.

Lorsque certaines parties du corps de la victime étaient mises à part,
pour la nourriture des prêtres, la graisse et les os étant seuls brûlés, le sacrifice était d'une valeur beaucoup moindre.

Les Israélites pauvres pouvaient offrir un pigeon mâle à la place d'un quadrupède. Parmi les oiseaux, le pigeon était marqué de l'élément feu, donc en correspondance avec l'énergie créatrice universelle.

Sur l'autel des holocaustes, un feu perpétuel devait être entretenu, car, par delà le plus haut des empyrées, fulgure perpétuellement le feu de Jéhovah.

La victime doit brûler toute la nuit. En effet, les courants de forces qui forment la vitalité magnétique de la terre changent de polarisation quatre fois par vingt quatre heures. Il importe que l'émission sacrificielle continue de monter vers le Seigneur par chacune des quatre portes que laissent quelques instants ouvertes les quatre changements de sens quotidiens du magnétisme terrestre.

Quant au sacrifice non sanglant, il se compose de fleur de farine, d'huile et d'encens. Le blé et l'olivier étaient tenus comme les plus purs des végétaux; l'encens servait à écarter certains êtres invisibles trop près de la matière corrompue. On pouvait pétrir et cuire la farine avec l'huile en une sorte de gâteau, à condition de ne pas y ajouter de levain, ni de miel.
Les substances fermentées étaient interdites pour les usages religieux parce que leur assimilation détruit la régularité des courants magnétiques dans le corps humain. Autrefois, en effet, l'homme, pour s'élever vers la divinité, devait partir de l'extérieur et de l'inférieur, pour rentrer dans l'interne et monter vers le supérieur; il devait pour cela purifier jusqu'à la limite ses divers corps : son corps physique d'abord, par une alimentation saine, stricte, et qui ne prenne que le minimum de forces; son corps fluidique, ensuite, par divers procédés : la respiration rythmique dans l'Inde, les purifications rituelles dans les autres contrées; son corps animique, par l'observance morale et ainsi de suite.

Or, dans ces entraînements isolés que sont les cérémonies du culte, la pureté corporelle et la pureté fluidique étaient à obtenir, puisque, pour l'homme du commun, le sacrifice n'était que le moyen de recouvrer sa pureté morale. Voilà pourquoi
le prêtre, qui tient devant Jéhovah la place du pécheur, accomplit un rituel si minutieux.


Revenons à nos gâteaux. S'ils ne devaient être ni levés, ni sucrés, il était prescrit de les saler. Le sel, en effet, représente la fleur de la matière; il arrête effectivement les fermentations organiques, il régularise les échanges et entraîne les impuretés. Ses cristaux symbolisent la sagesse ou, mieux, la sapience, cette quintessence du savoir; c'est pour cela que le Lévitique voit en lui le sceau de l'alliance avec Dieu. Toute
une initiation était bâtie, en Egypte, sur la cristallographie; le Christ nous la rappelle d'ailleurs, Lui qui fut la pierre rejetée et qui, hélas ! l'est encore pour nous.

On pouvait offrir aussi des grains concassés et grillés, un peu d'huile et d'encens; le prêtre en faisait brûler une poignée sur l'autel, et le surplus lui revenait.

Ce sacrifice est, comme l'holocauste, sacro-saint.
Il représente l'offrande au Créateur de ce que le règne végétal produit de plus pur, de même que la victime du sacrifice sanglant pour le règne animal. Celui-ci est le sacrifice du pasteur, celui-là le sacrifice de l'agriculteur. Car les Hébreux furent d'abord un peuple de paysans; ce n'est qu'après leur installation dans la terre promise qu'ils s'adonnèrent réellement au commerce et à l'industrie, comme ce n'est qu'après leur exil qu'ils se mirent à trafiquer, non plus sur les choses elles mêmes, mais sur les signes représentatifs de leur valeur : or, argent et papiers fiduciaires.

Un autre sacrifice sanglant est le sacrifice de communion. On pouvait y présenter des femelles. On le célébrait soit comme sacrifice de louanges, soit comme sacrifice votif, soit comme sacrifice volontaire. Le sacrifice de louanges comportait l'offrande de gâteaux de diverses sortes. Les entrailles, les reins, le foie, la queue, ou plutôt la graisse de ces différentes régions du corps de la victime, étaient brûlées, et les prêtres avec le fidèle se partageaient la chair ainsi que les gâteaux.

Si la chair de la victime touchait quelque chose d'impur, elle ne pouvait être mangée; on la brûlait. La graisse de la poitrine était spécialement offerte à Jéhovah, puis brûlée;
la chair de la poitrine revenait aux prêtres; et le prêtre qui avait offert le sang et la graisse recevait la cuisse droite de l'animal. Au surplus, il y avait défense absolue de manger la graisse ou le sang d'un animal quelconque, sacrifié ou non.

Pour découvrir un sens aux rites du sacrifice de communion, il faut se remémorer quelques-unes
des théories cosmologiques qui avaient cours dans le sacerdoce juif. Et d'abord que l'homme est un petit univers, l'univers un homme immense, et l'Éternel en relations constantes avec son oeuvre par le moyen de hiérarchies angéliques créées par Lui à cet effet. L'Éternel agit, et son acte passe par quatre phases descendantes : l'émanation, la création, la formation et la faction, dont la dernière est cette nature physique. De plus, à travers ces quatre périodes originelles, mais incessamment recommençantes, circulent des états d'existence nommés Séphiroth et qui sont des aspects du rayonnement divin. Ce rayonnement lui-même comporte cinq modalités principes, de la même façon que le Dieu des chrétiens se montre en trois personnes. L'insaisissable Jéhovah se révèle dans l'extase sous soixante-douze visages : les noms divins. Enfin, d'autres hiérarchies d'idées, d'anges, de démons, de gloires et de ténèbres peuplent, au dire des Kabbalistes, l'espace universel; tous ces mondes agissant les uns sur les autres, tous ces êtres se mêlant pour la concorde ou pour la bataille, dans un acheminement immense vers un état d'équilibre où la miséricorde et la justice de l'Éternel, enfin satisfaites, s'arrête-ront, l'une de punir, l'autre d'implorer.

La vie universelle apparaissait donc à l'Israélite pieux comme un innombrable sacrifice, comme une innombrable communion. Le moindre caillou enfoui dans les entrailles de la montagne, le brin d'herbe, l'oiseau ou le léviathan, le plus petit des vaisseaux du corps humain étaient les points d'aboutissement de toute une file immense d'esprits, de génies, d'anges ailés, de roues étincelantes pleines d'yeux et toutes sonnantes d'harmonies ineffables. Le sentiment de cette énorme complexité, maintenu dans de justes proportions par l'intelligence lucide de Moïse, engendra plus tard les minuties décourageantes du Talmud. Et, pour rester dans notre sujet, plus !'objet du sacrifice devient particulier, plus le rite se complique.


La suite et fin

Posté par Adriana Evangelizt

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23 novembre 2005 3 23 /11 /novembre /2005 05:52

Voici un texte qui en dit long sur le fanatisme religieux. A l'heure où l'on entend gloser certaines communautés sur l'Islam et contre lui, il serait bon qu'ils posent un regard lucide sur le judaïsme orthodoxe et ses dérives. Grave. Très grave.

 

ANALYSE PSYCHOLOGIQUE DES RITUELS DU JUDAÏSME

 

"Je crois qu'il faudrait longtemps avant qu'un enfant à qui l'on n'en aurait rien dit commençât à s'inquiéter de Dieu et des choses de l'au-delà".

Sigmund Freud

 Nous abordons sous cette rubrique un des facteurs conditionnant les mieux rôdés du Judaïsme orthodoxe, ce qui fait le juif en particulier dans sa vie de tous les jours et le rattache à son identité religieuse : le Rituel.

Que faut t-il entendre par rituel, en effet, si on analyse la chose comme l’on fait bons nombres de psychologues ou de psychanalystes nous pourrions limiter simplement sa définition à des troubles obsessionnels compulsifs ayant pour objectifs de rassurer la personne ou de canaliser une certaine pulsion inconsciente. Mais à mon sens bien que le rituel comporte bien entendu de telles pathologies psychologiques, il serai incomplet de s’en restreindre à cela. En particulier, dans une religion comme le Judaïsme qui comporte une grande variété de rituels, chacun possédant un rôle bien précis.

Je vais traiter sous cette rubrique des différents rites initiatiques comme la circoncision, la communion ou le mariage, mais principalement sous leurs aspects psychologiques.

La circoncision

Evidemment d'un point de vue psychologique, les rites initiatiques ont des influences majeures sur la vie du juif, ils conditionnent fortement son appartenance au groupe. Si on prend pour commencer le cas de la circoncision, par exemple, ce rituel était déjà pratiqué à l'époque des Egyptiens qui jugeaient l'ablation du prépuce comme un signe esthétique digne descastes les plus élevées. Par la suite, les Hébreux qui descendent des Egyptiens (cette explication concernant l'origine égyptienne des Hébreux sera développée dans la partie "histoire" du site), gardèrent ce rituel mais en modifièrent sa provenance en l'attribuant à Abraham le père fondateur qui aurait pactisé ainsi avec dieu par cette marque de reconnaissance. Lorsque dieu éprouva Abhaham par certains ordress et que celui-ci les eût accomplis, dieu dit : "Je vais faire de toi un guide pour les hommes". Un des ordres donnés à Abraham pour l'éprouver serait la circoncision. Dieu dit à Abraham "... et voici mon alliance qui sera observée entre moi et vous, ton peuple après toi : que tous vos mâles soient circoncis. Vous ferez circoncire la chair de votre prépuce, et ce sera le signe de l'alliance entre moi et vous... Quand ils auront huit jours, tous vos mâles seront circoncis, de génération en génération. ... Mon alliance sera marquée dans votre chair, comme une alliance perpétuelle. L'incirconcis, le mâle dont on aura pas coupé la chair du prépuce, cette vie-là sera retranchée de sa parenté : il a violé mon alliance". Genèse 17/9-4

Pour ma part, un dieu qui exige de ses croyants de se mutiler pour les marquer, par leur sexe, comme on marque du bétail, est un dieu d'une morale douteuse.

