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23 juillet 2007 1 23 /07 /juillet /2007 22:27

 


 La Maçonnerie

considérée comme le résultat

des religions Egyptienne, Juive et Chrétienne

par le Fr.°. Reghellini de Shio

1842

"Il existe au fond de nos coeurs un désir insatiable de connaître la vérité"

2ème partie

 1ère partie

 

On trouve que Néron, dans son voyage en Grèce, visita le temple d'Eleusis, et voulut participer aux mystères; mais la voix du crieur lui défendit de passer outre : il respecta l'ordre et se retira. — Ce même Néron passant ensuite par Delphes, voulut interroger l'Oracle. La Pythie l'accabla de reproches , le mit au rang d'Alméon et d'Oreste, meurtriers de leur mère. Néron, transporté de colère, voulant que l'Oracle cessât à l'instant, fit couler le sang de plusieurs hommes égorgés à l'embouchure du souterrain sacré ; après quoi il le fit combler.


Constantin qui cherchait tous les moyens pour faire taire les remords de sa conscience , demanda l'initiation à Eleusis ; mais il ne la put obtenir. Est-ce là une des causes de la persécution qu'il fit éprouver aux anciens adorateurs de Jupiter et de Sérapis ? c'est ce que l'on développera dans le cours de cet ouvrage.


Le Hiérophante des mystères égyptiens représentait le Créateur ; il portait en sautoir une plaque sur laquelle étaient gravés ces mots : Vérité, Sagesse, Science. Sa veste était de pourpre brodée ; un diadème éclatant de pierreries qui formaient des caractères expliquant la puissance de Dieu, ornait son front. Une robe de lin blanche, fermée par une ceinture de différentes couleurs, composait le vêtement dont il se servait dans ces cérémonies.

Lorsqu'un initié admis aux grands mystères était devenu prêtre, toute illusion cessait : les instructions consistaient à lui faire connaître la faiblesse humaine , « les opérations savantes de la nature, le cours des astres, et l'ordre de l'Univers.» Toutes ces connaissances portaient le candidat nécessairement à reconnaître le Grand-Architecte de l'Univers. Les prestiges des cérémonies mystérieuses cessaient d'abord ; l'acolyte n'était plus soumis qu'à l'explication des vérités sûres et générales, basées sur la philosophie la plus épurée. Un simple autel dans un jardin enrichi par les dons de la nature, environné d'arbres dont les cîmes se perdaient dans les cieux, était le nouveau temple où l'initié était introduit. Les prêtres, habillés d'un simple surplis, faisant un demi-cercle autour du candidat, semblaient, par leur simplicité, rougir de leur orgueil et des prestiges qu'ils venaient d'employer à son égard ; le néophyte concevait alors que les prêtres étaient obligés de se conduire ainsi, pour exercer leur empire sur un peuple ignorant, auquel la  saine politique, suivant eux , défendait de faire connaître la vérité ; c'était par cette raison qu'il fallait le tromper par des prestiges , des oracles et des divinations.


Dans tous les rites de la Maçonnerie, et particulièrement dans l'Ecossisme et les grades qui en dérivent, on a conservé les formalités des épreuves des mystères égyptiens ; l'enseignement est le même, le résultat auquel on prétend est le même , avec cette différence que les anciens prêtres initians faisaient partie du gouvernement, en étaient même le ressort et l'âme, et possédaient des emplacemens très vastes, annexés à leurs temples, où le peuple n'avait point le droit d'entrer. Les prêtres, à l'aide de leur puissance et des sciences physiques qu'ils exerçaient, pouvaient, de toute manière, s'assurer du caractère des néophytes ; car l'initiation était la base des religions anciennes, comme elle l'est de la Maçonnerie.

CHAPITRE II.


De l'ancienne initiation chrétienne; ses rapports avec l'égyptienne .— Parallèle des mystères égyptiens et chrétiens dans Hérodote. — De la moderne initiation de Rome. L'initiation égyptienne recherchée par les hommes les plus illustres de l'antiquité. Pythagore initié en Egypte ; les Carmes et les Juifs le veulent de leur communion. Xamolxis établit en Scythie les mystères égyptiens. — Hippocrate initié ainsi que Thémistocle. Sentiment des anciens philosophes et des Saints - Pères sur l'initiation. Marc - Antoine, Cléopâtre, Adrien , Antinous, initiés. Le Dieu des prêtres égyptiens. Leur doctrine sur la matérialité des êtres. — Doctrines des Chinois en rapport avec l'égyptienne et avec celle des Maçons du jour. — Les quatre élémens figurent dans les mystères anciens. — Quelque rapport des initiations égyptiennes et maçonniques. — La loi orale fait une partie de ces mystères.


Ce n'étaient pas les seuls prêtres d'Isis et de Cérès qui communiquaient les vérités philosophiques et les secrets de la nature, et qui en usaient de cette manière dans leurs dernières initiations aux grands mystères. Les Juifs suivaient la même marche (voyez L'Ecclétïaste, ch. IV, v. 100, édit. de Louvain, 1550), et Photius rapporte des fragmens de Jean Stobée, qui vécut au v.e siècle, où, en parlant de l'initiation aux mystères chrétiens , il la représente comme si elle était la fin de la vie profane et la mort du vice. Le néophite arrivé aux limites de cette vie ne trouve aux portes de l'initiation que craintes , marches pénibles et obstacles qui l'environnent ; mais ces travaux passés, une lumière céleste frappe ses yeux , il découvre autour de lui un spectacle enchanteur, une campagne riante ; des choeurs accompagnés d'une musique mélodieuse, flattent agréablement
ses oreilles ; des visions saintes lui apparaissent
, il est initié , il est revêtu du caractère d'élu par son admission, il n'est plus l'esclave des craintes ; il est couronné, il est triomphant, il est admis à la science sublime des doctrines sacrées (de la reproduction des êtres qu'on a couverte d'un voile par l'allégorie ) de la Résurrection.


Telles étaient à-peu-près les anciennes initiations chrétiennes originaires des prêtres Coptes , comme on peut le voir dans Diodore de Sicile, Pline, Jean Stobée et autres.


On trouve bien des rapprochemens marqués entre les mystères des anciens initiés égyptiens et ceux des Juifs-Chrétiens.


Hérodote, qui était initié lui-même, en parlant des mystères égyptiens, se garde de donner certaines explications; il parle d'un tombeau et d'un homme sacrifié dont il dit devoir taire le nom. Il décrit ce tombeau étant dans l'enclos du temple , où se trouvaient des obélisques et des figures symboliques et, en outre, devant le sarcophage, il y avait un lac circulaire environné d'un parapet : c'était là que les prêtres égyptiens célébraient leurs mystères secrets , en donnant la représentation des souffrances d'un Dieu fait homme qui était le simulacre du Dieu lumière , mis à mort par Typhon, prince des ténèbres ; il raconte ensuite qu'après sa mort le cadavre était déposé dans le tombeau, et que sa rérurrection réelle s'opérait immédiatement au milieu des éclairs et de la foudre , comme par enchantement.


Hérodote donne ces faits pour réels, quoiqu'ils ne fussent que des allégories du système solaire, et ce qu'il rapporte comme historique n'était qu'une fiction sur les saisons. Les souffrances étaient les courses du soleil pendant l'été; la mort, l'image de l'automne; le tombeau où on cachait le corps représentait l'hiver ; la résurrection du héros des mystères n'était autre chose que l'image du printemps. L'affliction était causée par la mort ou l'absence du dieu Soleil, comme la réjouissance était occasionnée par sa réapparition.


Ces mystères étaient communs aussi aux Perses : les prêtres criaient à la déposition de Mythra dans le tombeau : « Sa mort a fait votre salut. » Tels étaient les mystères d'Osiris , de Bacchus, d'Adonis ; les sacrifices qui se pratiquaient étaient une représentation de leur mort, de leur résurrection, et même de l'immortalité à laquelle ils étaient passés. Dans tous ces cultes divers le Soleil était donc l'objet de l'allégorie, qui fut dans la suite défigurée par la croyance à la mort et à la résurrection réelle du héros.


On est frappé de la ressemblance des mystères des initiés au sacerdoce de Rome chrétienne, avec ceux décrits par Hérodote ; mais ce qui les rapproche le plus, c'est que les initiés aux mystères égyptiens et chrétiens devaient et doivent, avant leur représentation, se soumettre à des épreuves de jeûnes et de macérations, ainsi qu'à une vie tout-à-fait contemplative.

Des philosophes et poètes étrangers se rendaient en foule en Egypte pour se soumettre à ces épreuves, et parvenir ainsi à ces initiations , convaincus qu'ils étaient de tout le prix des sciences et des mystères qu'on y apprenait : le dernier Grec illustre initié en Egypte fut Pythagore, de Samos, né 692 ans avant Jésus-Christ. Pour être admis aux grands mystères d'Isis, et pour pouvoir apprendre des prêtres égyptiens l'astronomie et la divination, il consentit à se faire circoncire ; il subit cette douloureuse opération déjà âgé, car il était Athlète (9). C'est en se soumettant à toutes ces rigueurs de l'initiation et en se faisant admettre aux mystères égyptiens, que Solon , Zoroastre, Platon, Moïse même, purent apporter dans leur patrie un culte et des lois qu'on voit frappées au coin de celles de Memphis et de Thébes.

En 1682, les Carmes à Beziers soutinrent dans des thèses publiques que Pythagore avait été moine et membre de leur Ordre. (Voyez les OEuvres complètes de Voltaire, édition de Baie, vol. 35, pag. 19, article Thérapeutes.)


Les Juifs, avant les Carmes, avaient prétendu que Pythagore avait voyagé en Judée, et qu'il s'était fait initier dans la secte des Esséniens.


L'abbé Terrasson, dans son second volume de Setos, édition de Barbier, à Paris, nous rapporte une foule de traits qui démontrent le rapport de la mythologie grecque avec l'égyptienne. Mais lorsqu'on eut perdu la signification des symboles, ces allégories devinrent obscures , car les théories des sciences étaient transmises par ces symboles ; ainsi, leur signification perdue, l'on a perdu la clef de ces connaissances. Les emblèmes Egyptiens étaient relatifs à leur astronomie, à leurs lois, à leur localité et à leur agriculture ; par conséquent, ces savans grecs ayant rapporté ces mêmes allégories mythologiques chez eux, elles devinrent obscures et inutiles, tandis qu'elles servaient au développement de la religion, des sciences et de l'agriculture en Egypte.


Nous ne rapportons que l'histoire fabuleuse de la Cérès grecque et de l'égyptienne, et on trouve la première dans les Métamorphoses d'Ovide : Neptune veut jouir de sa sœur Cérès, qui à la suite se cache honteuse dans une grotte. Pan, ou le Soleil, la découvre, va en avertir Jupiter qui envoie les Parques pour la consoler. En Egypte, Typhon jouit de sa sœur Isis : elle se cache, éplorée et fécondée, dans un souterrain; elle est découverte après par ses bienfaits et par sa gloire. Typhon, qui s'accouple avec Isis, est l'élément de l'eau qui rend féconde l'Egypte. Isis représente aussi le grain qui, après l'inondation du Nil, est ensemencé et caché pendant un temps déterminé, et qui, par son développement, cause les bienfaits qui consolent les hommes.


Les mystères égyptiens passèrent en Scythie. Xamolcis, Grec de nation, esclave de Pythagore, et qui l'accompagna en Egypte, rendu à la liberté, s'en retourna dans sa patrie : il y fit bâtir un temple souterrain , où, d'après le culte égyptien, il instruisit sa nation dans les mystères. Il fut le chef des Plytes (corporation mystérieuse ), que l'historien Joseph a comparés, pour leurs vertus, aux Esséniens.


Hypocrate ( suivant Saranus ) ayant délivré la ville d'Athènes de la peste qui la désolait pendant la guerre du Péloponèse, fut initié aux mystères d'Eleusis pour sa plus grande récompense ; ensuite il fut reçu citoyen par les Athéniens, qui lui accordèrent, ainsi qu'à ses descendans , une pension.
Thémistocle (10) fut initié
aux mystères et à la doctrine des Mages, qui, dans le fait, n'était qu'égyptienne.

Les auteurs les plus anciens conviennent que « le but » de l'initiation est de lier l'homme à Dieu et à l'ordre du monde. » Salluste Phil , c. 4 , — et Proclut in Tim. , prétend que « l'initiation sert à retirer l'âme de la vie matérielle , et à y répandre la lumière divine. »


Si l'on se rapporte aux Saints-Pères sur l'initiation , ils en parlent à double sens ; car lorsqu'ils donnent quelqu'indice sur la science des prêtres égyptiens , ils soutiennent que ces prêtres étaient des magiciens, et que s'ils faisaient des miracles, ils avaient recours aux esprits infernaux pour leurs opérations diaboliques. Il a fallu que le Dieu des Juifs opérât un miracle, pour que Moïse pût les surpasser.


Ce ne furent pas les seuls philosophes qui cherchèrent l'initiation égyptienne : au temps où ce royaume allait devenir province romaine, Marc-Antoine fut initié aux mystères d'Osiris , lesquels, comme ceux de Bacchus, représentaient le Soleil. Plutarque nous dit que Marc-Antoine fut appelé en Egypte le nouveau Bacchus ; le même historien nous apprend que Cléopâtre portait l'habit sacré d'Isis , ce qui est l'équivalent de dire qu'elle était sa prêtresse. Une médaille de Cléopâtre la qualifie de jeune Déesse Dea Neotera. Xilander , qui a interprété ce passage de Plutarque , dit que cette Reine prenait l'habit sacré d'Isis, et prononçait des oracles au nom de la nouvelle Déesse.


Adrien fit élever en Egypte des temples à Antinoüs, qu'on a dit s'être dévoué pour lui à la mort, et y institua en son honneur des prêtres et des mystères ; ce qui porte à croire que tous les deux y avaient été initiés, d'autant plus qu'Adrien rendait aussi des oracles dans les temples ; ce qui faisait dire aux Saints-Pères de ce temps-là, qu'il y avait tant de faux prophètes.

Les prêtres égyptiens enseignaient qu'un Dieu unique et suprême avait conçu le monde par son intelligence , avant de le former par sa puissance et par sa volonté.

Cette sublime idée de l'unité de Dieu, toutes les religions la doivent à la philosophie égyptienne, non au judaïsme, comme quelques écrivains l'ont imaginé, et comme nous le verrons par la suite.

Les prêtres égyptiens assuraient et démontraient à leurs néophytes que rien de ce qui est mortel ne peut être Dieu. Tel est le sentiment de Plutarque en parlant d'Isis et d'Osiris. Ce sentiment fut celui des philosophes grecs et romains, comme on peut s'en assurer dans Pythagore, dans Cicéron et dans Lucrèce, en son premier livre de Naturâ Deorum. Nous verrons les Ch.'. Templiers accusés de suivre cette doctrine.

Les mêmes prêtres admettaient que ce Dieu unique avait coordonné deux principes pour l'entretien du monde, la destruction et la régénération de toutes choses, la lumière et les ténèbres , le bien et le mal physique ; ce qu'on lit aussi dans Lactance, lequel, par une allégorie, explique que Dieu a partagé le monde à l'amiable avec le Démon; voulant par —là dire que Dieu est la source du Bien , que le Démon est la source du mal physique, et qu'il a établi un équilibre entre ces deux principes.

Les prêtres égyptiens bâtirent un temple dans lequel on adorait la divine Sagesse (11), où l'on ne pouvait pas humainement, selon eux , décider quelle était sa forme ou sa puissance ; et ils y placèrent, pour ce motif, cette mémorable inscription, qui pétrifie notre orgueil : « Je suis tout ce qui a été, ce qui est, ce qui sera, et jamais mortel ne percera le voile qui me couvre. » Voyez Plutarque, qui dit que cette inscription se trouvait sur le pavé d'un temple à Sais, dédié à Isis, qu'on nommait de son temps Minerve.

Nous rappelons cette importante vérité dans le degré de la Royale-Arche. Le précieux Delta est caché sous neuf arches, le quatrième s'appelle Ehieh , un des attributs que la Bible donne à Dieu , qui signifie : « Je suis, je serai. »

Notes :

(9) Voyez Clément d'Alexandrie et Dacier, Vie de Pythagore.

(10) Plut, in Themistoele.

(11) Un degré philosophique est appelé de la sagesse.

TROISIEME PARTIE

Posté par Adriana Evangelizt

 

 

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23 juillet 2007 1 23 /07 /juillet /2007 22:01

Il existe des tas de vieux livres qui nous apprennent beaucoup de choses. Beaucoup plus que ce que l'on peut lire actuellement. Le moins que l'on puisse dire c'est que les écrivains du 19e siècle, versés dans la Tradition et cherchant la Vérité, possédaient moins la langue de bois que ceux de notre époque. Le Fr.°. Reghellini de Shio prouve que la Franc-Maçonnerie s'est inspirée de la Religion Egyptienne qui a elle-même inspirée la Religion de Moïse et que la religion Chrétienne tient des deux. Un livre très intéressant, fourmillant de détails certainement ignorés par le plus grand nombre et où la "Jeunesse" apprendra beaucoup...

 

 La Maçonnerie

considérée comme le résultat

des religions Egyptienne, Juive et Chrétienne

par le Fr.°. Reghellini de Shio

1842

"Il existe au fond de nos coeurs un désir insatiable de connaître la vérité"

 1ère partie

La haine, que la Cour de Rome porte à la paisible et bienfaisante Fraternité des Maçons, est prouvée par plusieurs bulles papales, par quantité d'articles de journaux apostoliques, et enfin par tous ces ouvrages ténébreux et remplis d'inepties, que l'on imprime tous les jours.


Le plus audacieux, le plus injuste, le plus éminemment calomniateur et faux de ces écrits, est sorti des presses de la veuve Duviviers et fils, à Liège, à la fin de 1826, et porte pour titre : Le Voile levé pour les Curieux, ou Histoire de la Franche-Maçonnerie. Cet ouvrage dénonce, à l'aide de fausses mputations, les Frères Maçons à tous les Souverains de la terre, les calomnie de toute manière , les accuse d'être les auteurs de toutes les révolutions qui ont eu lieu en Europe ; il les déclare ennemis de tout gouvernement et de toute religion, auteurs de tous les crimes : et par ces imputations calomnieuses, il signale des victimes innocentes au glaive des despotes soupçonneux, aux foudres de Rome et aux poignards de ses Séides; il tente d'armer et de soulever le monde entier contre la Fraternité, et jette l'alarme dans toutes les classes de citoyens et dans tous les pays.

 

 

 

 

Cette étrange et scandaleuse production, tout en flétrissant l'honneur de cette Société, s'érige en panégyriste des Jésuites, se plaint des gouvernemens qui les bannissent, particulièrement de celui des Pays-Bas, qui, veillant au maintien de ses lois et de la tranquillité publique, refoule, sur le pays dont ils sont sortis, ces vampires religieux et politiques que l'on voit, à chaque instant, chercher à pénétrer clandestinement parmi nous, armés des brandons de la discorde, mais couverts du masque de l'hypocrisie, et cachant leurs coupables projets sous les apparences de la religion.

La charité de cet écrivain apostolique a passé sous silence tous les procès intentés contre les Jésuites par les différens Princes de l'Europe, et qui constatent l'esprit de rébellion qui les a toujours animés ; elle a oublié l'histoire , qui représente partout ces apôtres comme visant à la domination de la terre, en conseillant et confessant les Rois, dont plusieurs périrent victimes de leur ambition, et nous laisse ignorer leurs nombreux parricides, et entr'autres ceux commis par leurs affidés Gérard et Parane.

Après tant d'incriminations contre la Fraternité , il a été nécessaire de soulever un coin du voile qui couvre toutes les machinations des ennemis de notre Ordre. On a même été conduit à démontrer sur quoi se fonde le pouvoir de la Cour de Rome et de ses orgueilleux mandataires; on a été obligé de remonter à l'origine de ces Lévites établis pour gouverner quelques tribus errantes, et de prouver que le gouvernement des Hébreux, comme celui des peuples nomades et sauvages, fut celui du Sacerdoce, et que, si les Juifs ont eu des Rois, ceux-ci n'avaient qu'un simulacre d'autorité publique, n'étaient que le jouet des prêtres et des ressorts cachés qu'ils faisaient mouvoir suivant leur volonté et dans leur intérêt.

Comme l'un de nos statuts défend de discuter les matières religieuses, se fondant sur les doctrines évangéliques (1), « que si quelqu'un aime à contester, nous n'avons pas une telle coutume, ni les Eglises de Dieu » (St. Paul, Epît. aux Corinth., ch. XI, § 16), nous qui croyons, par notre dévouement à la morale de Jésus, que nous sommes les vrais Chrétiens et les enfans de l'Eglise de Dieu, et qui n'aimons pas les disputes, nous déclarons que ce n'est que pour défendre notre Fraternité que nous écrivons sur cette matière, que nous dévoilons le tableau des usurpations et des envahissemens du pouvoir de ces héritiers présomptifs d'Aaron, et que nous prouvons leur conspiration permanente contre le pouvoir civil.

Nofre exposé s'appuie sur l'Ancien et le Nouveau-Testament ; nous nous sommes bornés à rassembler une petite portion des faits qui condamnent l'usurpation mondaine de ces dispensateurs des grâces du Ciel et des trônes de la terre.


Nous avons été forcés de parler des mystères et des doctrines Egyptiennes, que les Hébreux adoptèrent en partie ; nous avons fait mention des doctrines, dogmes et mystères des premiers Juifs-Chrétiens, tels qu'ils les pratiquaient il y a dix-huit siècles ; nous avons été obligés d'exposer de quelle manière s'est établi le colosse sacerdotal de Rome armé de toutes ses foudres.


Nous avons indiqué que la morale de Jésus et la pratique des vertus qu'il ordonne, sont les fondemens de la Fraternité des Maçons ; l'histoire a été notre guide pour prouver que les évêques et les prêtres de Rome ont toujours été et sont encore intolérans, qu'ils étaient les persécuteurs des sociétés chrétiennes et philosophiques qui parurent aux premiers siècles de la chrétienté ; que ces sociétés, et leurs doctrines répandues en Europe, furent restaurées par les Chevaliers Croisés , qui les prirent en Syrie, en Egypte et en Palestine.

Notre seul but est de nous rendre utiles, même à nos plus implacables ennemis. Nous leur démontrons leur orgueil, ainsi que le ridicule de leur prétendue infaillibilité, et que lors même qu'on voudrait s'en rapporter au Nouveau-Testament, tous les Chrétiens sont prêtres et sacrificateurs, avec un droit égal au Sacerdoce. (Révélation, ch. 1er, § 6.)

La lecture des livres saints prouve que l'autorité papale n'est qu'une chimère; les prêtres cachent avec mystère la Bible qu'ils disent leur accorder tant de pouvoir ; mais consolons-nous; grâce à la Société Biblique, ce livre se répandra partout et finira par éclairer les Chrétiens sur les vérités qu'on cherche à leur cacher. Après avoir démontré, par l'histoire et les Ecritures, les abus et les innovations de Rome, ses persécutions envers les Chrétiens, qui suivent la doctrine primitive et au nombre desquels sont comptés les Maçons, nous donnons ensuite les conventions qui ont réduit à une parfaite unité tous les rites de la Maçonnerie, et nous en offrons une espèce de statistique.

Nous terminons par un aperçu des cérémonies des Chrétiens de Rome, comparées à celles qui ont lieu dans différens rites maçonniques, afin que l'homme le plus instruit puisse en faire l'analyse par des comparaisons qui seront très utiles pour affermir sa conscience, éclairer sa dévotion et enfin fixer son jugement (que nous nous gardons bien de donner par anticipation), sur la préférence que ces cérémonies méritent les unes sur les autres. Nous concluons par l'ancienneté des mystères maçonniques, par l'évidence de notre morale, et donnons la preuve que la Maçonnerie conserve en elle bien des emblèmes, signes et doctrines des Religions Egyptienne, Juive et Chrétienne.

 

LA MAÇONNERIE, CONSIDÉRÉE COMME LE RÉSULTAT
DES RELIGIONS EGYPTIENNE, JUIVE ET CHRETIENNE.


CHAPITRE I


Opinion des différans écrivains sur l'origine de la Maçonnerie. Le plus grand nombre est d'opinion qu'elle dérive des Egyptiens. — L'Egypte , berceau des sciences et des arts. — Origine des initiations chez les differens peuples. De celles des Égyptiens , comparées avec la maçonnique. L'initiation n'était pas accordée indistinctement chez les premiers Chrétiens et chez les Grecs. L'initiation refusée à Néron et à Constantin. — Les doctrines communiquées aux anciens initiés en Egypte sont conservées dans les initiations maçonniques.


Si un grand nombre d'écrivains ont donné des Mémoires sur l'origine de la Maçonnerie. plusieurs ont extravague dans leurs narrations; M. de Saint-Martin prétend que cette institution et sa science ont été créées avec l'Univers. Smitz veut qu'Adam ait été le dépositaire de la science maçonnique, et qu'à sa création il ait reçu de Dieu même ses institutions, c'est-à-dire la Loi naturelle.

D'autres veulent que la Maçonnerie ait été fondée par Romulus, à Rome ; quelqu'un prétend même qu'elle fut seulement établie dans cette ville du temps de Jules-César, tandis que d'autres ont cru qu'Auguste se fit initier à Athènes après la bataille d'Actium. Warburston et Bartholi ont cru voir une allusion à l'initiation maçonnique dans la descente d'Énée (2) aux enfers, et bien des commentateurs de l'Enéide trouvent à chaque pas Auguste sous les traits d'Énée. Il y a même des auteurs qui établissent cette légende ainsi qu'il suit : « Que cet empereur ayant remarqué les erreurs du calendrier romain , voulut les réformer; que pour parvenir à son but, il fut obligé d'appeler des sa vans d'Alexandrie, lesquels n'étaient que des prêtres Coptes qui avaient conservé leur ancien culte, leurs mystères et sciences, entr'autres, l'astronomie à laquelle ils s'étaient toujours adonnés, malgré les désastres des guerres d'invasion et la soif de l'or de leurs conquérans, qui, en détruisant le temple du Soleil à Héliopolis , avaient fait disparaître les observations astronomiques que ces prêtres avaient recueillies depuis plus de mille ans. On prétendit même que ces savans, appelés par Auguste à Rome pour rectifier le calendrier, y apportèrent avec l'astronomie les mystères égyptiens qui renferment ceux de la Maçonnerie.

Des auteurs ont cru que les rites maçonniques provenaient des cérémonies et anciens mystères qui , de l'Egypte et de la Phénicie, passèrent directement en Europe ; d'autres supposent que la Maçonnerie a pris naissance dans les écoles de Pythagore et de Platon ; quelques-uns ont cru voir dans la principale allégorie l'origine des mystères institués par Salomon.

Quelques autres ont prétendu que l'initiation maçonnique était très moderne, et ont très légèrement écrit que toutes ces histoires n'étaient que de simples suppositions inventées pour donner à la Maçonnerie de l'importance et du lustre.

Il y en a qui regardent la Maçonnerie comme une institution religieuse et chrétienne ; ils appuyent leur opinion sur le respect que les Maçons ont pour la Bible, sur le grand cas qu'ils font de l'Évangile et de l'Apocalypse de St-Jean; ce qui induit à le croire , c'est l'usage immodéré qu'en font les Frères anglais et ceux de l'Amérique du nord ; ces auteurs croient même le prouver par la vénération que tous les Frères portent à Salomon qui, indépendamment qu'il construisit le Temple Saint, écrivit plusieurs ouvrages dévots dont on se sert encore dans plusieurs grades et rites.

Quelques auteurs ont fait de la Maçonnerie une invention des Jésuites, entr'autres Bode, homme de lettres allemand, qui prétendit que Hiéram, tué par deux compagnons rebelles, n'était que l'allégorie de la hiérarchie romaine, détruite par Luther et Calvin; qu'on devait venger ce crime , et que la feuille de la branche d'acacia , si chère aux Frères Maçons, ressemblait exactement au signe épiscopal de Rome.


M. de Launay donne ainsi son opinion sur l'origine et l'ancienneté de l'Ordre, dans son Essai sur la Maçonnerie , édition de Paris, 1820 , chez Hubert, page 4 : « Quels que soient les doutes élevés par plusieurs écrivains sur l'ancienneté de la Franc-Mac.'. , nous ne persistons pas moins à croire qu'elle a son berceau dans les mystères égyptiens. Les trois grades connus sous le titre de Maçonnerie Bleue, justifient notre opinion ; mêmes épreuves, même enseignement, mêmes résultats, tout y est semblable, à la différence cependant des machines qu'avaient à leur disposition les prêtres initians de l'antiquité, du temps qu'ils employaient pour la préparation du néophyte, et de celui qui lui était nécessaire pour l'étude des sciences, dont on se borne dans l'initiation Mac.'., à donner la nomenclature. »


Des écrivains font naître la Maçonnerie de la tour de Babel; ils se fondent sur la légende de l'ordre des Noachites et sur les instructions du rite de la Royale-Arche.

Grandidier, et bien d'autres, prétendent qu'elle prit son origine lors de la construction de la cathédrale de Strasbourg : c'est dans l'année 1015 que ce monument fut commencé par l'évêque Wernher, et terminé en 1275. Deux ans après, en 1277 , Ervin de Steinbach commença la flèche , qui fut finie en 1439, et qu'on voit élevée à 436 pieds. (Voyez la planche II, n.° 8). L'on prétend que toutes les confréries de Maçons allemands qui se formèrent depuis, durent leur institution à celle de Strasbourg, ce qu'on expliquera ultérieurement.

Preston, Anderson et Lawrie ont laissé des ouvrages raisonnés sur la Maçonnerie, et on doit leur en savoir gré, quoiqu'une grande partie des Maçons ne partagent point leur avis concernant l'introduction de cette religion en Angleterre : ceux-ci ne peuvent pas admettre que saint Albain, en 289 de l'ère vulgaire, ait été le premier grand-maître de l'Ordre en Angleterre, tel qu'il est de nos jours, ni que saint Augustin en ait été le second en 557. Ils ajoutent qu'il leur est impossible de placer ces saints à la tête des Frères Maçons ; car leurs doctrines devaient se trouver en opposition avec la théosophie des Egyptiens, des Persans, de Zoroastre et de Mythra, de laquelle on est obligé de croire que notre religion tire son origine, modifiée par Moïse et confirmée par les doctrines de notre divin Maître Jésus-Christ.


Quelques Anglais font naître l'institution maçonnique de l'édification de l'église de saint Paul de Londres ; mais ces derniers n'ont écrit que l'histoire de quelques corporations, composées d'ouvriers qui bâtissaient des temples, des tours, des châteaux ; ils ne se sont pas occupés de chercher si le nom de l'Ordre n'était pas plutôt une allégorie empruntée par une ancienne société secrète vouée à des mystères et à des sciences occultes autant qu'à l'architecture. Ils ont cru que la Mac.'. était primitivement composée de coteries semblables à celles des charpentiers, tailleurs de pierres et d'habits, qui étaient dans l'usage de recevoir mystérieusement ceux qui avaient fini leur apprentissage ; et ce qui les engageait à le croire, c'est que beaucoup de ces corporations avaient des emblèmes qui portaient le caractère et la devise des Francs-Maçons, comme il a paru, entr'autres, par un sceau qu'on indique , décrit parmi ceux du moyen âge, lequel, d'après son travail, date du XIV.e siècle, et présente des instrumens maçonniques, avec la légende S. artis Muratorum Paetrajolorum (sceau des maçons et tailleurs de pierres).

Ces coteries subirent bien des péripéties sous différens gouvernemens, à cause de leurs cérémonies clandestines ; elles furent persécutées par l'église romaine, parce que leurs mystères et leurs initiations étaient une imitation du baptême, de la consécration des prêtres, et de l'histoire de Jésus. La conformité des cérémonies et des mystères de l'Ordre maçonnique, avec les cérémonies et mystères modernes de l'église de Rome, occasionna la même persécution, et cette cour s'est efforcée constamment de répandre et de faire croire que, si les Frères Maçons recommandaient à leurs adeptes bien des vertus, ils ne se servaient d'un tel moyen que pour miner le fondement de la religion catholique, par la célébration de mystères et de cérémonies chrétiennes, et qu'ainsi ils introduisaient dans leur secte un esprit d'indifférence sur les mystères et les doctrines les plus saintes de l'église de Rome, tâchant par-là d'inculquer la religion naturelle, sous la forme de celle de Jésus-Christ.


Toutes les conjectures et les systèmes qu'on en a tirés ne sont propres qu'à éloigner de la vérité, nous semble-t-il , parce que les écrivains qui les ont formés n'ont pas recherché l'histoire maçonnique dans ses grades, dans ses mystères, dans ses diflérens rites ; ils n'ont pas voulu voir que tout, dans cette histoire, tire son origine des mystères égyptiens , des mosaïques, de la Bible, de Jésus-Christ, du Nouveau-Testament, des différentes sectes philosophiques chrétiennes, des chevaliers croisés, des chevaliers templiers , et d'autres novateurs ou protecteurs de cet Ordre. C'est avec de telles données seulement qu'on peut se guider dans les ténèbres de l'antiquité et dans le dédale des écrits qui ont vu le jour dans les premiers siècles du christianisme et jusqu'aujourd'hui.


Tous les historiens anciens et modernes sont d'avis que l'Egypte fut jadis le berceau des sciences et des arts , et que les peuples contemporains y puisèrent leurs principes religieux et politiques, comme l'a démontré le savant Dupuis. Semblable à un arbre aussi ancien que le globe, l'Egypte a élevé sa tête majestueuse dans le chaos de l'éternité, et a enrichi de ses produits toutes (3) les parties de la terre; elle a poussé ses racines vers la postérité, sous différentes formes , défigurées et hétérogènes en apparence , mais constantes dans l'essence , faisant parvenir jusqu'à nous sa religion, sa morale et ses sciences.


Les mages de la Perse, les philosophes grecs, les prêtres juifs ou les douze Patriarches qui précédèrent Moïse, pendant la captivité en Egypte, apprirent des prêtres égyptiens leurs dogmes, leurs mystères et leurs sciences avec l'art de gouverner les peuples, selon leurs dispositions morales, leur civilisation et la nature de leur climat.

Ces mystères et ces sciences étaient sévèrement gardés et enseignés par les prêtres qui étaient exclusivement chargés de leur pratique; et pour empêcher que des hommes sans caractère, sans fermeté ni science, ne pussent jamais parvenir à y être admis, ils établirent que les initiés seraient tenus de se soumettre aux épreuves des quatre élémens, épreuves si épouvantables qu'on n'y croirait pas de nos jours, si l'on n'en trouvait des descriptions détaillées chez différens écrivains anciens et modernes. Ces épreuves avaient pour but de s'assurer du courage, de la moralité et de la science du néophyte, et de repousser les Ilotes et la lie du peuple; ce qui a fait dire à Horace :

Odi profanum vulgus et arceo.


Nous conservons dans les épreuves maçonniques d'aujourd'hui encore les noms anciens des voyages auxquels le récipiendaire était soumis, lors de son initiation aux mystères ; et nous conservons également l'inscription égyptienne qu'on lit sur le sarcophage d'Hiram dans le souterrain, lors de l'admission au sublime degré d'inquisiteur, grand élu Ch. Kadosk : « Quiconque aura fait ces voyages seul et sans crainte, sera purifié par le feu , l'eau et l'air, et ayant pu vaincre la frayeur de la mort, ayant son âme préparée à recevoir la lumière, il aura droit de sortir du sein de la terre et d'être ad- mis à la révélation des grands mystères (4). »


Les prêtres d'Héliopolis, lorsqu'ils sacrifiaient au Soleil, devaient déposer leurs bagues et ornemens d'or, ou de métal quelconque ; ils scellaient la victime avec un sceau qui était analogue à leur initiation. La Loi punissait de mort celui qui aurait immolé une victime qui n'aurait point été marquée du sceau sacerdotal. Ce sceau représentait un homme à genoux, les mains liées derrière le dos, ayant à la gorge la pointe d'un glaive pour montrer la punition à laquelle serait soumis celui qui aurait dévoilé les mystères de l'initiation.


Remarquons que l'initié était nu, ayant un tablier (5) sur le devant. Il était nu pour expliquer qu'il devait laisser voir sans détour ses secrètes pensées; il était dépouillé de tout ornement profane, comme de tout métal, et cette privation devait faire comprendre au néophyte que sou nouvel état réclamait de lui la pratique de la vertu: que l'or et les choses précieuses sont presque toujours les instrumens de la corruption humaine, comme le fer l'est de sa vengeance. Nous ne nous occuperons pas à faire des rapprochemens minutieux avec les initiations maçonniques ; tout Frère y trouvera notre type.

Nous espérons même qu'après toutes ces considérations, il conviendra que l'objet de nos réunions doit être tout autre que des repas somptueux, mais avoir pour objet un but utile et élevé aussi moral que théosophique.


Le néophyte, après avoir surmonté les premiers obstacles, après être descendu dans le puits mystérieux (6), après avoir parcouru la voûte sacrée, était encore maître de revenir sur ses pas ; mais il n'en était pas ainsi lorsqu'il avait passé la porte défendue par les trois gardes, qui étaient des prêtres couverts d'armes et ayant des casques représentant des têtes, symboles des mystères qu'on y célébrait : ces casques étaient ou la tête d'un coq ou celle d'un serpent, si ces mystères représentaient Osiris ou le Soleil ; celle d'un bœuf, si les (7) mystères étaient relatifs au dieu Apis, et enfin celle d'un chien (8), si les cérémonies avaient rapport au dieu Anubis.


Le néophyte, après avoir franchi cette.porte, s'engageait à ne plus reculer. Si la fermeté lui manquait dans les épreuves qu'il devait subir, il passait le reste de sa vie dans les appartemens attachés au temple, où il pouvait cependant, par son zèle, monter encore au rang d'officier subalterne.

Dans les épreuves maçonniques, qui sont une imitation fidèle de l'initiation égyptienne, il y a un instant où l'on offre au néophyte le choix de se retirer ou d'aller plus avant.


Tout homme pouvait se présenter pour la réception égyptienne, néanmoins tous n'étaient pas indistinctement admis ; règle qui fut adoptée par les Grecs, par les premiers Chrétiens et par les Maçons, quoiqu'il y eût de temps à autre des exceptions après la corruption sacerdotale.