Donc, le juif est marqué dès ses premiers jours, (la circoncision se déroulant si le nouveau-né ne présente pas de complication huit jours après la naissance), dans sa chair par l’appartenance à la communauté religieuse. Aujourd’hui, avec l’avancé de la pédopsychiatrie, nous savons que l’acte de la circoncision affecte le cerveau de l’enfant et provoque certains traumatismes violents. Une atteinte à son sexe peut provoquer certains troubles inconscients du comportement sexuel par la suite. Les autorités religieuses prétendent que la circoncision est entre autre un acte religieux hautement symbolique mais aussi une action importante sur l’hygiène sexuelle de l’enfant car elle est censée éviter la masturbation, et le comble, prévenir du cancer. Voici un immanquable manque de connaissance scientifique sur l’anatomie humaine, propre à l’époque obscure qui érigea ces pratiques. Le prépuce sert pour l'enfant de préservatif empêchant le gland de baigner en permanence dans l’urine et le protégeant des irritations et des inflammations aux contacts avec des vêtements, langes, couches. La circoncision à la naissance est presque toujours responsable du rétrécissement inflammatoire du méat urétral (conduis urinaire). Cette protection du gland et de la verge se prolonge dans les actes érotiques, d'où l'intérêt du prépuce dans la vie affective pendant l'enfance, l'adolescence et à l'âge adulte sur ce plan. Il n'y aucune raison [médicale] de priver systématiquement les nouveau-nés d'une partie intégrante de l’anatomie humaine normale. Même pour les prépuces malades, les chirurgiens déconseillent la circoncision et lui préfèrent des interventions chirurgicales simples sauvegardant le prépuce.

Ce qui se passe aussi autour de l’enfant pendant la circoncision (mila en hébreux) est propre à marquer l’inconscient du petit garçon. Les adultes glorifient la douleur de l’enfant par des prières, des champs de joies, ainsi, l’enfant se retrouve confronté à des personnes qui l’espace d’un instant aiment à le voir souffrir. Une des phases de la circoncision qui est maintenant de moins en moins pratiquée est celle où un rabbin ou un proche est autorisé à venir sucer le pénis de l’enfant pour y boire le sang censé être un élixir divin pour celui qui le boit. Tout cela n’aide pas l’enfant à ce sentir bien dans sa peau et dans sa vie sexuelle par la suite, disons que c’est une première des phases castratrices.

 2 - LA COUPE DE CHEVEUX

Après sa circoncision viendra une phase d’apprentissage progressive de l’appartenance religieuse du petit juif. Dans la tradition juive l’enfant doit laissait pousser ses cheveux jusqu’à l’âge de trois ans, c’est un héritage antique de l’époque de Samson (shimchone) qui faisait partie d’une caste de saints hommes (les nasires) s’engageant à ne pas boire de vin et à ne pas se couper les cheveux en signes de dévotion envers dieu. L’enfant laisse pousser ses cheveux jusqu’à l’âge de trois ans, puis lors d’une cérémonie religieuse on lui coupe des mèches de cheveux que l’on offre aux proches. Là encore l’enfant se sent dépouillé de ce qui lui appartient, et il se retrouve à nouveau en face d’adultes qui apprécient qu’on lui prenne une partie de son être. Ensuite, une phase que j’ai constaté uniquement au sein des sectes Loubavitchs consiste à faire lire l’alphabet hébreu à l’enfant, et à chaque bonne réponse de sa part concernant la lecture d’une lettre on lui donne une cuillère de miel, en lui disant que la Torah est douce comme le miel. Voilà, des expériences qui auraient plus à Pavlov, mais dans notre cas précis elle implique un enfant innocent de trois ans que l’on conditionne à percevoir l’idéologie religieuse d’adulte égocentrique comme bonne et douce pour son apprentissage de la vie. Cette phase est très marquante pour l’enfant, toute sa vie s’il ne lutte pas contre, des volitions inconscientes lui rappelleront que toutes douceurs doivent être associées à la Torah, voilà certes une prison dorée, mais une prison malgré tout.

Bien sûr ensuite on offre des cadeaux à l’enfant, bien sûr on déguise la médiocrité de l’adulte par des sourires empreint de gratitudes envers l’enfant qui s’est docilement plié aux exigences parentales. Mais le traumatisme est bien là, et la dépendance affective commence à prendre sournoisement racine dans l’esprit du petit enfant qui n’avait toujours rien demandé.

3 - L'EDUCATION RELIGIEUSE

Après la coupe de cheveux désignée comme une phase entre la petite enfance et l’enfance, le garçon juif va entreprendre une étude plus progressive de la religion de ses pères. Après l’apprentissage du Alèph Béth (alphabet hébreu), il va commencer à être bercé par les contes mythologiques de la bible. Afin de préparer son cerveau à un certain conditionnement plus intense qui viendra par la suite. De trois ans à environ six ans pour la plupart des enfants, on enseignera à l’enfant le judaïsme dans sa version la plus douce, en voilant volontairement les passages bibliques qui pourraient heurter sa sensibilité. Il commencera par le biais de jeux éducatifs à apprendre des rudiments de lois hébraïques, comme le respect du Shabbat ou la prière pour se laver les mains. Tout cela dans une ambiance plaisante et doucereuse qui place déjà dans l’esprit de l’enfant un certain conditionnement affectif dont il aura du mal à se défaire plus tard, car lié à une période de sa vie qui est une des plus tendre.

Vers l’âge de six ans, à son entrée au cour primaire il va commencer à apprendre à écrire l’hébreu et à le lire. C’est là que l’on commencera à lui enseigner les textes bibliques d’une manière différente de celle qu’il connut étant plus jeune. L’enfant devra commencer à apprendre les prières et à les réciter autant de fois qu’il faudra pour qu’il les assimile. Il apprendra une partie des bénédictions à réaliser sur la nourriture et commencera à découvrir un monde d’interdits et d’obligations envers dieu, la communauté et la famille. On tâchera de bien lui enseigner en particulier les bienfaits de dieu envers lui, on insinuera certaines prémices culpabilisatrices nécessaires à son attachement envers dieu, la religion et sa famille. En commençant par la prière qui est enseignée comme un devoir envers dieu qui donne la vie à l'enfant, qui lui offre ses faveurs et qui en échange exige d’être remercié.

Il devra mettre tous les jours sa Kippa sur la tête, même parfois pour dormir, ainsi que les Tsitsit Katane qui le prépare psychologiquement déjà à avoir sur son corps la présence divine. Dans certaines traditions juives, en particulier du nord de l'Europe (les Askénazes) les enfants doivent laisser pousser les pâtes de cheveux, les Paillotes, en signe de reconnaissance à l'ordre qu'avait donné Moise à son peuple de ne pas couper cette partie de cheveux.

Les classes vont se succéder ensuite, à chaque étapes précédent la majorité religieuse (13 ans), on va apprendre à l’enfant des lois toujours plus complexes, des récits bibliques de plus en plus violents. Afin de le sortir de l’enfance pour le faire grandir plus vite en lui mettant de plus en plus de pression culpabilisatrice qui le retiendront prisonnier de son appartenance à la religion, à dieu et à la communauté. Il va apprendre les interdits et les obligations du juif de manière de plus en plus profonde, jusqu’à le façonner émotionnellement et affectivement, en faire un clone dépersonnalisé qui exécutera docilement les injonctions religieuses et l’autorité dogmatique des prêtres. Lorsqu’il abordera les Dinimes (c’est à dire les lois juives), il sera plus amplement conditionné par les récits violents d’une époque barbares où les sanctions étaient sanglantes envers ceux qui se détournés de la lois divine. Bien entendu au masquera toujours cela par des sourires et des voix mielleuses, mais le fond est bien transmis et le conditionnement établi.

4 - LES COMMUNIONS

Arrivé à l’âge de 12 ans, l’enfant juif commence à préparer sa communion (Bar-Mitsva) qui sera son passage à la majorité et la responsabilité religieuse de ses actes. Le rite de passage oblige l’enfant à apprendre par cœur la lecture d’une partie de la bible, relative à sa date d’anniversaire hébraïque. Pendant un an environ, l’enfant va devoir s’entraîner à réciter avec un air spécifique à sa tradition une grande partie de la Paracha (chapitre biblique d’un des livres du Pentateuque) de sa naissance. Puis pendant une cérémonie religieuse initiatique, l’enfant entouré de ses parents, amis et autorité religieuse devra récité sa Paracha à haute voix et dans un cadre bien précis. Tout d’abord on va lui demander quelques temps avant de mettre quotidiennement pendant la prière du matin un Tallith (châle de prière) et les Téfillines (boîtier contenant l’ancien testament que l’enfant place sur la tête et sur le bras droit, accroché par des lanières de cuirs). Les Téfillines sont à mon sens un des objets de conditionnements religieux des plus puissant du Judaïsme. L’enfant porte symboliquement sur son front et sur son bras (c.f schéma) toute la Torah sacrée censée avoir été transmise par dieu lui-même aux Béné Israel (les fils d’Israël) par l'intermédiaire de Moise (Moché). La pression est importante pour le jeune enfant, lors de la mise des Téfillines, car des années avant sa majorité religieuse, les rabbins et autres enseignants religieux ont peu à peu façonné tout un imaginaire de crainte et de respect autoritaire autour des Téfillines. Les Téfillines ne doivent pas être posés par terre, doivent être embrassés avant et après la prière puis rangés dans leurs boîtiers protecteurs. Tout un cérémonial accompagne cet acte religieux,obligeant ainsi l'enfant à se conformer à la règle prescrite par la peur respectueuse émanant de l'imaginaire religieux.  