Deuxieme partie

Notes :

(1)  Les premiers Chrétiens savaient que les idées métaphysiques en théologie étaient des opinions explicatives des phénomènes de la Nature ; par là, aucune d'elles n'est sans contradiction ; car, le caractère des vérités est d'être immuable. Les religions étant un composé d'idées métaphysiques formulées par des dogmes et un culte, elles changèrent, changent et changeront par nations et par siècles ; c'est pourquoi la Fraternité des Maçons a toujours admis dans son sein tout honnête citoyen , et adopte une tolérance parfaite à l'égard de tous les cultes.

(2) L'auteur du poème la Maçonnerie, a fait une savante application du même système.

(3) On a trouvé la conformité de la religion égyptienne en Amérique et en particulier au Mexique. (Voyez Carli, Lett. Amér. t. I, pag. 4go).

(4) C'était la même inscription que l'initié aux grand smystères de la déesse Isis trouvait à la fin de ses courses. (Voyez Setos, liv. III, pag. a4o). Apukjus dit que l'initiation est la résurrection à une nouvelle vie.

(5) Planche II, n.° 4.

(6) II existe encore de ces puits dans des anciens bâtimens de la Thébaïde, occupés par des prêtres Coptes. (Voyez les Voyages de Paul Lucas.) Un tel puits était entièrement configuré dans le modèle de la pyramide découverte par le Frère Belzoni, et qu'où voyait à Londres en 1820.

(7) On ne saurait autrement expliquer les têtes dont les quatre Évangélistes sont armés dans le plafond, peint par le bienheureux Angelico de Fiessole, et qu'on voit dans la galerie de Florence. Planche IV, n.°1.

(8) C'est d'après cette représentation que les Grecs établirent leur enfer, gardé par le Cerbère à trois têtes de chien.

DEUXIEME PARTIE

Posté par Adriana Evangelizt

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8 mai 2007 2 08 /05 /mai /2007 18:39

 

LA FRANC-MACONNERIE ET L'ANTISEMITISME


 
par Lucien SABAH

 5ème partie

4ème partie

3ème partie

2ème partie

1ère partie

 

29
Après une discussion à laquelle prennent part les Frères de Lanessan, Louis Lucipia, Dazet et Hubbard, le Conseil invite le Frère Desmons à se rendre, en sa qualité de Sénateur, chez le Président de la République, puisqu'il est connu de tout le monde qu'il est président du Conseil de l'Ordre et peut exprimer les sentiments de la Maçonnerie tout entière.


Mostaganem.
"Livre d'Or" 1-3-1897 Le Frère Peuriere (Rosaba dit) : on lui a demandé dans les interrogatoires qu'il a subis quand il n'avait pas encore reçu la Lumière quelle était sa manière de voir concernant la question antisémitique. Il pense avoir donné toutes les explications qu'il était possible de fournir sur la situation où il se trouvait à ce moment-là, mais il désirerait savoir aujourd'hui quel est le rôle joué par la Franc-Maçonnerie dans cette importante question et de quelle façon on entend combattre les Juifs dans les Loges ?


Le Vénérable (Rigaud) lui répond que l'atelier a son opinion faite à cet égard : "nous n'avons jamais fait ici de l'antisémitisme une antienne, attendu qu'aucune difficulté ne s'était jamais présentée à ce sujet, mais il faut bien se pénétrer que la Franc-Maçonnerie est l'adversaire de tous les préjugés et de tous les privilèges que se créent les Juifs". Différents voeux ont été présentés sur cette question par différents Congrès maçonniques, mais jusqu'à présent il ignore le sort qui leur a été réservé au Grand Orient".


Le Frère Bertrand improvise : il retrace le rôle de la Franc-Maçonnerie qui doit se tenir audessus des questions de personnes et de partis pour poursuivre le but humanitaire qui justifie sa raison d'être et faire triompher ses principes qui sont de tolérance mutuelle, le respect des autres et de soi-même, la liberté absolue de conscience.
Il désirerait que le Frère Peuriere développe ses idées dans une prochaine tenue, où il nous ferait une conférence sur l'abrogation du décret Crémieux. Il tient à sa disposition les travaux qui ont déjà été faits à ce sujet et dans lesquels le Frère Peuriere pourra puiser des éléments précieux.


15-3-1897 Demande salle des fêtes pour conférence sur l'organisation à Mostaganem d'une société coopérative.
Dans la discussion qui a lieu, il résulte que le Comité de cette conférence se réserverait de faire des invitations personnelles pour assister à cette réunion dans laquelle les questions antisémitiques pourraient ne pas être étrangères.
L'Atelier ne croit pas devoir entrer dans cette voie : si une réunion doit avoir lieu dans le local maçonnique, il importe qu'elle soit publique. La Loge serait heureuse de contribuer à cette oeuvre sociale qui ne doit comporter aucune restriction de personnes.
Sur proposition du Frère Brunet, la Loge décide que la salle serait mise à la disposition du Comité à la condition expresse que la réunion sera essentiellement publique.


15-3-1897 Frère Priou appartenant au Conseil de l'Ordre : "Dans quelques instants la Loge donnera à des Frères le grade de Maître qui donne la plénitude des droits maçonniques. Il convient donc de n'accorder cette augmentation de salaire qu'avec toute la circonspection voulue. "Par l'initiation au 1er grade, le Frère a pris l'engagement de se respecter davantage... il doit se pénétrer bien des enseignements maçonniques qui lui prescrivent de servir la cause commune;
"Aussi quand un Frère demande la maîtrise, il faut avant tout nous assurer s'il a honoré la grande famille maçonnique et s'il a été un exemple de vertu civique".


28-6-1897 "Faisant l'historique de la question juive, le Frère Yvars, dans un langage très dur pour les Juifs nous les montre usuriers, sans Patrie, faisant de mauvais soldats et, partant, incapables d'être de bons citoyens. Il fait ressortir la précipitation qui a été apportée en 1871 au lendemain de nos désastres, pour faire aboutir le décret dit décret Crémieux donnant à tous les Juifs indigènes le titre de citoyen français. Et par des considérants habilement agencés, il arrive à exposer son voeu concernant l'abrogation pure et simple du décret dont il s'agit avec une condition : c'est que la loi à intervenir aura un effet rétroactif.

"Le Vénérable dit qu'on a fait observer au Frère Yvars, au sein de la commission des voeux qu'une motion identique avait été votée il y a deux ans par le Congrès de Constantine, mais que le Grand Orateur ne lui a pas fait un accueil favorable.
"Avant de voter un pareil voeu, il est nécessaire de le discuter froidement en Loge, d'autant plus qu'il ne parait pas répondre aux sentiments maçonniques exprimés dans l'article 1er de notre Constitution.
"Sur sa demande, la parole est donnée au Frère Courtois. Ce Frère expose que dans la Tenue du 14 juin dernier, il a proposé deux voeux : le 1er tendant à ce que tous les Francs-Maçons de l'Orient qui occupent des Juifs les remplacent par des Français, et le deuxième relatif à la création d'un comptoir d'escompte à Mostaganem ; en ce qui concerne ce dernier, il voudrait voir l'Atelier prêter son concours à l'organisation d'une pareille société destinée à combattre l'influence financière des Juifs de la localité. Le Frère Courtois trouve étrange que mention de ces deux voeux n'ait pas été faite au procès-verbal de la dernière séance.
"Le Vénérable lui fait remarquer qu'après la lecture du tracé, il a demandé si on avait des observations à présenter, les colonnes étant muettes et après conclusion de l'Orateur, le tracé a été approuvé à l'unanimité, il n'y a donc plus lieu de revenir sur une affaire qui a reçu une solution. Quant aux vœux du Frère Courtois, il aurait dû, s'il tenait à les faire discuter, les soumettre par écrit à la commission des voeux qui s'est réunie le 21 juin courant, ainsi qu'il en avait le loisir.
"Le Frère Priou obtient la parole et fait connaître à l'Atelier que ce n'est pas en qualité de membre du Conseil de l'Ordre qu'il va parler, mais comme membre de ce Respectable Atelier.
"Avec les sentiments maçonniques qu'on lui connaît, le Frère Priou démontre que le vœu du Frère Yvars est antimaçonnique ; il regrette que ce Frère qui est un Maçon ait oublié les enseignements qu'il a reçus dans ce Temple, au point de venir, le lendemain des troubles, alors que les esprits sont encore échauffés, faire dans la forme où il l'a présenté, un tel voeu ; c'est vouloir, dit-il, influencer les Frères pour faire aboutir une idée, ce n'est pas ainsi que nous devons travailler.
"Le Frère Priou fait remarquer qu'il invite les israélites dans la Franc-Maçonnerie : ils ont été reconnus dignes d'y rentrer, ils n'ont commis aucune faute, ils sont donc dignes d'être nos Frères, pourquoi les blesser gratuitement dans leurs sentiments en employant constamment le mot Juif?
Le Frère Yvars ne paraît pas avoir attaché toute cette importance dans ses considérants et il s'est laissé égarer par les sentiments que nous avons tous ressentis au lendemain du lâche attentat dont plusieurs jeunes gens français ont été les victimes à Mostaganem ; mais ce n'est pas une raison pour que nous Francs-Maçons, nous nous fassions l'écho des passions du dehors, nous sortirions de notre rôle, nous deviendrions intolérants.
"Le Frère Yvars reprenant la parole trouve que le Frère Priou a été très dur avec lui. Ce Frère expose qu'il a été touché par la façon dont les Juifs se comportent et c'est ce qui l'a guidé dans la préparation de son voeu.
"Que d'ailleurs, la municipalité de Mostaganem a pris elle-même l'initiative de demander, sous forme de voeu, l'abrogation du décret Crémieux et qu'il lui semble que notre Loge peut prendre parti dans la question antisémite.
"Il sait que ce sera probablement un coup d'épée dans l'eau, mais c'est en frappant, dit-il constamment sur le même clou qu'on finit par l'enfoncer.
"En terminant, le Frère Yvars fait connaître que si son voeu doit donner naissance à des discussions violentes et si on le trouve antimaçonnique, il préfère le déchirer et qu'il n'en soit plus question. Il laissera toutefois au Frère Priou le soin d'examiner si son voeu doit être maintenu.
"Ce Frère reprenant la parole fait observer que le F∴ Yvars s'est mépris sur le sens de ses paroles. Il a voulu faire remarquer que son voeu n'était pas présenté sous une forme maçonnique, qu'on sentait au contraire que le F∴ Yvars voulait imposer sa volonté. Eh bien, c'est ce qu'il ne faut pas faire dans nos travaux, nous venons tous ici pour apprendre à respecter la liberté et il faut que nos actes soient le reflet de nos enseignements.
"Toutefois il estime que le voeu du Frère Yvars peut être repris, mais à la condition expresse qu'il soit présenté sous une autre forme.

"Le Frère Grosclaude fait remarquer que dans ce voeu, il y a deux questions à envisager : la question juive proprement dite et la question politique. Ces deux questions devraient être traitées pour leur donner toute la forme nécessaire. Il est certain que le Frère Yvars trouvera auprès des personnes qui se sont occupées de ce voeu émis par la municipalité, des éléments précieux dont il pourra se servir pour retoucher son travail.
"L'Atelier décide que le voeu du Frère Yvars sera remis au prochain Convent."

 
20-2-1899 Interprétation de l'article 15 du Règlement. Au sujet de son interprétation :
"Les Ateliers ont droit de discipline... Ils s'interdisent tout débat sur les actes de l'autorité civile et toute intervention maçonnique dans les luttes des partis politiques".
Le Frère Mathis parle de l'Affaire Dreyfus. Le Frère Orateur prévient que si la discussion doit rester longtemps sur ce terrain, il sera dans l'obligation d'opposer son veto afin de faire respecter la Constitution.
Le Frère Joulin reprend la parole sur la question Mathiss, il dit que les Loges sont des lieux de libre discussion et il demande au Frère Orateur que la parole soit librement donnée aux Frères qui la demandent, sans restriction aucune et que tout se passera bien. Après une courte réplique du Vénérable expliquant le but de la discussion portée à l'ordre du jour, la parole est donnée au Frère Grosclaude.
Dans un remarquable morceau d'architecture, ce Frère fait l'historique de la question antisémite depuis son origine (1870) jusqu'à ce jour. Après avoir expliqué les manœuvres multiples des hommes politiques qui se sont servi et se servent encore de cette question comme tremplin électoral, il nous montre le clergé, la réaction, en un mot, tous les ennemis de la République ameutés à la suite, attendant impatiemment le jour de la curée qui leur semble proche. Dans une chaleureuse péroraison, le Frère Grosclaude fait appel à la solidarité maçonnique et aux sentiments vraiment républicains de tous les Frères pour que la Maçonnerie puisse résister à cette formidable coalition (dont on feint malheureusement d'ignorer l'existence) et aider, dans la mesure des moyens à sauver et défendre la République menacée.
D'unanimes applaudissements couvrent les dernières paroles de ce Frère.
(...)
Le Frère Joulin se demande s'il est préférable d'être Franc-Maçon ou antijuif. Il développe sa thèse. Les Frères Peuvriere , Grosclaude et Antoine prennent successivement la parole.
(...)
Le Frère Muhu (...) ne pense pas qu'il soit possible d'être antisémite et Franc-Maçon. Il propose une addition (...) la contradiction absolue qu'il croit devoir exister entre les principes maçonniques et l'antisémitisme (...).


17-4-1899 Lecture du jugement rendu par la Loge Union et Progrès de Constantine sur l'affaire Morinaud.
Le Vénérable donne lecture (in extenso) du jugement qui renferme de nombreuses considérations d'une rare éloquence juridique tous favorables au Frère Morinaud. Ce Frère est acquitté à la majorité. On sait que ce Frère a été mis en jugement à la suite d'une décision du Conseil de l'Ordre, lors du Convent de 1898 qui lui reprochait d'avoir fait alliance avec les pires ennemis de la République, lors des dernières élections législatives pour assurer le triomphe du parti antisémite à la tête duquel était le Frère Morinaud, dans la province de Constantine.

La brochure donnant le compte-rendu des débats sera à la disposition des Frères qui voudront la relire plus attentivement et la commenter.

 
5-6-1899 Rappelant l'affaire Morinaud dont eu à s'occuper la 3° Commission du Congrès, après avoir expliqué comment avait été préparé son acquittement et raconté la conduite indigne qu'il avait tenu à l'égard de ses Frères algérois lors de l'arrivée de Drumont, il fait connaître l'ordre du jour de flétrissure voté à l'unanimité par les membres du Congrès contre ce Frère et contre les Loges et les Frères qui ont approuvé sa conduite ou se sont solidarisés avec lui. L'Orateur termine son compte-rendu par une brillante péroraison.


31-12-1900 Motion : En cette aube du XXe siècle, les Francs-Maçons soussignés réunis dans un banquet fraternel sont heureux et fiers d'affirmer leur foi républicaine en présence des menées réactionnaires qui ont pour objet le renversement de la République. Ils s'engagent, en fervents apôtres de la liberté et de la justice, à la défendre avec la dernière énergie jusqu'au jour où, triomphante, elle verra la consécration définitive dans une République idéale résumant les déclarations des Droits de l'Homme.


Proclamation de 1899


Les Francs-Maçons du Grand Orient de France représentés par les membres de l'Assemblée générale de 1899,
Renouvellent la déclaration qui a inauguré le Convent de 1898 ;
"Fidèles aux traditions qui sont l'orgueil de la Franc-Maçonnerie ; fidèles aux principes de la Révolution qui a proclamé l'égalité des hommes devant la loi, quelle que soit leur race, quelles que soient leur philosophie et leurs croyances, et promis à tous les garanties d'une égale justice ; passionnés pour la grandeur de la patrie française, en ce que ces principes se sont incarnés, et pour le bon renom de son armée nationale, qui doit être la gardienne de la justice et la sauvegarde du droit humain - ils proclament, comme leurs prédécesseurs, que toute violation du droit est une diminution de la patrie" ;


Ils dénoncent comme criminelle et honteuse pour le pays de la Déclaration des Droits de l'Homme, la campagne trop longtemps tolérée qu'un parti de malfaiteurs publics ne craint pas de poursuivre, sous prétexte de race ou de confession, contre une catégorie de citoyens ;
Et, constatant que toutes les forces réactionnaires et cléricales sont littéralement ameutées contre le gouvernement de la République, ils comptent sur la vigilance du ministère, sur sa décision et son énergie ;
Ils déclarent attendre de lui les résolutions viriles qu'exigent impérieusement les circonstances critiques de l'heure présente ;
Ils l'assurent de toute leur confiance, de tout leur dévouement et s'engagent à lutter avec lui pour la défense de nos institutions, pour la répression nécessaire de toutes les atteintes portées à la loi, pour l'anéantissement de la conjuration cléricale, militariste, césarienne et monarchiste, pour le salut enfin et la grandeur de la patrie républicaine. (Salve d'applaudissements).
(...)
Les conclusions sont adoptées à l'unanimité moins une voix (Loge de Mascara) p 28 :

 (...)

Plusieurs membres de l'Assemblée se sont émus de ce que le Frère qui a ainsi voté, était le délégué d'une Loge de l'Algérie ; on a cru devoir s'enquérir si ce Frère était bien l'interprète fidèle de la Loge de Mascara qu'il représente : on a télégraphié à cette Loge et voici la réponse de son Vénérable qui arrive à l'instant même :
"Loge Mascara désapprouve absolument énergiquement vote de son délégué, est de coeur avec Convent pour l'admirable voeu d'hier. Signé Desmons, 33e".

 Posté par Adriana Evangelizt

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30 avril 2007 1 30 /04 /avril /2007 22:06

 

 

 

LA FRANC-MACONNERIE ET L'ANTISEMITISME


 
par Lucien SABAH

 

4ème partie

3ème partie

2ème partie

1ère partie

"Mais non : hommes de fraternité et d'amour, vous ont dit justement les Amis de la Vérité, c'est avec les armes de la fraternité et de l'humanité que vous devez peser dans les conseils des autorités voisines ! Et cette fois vous avez d'autant plus d'espoir de réussir par une intervention toute d'amitié, que vos voeux sont dans le coeur de vos voisins aussi bien que dans les vôtres et que parmi les trois sénats de la Maçonnerie en Prusse, celui de Royal-York à l'Amitié avait, dès 1838, décidé l'admission des juifs comme visiteurs ; que le 6 décembre 1844, le Grand Maître de ce sénat proposa formellement cette libre admission au Conseil Suprême présidé par le Prince protecteur, et ne suspendit ses instances que devant le danger de voir les deux autres corps dirigeants se séparer de lui et rompre le peu d'unité de l'administration générale ; que vers le même temps, la Grande Loge Aux Trois Globes, avec l'ascendant que lui donne ses cent cinq Ateliers sur les 196 que compte la Prusse, demandait aussi à la majorité de 16 voix sur 27, le renversement de cette barrière fatale, et que ces deux Grande Loges annonçant chacune à leurs Ateliers qu'elles n'avaient pu réussir encore, ajoutaient expressément dans leur circulaire, qu'il ne s'agissait pas d'abandonner le principe, mais seulement d'attendre des temps meilleurs pour en assurer enfin le règne attardé. Ainsi la majorité des Grande Loges de Prusse, la majorité des Frères dans ce grand pays partage la noble pensée de l'égalité de toutes les races et de tous les cultes, et pour eux tous le principe de l'universalité dans la fraternité maçonnique est un désir du coeur, comme un devoir de religion, comme une loi des esprits et des intelligences.


"Il faut donc, dans leurs saintes aspirations, que tant d'âmes si dévouées, si éclairées, soient arrêtées par une de ces puissances inapparentes de loin, mais momentanément invincibles, par une de ces résistances intimes contre lesquelles se brisent les volontés les plus ardentes et les résolutions les mieux formées ; il faut donc que la crainte d'ébranler la colonne du Temple et d'entraîner la Maçonnerie qu'ils dirigent sous les ruines et les décombres les ait contraints de laisser inachevée ce soir la tâche de la journée, et de remettre demain, après que l'orage sera passé, la fin du sillon interrompu !


"Ne voyez-vous pas, à travers tout cela, que ces Grandes Loges ont senti, près de se briser à leurs bras, les deux grands anneaux auxquels ils s'efforcent de tenir attaché le sort actuel de la grande famille en Prusse ? Ne vous semble-t-il pas voir la main du Prince royal éloigner du ciel de cette Maçonnerie, les nuages qu'y amoncellent les vents du Nord, les conjurer et les entrouvrir pour laisser sur elle, à travers les clairs azurés, tomber les rayons d'une avare lumière ? Ne devinez- vous pas que pour tenir soudées l'une à l'autre et se défendre contre la poussière des divisions intestines, ces trois directions, à défaut d'une source de vie commune, doivent emprunter à une protection souveraine la prépondérance d'une volonté qui associe leur triple activité, sous la couronne imposante d'une unité salutaire autant qu'indispensable ? Ne sentez-vous pas que ce sénat à trois visages, n'a pas cru payer trop cher cette double protection contre les ennemis de notre Ordre et contre les forces dissolvantes, au prix d'une déférence douloureuse, sans doute, mais imposée d'ailleurs, et par les services rendus, et par les préventions du pays, et par les nécessités d'une plus parfaite administration, et que par gratitude et pour ne pas blesser les susceptibilités religieuses d'un noble coeur aveugle en ce point, ce sénat, obligé d'opter entre l'exclusion des Juifs d'une part, et le sort de l'institution tout entière de l'autre, a voulu sauver la constitution de l'Ordre d'abord, sauf à travailler ensuite au sauvetage de la portion de l'équipage un instant sacrifié ?

"Pourquoi eut-il désespéré ! Les sentiments d'où partent les résistances vainement combattues jusqu'à ce jour, n'ont-ils pas aussi leur source dans de grandes et pures convictions ? N'est-ce pas dans l'attachement à de chères croyances qu'elles puisent leur force et le respect qu'elles inspirent ? et ne pourrait-il tourner un jour ces scrupules sacrés en d'autres plus sacrés encore ? ne pourrait-il aux yeux désilés de son illustre patron, faire briller la grande fraternité qui, comme l'âme de l'humanité, enveloppe le monde et les siècles, d'un éclat à faire pâlir cette autre fraternité presque sans souffle, qu'on voit mourir épuisée à la frontière d'un État ou au bout d'une croyance particulière ? Puissent-ils réussir enfin !

"Quant à nous, à vrai dire, nous ne conservons que bien peu d'illusions : les préjugés religieux auxquels ont affaire les Grande Loges de Prusse ne sont pas de nature à céder sitôt la victoire ; quel qu'il en soit, et quelque temps qu'il faille attendre, nous n'avons pas le coeur de vous proposer d'ajouter l'embarras des représailles aux embarras d'une situation si malaisée déjà. Les représailles, mes Frères, c'est la guerre par le mal et la Maçonnerie nous semble le concours par le bien et pour le bien ; les représailles même les plus douces, c'est quelque chose comme l'esprit de colère, de vengeance ou d'orgueil, justement soulevé ou non ; c'est l'esprit qui lutte, disperse, détruit et isole par les haines, et la Maçonnerie, c'est l'esprit de fraternité et d'égalité qui unit et assemble, élève, harmonise et purifie les cœurs, et édifie la morale universelle ; l'une procède de la force, l'autre de la bonté ?


En Maçonnerie on ne doit combattre qu'à mieux comprendre et mieux pratiquer le bien et le beau ; le vainqueur, c'est celui qui en étend le plus les applications ; le vaincu, c'est celui qui s'enrichit de ces études et de ces découvertes sans autre crève-cœur que de s'être laissé devancer. La guerre pour s'enrichir ou pour opprimer est vieille comme les siècles ; les droits d'aubaine et les rançonnements remontent aussi loin qu'elle. La conquête par rapine et violence est le premier désir et le premier mouvement du premier sauvage ; et la gloire qui ne sait régner et dominer que sur les ruines d'une gloire rivale, c'est l'antique génie du monde primitif, avec ses voraces penchants, ses discordes, ses furies, ses cupidités funestes, ses crimes et ses batailles. L'histoire a charge d'enseigner ce qu'elle fut aux siècles futurs, et de montrer les ossements qu'elle entasse tant qu'il lui fut donné d'inspirer les âmes ! A la Maçonnerie un autre rôle convient : à elle à enseigner entre peuples des rapports tout nouveaux ; à elle à préluder à la guerre vraiment sainte où le triomphe n'appartiendra qu'aux plus grandes vertus sociales et aux plus grands bienfaits ; où les plus grands héros seront ceux qui auront vaincu le plus de mauvaises passions, et détruit le plus de ces préjugés qui dévastent les intelligences et dessèchent les cœurs ; où les plus grands conquérants seront ceux qui auront conquis les plus saintes, les plus généreuses inspirations, celles qui lient les âmes de plus en plus près ; où la plus grande gloire, la plus riche couronne sera pour le meilleur, le plus fraternel, le plus dévoué, et la domination la plus enviée et la plus étendue, celle qu'assure l'excellence du coeur et des oeuvres, et la seule ambition, celle de surpasser les autres en ce point seulement.

"C'est par-là qu'il nous a paru que le Grand Orient devait à tout prix chercher à mériter la prépondérance et à assurer son ascendant parmi les puissances directrices de la Maçonnerie. Que gagnerait l'humanité à nous voir suivre les traditions barbares encore de l'ancien droit des gens, et du nouveau droit des concurrences industrielles ? Si vous excommuniez vos Frères prussiens, ceux-ci vont vous le rendre ; la dignité du pouvoir les y oblige, quand la jalousie ou l'orgueil national ne leur en ferait pas un devoir : et voilà la Maçonnerie française séparée de sa fière voisine. Et avec nos Frères juifs voilà encore nos Frères chrétiens confondus sous le feu croisé des interdits, lancés à la fois de Berlin et de Paris ? Voilà toutes nos Loges de la Meuse à la Seine, des Vosges au Rhin et des Alpes au Rhône, obligées de chasser de leurs foyers fraternels leurs Frères de Prusse, pour un travers de conscience religieuse dont ces derniers sont eux-mêmes les premières victimes. Ce serait comprendre les rapports des peuples à la manière du monde politique, et ne pas dépasser en morale internationale les oracles des écoles profanes.

"Non, non, mes Frères ; non, ce n'est pas par représailles que nous vous proposons de demander justice et de l'obtenir : tout au contraire nous aimerions mieux vous voir adopter la résolution suivante :


"Le Grand Orient de France a reçu avis que les Grande Loges de Prusse ont violé à son égard, non seulement les lois d'un fraternel voisinage, mais même celles de la plus vulgaire réciprocité, en ne reconnaissant pas les Maçons français de la religion de Moise, et en leur refusant une place sur les colonnes hospitalières de l'Ordre. Remontant aux motifs de cette violation de la confraternité universelle, le Grand Orient de France s'est convaincu que la conduite des Ateliers prussiens était commandée par la disposition expresse des règlements généraux de l'autorité de ce pays.


"Vivement sollicité par les Loges de son Obédience, d'user de sa position directrice, pour faire reconnaître les actes de son autorité méconnue, et désirant forcer le conseil suprême des Grande Loges de Berlin à révoquer la déplorable disposition de l'article 287 de la loi générale de la Maçonnerie en Prusse, le Grand Orient de France annonce solennellement à toutes les autorités du monde , et en particulier aux trois Grande Loges de Prusse, et à tous les Ateliers qui en dépendent, que les Maçons prussiens, réguliers, protestants ou catholiques, chrétiens ou philosophes, israélites ou mahométans, et enfin de tout culte et de toute religion, trouveront toujours, comme par le passé, dans toutes les Loges de France, une main fraternelle pour les introduire au sein de la grande famille, et leur donner l'hospitalité que leur refusent parfois les Ateliers prussiens. Le Grand Orient adjure les Loges de France de ne point user de représailles envers nos Frères prussiens, et tout au contraire de les recevoir d'autant plus cordialement qu'ils sont assez malheureux pour ne pouvoir toujours le leur redresser pour être condamnés à ne pas se considérer comme Frères de tous les Maçons de la terre.

"Le Grand Orient de France délègue un de ses présidents, et d'après l'avis de ce représentant particulier du Grand Maître, le charge d'associer ses efforts, s'il y a lieu, à ceux du garant d'amitié des Grande Loges de Prusse, et à ceux des Grande Loges Aux Trois Globes et Royal-York à l'Amitié : d'ouvrir et d'entretenir des négociations, de les suivre sans relâche avec le gouvernement de l'Ordre à Berlin, pour prier et supplier ce gouvernement, non pas seulement au nom de la Maçonnerie française, non pas seulement au nom de son autorité, de ses droits, de son hospitalité, si mal payée de retour à l'autre rive du Rhin, mais au nom de l'humanité, de la fraternité universelle, au nom de l'unité de la famille humaine, d'effacer enfin de ses statuts ces dispositions presque sauvages, qui contrastent si outrageusement avec le principe essentiel de l'Ordre, avec la morale de tous les peuples et de tous les siècles, avec la générosité d'une aussi grande nation, avec le caractère religieux des Loges prussiennes, et leur dévouement au dogme de l'égalité des Loges prussiennes, et leur dévouement au dogme de l'égalité de tous les enfants de la terre.


"Le Grand Orient recommande surtout à son délégué de n'épargner aucune démarche, aucune supplication, telle humble qu'elle soit, pour purger de cette proscription d'un autre âge, le Code maçonnique d'une des plus intelligentes nations du monde ; il lui recommande de se souvenir que la plus grande humiliation devient le plus grand acte de vertu, quand ce sacrifice d'un juste orgueil est offert pour décider le triomphe de principes si chers à l'humanité"


Bulletin du Grand Orient de France, n° 11, mai 1847 : "Tolérance envers Les maçons israélites On nous assure que le cri de tolérance jeté de toutes parts en faveur des Maçons israélites de Prusse a enfin été entendu, et que les dispositions du Code maçonnique de cet État qui interdisait à ces Frères l'entrée des Ateliers maçonniques, viennent d'être révoquées de l'agrément du Grand Maître de l'Ordre, S.A.R. le prince de Prusse. Puisse cet événement si impatiemment attendu par les amis de l'humanité, et qui comblerait l'un des voeux les plus ardents des Maçons de la France, ne pas être démenti.


"Nous serions surtout heureux de penser que les sages réflexions et les conseils éclairés et fraternels contenus au rapport présenté par le Frère Charrassin, et adoptés par le Grand Orient en sa séance du 3 avril 1846, n'ont pas été sans quelque influence sur cette honorable détermination. Un tel résultat prouve plus que jamais que tôt ou tard la lumière finit par triompher des ténèbres, et témoigne hautement des prodiges que peut opérer le grand principe de la fraternité".


Adresse des LL∴ françaises de l'Est aux Maçons allemands. 


FF∴ Allemands,

 
La Maçonnerie de tous les pays ne fait qu'une grande famille, au sein de laquelle on ne connaît qu'une patrie l'humanité, et dont tous les membres doivent se sentir solidaires, d'un bout de la terre à l'autre.
C'est à ce titre que les représentants des Loges françaises de l'Est, réunies en congrès à Metz, viennent s'adresser à vous, certains que vous les considérerez, non comme des étrangers qui cherchent à s'immiscer dans vos affaires intérieures, mais comme des frères qui croient remplir un devoir en plaidant auprès de vous la cause des principes communs à tous les Maçons.
Vous le savez aussi bien que nous, frères, le but suprême de notre institution, c'est de chasser de la terre les préjugés superstitieux, les mépris et les haines qui séparent encore les hommes en sectes, en castes, en races ennemies, c'est de préparer, avec le triomphe de la liberté, celui de l'égalité et de la fraternité dans l'espèce humaine.
Ces préjugés, ces mépris et ces haines que nous avons à combattre autour de nous, pouvons- nous, sans nous donner le démenti le plus cinglant, courber nous même la tête devant eux ?
Ces principes de l'universelle fraternité humaine, dont nous avons à préparer partout le triomphe, peut-il nous être permis de lui fermer la porte de nos temples ?
Est-ce en Allemagne surtout, dans un pays si éclairé, si fier à bon droit de son haut degré de civilisation, que la Maçonnerie, ce foyer de civilisation, pourrait accepter d'être ainsi inférieure à elle-même ?
Elle le sera, vous en conviendrez vous-mêmes, tant qu'elle laissera subsister dans une partie de vos loges, les mesures antimaçonniques qui en interdisent jusqu'à présent l'entrée aux Israélites.
Beaucoup d'entre vous ont su s'affranchir de ce dernier reste des vieilles prescriptions du moyen âge ; beaucoup le réprouvent qui le subissent encore. Nous les conjurons au nom des principes fondamentaux qui nous servent de lien dans la grande famille, au nom de l'honneur maçonnique qu'il entache, de se prendre corps à corps avec lui, et de ne pas abandonner la lutte avant de l'avoir fait disparaître.
Ils auront avec eux tous les maçons du monde qui prennent au sérieux notre commune devise :
Liberté, Égalité, Fraternité.
Les membres du Congrès de Metz.
Présidents du Congrès : Laflize, Vénérable, Orient de Nancy.
Vacca, Vénérable, Orient de Metz.
Premiers surveillants : Bardon, Vénérable, Or∴ 81 de Sarreguemines. Etienne, 1er Surveillant Or∴ de Metz.
Deuxièmes surveillants : Voirin, Or∴ de Saint-Dié. Dallien Or∴ de Nancy.
Orateurs : J. Macé, Or∴ de mulhouse. Loche, Or∴ de Rheims (sic). Secrétaires : Lévy, Or∴ de
Metz. Bay, Or∴ de Vesoul.


Suivent 30 signatures. Le texte se présente sur deux colonnes, la première en français, la seconde en allemand...


P.-V. du Conseil de l'Ordre du Grand Orient


24-9-1896 ... Le Frère Adrien Durand donne au Conseil des renseignements très détaillés et fort intéressants sur la situation de la Franc-Maçonnerie en Espagne. Il en fait l'historique ; les deux rites existant se font la guerre ; le Grand Orient espagnol est républicain et pour lui surtout, la situation est devenue grave. On a repris les Jésuites qui n'avaient pas reparu à la Cour depuis 70 ans et ils font une propagande acharnée contre les Francs-Maçons ; ils envoient partout des circulaires contre eux, contre les Israélites et contre les protestants, et enfin aux Philippines, on accuse les Loges maçonniques de faire cause commune avec les insurgés. Canovas a fait arrêter plusieurs Francs-Maçons, entre autres le Frère Oriol, secrétaire général du Grand Orient Espagnol, le Frère Joseph Vie etc. Ces Frères écrivent des lettres désespérées. Le Frère Durand termine en demandant au Conseil s'il peut faire quelque chose pour eux, ne fût-ce que leur envoyer un témoignage de sympathie.


Les Frères Louis Lucipia et Paul Viguier sont d'avis de ne rien envoyer du tout ; agir autrement dans l'état actuel de l'Espagne serait dangereux même pour les Frères arrêtés.

26-9-1896 ... Le Frère Sincholle demande, à propos du Bulletin comment la presse cléricale en a communication ; c'est évidemment par la Bibliothèque Nationale.
Le Frère Dazet dit que l'on peut se dispenser de faire le dépôt du Bulletin à la Bibliothèque Nationale ; le Bulletin du Grand Orient n'est en réalité qu'un compte-rendu de ses travaux communiqués seulement aux Ateliers de la Fédération et aux seuls Maçons qui en sont membres actifs ; il n'est donc pas public, et, dans ce cas, la loi sur la presse n'en exige pas le dépôt.
Le Frère Jeanvrot dit qu'il suffirait de changer le titre du Bulletin et de supprimer la faculté de l'abonnement. Il propose de donner, par exemple, comme titre : Compte-rendu aux Loges de la Fédération des travaux du Grand Orient de France.


Après discussion, le Conseil adopte la modification proposée.
...10° "L'Alliance Française" association nationale pour la propagation de la langue française dans les Colonies et à l'étranger, demande au Grand Orient d'organiser une réunion dans une des salles de la rue Cadet, pour entendre une conférence de M. Pensa, chargé de mission en Égypte, dans le but de faire connaître d'une façon complète aux membres du Grand Orient la tâche que l'association s'est imposée et les inviter à y participer plus directement.
Le Frère Alfred Faure et le Frère Edgar Monteil rappellent que "L'Alliance Française" s'est laissée envahir par les Jésuites et ils sont d'avis qu'il ne faut pas pousser la Maçonnerie dans la voie indiquée par la lettre de M. Fonein, secrétaire général de "L'Alliance". Après discussion, le Conseil décide que le Frère Desmons, président, verra M. Fonein pour savoir ce qu'il désire.
... Le Frère Dequaire entretient le Conseil d'un incident qui s'est produit à la suite de la création du Chapitre Nouvelle Carthage, Vallée de Tunis. Trois des membres fondateurs, les Frères Blanchet, Lafitte et Pietra, avaient été éliminés pour des raisons diverses du premier tableau fourni par cet Atelier ; deux de ces Frères : les Frères Blanchet et Lafitte, protestent aujourd'hui contre cette exclusion. Le Frère Dequaire donne des explications sur les raisons qui avaient amené quelques Frères du Conseil à prendre cette détermination dans l'intérêt supérieur de la Maçonnerie.
Le Frère Fontainas dit que la situation est délicate en ce qui concerne le Frère Blanchet qui paraît jouir de l'estime de la Loge de Tunis, puisque celle-ci l'avait délégué pour la représenter au Congrès maçonnique des Loges algériennes et tunisiennes, tenues à l'Orient de Constantine en 1896. Le Frère Blanchet a même été élu président de ce Congrès.
Le Frère Tranier donne des renseignements sur le Frère Lafitte qui se servait de sa situation de conseiller municipal de Toulouse pour emprunter de l'argent, même à des maîtresses de maisons de tolérance. Le Frère Tranier cite divers faits qui sont confirmés par l'acquittement du journal "Le Télégramme" poursuivi par le Frère Lafitte pour diffamation.
Le Frère Bidou estime que le Conseil n'avait pas le droit d'intervenir dans le choix des membres fondateurs du Chapitre mais que d'autre part les Loges de Toulouse sont coupables de n'avoir pas mis le Frère Lafitte en accusation.
Le Frère Fontainas pense qu'il y aurait un moyen d'éliminer le Frère Lafitte, ce serait d'ouvrir une enquête pour examiner s'il n'y a pas lieu de mettre ce Frère en accusation. Quant au Frère Blanchet, le Chapitre pourrait l'admettre en son sein.
Le Frère Dupré dit qu'il y a une épuration à faire, qu'il faut frapper le Frère Lafitte sans pitié parce qu'il est indigne et qu'il serait un danger permanent pour nos Ateliers de Tunis.
Le Frère Audibert est d'avis de mettre le Vénérable de la Loge de Tunis en demeure de faire le nécessaire pour se débarrasser des Frères Lafitte et Pietra qui seront aussi nuisibles à la Loge qu'au Chapitre.
Le Frère Dequaire ajoute qu'il n'y a rien de précis contre le Frère Pietra et que le Conseil pourrait se borner à une seule exécution, celle du Frère Lafitte.
Le Frère Tiniere demande la mise en accusation du Frère Lafitte, en exécution des dispositions de l'article 289 du Règlement Général.