La communion des garçon se déroule en deux étapes principales : la première est la lecture de la Torah, elle se déroule suivant le calendrier hébraïque. Pendant cette cérémonie, l’enfant participe comme les adultes à la prière, met le Tallith et les Téfillines et doit se mettre dans une configuration psychologique propre à la réception d’un grand hommage que dieu lui octroi.

L’enfant lit les différents verset de la bible, est fait monter près de lui par ordre, un Cohen (pontife du royaume hébreu d’antan), un Lévi (assistant du Cohen), puis un membre de sa famille (en général le père) et ainsi de suite...

Après la lecture de la Torah l’enfant est considéré comme un adulte aux yeux de la loi juive et est totalement responsable de ses actes religieux.

Quelques jours plus tard, il est organisé une soirée en son honneur, ou l’enfant reçoit des cadeaux des proches et autres bénédictions des rabbins.

Chez la fille, la communion se fait vers l’âge de 12 ans, c’est la Bat mitsva, elle est bien moins d’importance aux yeux de la famille et de la communauté que la Bar mitsva du garçon. On organise une cérémonie religieuse ou la fille doit réciter les Shéva bérarote, c’est à dire « les vœux » qu’elle s’engage à accomplir afin de devenir une bonne femme juive.

5 - LE MARIAGE

Après sa Bar-mitsva, dans les familles religieuses, l’enfant est envoyé en Yéshiva (école talmudique), afin de lui apprendre la Torah, et aussi en partie afin de le détourner du monde qui est censé être mauvais car dépourvu de la sainte Torah. Pour qu’il ne tombe pas dans les affres de l’adolescence, pour canaliser en partie ses pulsions sexuelles il est envoyé dans une Yéshiva réservée exclusivement aux hommes. Il y passera la plus grande partie de son temps à étudier la Torah et aussi le Rhol (l’étude profane des matières classiques comme les maths, le français, etc.). Les enfants sont donc envoyés en Yéshiva afin d’être dirigés dans le sens de l’étude de la Torah, une éducation dirigiste et autoritariste leurs est enseignée. Dans l’objectif de les formater au moule religieux et brimer leurs instincts sexuels, qu’ils refoulent violemment la plupart du temps et cause des troubles comportementaux. Cette éducation est totalement liberticide, il faut le voir pour le croire, c’est terrible ce que l’on fait subir aux enfants, le poids psychologiques qu’on leurs imposes est odieux. Ils se lèvent très tôt pour la prière du matin, ensuite ils prennent rapidement leurs petit déjeuner, puis ils enchaînent sur une étude ou un cours de Torah, ils mangent à midi sans tarder et replongent dans la Torah, puis des cours de Rhol et l’après-midi la prière, le soir la prière, plus les prières sur la nourriture, sur le lavage des mains, avant de se coucher etc. Toute leur vie est dirigées de A à Z, ils ne doivent pas en sortir, ils doivent se plier aux règles sans rétorquer sinon ils sont exclus. Ils sont conditionnés à être enchaînés à leur religion pour vivre, on cultive cette terrible dépendance, les rendants esclaves soumis. On leurs dit que c’est pour leurs biens, que sans la Torah ils seraient perdu et incapable de s’en sortir dans la vie. On ajoute de nombreuses couches d’ethnocentrisme, en valorisant à outrance la mission importante du peuple élu sur terre.

Lorsque l’enfant arrive vers l’âge de 18 ou 20 ans, afin de ne pas le faire sortir du vase clos religieux. Un rabbin le présente à une femme, et lui dit qu’il serait une grande chose pour la communauté qu’il la prenne pour épouse. Donc, sans avoir connu d’autres expériences amoureuses, sans connaissance de la vie de couple on lui impose une femme, mais on préfère lui dire comment se comporter avec elle, régler soigneusement sa relation, même sexuelle plutôt que de laisser faire son expérience lui même et de le responsabiliser. Une fois que le rabbin a désigné la femme et l’homme, ils doivent rapidement se fiancer, puis ne pas attendre plus de 6 mois/1 an avant de se marier, afin d’éviter les tensions sexuelles qui pourraient amener le couple à une certaine tendresse plus charnelle, la relation sexuelle étant strictement interdite avant le mariage bien sûr.

La cérémonie du mariage est comme toutes les cérémonies religieuses, très ritualisées, les femmes préparent la mariée (Kala) et les hommes préparent le marié (Rhatane). Devant les rabbins le marié opère un rituel de bénédiction sur une coupe de vin pour sceller l’union devant dieu. Puis, le rabbin les unis un peu de la même façon que pour les Chrétiens, le folklore juif en plus. Puis, après la récitation des voeux de chacuns des époux, le mari brise sous son pied un verre, qui est censé symboliser la destruction du temple de Jérusalem.

Ensuite seulement, le couple peu emménager librement et surtout rapidement songer à avoir des enfants, c’est une obligation divine très importante, avoir une descendance la plus grande possible pour étendre les membres du peuple. En moyenne dans les familles religieuses on compte six enfants, les males étant bien entendu privilégiés. Le grand problème des préceptes religieux sur le devoir d'une grande descendance, et qu'il fut là encore rédigé à une époque où la mortalité infantile était très fréquente. C'est pour cette raison que les écrits anciens imposèrent un grand nombre d'enfant, pour multiplier les chances de perduration de la lignée. La vie de famille va s’organiser autour des conditionnements religieux des époux et reproduire le schéma que les autorités religieuses leur ont inculquées. Dès qu’un problème va surgir au sein de leurs couples, problème de n’importe quel ordre ils vont en tenir compte à leurs rabbins qui leurs fixera l’attitude à suivre en fonction des préceptes religieux. Le couple prolonge une dépendance envers ses choix, et se refuse de faire l’expérience par lui-même. Premièrement parce qu'on leur a appris que seule la Torah était une source de vie pour eux et que les autorités religieuse étaient garante du sacré sur terre. Deuxièmement par une peur irrépressible de l’inconnu, du monde extérieur de ce qui n’est pas juif. Le monde extérieur est vu comme hostile est remplis de pièges obscurs pour les juifs orthodoxes. Tout cela remonte bien loin dans un conditionnement qui remonte à l’enfance et qui commença par « Tu craindras tes parents comme tu crains ton dieu », tout est là…

La peur qui est un phénomène instinctif propre à l’humain est exacerbée dans le Judaisme orthodoxe, tout ce qui n’est pas juif est dangereux et impur. C’est un drame humain, la peur de l’autre est la source de nos conflits, en cultivant la différence comme le fait le Judaïsme il entraîne ce peuple dans une spirale d’intolérance toujours plus marquée où j’ai vu la haine apparaître trop souvent, masquée par des paroles que l’on jugea sacrées. Il est urgent de comprendre ce phénomène religieux juif et de permettre à ceux qui en sont prisonniers de s’éveiller à autre chose, pour ne pas qu’ils deviennent de simples robots répétant inlassablement sans comprendre, mais des hommes et des femmes libres et pleins de vie qui contribueront à l’avènement d’une société plus humaine

Sources : CRITIQUE JUDAÏSME Un site excellent que nous recommandons de lire de A à Z...

Posté par Adriana Evangelizt

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15 novembre 2005 2 15 /11 /novembre /2005 00:00

LES REALITES BIBLIQUES CONTROVERSEES

"Dieu est une solution qui multiplie les problèmes en feignant de les résoudre".

Robert Sabatier

 

L'ancien testament présente le royaume des hébreux comme un royaume souverrain unis en un seule peuple, réunis dans une seule capitale et sous la protéction d'un seul dieu, Yahvé. D'après les récentes découvertes de deux chercheurs Israéliens (Israel Finkelstein et Neil Asher Silberman) tous ceci n'est qu'une histoire racontée dans le but de servir les ambitions territoriales et religieuses du royaume de Juda du VIIe siècle.

Depuis des décennies de recherche scientifique rien ne prouve les faits mentionnés dans l'ancien testament, et rien atteste la véracité des faits biblique concernant particulièrement l'eslavage et la sortie d'Egypte et la conquête de la terre sainte. On peut donc considéré la bible comme une oeuvre politico-religieuse stratégique concernant le prise de pouvoir de tout un peuple. C'est après la réunification du royaume de Juda du sud et d'Israel du nord que le roi Josias, roi de Juda de 640 à 609 avant J.-C. va impulser la compilation des textes bibliques des deux royaumes dans le but d'unifier un seul peuple autour d'un roi, avec une seule capitale, Jerusalem. Ainsi cette compilation des textes devint l'élément fédérateur de tout un peuple pratiquant une religion à un seul dieu, symbolisant cette réunification.