Après une discussion à laquelle prennent part en outre les Frères Dazet, Grégoire, Sincholle et Damuzeaux, le Conseil décide :


1/ la mise en accusation du Frère Lafitte ;

2/ de charger officieusement le Frère Dequaire de confirmer les conseils donnés au Frère Caillat, Très Sage du Chapitre.
Le Frère Dequaire ajoute qu'il y a une différence à faire entre les Frères Ebert et Lebourgeois, celui-ci est honnête et le principal grief qui existe contre lui est d'avoir pris une part active au mouvement boulangiste.


Le Conseil renouvelle sa confiance au Frère Fontainas.


11-4-1987 ...Le Frère Desmons, président, demande que le Conseil échange quelques observations sur la conduite à tenir à l'égard de la Loge mixte Le Droit Humain. Il rappelle l'incident qui s'est produit à la fête de l'Unité Maçonnique, Orient de Paris, à laquelle assistait Mme Georges Martin, décorée du cordon de Vénérable.
Le Frère Edgar Monteil dit que ces femmes font une propagande acharnée et accomplissent de bonne besogne. Il pense que dans les tenues blanches où il y a des Maçons de toutes les Obédiences, les membres du Conseil n'ont qu'à conserver leur cordon, sans faire attention aux
femmes maçonnes ; il n'y a pas intérêt à les rejeter.
Le Frère Dequaire signale qu'il les a rencontrées dans un banquet, en tenue blanche, à Blois. Dans son discours, il leur a dit que le Grand Orient ne les reconnaissait pas.
Le Frère Bidou estime qu'elles se parent d'un titre qu'elles ne possèdent pas et que, puisque nous ne les reconnaissons pas, les membres du Conseil doivent enlever leur cordon lorsqu'ils se trouvent en leur présence dans des fêtes blanches.
Le Frère Tave voudrait aller plus loin ; il demande que les membres du Conseil se retirent.
Le Frère Tiniere demande qu'on ferme les yeux, puisque les femmes des Maçons portent aussi des cordons dans les fêtes blanches.
Le Frère Audibert estime qu'il ne faut pas agir avec tant de rigueur dans les tenues blanches qui ne sont que de simples réunions ; d'ailleurs, le Conseil n'a pas la responsabilité de l'existence et de l'organisation de ces Loges mixtes, par conséquent il n'y a aucun inconvénient à assister aux fêtes blanches où se trouvent des femmes maçonnes.
Le Frère Sincholle demande ce qu'il faut répondre dans une fête lorsque le Conseil est interpellé violemment par les représentants de la Loge mixte ?
Le Frère Tiniere dit qu'on peut les appeler "Mes Sœurs", comme on le fait pour des femmes de Maçons.
Le Frère Griveaud pense que les Loges ne devraient pas inviter de femmes maçonnes à leurs fêtes.
Le Frère Tranier croit qu'il serait bon d'envoyer une circulaire aux Loges pour leur dire que les délégués du Conseil n'assisteront pas aux fêtes où seront des femmes maçonnes.
Le Frère Bidou propose que le secrétariat demande aux Loges qui désirent une délégation du Conseil, si des femmes maçonnes doivent assister à leur fête.
Le Frère Sincholle dit qu'on connaît déjà les Loges où les femmes maçonnes ont l'habitude d'aller ; il y a les Loges de Blois, de Vernon et une de Lyon, et à Paris, les Loges l'Ecole Mutuelle,
L'Evolution Sociale, La Franchise et L'Unité Maçonnique.
Le Frère Tiniere propose que les membres du Conseil ne soient pas obligés d'ôter leur cordon et que s'ils sont interpellés par des représentants de la Loge mixte, ils se bornent à répondre que des discussions de cette nature ne peuvent pas être discutées dans un banquet.


Après discussion à laquelle prennent en outre part les Frères Roche et Dazet, le Conseil adopte la proposition du Frère Tiniere par huit voix contre trois.


12-4-97...Le Frère Priou, chargé de faire une enquête sur les faits signalés au sujet de la mise en sommeil du Chapitre Bélisaire, rappelle au Conseil les agissements du Frère Ebert, Très Sage. Il croit que l'enquête n'est pas nécessaire parce qu'il est certain que les faits allégués par le Frère Colin, Chancelier du Chapitre, et par la Loge Bélisaire sont exacts. Le Frère Priou pense qu'on pourrait éviter la mise en accusation du Frère Ebert en exigeant simplement sa démission ; ce qu'il faut montrer à ce Frère, c'est que le Conseil n'est plus dupe de sa supercherie.


Le Frère Fontainas trouve qu'il y a une question de droit délicate, mais que le Conseil peut revenir sur une décision viciée par les faux renseignements qui lui ont été donnés. Il rappelle que lorsqu'il est allé à Alger, le Frère Ebert lui a déclaré que le Chapitre ne se réunissait plus et qu'il était en sommeil de fait ; ces déclarations lui ont été confirmées par le Frère Lebourgeois. Le Frère Fontainas demande que l'enquête décidée par le Conseil soit maintenue et que le Frère Priou fasse convoquer tous les membres du Chapitre, pour leur demander s'ils ont été régulièrement convoqués aux tenues des 27 novembre et 3 décembre 1896 pour lesquelles le Frère Ebert déclare que le quorum réglementaire n'a pas été atteint.


Le Frère Sincholle est d'avis qu'il faut débarrasser l'Algérie du Frère Ebert qui sera une cause perpétuelle d'ennuis.
Le Frère Priou craint qu'une mise en accusation amène une agitation dangereuse pour la Maçonnerie algérienne et pense pouvoir arriver à une démission des Frères Ebert et Lebourgeois ou tout au moins du Frère Ebert.
Le Frère Dazet estime que la justice maçonnique est une machine très lourde à mettre en mouvement, ce qui le fait croire qu'une démission serait préférable. 
Après quelques observations des Frères Audibert, Roche et Damuzeaux, le Conseil décide de maintenir l'enquête votée dans sa précédente séance.


12-4-1897 ...Le Frère Desmons, président, demande au Conseil d'examiner la question de relations à établir entre le Grand Orient de France et la Grande Loge de France. Il rappelle que le Grand Orient n'a pas été avisé de la fusion de la Grande Loge de France avec la Grande Loge Souveraine Écossaise.


Le Frère Sincholle refait l'historique du Suprême Conseil du rite Écossais, de la Grande Loge de France, de la Grande Loge Souveraine Écossaise et de la fusion de ces deux derniers groupements maçonniques. Il estime que le Grand Orient n'a aucun intérêt à avoir des relations
avec la Grande Loge de France ; on peut simplement conserver des relations fraternelles, sans caractère officiel. Le Frère Sincholle ajoute que les Écossais, qui parlent toujours de leurs relations avec les Maçonneries étrangères, n'ont été représentés ni à la Conférence maçonnique d'Anvers, ni à celle de La Haye, alors que le Grand Orient de France y a joué un rôle important.
Le Frère Bidou demande la rupture des relations avec le Suprême Conseil qui a violé les décisions du Congrès de Lausanne. Il estime que ce groupement maçonnique n'est plus régulier et qu'une rupture aurait l'avantage de faciliter les négociations tendant à faire venir un certain nombre de Loges écossaises au Grand Orient.
Le Frère Sincholle n'est pas partisan d'une rupture avec le Suprême Conseil qui peut toujours avoir des relations avec le Grand Orient, mais à partir du 18° degré, puisqu'il ne possède plus les Loges.
Le Frère Dazet donne de très intéressants détails sur les attaques****


14-4-1897 ... Le Frère Grégoire demande au Conseil de vouloir bien consacrer quelques instants
à l'examen de la situation politique actuelle et à la conduite à tenir en vue des prochaines élections législatives qui auront lieu en mai 1898. Il dit que partout le cléricalisme triomphe ; que les fonctionnaires (petits ou grands) nommés actuellement sont tous réactionnaires, que les prêtres reçoivent des secours du gouvernement sans qu'un avis préalable soit demandé aux préfets et Sous- Préfets comme cela se faisait ordinairement, qu'il connaît des prêtres ayant 5.000 F de rente qui reçoivent des secours pour prendre les eaux.
Le Frère Priou assure ses collègues du concours des Loges algériennes pour combattre le cléricalisme.
Le Frère Schwerer parle de la puissance des jésuites qui obtiennent ce qu'ils veulent et qui sont aujourd'hui plus forts que jamais parce qu'ils ont l'appui du gouvernement.
Le Frère Tave pense que le mal vient surtout du gouvernement qui protège les Jésuites ; il voit dans l'alliance des modérés avec la droite un gros danger pour la République.
Le Frère Audibert donne des renseignements sur les dernières élections municipales de Montpellier qui ont été un véritable succès pour le parti républicain, grâce à l'union qui s'est fait à gauche. Il demande si le Conseil ne pourrait pas faire faire une campagne pour arriver à cette union au moins au deuxième tour de scrutin ; ce serait un mot d'ordre à donner pour les prochaines élections législatives.
Le Frère Croissant dit qu'il y a une plate-forme électorale sur laquelle tous les vrais Républicains peuvent s'entendre, c'est la question cléricale ; il serait donc préférable de partir en guerre ainsi en signalant le danger que le cléricalisme fait courir à la République.
Le Frère Tave croit qu'il serait nécessaire, pour arriver à une union à gauche, de s'entendre préalablement avec les chefs des divers partis progressistes.
Le Frère Tranier donne comme exemple d'union les dernières élections municipales de Toulouse où les radicaux-socialistes et les socialistes des différentes écoles se sont alliés et ont remporté la victoire. Il se déclare partisan d'une plate-forme électorale pour reconnaître les vrais démocrates.
Le Frère Roche pense qu'il sera difficile d'imposer aux candidats républicains de mener la campagne avec courtoisie ; les divisions dans le parti républicain s'accentuent de jour en jour et cela produit des résultats désastreux.
Le Frère Schwerer estime qu'il n'y a qu'un moyen de faire l'union, c'est de prendre la question cléricale comme tremplin électoral.
Le Frère Roche dit que dans la Charente-Inférieure, les bonapartistes sont aussi des anticléricaux et qu'alors, il serait bien plus simple de laisser à chacun sa liberté d'action suivant les milieux.
Le Frère Grégoire ne croit pas que les idées cléricales fassent beaucoup de chemin et il pense que la question cléricale serait seule de nature à pouvoir faire la concentration.
Le Frère Edgar Monteil pense qu'on peut essayer de faire de la concentration républicaine, mais le parti opportuniste aimera mieux faire des concessions aux cléricaux qu'au parti radical. Il parle des services que rend le Comité d'action pour les réformes républicaines qui multiplie les conférences en province, ce Comité a essayé d'avoir de l'argent et il a, dit-on, environ 40.000 F en caisse. Le parti opportuniste dispose de sommes considérables ; on prétend qu'après le vote de la loi sur les sucres, Méline a eu à sa disposition un million pour faire les élections et on parle de 1.200.000 F dont disposerait Waldeck-Rousseau. Il serait nécessaire, d'une part, que par les Loges on puisse arriver à porter la bonne parole un peu partout ; il faudrait faire comprendre aux Loges qu'il est nécessaire d'éviter les discussions et d'obéir à un programme déterminé. Le Frère Edgar Monteil pense aussi que le Bureau du Conseil de l'Ordre devrait s'entendre avec le parti radical pour arrêter un programme et même avec les différents présidents ou chefs de groupes ; quatre ou cinq articles suffiraient et on pourrait commencer la campagne dès maintenant. Le service militaire d'un an serait séduisant et allécherait les paysans, la suppression des dépenses afférentes aux cultes, la dissolution des congrégations religieuses et le retour de leurs biens à l'Etat, l'impôt sur le revenu et la révision de la Constitution, seraient également de nature à rallier beaucoup de républicains.
Le Frère Edgar Monteil propose que le Conseil charge son Bureau de s'entendre avec les présidents des divers groupes républicains, pour arrêter un programme commun.
Le Frère Paul Viguier est partisan d'une entente avec les présidents des divers groupes républicains, mais il n'est pas d'avis de parler dans le programme de la suppression des dépenses afférentes aux cultes parce qu'il craint que cela éloigne de nous certaines bonnes volontés.
Le Frère Edgar Monteil dit qu'il ne s'agit pas d'être tout à fait d'accord pour préparer la séparation des Églises et de l'Etat, il faut émettre des idées simples et parler un langage clair aux paysans, en se servant de mots auxquels ils sont habitués.
Le Frère Audibert pense qu'il ne faut pas supprimer les questions cléricales du programme, parce qu'on amènerait à la Chambre des républicains qui voteraient avec la droite dans ces questions ; mais il ne va pas jusqu'aux idées émises par le Frère Edgar Monteil, il croit qu'il serait préférable de laisser les communes libres de disposer comme elles l'entendraient des fonds qui leurs seraient alloués pour les dépenses afférentes aux cultes. Le Frère Audibert est aussi partisan d'une entente avec les présidents des différents groupes républicains.
Le Frère Paul Viguier dit que si l'on compte localement sur les Loges pour faire quelque chose, on se trompera, parce que certains politiciens les empêcheront de marcher. Il demande qu'une circulaire soit envoyée aux Loges pour les avertir de ce que le Conseil aura fait d'accord avec les progressistes.

Le Frère Desmons estime qu'il faut ouvrir les yeux des républicains sur les agissements du parti clérical, au lieu de parler de la suppression des dépenses afférentes aux cultes, parler de la séparation des Églises et de l'Etat que tout le monde connaît. Si le service militaire d'un an est suffisant, il est prêt à le voter. Le Frère Desmons ajoute qu'il ne fait pas mettre de côté le parti socialiste et que pour sa part, il accepte le programme minimum de Millerand d'il y a trois ou quatre ans. Il dit qu'à l'heure actuelle, la République court un grave danger et que si nous voulons lui sauver la vie, nous devons cirer casse-cou.
Le Frère Edgar Monteil pense qu'il est indispensable d'aborder tout au moins la question de réduction du service militaire.
Le Frère Girod a entendu dire dans l'artillerie qu'un an suffirait ; c'était l'avis général des officiers.
Le Frère Priou dit que le contingent algérien ne fait qu'un an et que cela suffit bien ; il faut qu'il y ait égalité entre les bourgeois et les paysans, c'est pourquoi nous pouvons demander l'égalité effective par la réduction du service militaire.
Le Frère Tiniere pense qu'aucun progrès sérieux ne sera possible, tant que nous n'aurons pas détaché l'idée religieuse des masses ; il constate que dans les quartiers populeux, tous les ouvriers vont à la messe, ce sont les socialistes qui sont les plus pratiquants.
Le Frère Bourceret parle d'un discours malheureux qu'aurait prononcé le Frère Léon Bourgeois, tout récemment, à l'Hôtel Continental, où il a attaqué les collectivistes. Il ne faut pas, dit-il, que les socialistes croient que nous sommes leurs ennemis.
Le Frère Tave répond que les socialistes en font autant de leur côté et qu'ils en se gênent pas pour nous éreinter.
Le Frère Delpech dit qu'il s'opère en ce moment un travail de rapprochement entre opportunistes et radicaux, Ribot et Leygue s'en occupent, il s'agit d'établir un programme minimum contre les réactionnaires et les collectivistes révolutionnaires. Le Frère Delpech ne croit pas à la possibilité d'un programme commun.
Le Frère Desmons signale que les députés maçons ne veulent pas parler de la Maçonnerie.
Le Frère Lemaître estime qu'il faut faire le nécessaire pour ménager la concentration au deuxième tour.
Le Frère Paul Viguier croit que c'est une erreur que de vouloir laisser ce côté la Maçonnerie qui est l'armure de la République ; la Maçonnerie, dit-il, est l'arme nécessaire à la société moderne pour se défendre et si nous mettons la Maçonnerie dans notre poche, nous sommes battus.
Le Frère Tave pense qu'il faut faire entendre la voie de la Maçonnerie et dire qu'elle est une force et qu'il faut compter avec elle.
Le Frère Tranier dépose l'ordre du jour suivant :

 
"La Franc-Maçonnerie, au nom de ses principes, a le devoir :


1/ de recommander à tous ses adeptes de faire leur possible pour faire introduire dans les programmes électoraux un article visant le péril clérical et la nécessité de travailler sans cesse à la séparation des Églises et de l'Etat.


2/ de recommander à tous les Francs-Maçons de ne soutenir que les candidats qui accepteront cet article du programme.

 
3/ Le Bureau du Conseil de l'Ordre fera tous ses efforts auprès des chefs politiques pour trouver la formule d'un programme commun qui devra contenir l'article ci-dessus.


4/ Tous les chefs politiques feront tout leur possible auprès des Comités pour obtenir l'engagement de soutenir au deuxième tour de scrutin le candidat républicain le plus favorisé au premier tour".


Le Conseil adopte l'ordre du jour du Frère Tranier et charge son Bureau d'entrer en pourparler avec les présidents des différents groupes républicains du Parlement.

A suivre

81 Ville.

(Paru dans la Revue des Etudes Juives, janvier 1996, t 155, fasc. 1-2)

Posté par Adriana Evangelizt

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30 avril 2007 1 30 /04 /avril /2007 20:33

 

 

 

  LA FRANC-MACONNERIE ET L'ANTISEMITISME


 
par Lucien SABAH

 

3ème partie

2ème partie

1ère partie

 

 

La lutte contre l'antisémitisme


Nous avons vu le Frère Priou, membre du Conseil de l'Ordre du Grand Orient intervenir contre les propositions de certains de ses Frères. Si nous avançons dans le temps, nous apprenons qu'une intervention est faite à propos de l'Affaire Dreyfus, le Frère Orateur, celui qui est chargé de faire respecter le Règlement dans la Loge menace de faire suspendre la discussion conformément aux dispositions du Règlement de l'Obédience 74.

 Si nous poursuivons la lecture de ces comptes-rendus, nous voyons au fur et à mesure que les membres de la Loge se préoccupent de savoir quel fut le comportement des candidats à la réception dans la Franc-Maçonnerie.


En fait la lutte est menée d'abord par le Conseil de l'Ordre du Grand Orient de France qui s'inquiète de la situation en Algérie, sur divers plans : antijuif, contre les tendances séparatistes ou scissionniste de certains
"néos" ou nouveaux naturalisés, pour l'intégration des Musulmans.