Dans leurs livres les chercheurs relisent de manière critique l'ancien testament en partant des récits des Rois, des Prophètes et du Deutéronome jusqu'aux textes les plus anciens, portant le plus à confusion concernant leurs véracités. Et établissent la cohérence entre le Deutéronome et les premiers Livres du Pentateuque (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome), récits que les siècles ont transportés depuis la famille fondatrice d'Abraham jusqu'à la nation juive et à l'époque des Rois. Récits légendaires, amplifiés, enjolivés pour servir le projet du roi Josias de réconcilier les deux royaumes israélites et de s'imposer face aux grands empires régionaux, l'Assyrie, l'Egypte, la Mésopotamie.

Les chercheurs montrent aussi qu'aucunes preuves archéologiques ne permet d'avancer la réalité des noms des personnages bibliques et de lieux cités. Pas plus que le récit des pères ne s'avèrent exacte, il est plus logique de l'assimiler à une forme de légende juif nécessaire à créant un arrière plan mythique solide à la pensée religieuse. Tous ceci apparait comme un assemblage de plusieurs légendes empruntés aux peuples de la région, associé à divers coutumes, où se sont ajouter les préocupations militaires des chefs des armées. Le récit de la sortie d'Egypte est tout aussi fictif. Compte tenu du rapport des forces à l'époque présumée de l'événement vers 1300 an av. J-C : "il est impossible d'imaginer la fuite hors d'Egypte de 600 000 esclaves hébreux qui auraient franchi des frontières alors puissamment gardées, et traversé le désert jusqu'à Canaan malgré la présence des troupes égyptiennes. Toutes les explorations archéologiques le prouvent, y compris dans la région la plus proche du mont Sinaï, lieu supposé de la révélation de Dieu à Moïse et des Dix Commandements." citent les chercheurs.

Ils ajoutent que des lieux bibliques de grandes importanceses comme Beersheba et Edom n'existaient pas à l'époque de l'Exode, et surtout qu'aucun roi ne se trouvait à Edom pour affronter les Israélites. Les auteurs concluent brillament : "Les sites mentionnés dans l'Exode ont bien existé. Certains étaient connus et furent apparemment occupés, mais bien après le temps présumé de l'Exode, bien après l'émergence du royaume de Juda, quand les textes du récit biblique furent composés pour la première fois."


En conclusion l'ancien testament apparait simplement comme un livre de propagande militaire dans le but de renforcer l'unité nationale du peuple juif afin de faire face aux menaces des empires voisins. Un Israël fort et unifié autour de son Dieu unique et de sa capitale unique, Jérusalem, alors en pleine expansion démographique et économique. L'épopée biblique sert la vision militaro-religieuse du roi de Juda, elle attise la haine des autres nations par le concept d'élection divine afin de façonner un peuple enragé et vaillant au combat. Ainsi les récits des souffrances des juifs en égyptes justifient leurs haines viscérales contre ce royaume, et ensuite de nombreuses histoires mettent en avant la laideur et l'impureté des nations voisines afin de valoriser la pseudo-pureté dont les Hébreux s'autoproclamaient.


-A lire absolument pour se faire un avis : La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l'archéologie, d'Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman. Traduit de l'anglais par Patrice Ghirardi. Bayard Editions, 432 p., 24 € .

Sources : EXAMEN CRITIQUE DU JUDAÏSME

Posté par Adriana Evangelizt

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15 novembre 2005 2 15 /11 /novembre /2005 00:00

Voilà un texte intéressant quand on sait ce qui se passe en Palestine depuis plus d'un demi-siècle. Les Initiés savent bien sûr qui était Moïse mais il est bon aussi que le commun du mortel entre en possession de certaines lumières de ce côté-là. Nous ne pouvons pas décemment faire changer le monde en maintenant la vérité sous le boisseau. Plus il y aura de gens à savoir et mieux ce sera. Car il faut bien savoir que ce ne sont pas ceux qui nous gouvernent qui changeront le monde mais bien l'humanité...

 

LES HEBREUX ETAIENT-ILS DES COLONS EGYPTIENS ?

Une interview de Roger Sabbah, co-auteur de l'ouvrage "Les secrets de l'Exode"
Paris, 2000, Ed. Jean-Cyrille Godefroy, 8, rue Mandar, 75002 Paris

Tous droits réservés par l'IREP

Poursuivant la piste ouverte par le dernier ouvrage de Sigmund Freud (1) et répondant à l'invitation de Champollion à chercher dans la Bible l'histoire de l'Egypte ancienne (2), Messod et Roger Sabbah ont fait la synthèse des recherches sur le sujet et établi l'origine égyptienne non seulement de Moïse, mais de tous les acteurs de l'Exode (3). Bien des énigmes bibliques et historiques sont résolues par ce travail qui en dépit du silence dont on l'entoure encore est appelé à faire date dans l'épistémologie moderne.

----- La Judée fut fondée par les yahouds, prêtres monothéistes (ou monolâtres) chassés d'Egypte, et non pas enfuis (4), après la mort d'Akhenaton (Aménophis IV), la destitution du dieu unique qu'il avait imposé (Aton, derrière le disque solaire) et la restauraion du polythéisme d'Amon. La "tourbe nombreuse" (5) qui accompagne dans l'exode les prêtres yahouds est appelée dans la Bible "fils d'ISRAEL" qui d'après les frères Sabbah signifie en égyptien "fils de Aï, fils de Râ" et s'appliquerait indifféremment à tous les enfants d'Egypte (6). L'exode rejoint ainsi un phénomène maintes fois rencontré dans l'histoire connue, celui de la colonisation de contrées nouvelles par des populations déportées pour quelque raison que ce soit. La colonisation en question est celle de Canaan, c'est-à-dire des marches du Nord de l'empire égyptien, au contact des menaces extérieures. Enfin, la distinction entre les yahouds et la "tourbe nombreuse" explique que cette dernière ait été reléguée le plus au Nord (Israël) et se soit par la suite révoltée contre la Yahouda (la Judée) (7). Richard Elliott Friedman y ajoute l'hypothèse qu'entre temps Salomon aurait chassé les yahouds eux-mêmes vers Israël (8).

----- La transposition par les scribes hébraïques d'un passé égyptien dans un contexte mésopotamien s'explique, selon les frères Sabbah, par le souci de conserver pour les initiés la mémoire de cette histoire, tout en cherchant, dans un but de sécurité, à complaire au maître babylonien pour qui l'Egypte est l'ennemi héréditaire.

Un certain nombre de mystères et de contradictions néanmoins demeurent. Ils ont fait l'objet de l'interview qui suit

irép - Pour commencer, voudriez-vous éclaircir le mystère du changement de nom d'Abram en Abraham ?

Roger Sabbah - Dieu dit à Abram : "tu vas changer de nom, tu vas devenir Abraham". Il y a un Hé de différence, ce n'est pas grand-chose, mais c'est très grave. Changer le nom, cela signifie renier le nom que nous a donné notre père. Le seul qui en Egypte ait touché au nom du père, c'est Akhenaton. Le seul qui dans la Bible touche au nom du père, c'est Abraham. Il y a donc là une hérésie commune, entre Abraham et Akhenaton. Abraham se décompose en Ab, Râ, H'Amon, mais la Bible prend soin de nous parler de Ab et de H'Amon, mais ne parle pas de Ra, parce que Ra veut dire le mal en hébreu, mais c'est aussi le nom du Dieu d'Egypte. Donc la Bible occulte volontairement l'Egypte. Elle dit Ab H'Amon et elle prononce phonétiquement le nom d'Amon qui a une signification globale générale qui veut dire "humanité". Parce que "tu es le père de l'humanité". Lorsque nous disons "humanité", "man", "woman", etc. nous perpétuons la phonétique égyptienne d'Amon, le dieu des dieux, le père de l'humanité. Ne sommes-nous pas en présence d'une égyptologie sémantique qui nous ramène vers les dieux de l'Egypte, d'une manière très subtile en passant par cette décomposition des mots ?

Autre exemple. La Bible nous parle de Potifar, mais ensuite, il s'appelle Poti-Féra. Et Féra, en égyptien, cela veut dire "pharaon". C'est un "prince d'Egypte" qui a tous les attributs d'Akhenaton.

Autre recoupement : Joseph, c'est YoSeph, et Seph veut dire "roseau", et Yod c'est le roseau. On retrouve le double Yod, du nom de Aïe. Aï et Joseph ont tous deux été décorés par Pharaon, l'un a une fille qui s'appelle Ankhensen-Aton, l'autre Asnath. Quand on lit le hiéroglyphe d'Ankhensen-Aton, et qu'on lit le Ankh comme un aleph, phonétiquement, on lit "Asnath". Devant ces exemples, on se dit : n' y a-t-il pas d'autres recoupements à faire dans la bible, pour retrouver des racines hiéroglyphiques ?

Si on donne à Abraham une chance d'être égyptien, alors on comprend mieux pourquoi Abraham a épousé Sarah qui est devenue reine d'Egypte que pharaon lui a rendue avec excuses et de nombreux présents comme si c'était quelqu'un de sa famille. Parce que s'il avait été un étranger, Pharaon ne lui aurait pas rendu la femme magnifique qu'était Sarah. Maintenant Abraham épouse Agar qui est la fille de Pharaon. Pharaon lui donne sa fille. Qui est ce pharaon ? Qui est cet Abraham ? On est interpellé par la Bible elle-même qui nous dit qu'Abraham est mésopotamien mais nous donne des indices pour découvrir qu'il est peut-être égyptien. On sait que dans la loi sacrée de l'Egypte, et Amenophis III le dit lui-même dans une lettre d'Amarna, il est interdit aux princesses égyptiennes de quitter l'Egypte et il ne veut pas donner même une égyptienne simple au roi Khadashman-Enlil de Babylone. Or si le roi de Babylone avait connu Abraham, il aurait pu objecter, depuis qu'il négociait avec Amenophis III, qu'il y avait un précédent. Avec ce document, on se trouve en présence d'un roi de Babylone et d'un pharaon qui sont tous deux dans l'ignorance de l'existence d'un personnage qui se serait appelé Abraham et qui aurait très facilement emmené en Canaan une reine et une princesse d'Egypte. Si ces souverains ne connaissent pas Abraham, on est amené à penser que la Bible nous donne des indices pour chercher en Egypte les origines d'Abraham. Et là, on est amené à décomposer le nom d'Abraham en Ab Ra H'Amon. Ab, c'est mésopotamien, mais cela veut dire le père. Ra on le prend tel qu'il est, le nom de Dieu, parce que cela ne peut pas vouloir dire le "mal" dans le nom d'Abraham. On revient à H'amon, l'humanité. Donc "tu es Ra, le père de l'Humanité", titre que se donnait Akhenaton. H'Amon Ra, "père de l'humanité", est inclus dans le nom d'Abraham.

Dans mon prochain ouvrage, je vais m'attaquer au Zohar, à la kabbale. Je me suis arrêté sur un texte de la kabbale, du premier tome du Zohar, commentaire de la Bible transmis par des rabbins. Il concerne le passage où la Bible nous dit qu'Abraham a brisé les idoles de son père. Or c'est ce qu'a fait également Akhenaton. Mais quelles étaient ces idoles ? Ce texte dit : "Abraham adorait le soleil à l'horizon doré. Il a vu le soleil se lever, il a suivi la course du soleil, il a vu le soleil se coucher. Ensuite, Abraham a vu la lune se lever, il s'est mis à adorer la lune. Et la lune s'est couchée. Puis le soleil s'est levé de nouveau et Abraham a dit "assurément, le dieu est caché derrière le soleil".

Donc le Midrash nous enseigne en même temps la religion d'Amon et la religion d'Aton. La religion d'Amon c'était l'adoration du soleil et de la lune, les dieux multiples, et ensuite Abraham réfléchit et dit Adonaï, Aton, est caché derrière le soleil. On sait qu'Amon était déjà un dieu caché, puisque Amon signifie caché, mais Abraham va beaucoup plus loin, il va vers le secret solaire de la divinité. J'ai donc découvert là qu'il y a une relation entre Abraham, Adonaï et le soleil. Certains passages du Zohar ne se retrouvent d'ailleurs que dans les textes des pyramides.

La Bible nous donne une explication du nom d'Abraham et nous donne le nom caché d'Amon, caché derrière le nom d'Abraham, avec la même signification. Tu émanes de Dieu, parce que le nom d'Abraham a été donné par Dieu, comme le nom des pharaons était donné par Ra. Ramses, c'est l'enfant de Ra. Chaque nom dans la Bible et dans l'Egypte ancienne possède une explication sémantique et une symbolique profonde.

irép - Mais c'est Abram, nom babylonien qui d'après Edouard Dhorme signifie "le père est très haut", qui devient Abraham, et non pas l'inverse, ce qui semble en contradiction avec la chronologie historique du passage de la culture égyptienne à la culture babylonienne.

R. S. - Le Midrash parle d'un couronnement d'Abraham. Loin de dire qu'Abraham était un simple nomade, il en fait un personnage important. C'est le roi des rois. Et la kabbale, n'en parlons pas, elle le couvre d'attributs royaux. Alors, ou bien Abraham est un nomade qui n'a donc aucun droit à évoluer dans la noblesse, ni mésopotamienne, ni égyptienne, ou bien c'est un grand roi, un roi caché derrière des informations mésopotamiennes qui sont invérifiables historiquement. Mais on a donné des informations égyptiennes qui elles sont vérifiables. Et c'est également valable pour Moïse et Aaron. Et l'on s'aperçoit que les noms Harran, Nachor, etc. qui correspondent à des références mésopotamiennes cachent en fait non pas une historicité mésopotamienne mais une historicité égyptienne. Maintenant, pourquoi l'égyptianité d'Abraham est-elle cachée, parce qu'à l'époque l'information appartenait à une caste minimale d'initiés. Déjà, dans l'Egypte ancienne, le clergé représentait trois ou quatre pour mille par rapport à la population. Cela veut dire que l'information et la connaissance suprêmes appartenaient à une caste. Les membres de cette caste qui s'appelaient "les yahouds" ont été déportés depuis Assarhadon, Assurbanipal, Nabuchodonosor et j'en passe. Tous ces rois assyro-babyloniens qui ont voulu être considérés comme des rois dieux, et se sont approprié les beautés de la civilisation égyptienne. Et l'on sait qu'en Babylonie sont apparus énormément de symboles égyptiens, à partir de la conquête de l'Egypte : des obélisques, des anges ailés ; parce qu'il y a eu déportation de milliers de prêtres, donc d'une intelligentsia égyptienne. Cette intelligentsia qui possédait une culture et un passé prestigieux se trouva devant un immense problème : celui de renier ses origines. Cette intelligentsia va créer des monuments et des textes babyloniens, mais en y introduisant leur culture, et ils vont par ailleurs conserver, et non pas adopter, une écriture qui est d'origine hiéroglyphique ainsi que nous l'avons démontré.

irép - Mais le dernier rédacteur et metteur en forme de la Bible vit dans une Jérusalem libérée de Babylone et à qui Cyrus reconnaît expressément la liberté de culte. Quelle est donc alors l'origine de la nécessité du camouflage ?

R. S. - Il y a certainement eu un profond traumatisme avec Nabuchodonosor, et une volonté féroce de se soumettre à la culture babylonienne. La Bible dit "obéissez à Nabuchodonosor et vous aurez la vie sauve". Et cela dure un demi-siècle. Il y a certainement eu de la part de cette intelligentsia, qui ne voulait pas mourir et ne voulait pas perdre son passé, une volonté de se soumettre et de s'adapter. Pendant ce demi-siècle il y eu perte des valeurs égyptiennes et également une volonté de réadapter la culture babylonienne à sa culture. C'est ce mélange qui a donné le judaïsme. C'est un mélange. L'humanité s'est toujours mélangée, mais elle s'est trouvée en même temps confrontée à des empires qui se considéraient chacun comme élus des dieux. On passait d'un peuple élu à un autre peuple élu.

irép - Il reste à expliquer la référence à Ur, qui n'est pas une localité quelconque mais la capitale culturelle de Sumer, d'abord, puis de la Mésopotamie avant Babylone, et à Harran qui est une succursale religieuse d'Ur.

R. S. - On a affaire à des gens qui ont intégré une culture symbolique mésopotamienne. Le problème c'est qu'on n'en trouve aucune trace matérielle. On se demande si les scribes n'ont pas essayé de faire des jeux de mots pour nous donner des informations égyptiennes. Alors là, j'ai recours au talmud, au midrash, à la kabbale, au Zohar, à tous ces commentaires bibliques transportés par les rabbins et dont l'origine est une transmission orale. On a placé Abraham à Ur, ville éloignée, pour qu'on n'aille pas vérifier. Cette symbolique a-t-elle été mal lue et mal comprise ? Par exemple Fabre d'Olivet fait remarquer que le buisson ardent est en réalité le soleil. Ur Khasdim, cela veut dire montagne sacrée, et cela veut dire également "or lumière" et on y trouve la racine Sodome. Alors on se demande : est-ce qu'on a voulu nous cacher qu'Abraham était le roi d'une ville qui s'appelle Sodome ? Parce qu'il a défendu Sodome contre vents et marées, il a demandé à Dieu de ne pas la détruire. Et là j'ai recours au Zohar qui dit non seulement que le fief d'Abraham c'était Sodome, mais que Sodome est "comme un jardin d'Adonaï en Egypte".

On a utilisé une légende mésopotamienne et intégré des symboles égyptiens dans cette légende.

Abraham vient d'Ur Khasdim, il va en Canaan, il y a une famine, et Abraham va alors en Egypte. Là se trouve intégrée une vision de l'Egypte et de Pharaon, celui qui donne l'abondance. Quand le monde a faim, c'est Pharaon qui donne l'abondance. Et Abraham est prêt à donner sa femme à Pharaon en échange de cette abondance. Là se trouve une symbolique que l'on n'a pas encore suffisamment approfondie.

irép - Que pensez-vous de l'hypothèse de Freud, selon laquelle il y aurait eu deux Moïse, l'un venant d'Egypte et porteur d'un message messianique, et l'autre déjà sur place et adorant le volcan ?

R. S. - C'est tout à fait génial de la part de Freud pour son époque d'avoir découvert les deux personnalités de Moïse. Le premier Moïse, c'est le prince d'Egypte qui veut aider le peuple, tandis que le deuxième Moïse, plus sanguinaire, va punir le peuple. L'explication, c'est que le premier Moïse va se transformer en monstre, parce qu'il va vouloir se venger, parce qu'on lui a pris quelque chose qu'il voulait avoir. Qu'est-ce qu'on a bien pu prendre à Moïse pour qu'il se mette en colère et qu'il change de personnalité ? Voilà ma thèse : on lui a pris la royauté pharaonique. Et c'est l'histoire du veau d'or.