Nous nous concentrerons sur l'aspect de la lutte contre l'antijudaïsme, notant que ces autres aspects sont toujours aussi contemporains et mériteraient des études particulières.


À Constantine, le Grand Orient arrive à détruire la Loge de Morinaud, pour créer la Loge Cirta, celle de Morinaud passant à la Grande Loge de France ; à Alger, la Loge Soleil Levant est reprise en main, à Oran, le Grand Orient aide le Frère Charruault, fonctionnaire qui y est affecté. C'est ce Frère qui mène le combat contre les tenants de l'antisémitisme et Bogros est finalement amené à démissionner de la Loge et à rendre ses archives 75.


Et nous allons voir des Loges passer de l'Obédience du Grand Orient à celle de la Grande Loge de France, simplement à cause de ces questions de racisme ou de nationalisme par exemple anti-espagnol, comme à Oran 76.


Mais cette tendance anti-juive si elle perdure chez certains Maçons comme le Frère Cavaignac, ministre de la guerre qui se déclare convaincu de la culpabilité de Dreyfus, ne sera plus qu'un souvenir, mauvais sans doute. Désormais, nous avons des avis de rejet de candidature de "profanes" par les Loges d'Algérie, parce qu'ils furent plus ou moins antisémites 77.


Aussi, c'est sans étonnement que nous lisons dans le travail de M. Ansky ou de M. Bourdrel que les "radicaux-maçons" algériens ont développé l'antisémitisme en Algérie, et qu'ils l'ont combattu 78 !


Mais parfois le monstre se réveille et c'est avec le plus grand étonnement que nous avons lu dans les mémoires posthumes du "Grand Maître" Riandey qu'il a déclaré à la police antimaçonnique de Vichy avoir toujours lutté contre l'influence juive dans les Loges 79. Ce Frère avait conservé son emploi de secrétaire général d'une mairie d'arrondissement à Paris, alors que le Frère Charruault, celui qui avait combattu l'antisémitisme devait démissionner de son poste de Conseiller municipal de Beauvais où il s'était retiré, en 1940 80 !


Pièces justificatives


Liste des Maçons de Livourne


Grâce à l'obligeance de M. Hivert-Messeca, nous avons pu vérifier une cote du fonds maçonnique de la B. N. : Fm² 572, Loge Napoléon à Livourne (Italie). Nous avons relevé les noms suivants sur les "Tableaux" de la loge :
1808 : Moïse Coen Bacri, né à Alger en 1784, négociant, absent.
Abraham Busnach, né à Alger le 20/3/1788, négociant, signe en français. Tous les deux sont Maîtres.
1810 : Bacri, Moïse, Cohen, 26 ans, né à Alger, Maître Parfait.
Burnack Moïse, 40 ans, né à Alger, Maître.
Burnack Abraham, 23 ans, né à Alger, négociant, Maître.
1812 Bacri Moïse Coen, Maître Parfait.
Cette dernière mention tend à montrer que Bacri Moïse Coen est allé au moins deux fois dans la loge Napoléon : la première fois, il a pu recevoir les trois premiers grades ensemble, comme cela pouvait se faire alors en "cas d'urgence". Par contre, il a dû revenir pour obtenir le 5° grade du Rite de Perfection ou du Rite Écossais Ancien Accepté, celui de Maître Parfait. Les frères de Lesseps faisaient partie de la loge. D'ailleurs voici le tableau de cette loge au 24 du 11° mois de 5807 (=24-1-1808) :


Vénérable d'honneur Guil. Capelle préfet du département de la Méditerranée ;
Vénérable Mathieu Lesseps 32° (REA) ex-consul général ;
Premier Surveillant Louis Nicolas, chef d'escadron gendarmerie ;
Deuxième Surveillant : Isaac Grant, négociant ;
Orateur : Pierre Cercignani, avocat ;
Secrétaire : Antoine Devoulx, négociant ;
Trésorier : Darius Mercati, directeur des Postes ;
Garde des sceaux : Georges Vitali, négociant ;
Experts : Joseph Terrazzi, négociant & Hippolyte Tiribilli, employé aux douanes ;
Maîtres des Cérémonies : Félix Vasse, négociant & Jean Grant , négociant ;
Terrible : François Scarpa, capitaine marine marchande ;
Couvreur : Moise Busnack, négociant ;
Économe : François Nazzar, négociant
Architecte : Jean Wulffen Jr, consul de Danemark ;
Trésorier des pauvres : Ange Carmi, négociant
Hospitalier : Ferdinand Manteri, négociant ;
Ordonnateurs des banquets : Cornelius Filippi, négociant & François Papanti, négociant ;
Adjoint au secrétaire : Jean-B. Magini, employé aux douanes ;
Adjoints aux maîtres des cérémonies : Moïse Coen Bacri (sic), négociant & Louis Battaglini, chirurgien.
Ancien vénérable : Auguste de Viany, Chef de bureau des douanes ;
Roses-Croix : Léon Vidal, négociant - Thomas Petrini, courtier - Daniel Moise, négociant.
Grand Écossais : Alexandre de La Valette, employé aux hospices ;
Élus : Herman Schbart, Ministre plénipotentiaire de Danemark ; Jean Bachelard, employé des
douanes.
Maître parfait : Vincent Saffandi, négociant
Maîtres : Théophile Boissi d'Anglas, commissaire des guerre - Julien Brunel, négociant - Isac Attias, propriétaire - Henri Mugniaini, négociant - Nicolas Giorni, avocat - Jean Walser, négociant - Paule Henry Wulfen, négociant - Abraham Busnach, négociant - Chrétien Due, négociant - Guillaume Mitechel, négociant - Antoine Granucci, officier de la compagnie départementale -Joseph Bernard, avocat - Jacob Recanati, négociant - Joseph Alliata, propriétaire - Joseph Pefetti, employé à la préfecture de Lucques - Gustave Wulffen, négociant.

Compagnon : Pierre Caire, négociant.


Apprentifs : Marciano Simonetti, consul général de Naples - Jacques Garbini, prêtre et docteur - François Massoni, aide de camp de S. A. I. le prince de Lucques - Jean Caselli, capitaine au 1er régiment de la garde nationale de Lucques - Maurice Vialis, négociant - Jean David, inspecteur des domaines à Pise - Isidore Giovannetti, directeur des postes - Jean Carmignani, professeur de droit criminel à l'université de Pise - Pierre Cilla, capitaine, Gendarmerie. -Jean Mutel, capitaine de gendarmerie à Livourne.


Frères absents : Jean, Bap., Lesseps, Pascal Lesseps, Pierre Massol, Auguste Mahelin, Philippe
Bertolacci, Charles Wiedman, Charles Balfour, Jean Pasco, Georges Aide' (sic), H. Alwein, J.-J. Lamarche, Georges Gaussen, Gérard Questroi, J. Joseph Lautier, Joseph Chauvet.


Apprentifs : Louis Buttafoco, Demetrius Maximum, Félix Lombard, Frédéric Brayer, Jacques Hergard, Auguste Renaudin,


Député au Grand Orient : Rouyer général de brigade


Associés libres : François Sequis, Jacques Ginot, J.-J. Melet, Mechin, Alesandre Desbeuf, Charles Prat, François Augear, Jean Toussaint Godard, Pierre Renard, Cas. Carre' (sic), Victor Morand, Bernard Oudin (tous officiers au 13e de Ligne). Eliert Lund, Niels Metersen, N. Cartensen, Truels Eger, Chresten Chrisiensen, Jorge Paulsen (Tous capitaines de marine marchande danoise).


Frères servants : Jean Ruffi, Ange Tagliazucchi, Fernand Frediani.).


La question prussienne.


Bulletin du Grand Orient de France, n° 3, 1844, pp 106 et 107 : "La position exceptionnelle des Maçons Israélites en Prusse semble préoccuper vivement les Maçons de l'Allemagne, de la France et de l'Angleterre, et on s'étonne à bon droit de cet ostracisme prononcé au nom de l'intolérance. Des observations ont été adressées à ce sujet au Grand Orient de France, qui les a renvoyées à l'examen d'une commission. Nous croyons pouvoir assurer qu'un article, dans lequel cette question sera examinée, paraîtra dans le prochain numéro du Bulletin".


Bulletin du Grand Orient de France, n° 6, décembre 1845, p 239 : "Des Maçons israélites en Prusse.


La position exceptionnelle des Maçons Israélites en Prusse continue à préoccuper non plus seulement les Maçons de l'Allemagne et de la France, mais aussi ceux de toutes les parties du globe ; c'est qu'en effet la question qui s'agite à l'égard de ces FF touche essentiellement à l'une des bases fondamentales de notre institution : la tolérance. Mais en France, où les leçons enseignées par l'histoire, implacable révélatrice des fautes du passé, ont appris ce qu'on pouvait craindre de l'oubli de ce principe inséparable de la vraie fraternité, cet anachronisme, oserons-nous dire politique, a soulevé de vives sympathies en faveur de ceux atteints par cette mesure renouvelée des siècles antérieurs. Plusieurs ateliers se sont adressés au Grand Orient et l'ont prié d'aviser aux moyens à prendre pour faire cesser un état de choses si contraires à l'esprit du dix-neuvième siècle. Le Grand Orient a pris en considération les demandes qui lui ont été soumises et qu'il a renvoyées à l'examen de la commission permanente. Cette dernière a consulté à cet égard de nombreux documents, ne voulant, dans une semblable affaire, négliger aucuns moyens pour éclairer sa religion, et l'un de ses membres sera incessamment chargé de présenter au Grand Orient un rapport sur cet important objet".


Bulletin du Grand Orient de France, n° 7, avril 1846, p 256 sqq. : Position exceptionnelle des maçons israélites en Prusse.


Cette question, qui a préoccupé et préoccupe encore si vivement les Maçons de tous les pays, vient d'être traitée au sein du Grand Orient de France, en sa séance du 3 de ce mois, et le Grand Orient a entendu avec le plus vif intérêt le rapport qui lui a été présenté à ce sujet, au nom de la commission permanente par le Frère Charrassin, son rapporteur.

Nous allons donner le texte de ce rapport, en faisant observer que le Grand Orient en a adopté les résolutions en leur entier, et a nommé une commission spéciale pour en suivre l'exécution.


Rapport sur la question relative a la position exceptionnelle

des maçons israélites en Prusse
présentée au G ? O ? de France, en sa séance du 3 avril 1846,
par le Frère Charrassin,
rapporteur de la commission permanente.96+01

 

"Très Chers Frères,
"De tous les coins du ciel de la Maçonnerie, à l'Est surtout et vers le Nord de la France, une voix unanime se fait entendre qui proteste contre l'espèce d'excommunication fulminée en Prusse contre nos Frères israélites. De Lyon, où cette voix solitaire, pour ne rien devoir au commun écho de la Maçonnerie française, s'exposait à mourir sans retentissement entre les limites d'une étroite circonférence ; des rives du Rhin au sommet des Vosges, de la Sarre à la Moselle et jusqu'aux rives de l'Escaut et de la Lys, partout alarmé, le sentiment de l'humaine confraternité s'est exhalée par d'éclatantes manifestations.

 
"L'Amitié Fraternelle de Bourg, La Fidélité à Lille, Les Vrais Amis de l'Ordre à Avize, Les Amis de la Vérité à Metz, ont plus expressément appelé l'attention du Grand Orient sur ce déplorable et solennel renoncement à la morale Maçonnique. La Fidélité de Lille vous conseillait "de menacer d'une rupture des Frères assez oublieux de leurs devoirs envers l'humanité pour faire revivre les préjugés du moyen âge". Les Amis de l'Ordre, à Avize, plus circonspects, peut-être plus prudents, mais tout aussi jaloux de la sainteté de nos devoirs, appréciant avec sagesse ce qu'il y avait de délicat et de difficile à s'immiscer dans l'administration d'une souveraineté étrangère, désiraient d'abord voir ouvrir des négociations et ramener le Sénat prussien par d'officieuses démarches, puis en cas d'inefficacité, d'appeler au secours du viol continué de la fraternité les armes même employées contre elle, et retourner en France contre les Frères prussiens l'excommunication dont on flétrit en Prusse nos Frères israélites.


"Enfin, Les Amis de la Vérité, le 29 juin 1845, entendirent les développements généreux, mais trop passionnés peut-être, trop débordants d'amères récriminations, par lesquels le Frère Landau engageait cette Loge à supplier le Grand Orient de convier à une ligue universelle contre les Loges souveraines de Berlin, tous les Grands Orients du monde pour frapper tous ensemble, comme d'un blocus général, la Maçonnerie d'entre l'Elbe et la Vistule, jusqu'à la révocation d'une si déplorable mesure. Ils nommèrent une commission particulière pour en faire rapport. Le 7 juillet suivant, cette commission s'associant au fond aux sentiments du Frère Landau, mais tempérant, avec une rare sagesse, ce qu'il y avait de trop orageux dans sa position, arrêta en principe :

 
"Que la tolérance est la vertu qui peut le plus contribuer à attaquer les préjugés et à combattre les erreurs... que la violence, au contraire, n'est pas l'arme qui convient pour les vaincre, et que toute autre voie que celle de la persuasion n'offrirait aucune chance de succès" ; que d'ailleurs le principe de la fraternité générale, voilée d'un nuage passager dans les Temples prussiens, compte pourtant à l'heure même, et jusque dans le sanctuaire, assez de zélés, assez de dignes défenseurs, pour qu'on puisse en augurer bientôt le pacifique triomphe : d'après ces motifs, la commission déclare "les mesures inopportunes", et propose à la Loge de renouveler sa protestation et de supplier le Grand Orient "de mettre tout à profit pour obtenir du suprême protecteur" le retour à une morale plus généreuse, et par cela même plus chère aux descendants d'un roi philosophe, et surtout pour faire ouvrir à titre de visiteurs, aux Maçons des Loges de France, ne fut-ce que par une juste réciprocité, l'entrée de toutes les Loges des rives de l'Oder.


"Enfin, dans sa séance du 4 août, la Loge de Metz écoutait la traduction d'un discours du Frère Kirsh, orateur de la Loge de Luxembourg et prêtre israélite. Ce Frère y rappelait cette grande parole de Salomon :
"Et même l'étranger qui n'est pas de ton peuple, Israël, et qui sera venu d'un pays éloigné pour glorifier ton nom, tu l'exauceras du haut du ciel, Grand Architecte de l'Univers !..." et, suivant cette grande idée comme une grande lumière, il se demandait si le Juif doit être moins que l'étranger pour les descendants de Salomon ! S'il n'est pas chrétien aussi par la croyance à l'unité de Dieu ? à l'immortalité de l'âme et surtout par la morale pratique ? Il se demandait si, pour différer sur la double nature du fils de Marie et sur les rapports du père, du fils et de l'esprit, sur le dogme de la présence réelle et sur d'autres particularités, comme aussi sur la manifestation, sur la direction miraculeuse de la pensée divine, le Juif ne marchait pas d'ailleurs sur les traces de Jean et du Christ ? Si le Christ, mort sur la croix pour l'humanité n'était pas pour lui, aussi bien que pour le chrétien, le sublime modèle du dévouement de toute la vie ? Si ce modèle sacré ne représentait pas pour tous deux le sacrifice continuel au bonheur du prochain ? Et si à ce titre tous les Juifs, comme tous les gens de bien, ne devaient pas s'efforcer de conformer toute leur vie à une vie si sainte, et n'étaient pas ainsi tous chrétiens du christianisme pratique, c'est-à-dire du véritable christianisme ? il se demandait enfin, si la Maçonnerie n'était pas précisément le temple commun, où tous, à l'abri des dogmes qui divisent, peuvent venir s'aimer dans la religion qui unit, et oublier les vaines et dangereuses spéculations des écoles religieuses.


"Telles sont, mes Frères, les trop justes plaintes de vos Loges : il est trop vrai que le principe de l'universalité maçonnique est entamé par quelques dispositions des statuts généraux de nos voisins du Nord ; que le mal est d'autant plus délicat à toucher, qu'il veut, pour être guéri, un retour sur une décision solennelle, et que ce retour, pour n'être pas parfois sans grandeur, peut n'être pas non plus sans danger pour la dignité et la considération d'un corps suprême. C'est assez dire l'embarras qui va environner votre délibération, où doivent se concilier à la fois les inflexibles devoirs envers l'Ordre, et les fraternels égards que mérite une puissance votre égale ; et ce qui ajoute encore et complique la situation, c'est la division du pouvoir souverain dans la constitution de cette puissance.


"Cent quatre-vingt-seize Loges y sont dirigées par trois Grandes Loges ; chacune de ces puissances travaille à sa manière, et dans un esprit et même d'après ses principes jusqu'à un certain point différent. Ces trois Grandes Loges sont la Grande Loge Aux Trois Globes, fondée par Frédéric II, qui administre à elle seule cent cinq Ateliers ; la Grande Loge d'Allemagne, qui en gouverne soixante, et la Grande Loge Royale York à L'Amitié, trente et un. Pour racheter le vice d'une action morcelée, et rattraper dans l'expédition des affaires générales une partie des avantages et de la régularité qu'assure seul en entier l'unité d'administration, les Grands Maîtres se réunissent au Prince royal, lien vivant, protecteur de ces trois familles, et ce comité forme la direction souveraine de l'Ordre. Il paraîtrait que rien de ses délibérations ne doit transpirer au dehors.


"Quant aux règlements généraux, ils demeurent en pleine exécution neuf années durant, et sont à ce terme soumis à révision. Or, à la Saint-Jean 5845, les neuf ans de l'ancienne loi expiraient, et avec eux sa vertu régulatrice ; et la loi révisée alors commençait à son tour sa neuvaine gouvernante. On y remarque, par malheur, la disposition suivante, triste héritage de sa devancière :


"Seront admis comme Frères visiteurs, à tous les travaux, excepté aux Loges délibératives, les Frères Chrétiens prouvant par un diplôme authentique qu'ils appartiennent à une Loge reconnue". C'est à cette barrière que les Israélites, consacrés sur vos autels ou sur les autels de la grande main de la fraternité ; c'est là que sur leur front humilié, le vieux préjugé, debout derrière les barreaux, comme une sentinelle sourde et muette, leur jette encore la malédiction barbare d'un autre âge.


"Assurément cette mesure n'est conforme ni aux principes essentiels de la Maçonnerie ni aux devoirs mutuels d'autorités en possession d'administrer les choses de la fraternité. Le Grand Orient de France réservant toujours, au foyer tout ouvert de sa nationale famille, des places pour les enfants de la famille prussienne, quelque religion qu'ils professent d'ailleurs, pourrait à bon droit se sentir blessé de ne pas trouver pour les siens un traitement semblable, de voir méconnus les droits sacrés conférés en son nom, et ses avances pour établir l'égalité des enfants des hommes. Il devrait se sentir blessé de voir en quelque sorte autour des champs de la Maçonnerie, par une contrefaçon sacrilège, s'étendre une manière de douane religieuse, pour fouiller à l'entrée des Temples le fond des consciences, et n'accorder l'hospitalité qu'aux croyances cotées au tarif pour passer en franchise.