Je peux le démontrer en expliquant simplement ce qu'est le veau d'or, non comme symbole babylonien, mais comme symbole égyptien. Le Talmud dit que ce sont les égyptiens qui ont fait le veau d'or. Donc, le veau d'or est un symbole égyptien. J'ai cherché, jusqu'au jour où je suis tombé sur la traduction de Christian Jacq des textes des pyramides. La seule fois qu'il y est question du veau d'or, c'est à propos de la déesse Hathor qui met au monde le dieu Râ sous la forme d'un veau d'or. Cela veut dire que la renaissance pharaonique, le couronnement d'un pharaon, a pour symbole un veau d'or. Une inscription fait dire à Sethi Ier, fils de Ramses Ier, donc de Moïse, "je suis sorti du ventre de ma mère comme le taureau de Maât". C'était donc un veau, et comme le pharaon est symbole de l'or, c'était un veau d'or. Donc si le veau d'or est la symbolique du couronnement d'un pharaon, cela veut dire que quand Moïse revient d'un deuil pharaonique de quarante jours, il voit le peuple en train de faire la fête, et cette fête, c'est le couronnement d'un pharaon. Donc ça s'est passé à Thèbes, ça ne s'est pas passé dans le désert. Aaron invite le peuple à faire le veau d'or, parce qu'il est le premier intéressé, c'est lui qui va être couronné. Et le peuple va lui donner ce qu'il a de plus précieux pour faire ce veau d'or. Ce qui symbolise l'importance du veau d'or pour le peuple égyptien. Le peuple présente le veau d'or à Aaron, et il ne l'appelle plus Aaron, il l'appelle "Israël", et là, on tombe sur quelque chose de phénoménal. Il lui dit "Voici tes dieux, Ô Israël, qui t'ont fait sortir d'Egypte". Mais littéralement, en hébreu, on lit "qui t'ont élevé au-dessus de l'Egypte".

irép - "Sortir" était donc une interprétation, destinée à coller à la légende.

R. S. - Le verset est clair, quand on le lit de la manière la plus simple possible. C'est faire un sacrifice, c'est entrer en contact avec Dieu. Le peuple appelle Aaron Israël, parce qu'Israël c'est "fils de Râ". Le peuple va couronner Aaron fils de Râ. Moïse est parti quarante jours et, quand il revient, il voit le veau d'or et le peuple qui chante et qui danse. Cela n'a donc pas pu se passer dans le désert, puisqu'il y a en abondance de quoi manger et boire. Et il fallait les moyens de fondre l'or et de fabriquer le veau d'or. Ces moyens n'auraient pas été disponibles dans le désert. Ici, la Bible nous donne des indices permettant de comprendre que cette histoire qui se passe prétendument dans le désert se passe en réalité à Thèbes, près de la zone désertique où se trouvent les tombes de la vallée des rois, d'où revient précisément Moïse après un deuil de quarante jours. Il va de colère retourner dans la vallée des rois, et il va y casser les "tables de la loi" non pas sur la montagne, mais sous la montagne. Le verset dit "tahat". Et les rabbins disent "Moïse a soulevé la montagne". Symboliquement, puisqu'il est passé dessous. Dieu avait dit à Moïse : "Viens avec moi quarante jours sur la montagne, et je te donnerai LE commandement", sur deux tables, comme les cartouches pharaoniques. Et Moïse va marteler les inscriptions de la tombe du pharaon Aïe qui lui avait promis le trône.

Puis Moïse va se venger des prêtres. Le futur Ramsès Ier va passer un compromis avec Horemheb (Aaron), aux termes duquel ceux qui l'ont couronné et dont il n'a plus besoin, vont être dispersés, chassés.

irép - Il y aurait donc un exode à partir de Thèbes ?

R. S. - L'Exode s'est fait en plusieurs fois. Un premier à la mort d'Akhenaton, dont la ville monothéiste est maudite. Une partie de cette population va à Thèbes et les autres vont être déportés. Il y a même semble-t-il une histoire de prise en otage. Le texte dit "pourquoi as-tu amené nos familles dans le désert ?" Il y a donc encore matière à recherche dans ces textes.

Le premier exode, celui d'El Amarna (Akhetaton) précède de quarante année la campagne militaire de Sethi Ier, qui porte dans sa symbolique le nom de Josué, ce qui nous permet de comprendre que cette campagne de Sethi Ier avait pour but de donner des terres. Il s'agit donc de colonisation, et Ramses II, fils de Sethi Ier, faisait la même chose, donnant des villes aux hébreux, mais à des hébreux qui étaient en réalité des égyptiens. D'ailleurs les cananéens eux-mêmes s'étaient toujours considérés comme des sujets de Pharaon, comme en témoigne une lettre adressée à Amenophis III, convié à venir défendre SES terres du Nord. Cette soumission était politique, économique et religieuse.

1 L'homme Moïse et la révolution monothéiste, Paris, Gallimard, 1986.

2 Champollion J-F : Grammaire égyptienne, Arles, Solin-Actes Sud, 1997, pp.XIX-XX.

3 Messod et Roger Sabbah : Les secrets de l'Exode, Paris, Jean-Cyrille Godefroy, 2000.

4 "Ils firent cuire la pâte qu'ils avaient emportée d'Egypte en galettes azymes, car elle n'était pas levée, quand ils avaient été chassés d'Egypte ; ils n'avaient pu s'attarder et n'avaient même pas fait de provisions pour eux." (Exode, XII, 39).

5 Exode, XII, 38.

6 Les secrets de l'Exode, pp. 123 et 165.

7 idem p.121.

8 Friedman R.E. : Qui a écrit la Bible ? (Who wrote theBible?), Chambery, Exergue, 1997.

Sources : EXAMEN CRITIQUE DU JUDAÏSME

Posté par Adriana Evangelizt

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15 novembre 2005 2 15 /11 /novembre /2005 00:00

Cet article pour mieux comprendre qui est Moïse mais surtout pourquoi l'Ame de Jésus s'est incarnée pour démystifier la légende... plusieurs phrases attribués au Galiléen dans le Nouveau Testament montre bien qu'il "est bien venu" pour remettre les pendules à l'heure... à savoir que la loi de Moïse n'est pas la bonne. Et que le dieu auquel croient les hébreux n'est pas le "vrai dieu"... que leur croyance est faussée... je reviendrai sur le sujet en temps voulu.

TROIS CIVILISATIONS, UN MÊME HOMME

"On est bien forcé de croire au doigt de Dieu, quand on voit comment il se le met dans l'œil".

Jean Richepin

Vers l'an 1372 av J-C le pharaon Aménophis IV souhaite réformer la religion égyptienne en remplaçant le culte d'Amon par celui d'Aton, et ainsi il change son nom pour Akhénaton qui signifie en égyptien "Dévot envers Aton". Il réforme le polythéisme égyptien et le simplifi en un monohéisme ou Aton en est l'axe central. On peut ainsi en déduire que Moise et Akhenaton étaient des contemporains, même qu'ils aient pu échanger des idées sur les principes religieux. Ou tout simplement être le même homme qui s'enfuit du royaume égyptien afin de propager sa conception monothéiste de la religion avec un petit groupe de fidèle.

Hermes trismegistus (le trois fois trois fois grand) est-il Moise=Akhenaton=Oedipe ? Un des plus grands defis de la comprehension de la scene humaine s'exerce dans l'acquis d'informations credibles, qui puisse donner de notre histoire un tableau convainquant. Par l'etude et la recherche dans les domaines de la mythologie, de l'histoire, de la litterature, de l'archeologie, de la theologie et de la psychologie, un nouveau savoir est a notre portée, offrant une mise-à-jour majeure de notre héritage Occidental. Durant le Moyen-Age, nos notions d'histoire sont restées basées sur des mythes et des légendes. Un mythe, par exemple, était celui d'Oedipe, un symbole ou un fantasme qui n'avait peut-être pas existé. Un exemple de légende etait Moise, un héros ou un idéal qui aurait existé en tant que personne humaine.

L''egyptologie naquit après la révolution française, elle nous permit de mettre en avant certaines découvertes majeures. Comme celle d'une tombe d'un pharaon du nom d'Akhenaton. Sigmund Freud, a soupconné une certaine parenté entre Akhenaton et Moise dans son célebre ouvrage "L'homme moise et la religion monothéiste". Puis en 1960, l'astronome Immanuel Velikovsky, identifia sur les ruines du théâtre de Sophocle, des pieces historiques qui decrivaient le pharaon actuellement connu comme Akhenaton, comme Oedipe, à l'époque. Il a fallut attendre l'egyptologue Ahmed Osman qui en 1990 publia un livre consacré à l'étroite relation entre Akhenaton et Moise, pour avoir des arguments solides sur l'identité d'un même personnage. Durant ce temps, William Theaux passait vingt années à déchiffrer les trois stades de la vie d'Akhenaton: pharaon d'Egypte, prophète des Hebreux, et finalement initiateur en Grèce.