"Mais le juste orgueil qui semble vous obliger à ne pas souffrir d'atteinte à notre nationalité maçonnique, ce dépôt remis à votre vigilance par les élections de vos Frères, n'est rien à notre avis auprès de cet autre dépôt dont le Grand Architecte de l'Univers a de toute éternité confié la garde au coeur de toute la Maçonnerie de la terre ; je veux parler du principe moral de l'Ordre entier.

"S'il est en effet quelque chose de clair pour nous, c'est que le cachet particulier qui distingue la morale maçonnique de toutes les autres, est l'universalité des grands sentiments qui en forme le fond ! Ce qui élève cette morale au-dessus de toute autre morale, c'est que ses inspirations divines enveloppent les battements de tous les coeurs et les mouvements de tous les esprits ; c'est qu'elle ne comporte, dans ses dimensions infinies, ni jalousie entre les sectes, ni concurrence entre les familles, les provinces, les nations industrielles ou politiques, ni rivalités, ni haines, ni privilèges de force, ni de race, ni de croyance, ni de couleur ! Son large drapeau, d'un pôle à l'autre, doit flotter au-dessus de tous les drapeaux divers ; il se déploie sur les étendards entre agités de Mahomet, comme sur ceux de Moise, sur la croix de Rome comme sur celle de Moscou, sur celle de Genève, comme sur celle de Londres, sur le Gange somme sur le Tibre, sur les Amazones comme sur l'Ohio ; sous son ombre ondoyante, au loin projetée, doivent un jour, parmi les distinctions effacées, vivre en frères, l'Indien et le Tatare, l'Américain et l'Arabe, le Grec et le Scythe, le Nègre et le Romain ; et tous ensemble, unis dans un même coeur, dirigés par un même esprit, former enfin la conscience commune du genre humain.


"C'est cette grandeur, cette généralité dans les pensées et les sentiments qui fait, n'en doutez pas, le propre, l'essence de nos doctrines. Détruisez ce grand caractère, et la Maçonnerie découronnée n'a plus rien à apprendre au monde, plus rien à lui faire pratiquer ; ses symboles devenus vides n'ont plus ni sens ni révélation ; et ses petites sociétés, éparses par le monde et sans objet, n'ont plus d'avance à offrir l'image de la grande société humaine ; elles ne sont plus comme autant de doux concerts s'exerçant et préludant à l'harmonie de l'ensemble, et s'efforçant même dès ce jour de réaliser dans un monde condamné, le bonheur promis au monde à venir !


"Détruisez ce grand caractère, et vous ne savez plus pourquoi tous les arts, toutes les professions, toutes les sciences et tous les cultes, toutes les activités, tous les travaux et toutes les pensées, toutes les religions et tous les climats se cherchent ici comme dans un rendez-vous commun ? Pourquoi toutes ces mains, que les habitudes et les moeurs tiennent à distance, viennent ici se serrer et s'unir dans une chaîne sans fin, et à travers les âges et les frontières, les mers et les montagnes, les usages et les préjugés ? Et vous ne savez plus pourquoi tombent ici les murailles d'airain, debout ailleurs entre les enfants des hommes, entre les fils du Christ et ceux de Mahomet, entre les noirs et les blancs, entre les races de l'Inde et celles de l'Europe, entre celles des nouveaux continents et celles de l'ancien ? Pourquoi disparaissent les distances et les aversions qui tiennent cantonnés dans des étages divers, forts et faibles, riches et pauvres, et ceux qui, courbés sur le métier ou la charrue, fécondent de leurs sueurs les champs et l'industrie, et ceux qui plus favorisés du ciel, cueillent dans le domaine de l'intelligence ou de la fortune une vie plus douce et moins semée d'épines ? Pourquoi se calment ici et brisent expirantes ces vagues que soulèvent toutes les passions, toutes les souffrances particulières, et qui, dans leur furie vagabonde, roulent les hommes, les familles et les peuples entrechoqués entre les ateliers, les héritages, les préjugés et les croyances diverses.


"Oui, c'est ici la grande école où chacun vient apprendre et développer en lui ce qu'il a de commun avec tous les autres et qui l'incorpore à l'humanité, et oublier ce qui lui est personnel et qui l'en isole ; c'est ici qu'aux vives flammes de l'égalité et de l'unité humaine, l'orgueil vient fondre ses armoiries, et le travail laver les flétrissures que la barbarie jeta trop longtemps sur son front humilié ! C'est ici que les enfants de l'industrie reconnaissent leurs frères dans les ouvriers et dans les rivaux qu'une aveugle concurrence désigne partout encore l'un à l'autre comme ennemis ou oppresseurs ! C'est ici qu'Arabe et chrétien, catholique et protestant, déposent leur armure de haine pour s'étreindre plus étroitement dans l'éternelle religion du genre humain, et que les fils de Moise et de Jésus viennent s'exercer à parler ensemble la grande langue, pour en répandre partout ensuite parmi les familles les fécondes harmonies.


"Si la Maçonnerie n'est pas l'immense atelier où les coeurs les mieux inspirés parmi toute secte, toute philosophie, où les âmes généreuses de chaque branche de l'intelligence et de l'activité de l'homme, où les penchants affectueux de toute contrée, divisés, excités sans cesse contre eux-mêmes, animés à une guerre intime par des luttes de tous les jours, peuvent enfin se préparer, se façonner au solennel apprentissage des moeurs humaines ; si la Maçonnerie n'est pas l'immense atelier où les âmes, trop à l'étroit dans la vie particulière de chaque industrie, de chaque clocher, de chaque adoration, de chaque race, de chaque nation, et lasses de porter plus que leur charge de haine et de mépris contre toute communauté qui ne vit pas de cette vie isolante, peuvent venir désapprendre les préjugés et les moeurs exclusives, et étudier par avance la grande vie de l'humanité, elle n'est plus rien qu'une secte ordinaire et n'a que faire en ce monde ; elle donne sa démission de toute fonction humaine. Si les fils du Coran ferment leur temple aux fils de l'Évangile, si ceux-ci aux fils de Moise, si les chrétiens de Rome à ceux de Londres ; pourquoi les blancs ne les fermeraient- ils pas aux noirs et les hommes de couleur aux races Mongoles ? Pourquoi pas les nobles aux enfants du peuple ? Pourquoi pas les Français aux Russes, les Slaves aux Allemands, l'Europe à l'Afrique ? Or, au milieu de cet univers en morceaux, au milieu de ces groupes séparés, barricadés les uns crainte des autres, parmi ce monde en mille compartiments isolés, se repoussant l'un l'autre, cherchez, je vous prie, ce que deviendrait le saint dogme de la fraternité universelle ? Cherchez sur ces milliers de bannières frémissant et s'entrechoquant au loin, le signe essentiel et distinctif de notre Ordre ! Et voyez autour de vous si le principe d'exclusion dans le sanctuaire n'est pas un principe de dissolution ? Si le souffle impie de ce principe, quelque sacrée que soit d'ailleurs
la raison qui l'invoque, le monument de la fraternité ne tombe point en ruine et ne menace pas de se dissiper comme une vaine poussière ! Et si chaque Maçonnerie, devenue nationale ou provinciale, ne descend pas aux maigres proportions d'une association particulière, d'une manière de confrérie ou de congrégation, sans enseignement propre, sans titre constitutif et méritoire dans les archives de l'humanité, sans lien général qu'elle étende sur le globe, où se puissent attacher les siècles, les familles, les nations et les continents, et qui la désigne et la caractérise entre toutes les autres corporations !


"C'est bien assez déjà que les mystères doivent demeurer fermés à la foule dont la triste ignorance emprisonne et étouffe la pensée ! C'est bien assez qu'une nécessité cruelle nous force ainsi à déshériter ces victimes sociales et à ne pas leur confier un apostolat qu'il les compromettraient sans profit pour elles-mêmes : nous ne devrions voir condamnés à ne jamais venir entendre la grande voix de la fraternité que les coeurs desséchés ou vides, ou corrompus sans retours, que les âmes flétries qui vivent et jouissent des larmes d'autrui, qui, se faisant une divinité d'elles-mêmes, y rapportent tout, et, consommées tout entières en elles, n'ont plus rien pour les souffrances ni pour l'enseignement des autres et ne sauraient être que membres morts d'une société toute vivante. Mais du moins n'élargissons pas ce cercle fatal ! Car la Maçonnerie sera d'autant moins la philosophie de l'humanité, d'autant moins elle-même, qu'elle élaguera du faisceau un plus grand nombre de rayons ! Le coeur simple et bon qui sait faire la grande prédication de l'exemple et de la vertu pratique, aussi bien que l'esprit éclairé qui sait la puissance du savoir, comme l'imagination brillante qui possède la magie des peintures ou l'émotion de la parole, tous doivent concourir à ses enseignements : et ces enseignements demeureront incomplets si dans un coin du monde, au fond d'une religion ou d'un peuple, dans quelque étage enfin de la vie qu'il puisse se rencontrer, un apôtre digne de l'Ordre pouvait, sous un vain prétexte, être écarté des tribus de la fraternité.


"Ainsi, réprouver en son nom un peuple tout entier, c'est prêter à l'Ordre de la fraternité universelle les passions étroites et presque vindicatives d'une croyance particulière et exclusive ; c'est en corrompre et en altérer l'essence et le but ; c'est faire, d'un principe commun à tous les hommes, un principe propre à certaine nation privilégiée et réduire l'unité humaine à une simple unité nationale ou moins peut-être ; c'est reculer aux siècles où chaque race se croyait plus pure que toutes les autres, et s'arroger le domaine de la terre, refoulant celles-ci à ses pieds, entre elle et les bêtes ! Devant cette profanation de la grande image de la Maçonnerie, le Grand Orient ne pouvait garder le silence : il devait tenter au moins de relever cette image aux yeux mêmes de l'autorité qui l'avait mutilée, tout en croyant, nous n'en doutons pas, et en voulant travailler à sa gloire. Mais le Grand Orient devait-il se contenter de répéter encore les protestations dont le monde maçonnique a déjà si vainement retenti ou bien appeler au secours de sa pensée méconnue la triste voix des représailles ?


"Sans doute il serait facile de mander avec son glaive l'ange chargé de défendre l'entrée de nos Temples à tous les Maçons de la Prusse : sans doute encore le Grand Orient pourrait se liguer peut-être avec la plupart des Grands Orients étrangers pour emprisonner l'intolérance chez elle et la ramener peut-être, par la nécessité d'une expansion étouffée, à de plus libérales pratiques. Il pourrait bien plus : jusque dans son sanctuaire, il irait audacieusement aborder une Maçonnerie rivale, où les fils d'Abraham serrés en foule, sous son Obédience, et plus généreux que les chrétiens, sauraient tendre des bras amis à des Frères prévenus et forcer enfin des portes jalouses à coup de persévérance et de dévouement : car au milieu des troubles et des embarras que cette administration nouvelle aurait ajoutés à la triple direction prussienne, il parait impossible qu'on pût longtemps retenir des Frères partout mêlés, partout enlacés déjà, et impatients de fortifier, de couronner tant de liens par celui d'une fraternité générale ! Non, ce mouvement entre les anciens et les nouveaux Frères viendrait tout droit sans aucun doute aboutir à une transaction sur le pied d'égalité : et les persécutions mêmes de l'autorité profane, si cette autorité avait pu s'y résigner, n'auraient fait qu'attacher plus vivement les opprimés à l'autel si douloureusement élevé et ajouter à leur influence la vertu du martyr !

A suivre...

 NOTES

74 Cf. Annexe 20-2-1899.

75 L. Sabah, Op. cit., p 292.

 
76 Pour tout ce développement, nous nous permettons de renvoyer à notre thèse, Op. cit., passim.

 
77 Cf. L. Sabah, Op. cit., passim.


78 M. Ansky, Les Juifs d'Algérie du décret Crémieux à la Libération, Paris, 1950, p 55 ; Ph. Bourdrel, Histoire des Juifs de France, Paris, 1974, p 258, n 1.


79 C. Riandey, Confession d'un Grand Commandeur de la Franc-Maçonnerie, Paris, 1989, p 197 :
"J'ai combattu, avec beaucoup d'autres, au prix de pénibles épreuves, l'envahissement de la Maçonnerie par les juifs, non pas par antisémitisme primaire, mais parce que la Maçonnerie, ouverte à tous les hommes de bonne volonté, qu'elles que fussent leurs opinions ou leurs croyances, ne devait devenir le champ d'expériences ou le champ d'action d'aucune secte, d'aucune confession, d'aucun parti, d'aucun particularisme".


80 Ch. Riandey, Op. cit., passim :
"Dans le conseil actuel - conseil élu en 1933 - il n'y aurait pas que deux Francs- Maçons, mais au moins trois : MM. Charruault, conseiller et Gourdain ont démissionné ; M. Girard, conseiller a été démissionné d'office par vous et il est assez étrange qu'un délégué à la propagande se permette par l'expression "seulement" de porter une critique contre un acte ministériel" A.N., 2 AG 517, rapport du préfet, 2-12-41.

(Paru dans la Revue des Etudes Juives, janvier 1996, t 155, fasc. 1-2)

Posté par Adriana Evangelizt

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30 avril 2007 1 30 /04 /avril /2007 19:12

 

 

 LA FRANC-MACONNERIE ET L'ANTISEMITISME


 
par Lucien SABAH

2ème partie

1ère partie

 

 

L'antisémitisme.


Mais nous arrivons en 1890.

L'affaire Boulanger est quasiment réduite, l'Affaire Dreyfus va naître en 1894. Nous sommes dans notre sujet. Pourquoi ne pas commencer à l'évoquer avec le début de l'Affaire Dreyfus ?
Tout simplement parce que la politique antisémite ne naît pas avec cette affaire : l'Affaire est bâtie sur le substratum antisémite qu'est le pamphlet de Drumont, La France juive 37. La masse de la littérature antisémite est considérable dès cette époque, au point qu'on peut se demander pourquoi toute la France ne fut pas antisémite, certainement parce que les Français sont équilibrés. Mais certains esprits sont suffisamment échauffés pour croire que tous les Juifs sont des traîtres ou mieux qu'un Juif ne peut être qu'un traître.


Et puis, il y a la politique où il faut gagner des voix.


La politique.


En 1897, le Conseil de l'Ordre du Grand Orient tient séance et débat des élections législatives. C'est que depuis au moins 1877, lorsque le gouvernement de l'Ordre moral fermait plus de 20 loges du Grand Orient 38, alors que ce dernier s'engageait à fond dans le soutient de la République et qu'il supprimait de ses Statuts la référence au Grand Architecte de l'Univers, la Maçonnerie française était devenue plutôt politique que spéculative et comme très souvent les Maçons font bien ce qu'ils font, ils s'engagèrent à fond dans la défense des institutions républicaines. Pour cela il fallait gagner les élections. Donc, il y a préoccupations électorales au Conseil de l'Ordre lors de la séance du 14-4-1897.


Dès lors, il ne faut pas être étonné d'apprendre, par exemple, qu'au Convent de 1897, le délégué de la Loge de Mostaganem rende compte qu'il a voté pour la nomination au Conseil de l'Ordre du Frère Lucipia, parce que la Loge qu'il représente est 39 ou encore que le Grand Orient soutient un préfet, le Frère Humbert, menacé par le gouvernement 40, ce préfet qui a encore l'appui du Gouverneur général de l'Algérie Jules Cambon.


Et ici, nous entrons un peu plus dans le vif du sujet.


Jules Cambon a été pris à parti par le journaliste Yves Guyot, dans les colonnes du "Siècle" 41 qui lui reproche tout à la fois et son étiquette politique et d'avoir attisé les haines raciales en Algérie. À Jules Cambon, il est aussi reproché par d'aucuns d'avoir fait créer une Loge maçonnique à Alger pour défendre sa politique antisémite 42.


L'accusation était sévère, mais la preuve manquait, puisque les archives de la Loge en cause, Soleil Levant, ne se trouvaient plus à leur place aux archives du Grand Orient. Nous avons eu la chance de pouvoir les retrouver par hasard.

Naturellement dans le carton concernant cette Loge, il n'y a aucun papier affirmant qu'elle fut créée par Jules Cambon ; nous avons seulement une lettre dans laquelle l'un des fondateurs de la Loge, le Vénérable Lebourgeois écrivait au Frère Bergere, à Paris, rendant compte de l'installation de la nouvelle Loge, le 14 mars 1896, et où il ajoutait : "... J'ai fort à faire pour arriver. Il y a de bons éléments, j'en ai déjà réuni ; j'ai une vingtaine de FF ∴ et j'ai en vue cinq nouveaux. Mais je ne saurais dire combien la Maçonnerie est déconsidérée à Alger. Et ce sont les opportunistes qui s'alliant avec les Juifs ont créé cette situation. Le Frère Gueirouard et le Frère Gosset ont fait le reste. Maintenant, le Frère Letellier cherche à grouper autour de lui des intérêts en vue des élections prochaines. La lutte contre le cléricalisme est laissée de côté, car il ne faut pas s'aliéner les Pères Blancs en vue des élections.


"Je vais tâcher de réagir et je ferai de mon mieux..."
43.


Il y a plus : le Frère Lebourgeois déclare avoir eu un entretien avec le Gouverneur général :
" Le 28-10-1896,
"T ∴ C ∴ Frère Fontainas,
"Le Frère Jules Cambon, Gouverneur général de l'Algérie, m'avait donné rendez-vous ce matin. Nous avons eu une très longue conversation.
"Je lui ai demandé la permission de lui recommander le cas échéant, nos FF ∴ du Soleil Levant. Il s'est mis entièrement à ma disposition.
"La conversation s'est terminée d'une façon tout à fait inattendue pour moi.
"L'interpellation Fleury-Navarin, d'où dépend la solution de la question du Gouvernement
général, vient en discussion à la Chambre la semaine prochaine.
"Le Frère Jules Cambon, commissaire du gouvernement, n'est pas sans appréhension sur l'issue définitive. C'est la grande partie qui se joue. Il a eu tous les succès au Sénat, mais à la Chambre, il craint que les députés Etienne et Thomson ne fassent dévier la discussion et ne provoquent du scandale de façon à empêcher la Chambre de conclure.
"Il m'a exprimé le désir que les FF ∴ députés le soutiennent dans la discussion. Je lui ai répondu que tout ce que je pouvais lui promettre c'est que son désir serait connu en haut lieu.
"Voulez-vous, T ∴ C ∴ Frère, vous charger de cette mission. Je n'ai pas besoin de vous faire remarquer combien, en cas de réussite, la Franc-Maçonnerie algérienne en profiterait.
"Inutile de vous en dire plus long. L'affaire est entre vos mains.
"Le temps me fait défaut pour écrire au Frère Bergere. Je pense que vous voudrez bien m'excuser auprès de lui.
"Bien frat ∴ à vous.
S. Lebourgeois
"P.S. Le Frère Jules Cambon est du rite écossais
." 44. Cette lettre est accompagnée par la suivante : "Je vous communique la lettre que le T ∴ C ∴ Frère Lebourgeois vient de m'adresser au moment de partir pour Alger ; elle me paraît extrêmement importante.
Voudriez-vous la communiquer à notre T ∴ C ∴ (?? deux abréviations illisibles) Président, le Frère Desmons ? Il appréciera s'il ne convient pas, d'appeler l'attention de nos FF ∴ députés sur l'utilité et l'opportunité d'une intervention en faveur du Frère Cambon ; il y a urgence, l'interpellation de MM Fleury R** devant avoir lieu la semaine prochaine.
Bien à vous
Signé : Fontaine : 45 !