Aujourd'hui le mystère d'Akhenaton semble être devenu une certitude scientifique. Sigmund Freud établit l'hypothèse que Moise aurait été le disciple d'un pharaon -Akhenaton- dont le règne et l'histoire étaient alors découverts par les egyptologues. Mais il ne parut pas réaliser que son hypothèse n'excluait pas la possibilité que Moise avait pu être - non seulement un disciple d'Akhenaton - mais ce pharaon de 1300 av JC lui-même. En marge de l'hypothèse de Freud, un autre scientifique, Immanuel Velikovsky a montré que les trois pièces relatives à Oedipe que Sophocle écrivit vers les 400 av JC, décrivaient avec précision la vie d'Akhenaton. Si Velikovsky eut raison, la pièce Oedipe à Colone décrit l'exil d'Akhenaton et son influence sur Athènes. Dans ce cas, Akhenaton ayant été obligé de fuir hors d'Egypte, aurait laissé sa marque sur le Sinai ou il initia les Hebreux avec une écriture et un certain nombre de lois, puis de nouveau fuit plus loin, ainsi que la pièce le décrit, pour initier Thésée le fondateur d'Athenes. En vue d'explorer cette hypothèse frappante, Unefpe lance une investigation collective, employant l'outils www pour exprimer la connaissance collective a ce sujet. Il donne aussi accés a une information de pointe; à commencer par une conférence que vous pouvez commander, prononcée a l'Organisation des Nations Unies le lundi 24 avril 1995

La découverte d'anciens écrits d'Akhenaton récemment découverts coincident avec des textes majeurs de la Bible attribués à Moise et de nombreux indices révèlent qu'Akhenaton quitta l'Egypte. Toutefois le lien Akhenaton-Moise demeura estompé, et la disparition elle-même de Moise resta un secret aussi longtemps que le témoignage d'Athènes fut retenu. C'est un millénaire plus tard, que Sophocle divulgua le secret Athénien avec son histoire d'OEDIPE qui révèle qu'Akhenaton-Moise initia Thesée, le fondateur d'Athènes. Sophocle fut si précis qu'il put même décrire la politique qui devait préserver la tombe de Toutankhamon. Sa découverte au 20eme siècle indique la puissance du tabou qui marquait la scène originelle de notre histoire contemporaine.

Durant ce millénaire, la puissance Egyptienne déclina regulierement, tandis qu'Israël apparaissait et devenait une puissance moyenne du Proche-Orient, en même temps qu'Athènes en Grèce, qui devint, elle, plus puissante. Alors qu'elle était a son apogée, Athènes s'effondra (Socrate), mais toutefois s'étendit, avec Alexandre qui établit une dynastie Grecque (Ptolemeenne) en Egypte. A partir de ce moment (300 av JC), les historiens Egyptiens commencèrent à révéler que Moise, le prophète de leurs voisins israéliens, avait été un Pharaon (dépeint avec les éléments qui correspondent à l'"Akhenaton" que nous connaissons aujourd'hui), tandis qu'était établie Hermopolis Magna (la ville du Culte d'Hermes, le Messager) sur la rive du Nil faisant face a la vieille cité détruite d'Akhenaton. En 30 av JC, la dernière des Ptolémées, Cleopatre, fut défaite par Rome qui était devenue puissante depuis 300 av JC, et qui combattait les Greco-Egyptiens pour la domination de la Méditerranée. La librairie d'Alexandrie fut détruite, et tous signes de l'influence culturelle de l'Egypte sur la région et dans l'histoire furent éliminés de nouveau.

Après un séjour en Egypte Jésus révéla lors de la Scene de la Transfiguration son but, de lever le voile couvrant l'identité de Moise pour le peuple d'Israël. Mais son message ne se répandit finalement que parmi les Gentils, et au début du Christianisme, les Pères de l'Eglise célébrèrent le Roi Egyptien Monotheiste qu'ils appelaient Hermés Trismegiste (Triplex, Triple Maitre ou Trois fois Grand - aussi Hermes Thoth). Ce savoir fut perpétré autour du bassin méditerranéen et en Europe durant le Moyen-Age au titre de l'Hermetisme qui se réclamait d'anciens textes sacrés (Hermetica). A la Renaissance, de nouveaux documents venus d'Orient appuyèrent l'idée que le Triplex etait Moise (et non pas son initiateur), remémoré en Grece comme Orphee. Un grave conflit opposa les historiens. L'indice Orphique était faible et en 1600 ap JC, l'Inquisition usa finalement d'une thèse (dite Datation de Casaubon) pour discréditer et détruire le souvenir du Triplex.

-Au vingtième siècle, la découverte des manuscrits de Nag Hammadi en Egypte invalide la Datation de Casaubon. De plus, l'égyptologie découvre Akhenaton qui répond à toutes les caractéristiques du Triplex (Chretien) et du roi Egyptien (Ptolemeen). Tandis que par d'autres voies encore l'egyptologie montre que Moise etait un Roi Egyptien Monotheiste, Akhenaton, la croyance en Hermes Trismegiste peut par consequent etre reconsidérée - d'autant plus que la référence Orphique est renforcée sous les traits d'Oedipe (Freud, Velikovsky), tandis que le passage d'Orphée à Oedipe est explicitée par l'initié francais Jean Cocteau (Orphee, Le Testament d'Orphee).

L'entrecroissement de toutes ces données historiques nous permettent de conclure qu'une coincidence très frappante rapproche les vies d'Akhenaton, de Moise et d'Oedipe. De plus nous connaissons à présent l'histoire du souvenir lui-même, découverte sous la référence d'Hermes Trismegiste, permettant aux psycho-historiens de révéler l'origine unique de notre civilisation "plurielle".

Sources : EXAMEN CRITIQUE DU JUDAÏSME

Posté par Adriana Evangelizt

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10 octobre 2005 1 10 /10 /octobre /2005 00:00

Le texte ci-dessous pour bien montrer que l'Ancien Testament est fondé sur des légendes et des mythes et que rien, absolument rien n'est historique. Quand on voit ce qui se passe en Palestine, que ce pays est judaïsé sous prétexte d'une histoire glorieuse alors que le Temple de Salomon n'a toujours pas été découvert, on se dit qu'il y a là quelque chose qui cloche...

 


La Bible dévoilée, les nouvelles révélations de l'archéologie


Israël Finkelstein, Neil Asher Silberman


Le texte biblique a été conçu en deux ou trois générations, autour de la fin du VII° siècle av. J.C., dans le petit royaume israélite de Juda, autour de la cour de Jérusalem, avec des intentions théologiques et politiques, dans un climat de peurs et d’espoirs face au puissant voisin égyptien. Sur le plan religieux, ces écrits tendent à fixer l’orthodoxie dans le monothéisme judaïque, en centralisant le culte d’un Dieu unique dans un lieu unique, le Temple de Jérusalem, sous l’autorité d’un descendant de la dynastie de David, premier souverain de la monarchie unifiée de l’histoire d’Israël. Sur le plan politique, la constitution d’une histoire nationale, l’origine glorieuse d’Abraham (« Ur en Chaldée »), la lutte victorieuse contre l’esclavage en Égypte et la conquête par Josué de Canaan (Syrie-Palestine) justifient pleinement les prétentions du roi Josias, dans cette période dramatique de la fin du VII° siècle : l’indépendance par rapport au pharaon Neko II, mais aussi la souveraineté sur l’ancien royaume rival d’Israël, au Nord.


Archéologues, les auteurs confrontent dans l’ouvrage la Bible aux données issues des fouilles et des documents égyptiens et mésopotamiens. Il en ressort que bien des épisodes de la Bible – parmi les plus connus – comme l’errance des Patriarches (Abraham, Isaac, Jacob), l’esclavage des Hébreux en Égypte, l’Exode sous la conduite de Moïse, l’errance de 40 ans dans le désert du Sinaï, la conquête victorieuse de Canaan par Josué, la monarchie unifiée sous l’autorité du grand David, la splendeur de Jérusalem dotée de son magnifique Temple par Salomon ne correspondent à aucune donnée archéologique ou historique et n’ont tout bonnement pas eu lieu ! Reprenons ces points successivement…

En quête des patriarches…

Rappelant que la majorité des pionniers de l’archéologie biblique étaient des prêtres ou des théologiens, les auteurs montrent que tous les efforts pour retrouver les traces de la grande migration vers l’ouest d’Abraham, d’Ur à Harân, en Mésopotamie, puis vers Canaan (sa tombe se trouvant, selon la Genèse, à Hébron, dans les actuels territoires palestiniens) se sont révélés vains. « L’archéologie prouve de façon indubitable qu’aucun mouvement subit et massif de population ne s’est produit à cette époque », mouvement que les tenants d’une migration historique de tribus conduite par Abraham et sa famille situent d’ailleurs à des dates contradictoires, selon les découvertes (entre la moitié et la fin du III° millénaire, entre le début et la moitié du II° millénaire, au début de l’âge du Fer (1150-900 av. J.C.).

D’entrée de jeu, les auteurs affirment que le texte de la Genèse a été compilé, à partir de sources plus anciennes, au VII° siècle av. JC, sans qu’il soit possible d’en extraire un compte rendu historique exact. Par exemple, l’histoire des patriarches est remplie de chameaux transportant des marchandises, alors que l’archéologie révèle que le dromadaire n’est couramment utilisé comme bête de somme qu’à partir de l’an 1000 av. J.C., bien après l’existence supposée des patriarches. Avec Abraham, Isaac, Jacob – le père des 12 tribus d’Israël, la Genèse met en scène une ascendance commune à tout le peuple israélite, en insistant sur Juda. Sur son lit de mort, Jacob confie ainsi le droit d’aînesse à son fils Juda, qui donnera son nom à l’un des deux royaumes israélites du Levant, celui du Sud, où se trouve le tombeau, près d’Hébron, des trois patriarches.

L’Exode a-t-il eu lieu ?

Moïse se dressant face au Pharaon, déchaînant contre lui les 10 plaies d’Égypte, la fuite à travers la Mer Rouge, puis les Dix Commandements révélés au premier des Hébreux sur « le mont de Dieu », ces épisodes bibliques sont parmi les plus évocateurs et les plus significatifs de la Bible. Sont-ils pour autant historiques ? Au risque de décevoir leurs lecteurs, les auteurs affirment : « Nous n’avons pas la moindre trace, pas un seul mot, mentionnant la présence d’Israélites en Égypte : pas une seule inscription monumentale sur les murs des temples, pas une seule inscription funéraire, pas un seul papyrus. L’absence d’Israël est totale – que ce soit comme ennemi potentiel de l’Égypte, comme ami, ou comme peuple asservi. » A l’époque supposée de l’Exode, au XIII° siècle av. J.C., l’Égypte de Ramsès II est une puissance considérable, qui contrôle parfaitement les cités-États de Canaan. Des forteresses égyptiennes balisent la frontière, d’autres sont bâties en Canaan. Pour Finkelstein et Silberman, il est inimaginable qu’une foule d’esclaves hébreux aient pu fuir vers le désert et la Mer Rouge sans rencontrer les troupes égyptiennes, sans qu’il en reste trace dans les archives étatiques. Or, la plus ancienne mention des Hébreux est une stèle commémorant, à la fin du XIII° siècle av. J.C., la victoire du pharaon Merneptah sur le peuple d’Israël, mais en Canaan-même. Même absence de vestiges archéologiques dans le Sinaï, où les compagnons de Moïse ont, selon la Bible, erré pendant 40 ans.


Toutefois, pour n’être pas exacte d’un point de vue historique, la Bible, dans sa description de l’Exode, n’est pas pour autant une fiction littéraire : les toponymes (les noms de lieu) en Égypte, dans le Sinaï ou à Canaan, désignent bien des territoires historiques, mais plus proches là encore du VII° siècle av. J.C. que de l’époque présumée de l’Exode. (Ce dernier fait peut-être allusion à l’expulsion d’Égypte, bien réelle celle-là, des Hyksos, qui étaient eux-mêmes des Cananéens). Dès lors, ce récit d’un affrontement victorieux entre Pharaon et Moïse a pu devenir une saga nationale, une toile de fond mythique et encourageante alors qu’au VII° siècle av. J.C., la renaissance de l’Égypte menace les ambitions du roi de Juda, Josias.

L’origine des Israélites…

Selon le texte biblique, Moïse confie la conquête de la Terre promise, Canaan, à son lieutenant Josué. Aidé par Dieu, Josué multiplie les victoires, comme à Jéricho, les murailles s’effondrant sous les trompettes de guerre. Là encore, la réalité archéologique contredit le Livre de Josué. Par exemple, les cités de Canaan n’étaient pas fortifiées ; aucune muraille ne pouvait donc s’écrouler… Surtout, l’idée même d’une invasion de Canaan par les Hébreux venus d’Égypte est contestée par nos auteurs. Pour eux, les Hébreux sont en fait des peuplades indigènes de Canaan, qui ont développé progressivement une identité ethnique israélite. Loin d’être de lointains immigrés, loin d’avoir violemment conquis le pays, les Hébreux sont donc surtout des pasteurs, des éleveurs de Canaan, dont le mode de vie s’est modifié au point de les distinguer des autres peuples autochtones, par exemple par leurs habitudes alimentaires (l’interdiction de consommer du porc). Aux alentours de 1200 av. J.C., lors d’une crise très grave de la société cananéenne du littoral, ils ont colonisé les hautes terres de Judée et les montagnes de Samarie, habitant des villages non fortifiés très rustiques.

Un royaume hébreu sous l’autorité de David et Salomon…

A l’époque présumée du premier grand souverain hébreu, David, vers l’an 1000 av. J.C., cette société israélite est encore peu développée, très peu peuplée, et n’a certainement pas la dimension d’une cité-État alphabétisée, capable d’encadrer de grands travaux sous le contrôle d’une bureaucratie de fonctionnaires. « Les fouilles entreprises à Jérusalem n’ont apporté aucune preuve de la grandeur de la cité à l’époque de David et de Salomon », écrivent nos auteurs, qui enfoncent le clou à propos du fameux Temple bâti par Salomon : « Les fouilles entreprises à Jérusalem, autour et sur la colline du Temple, au cours du XIX° siècle et au débit du XX° siècle, n’ont pas permis d’identifier ne serait-ce qu’une trace du Temple de Salomon et de son Palais ». Dans une Jérusalem qui ressemble plus à un village de montagne qu’à une capitale prestigieuse, David et Salomon ont certes existé, mais leur mémoire a surtout servi à construire le mythe d’un seul peuple puissant, d'une monarchie israélite unifiée sous la légitime dynastie davidienne. La réalité, telle qu’elle est rapportée par nos auteurs, est toute différente…

Deux royaumes israélites pendant toute l’histoire juive…

En se fondant là encore sur leurs investigations archéologiques, Finkelstein et Silberman introduisent – contre le mythe d’une monarchie unifiée originelle - l’idée neuve de l’existence originelle et durable de deux entités israélites, deux sociétés distinctes, au Sud et au Nord des hautes terres, dont les rivalités et le destin historique ont commandé l’écriture de la Bible. Au Sud, le royaume de Juda, plus pauvre, moins peuplé, gouverné depuis Jérusalem par les héritiers de David. D’ailleurs, le Dieu d’Israël, dans les territoires du Sud, est appelé YHWH (que l’on prononce Yahvé). Au Nord, c’est le royaume d’Israël, beaucoup plus prospère, plus peuplé, plus influent, dont la capitale, Samarie, est un grand centre administratif, doté d’un palais et de son propre temple pour honorer El, ou Elohim.

Un nouveau monothéisme…

Tout le propos du Livre des Rois est de montrer que seul le royaume du Sud, dans sa légitimité davidienne, a vocation à gouverner l’ensemble des territoires israélites, à partir d’un culte centralisé dans le Temple de Jérusalem. Bien que plus influent, avec de puissantes cités comme Samarie ou Megiddo, le royaume nordiste d’Israël, selon le texte biblique, était voué à la destruction du fait de l’incroyance de ses souverains et de la composition multiethnique de sa population : en 720 av. J.C., les Assyriens détruisent le royaume de Samarie et annexent la contrée. « Le royaume de Juda se retrouva soudain seul, cerné par un monde non israélite. Le royaume ressentit alors le besoin impérieux de posséder un document écrit qui le définît et le motivât. Ce texte, c’est le noyau historique de la Bible, compilé à Jérusalem au cours du VII° siècle av. J.C. »


La destruction du royaume d’Israël est l’occasion de proférer l’exigence, pour tous les Israélites, d’un monothéisme radical – celui du Deutéronome, le cinquième Livre de la Torah (le Pentateuque), qui prescrit l’observance des fêtes nationales (la Pâque, les Tabernacles), l’interdiction des « mariages mixtes », la protection des faibles et des indigents. Jusqu’à cette époque, bien des cultes, celui de divinités domestiques, du soleil, de la lune et des étoiles, de Baal ou d’Asherah (« épouse » de Dieu…) cohabitaient avec celui de YHWH, au sein même du Temple, mais aussi dans des sanctuaires de campagne ! En même temps, l’héritier de David, le roi Josias, est présenté comme un véritable messie, chargé de restaurer la monarchie unifiée et l’autorité davidienne sur tous les Israélites, alors même que les Assyriens se retiraient des provinces du Nord.

Des rois aux prêtres…

En 609 av. J.C., le roi Josias est tué par les troupes du pharaon Neko II. Mais ce sont les Babyloniens de Nabuchodonosor qui ravagent le royaume de Juda, incendient Jérusalem et détruisent le Temple en 586 av. J.C. (les fouilles archéologiques ont restitué pointes de flèches et traces d’incendie). Une partie des Israélites, faible selon nos auteurs, l’élite surtout, est déportée à Babylone. Cet exil, relativement court dans le temps puisque les Perses[1] de Cyrus détruisent l’empire babylonien en 534, est essentiel dans la mise en forme finale du Pentateuque. L’éloignement d’Israël réactive le souvenir de l’Exode. Le destin prestigieux d’Abraham choisi par Dieu pour offrir une Terre prospère à sa nation est un message d’espoir, tout comme le souci de bien marquer la séparation entre le peuple juif et ses voisins. Enfin, la reconstruction du Temple (qui inaugure la période dite du Second Temple) permet la conservation de l’identité israélite autour des prêtres, dont l’importance s’est réaffirmée pendant l’exil. En effet, les territoires israélites ne sont plus gouvernés par les descendants de David, la monarchie est hors-jeu : après les Perses viennent les Grecs d’Alexandre, puis ses généraux, puis les Romains (avec un certain Ponce Pilate), les Byzantins, les Arabes… Mais l’épopée biblique est devenue suffisamment cohérente pour permettre la survie identitaire du peuple juif, et son prolongement dans le christianisme.

(1) Le royaume de Juda devient alors la province perse de Yehoud (en araméen). Les Judéens deviennent alors les Yehoudim, les Juifs…

Sources : http://histoireenprimaire.free.fr/ressources/bible.htm

Posté par Adriana Evangelizt

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