Ainsi, l'affirmation selon laquelle cette Loge a été créée par Cambon prend plus de valeur.

Un Franc-Maçon "juif" d'une autre Loge d'Alger ne s'était pas mépris sur le sens de la création de cette nouvelle Loge : il s'agit du Frère Honel dont le fondateur du Soleil Levant écrit :
"... Les FF ∴ de Bélisaire acceptent de fait et paraissent le considérer avec calme. Il n'y a parmi eux qu'un Juif, le Frère Honel46 qui craint que nous n'acceptions pas chez nous les Israélites et qui se remue le plus qu'il peut. Il a agi vigoureusement contre nous auprès du Frère Delpech, sénateur, mais celui-ci a paru assez indifférent à tout cela ; on le poussait à faire une démarche auprès de moi ; il n'en a rien fait. Le Frère Honel en a été pour ses intrigues ; il n'est pas arrivé à agir sur l'opinion..."47.


Quand une plainte du fondateur de cette Loge aboutit à Paris, un de ses premiers membres, le Frère Benezet comprend
"que les Sieurs Lebourgeois et Ebert ne travaillaient que dans un intérêt particulier et ne voulaient se servir de la Franc-Maçonnerie que comme d'une aide servile à leurs ambitions personnelles..."48).


Dès lors, il nous semble évident que la Loge Soleil Levant a bien été fondée par le Frère Cambon, que ce Frère s'est servi de la propagande anti-juive pour essayer d'influer sur les élections en Algérie ! Il n'est pas le seul a avoir eu un tel comportement. Des Francs-Maçons tendent à exclure, en Métropole, des "profanes" issus de familles de confession juive.


En Métropole.


Le 26-2-1896, la Loge Fraternité des Peuples, de Paris, appelait l'attention du Conseil de l'Ordre du Grand Orient : "... il a certainement été porté à la connaissance du Conseil de l'Ordre que, durant ces deux dernières années, on avait vu surgir dans cette Loge une sorte de question sémitique, qui aurait pu reprendre des proportions inquiétantes pour l'Ordre... Certains Frères semblaient parfois plus soucieux de l'origine de leur religion que partisans de l'exacte vérité..."49.


"La Loge Saint Jean de Jérusalem, Orient de Nancy, demande l'avis du Conseil de l'Ordre sur le cas d'un profane présenté à l'initiation dans cette Loge, et qui est refusé, parce qu'il est Juif, et bien que les rapports résultant de l'enquête lui soient des plus favorables. C'est un homme honnête, patron d'une importante usine, adoré de ses ouvriers. Sa qualité de Juif est le seul 50 motif invoqué hautement par ceux qui ont entaché le scrutin.


Le Conseil, se conformant aux décisions qu'il a déjà prises dans des circonstances analogues, rappelle les FF ∴ de la Loge de Nancy à l'observation des principes de la Franc-Maçonnerie et des prescriptions formelles des articles 1 et 2 de la Constitution du Grand Orient de France.
Aux termes de l'article 63 du règlement général, le Vénérable nommera trois nouveaux commissaires pour procéder à une nouvelle enquête sur le profane qui paraît être, d'après les explications données, seulement ajourné à un mois. Le Conseil espère que, dans le nouvel examen auquel l'Atelier se livrera au sujet de ce profane, les membres de la Loge ne s'écarteront plus de l'esprit de tolérance qui est celui de notre Constitution, et qu'ils comprendront tous qu'il est absolument contraire à toutes les idées dont la Franc-Maçonnerie s'honore, de faire à un récipiendaire un grief de sa race ou de la religion dans laquelle il est né 51".

C'est en Algérie que nous avons l'illustration la plus parfaite de ce que le dévoiement de l'esprit maçonnique a pu réaliser.


Dans ses "Mémoires", l'ancien maire de Constantine, Morinaud raconte comment il a mené la lutte contre les Juifs dans sa ville. C'est lui, franc-maçon et maire de la ville, qui entraîne sa Loge Union et Progrès dans la campagne antisémite. Il s'en explique d'ailleurs longuement dans le premier tome de ses mémoires, le seul paru à notre connaissance 52. Il fait adopter par sa Loge une motion demandant l'expulsion de Juifs de la Franc-Maçonnerie à laquelle la Loge d'Oran, Union Africaine répond vivement 53.


Ce rappel ne présente aucun intérêt sauf quand on rappelle que Morinaud a été un des responsables de la Maçonnerie à Constantine, avec une audience nationale 54 et qu'au même moment où il engageait la lutte contre la communauté juive de sa ville, à Oran, le Vénérable de la Loge
Union Africaine, l'avocat Bogros, écrivait dans l'hebdomadaire que la Loge publiait sous son titre "Union Africaine" : " ****" 55.


À Alger, c'est le Frère Samary qui mène l'attaque contre les Juifs et demande l'abrogation du Décret Crémieux.


Il y a ici convergence de Francs-Maçons qui en veulent à leurs concitoyens juifs !


À Tlemcen, la Loge provisoire adresse une lettre au Conseil de l'Ordre du Grand Orient pour exiger la libération du "profane" Max. Regis, le maire antisémite d'Alger, qui venait d'être emprisonné pour outrage à magistrat 56.


La Loge de Mostaganem et l'antisémitisme.


Prenons l'exemple de la Loge de Mostaganem,
Trinosophes Africains, nous avons pu consulter les Livres d'Or pour cette période. Ils sont extraordinairement significatifs, nous nous permettrons d'en tirer quelques passages.


Lorsque le frère Mardochée Cohen démissionne de la Loge, cette demande suit son cours normal et une commission est régulièrement envoyée auprès de Cohen pour le faire revenir sur sa décision 57. D'ailleurs Cohen avait été élu Maître des Cérémonies en 1876 58.

Nous sentons les prémisses du malaise relatif à l'admission de juif dans la Loge en 1886, lorsque le vénérable décide de garder "sous le maillet" des rapports sur la demande d'initiation présentée par le profane Nissim Cohen, quelques temps plus tard, les rapports sont incomplets, et puis deux rapports sur trois étant défavorables, le candidat est ajourné à un an ; curieusement, il y a un nouveau vote un mois plus tard, le scrutin est alors de 4 boules noires sur 17, alors à la tenue suivante, le vénérable invite les frères opposants à l'initiation de Cohen à lui faire connaître les motifs de leur vote 59.


Nous trouvons mention de la question juive au sein de la Loge dans cet extrait du Procès-Verbal du 17 février 1890 :

"Attaques contre la juiverie."
"D'après les règlements de la Constitution du Grand Orient de France, les ateliers ne doivent dans leurs tracés ne s'occuper ni de politique ni de questions religieuses.
"En conséquence, si le clan israélite est attaqué par le clan catholique, c'est à lui de se défendre. La Maçonnerie n'ayant de lien commun avec aucune confession, ne peut intervenir dans ces luttes sans compromettre un de ses principaux caractères qui a pour base la Tolérance.
"La Maçonnerie n'est ni catholique, ni protestante, ni juive, ni attachée à aucune secte religieuse.
"Que la secte qui est attaquée se défende par la voie de la presse, ou par tous autres moyens justes, c'est son droit.
"Les Juifs ne peuvent plus se présenter en opprimés.
"Le temps de l'inquisition est déjà loin. Celui de la liberté de conscience la remplace (sic).
La Maçonnerie reste donc au-dessus de ces luttes et sans s'en désintéresser ne peut prendre ouvertement aucun parti"
60.

Par contre la présence en ville du frère Mardochée Cohen semble poser des problèmes à la Loge lorsqu'il est question de dresser la liste de souscription pour la fête que la Loge veut organiser et le frère Brunet de déclarer : "En englobant tous les Maçons de Mostaganem, nous serions obligés aussi de comprendre les femmes de nos frères Antoine Pizzoli et Mardochée Cohen. Ces deux frères étant dans une situation maçonnique qui lui paraît absolument irrégulière, le Vénérable ajoute que dans le monde profane, il a eu souvent à subir de la part des profanes des invectives blessantes pour la Maçonnerie concernant l'initiation des frères Pizzoli et Mardochée Cohen et propose franchement des moyens possibles pour arriver à la radiation" 61. Mais, compte tenu du rapprochement de Pizzoli et de Cohen, nous pouvons penser qu'il s'agit de question commerciales et non pas raciales. Nous verrons même la Loge de Mostaganem écrire officiellement le Frère Ben Saadoun de Mazounah "pour l'engager à nous amener des indigènes" 62 .

En 1895, la Loge de Mostaganem adopte le vœu suivant :


"Considérant qu'il est urgent de dénoncer ce fait social qui avec raison, a pu être appelé le péril juif ;
"Considérant qu'il est urgent de mettre en garde les Ateliers contre l'envahissement de la Franc-Maçonnerie par les Juifs ;
"À l'unanimité, la Loge Les Trinosophes Africains
"Donne mission à ses délégués de combattre le voeu des Loges de Constantine et de soumettre à l'approbation du Congrès la résolution suivante : Le Congrès recommande aux Ateliers de la Fédération de ne recevoir dans leur sein, les Juifs, qu'avec la plus grande réserve et la plus grande circonspection ;
"S'associe au mouvement antisémite en tant que ce mouvement a pour effet d'attirer l'attention du gouvernement sur la situation privilégiée qui est faite aux Juifs dans les différentes administrations et dans l'armée, en leur confiant des postes qui devraient être exclusivement réservés à des Français" 63.


Continuons la lecture du
"Livre d'Or" de la Loge de Mostaganem, nous apprenons que le Frère Yvars a la possibilité de développer ses idées à propos de l'abrogation du décret Crémieux, lors de la réunion du 28-6-1897, peu après qu'il y a eu des incidents dans la ville 64, proposait que la Loge demande l'abrogation du décret Crémieux, avec effet rétroactif. Sa proposition recevait l'appui d'un autre membre de la Loge, lorsqu'un délégué au Conseil de l'Ordre, le Frère Priou, prenant la parole, donna une leçon de tolérance maçonnique au signataire de la proposition et, gentiment, lui fit comprendre qu'il valait mieux qu'il la retire 65. Si bien que lorsqu'un Frère est questionné sur sa conduite à propos de la question juive, sa réponse est significative : il ne sait plus ce qu'il doit faire par rapport à la Maçonnerie 66.

Les antisémites


Le 14-6-1897, la Loge délibère sur la situation du
"Frère Truc, huissier à Inkermann (qui) est menacé d'une révocation pour avoir, à la suite des troubles antijuifs, signé une pétition à l'adresse du Gouverneur Général désapprouvant les mesures prises à l'égard des jeunes gens de cette localité. Le Vénérable Rigaud donne connaissance des démarches faites par les cinq Lumières de l'Atelier auprès du Grand Orient pour éviter la révocation dont le Frère est menacé" ; à la suite de cette discussion, l'ordre du jour de la tenue porte : "Question anti-juive : le Frère Yvars donne lecture d'un travail qu'il a préparé à la hâte où il fait l'historique des troubles antijuifs qui ont pris naissance à Mostaganem et qui se sont étendus dans toute la province. Les troubles ont été provoqués par l'élément juif auteur d'un guet-apens aussi vil que lâche et digne seulement des enfants d'Israël.
"Il fait à grands traits l'historique de la richesse des Juifs et des moyens qu'ils emploient pour spolier la société.
"Il nous les montre tels que nous les connaissons : usuriers, s'attachant aux opérations de commerce mais incapables d'un travail manuel et ennemis par conséquent de la colonisation dont ils entravent l'essor par leurs opérations usuraires.
"Il conclut en proposant l'adoption d'un voeu tendant à l'abrogation du décret Crémieux.
"Après une discussion à laquelle prennent part plusieurs membres de l'Atelier, il est décidé que le Frère Yvars préparera ce voeu qui sera étudié par la commission pour être ensuite soumis au vote de l'Atelier"
67.


Effectivement, le Frère Yvars donne lecture lors de la réunion suivante de son projet tendant à l'abrogation du Décret Crémieux :


"Faisant l'historique de la question juive, le Frère Yvars, dans un langage très dur pour les Juifs nous les montre usuriers, sans patrie, faisant de mauvais soldats et partant incapables d'être de bons citoyens. Il fait ressortir la précipitation qui a été apportée en 1871, au lendemain de nos désastres pour faire aboutir ledit décret Crémieux, donnant à tous les Juifs indigènes le titre de Citoyen français. Et par des considérants habilement agencés, il arrive à exposer son vœu concernant l'abrogation pure et simple du décret dont il s'agit avec une condition, c'est que la loi à intervenir aura un effet rétroactif.
"Le Vénérable dit qu'on a fait observer au Frère Yvars au sein de la commission des vœux qu'une motion identique avait été votée il y a deux ans par le Congrès de Constantine, mais que le Grand Orient ne lui a pas fait un accueil favorable. Avant de voter un pareil voeu, il est nécessaire de le discuter froidement en Loge, d'autant plus qu'il ne paraît pas répondre aux sentiments maçonniques exprimés dans l'article 1er de notre Constitution"
68.

Et c'est là que cela devint intéressant : la réunion se poursuit par la proposition du Frère Courtois qui ne demande rien moins que les "Frères de l'Orient qui occupent des Juifs les remplacent par des Français" et que la Loge "combatte l'influence financière des Juifs de la localité". Alors, le Frère Priou, membre du Conseil de l'Ordre prend la parole pour montrer à ses Frères comment ils se fourvoient dans ces considérations curieuses, amenant les Frères intervenant à se rétracter 69. Si bien que lors de la "tenue" suivante, le Frère Yvars présente une demande pour obtenir l'honorariat "à cause de certains déboires qu'il aurait eus en Loge" et devant les assaut de gentillesse, dont ceux de Priou, il accepte de rester membre de la Loge 70.


Cette passe ne suffit pas et le 6-12-1897, au cours de la discussion relative au bal que la Loge doit offrir, bal qui est un des événements de la saison, le Frère Chabault propose de
"n'inviter aucun Juif à notre bal. Le Frère Bertrand est étonné qu'une pareille propositions soit faite dans un local maçonnique. Elle est d'ailleurs anticonstitutionnelle et il compte sur la sagesse et sur les sentiments maçonniques du Vénérable pour ne pas ouvrir une discussion à ce sujet en Loge. Il trouve d'ailleurs étrange que ce soit un Frère aussi jeune que le Frère Chabault qui fasse une telle proposition. Le Frère Maury appuie le voeu présenté par le Frère Chabault espérant qu'on ne lui fera pas le même reproche en ce qui concerne une jeunesse maçonnique. Le Vénérable : C'est rouvrir la discussion que de répondre maintenant au voeu du Frère Chabault, proposition qui ne peut-être vidée actuellement" 71.

Encore une fois, il faut chercher l'explication de la sortie du Frère Chabault à une date ultérieure, et elle consiste simplement dans ce que les élections au Conseil Général vont avoir bientôt lieu, et comme le Frère Chabault a, au cours de la campagne, mis publiquement en cause la Maçonnerie, sa situation maçonnique est alors examinée par ses Frères 72 !


En 1899, les thèses antijuives vont avoir encore un écho au Convent du Grand Orient de France à Paris, lorsque le délégué de la Loge de Mascara, le Frère Meiss vote contre la déclaration que cette assemblée décide de proclamer 73.


Troisième partie

 

Notes :

37 E. Drumont, La France juive, Paris, s. d. (1886).


38 BGO, 1877, passim ; les loges suivantes sont fermées par Foutrou : Orion, Gaillac ; Les Amis de la Parfaite Union, Perpignan ; L'Humanité, Nevers; La Parfaite Égalité, Paris ; Triple Essence, Saint-Malo ; La Fraternité, Avallon ; L'Auguste Amitié, Condom ; La Fraternité, Brive ; Amis Persévérants etc., Perigueux ; La Cosmopolite, Vichy ; La Justice, Marmande ; Les Coeurs Réunis - L'Encyclopédique - La Française des Arts - La Parfaite Harmonie - Les Vrais Amis Réunis, Toulouse ; La Ligne Droite, Auch ; La Fraternité, Caussade ; Les Arts et l'Amitié, Aix ; La Persévérance, Vienne.

 
39 AGO, LA, 25-10-1897, Compte-rendu du Frère Maillols.


40 BGO, Convent 187**, p**.


41 Y. Guyot, L’œuvre de M. Jules Cambon, Paris, s. d.


42 ****

43 A.G.O., Alger, Soleil Levant, Lettre de Lebourgeois à Bergere, 19-3-1896.


44 A.G.O., Alger, soleil levant, Lettre à Fontainas, 28-10-1896.

 
45 A.G.O., Alger, Soleil Levant, Lettre du 28-10-1896 à Brugere.

46 Ce Frère fut aussi président du Consistoire israélite d'Alger, Cahiers de la GLF, **.


47 A.G.O., Alger, Soleil Levant, Lettre de Lebourgeois à Bergere, 24-1-1896.


48 A.G.O., Alger, Soleil Levant , Rapport sur la réclamation adressée au Grand Orient de France par le Frère Stanislas Lebourgeois.


49 L. Sabah, la Franc-Maçonnerie à Oran, 1832-1914, Paris, 1991, p 494, n 42.

 
50 Souligné dans le texte.


51 BGO, Conseil du 31-5-1897, pp 15 & 16.

52 E. Morinaud, Cinquante années d'histoire politique du département de Constantine, mes mémoires, première campagne contre le Décret Crémieux, Alger, 1941.


53 P. Lamarque, Le Grand Orient de France et l'antisémitisme, Humanisme, n° 120-121, déc. 1977, p 68.


54 Au Congrès des Loges de Constantine, dans "sa" ville, en 1895, les congressistes acceptent une motion demandant l'abrogation du Décret Crémieux, une lettre qu'il adresse au Convent est ovationnée en 1896, BGO, 1896, Convent, p 354.

 55 Union Africaine , *.

56 A.G.O., Tlemcen, Loge Union, Lettre du 27-3-1898, au Grand Orient : "Nous avons la faveur de porter à votre connaissance l'extrait de procès-verbal suivant de la tenue solennelle du 23-3-1898 de la Respectable Loge l'Union, Orient de Tlemcen :
"Sur la proposition d'un de nos Frères, l'atelier vote à l'unanimité l'ordre du jour suivant :
"La Respectable Loge l'Union de Tlemcen, tout en blâmant la conduite du journaliste Max. Régis, un des fauteurs de troubles d'Alger, proteste contre son arrestation arbitraire qui constitue une violation flagrante des droits de la liberté individuelle et des principes contenus dans la déclaration des Droits de l'Homme.
"La Respectable Loge l'Union de Tlemcen décide que sa protestation sera envoyée au Conseil de l'Ordre et à toutes les Loges algériennes.
"Elle prie en outre le Conseil de l'Ordre de vouloir bien intervenir auprès des pouvoirs publics pour demander la mise en liberté de Régis...".


57 AGO, LA, 19-5-1879.


58 Ibid., 4-12-1876.

59 AGO, LA, TA, 5-7, 18-10, 25-10, 8-11 1 15-11-1886.

 
60 Ibid., AGO, LA, 17-2-1890.


61 Ibid., 5-1-1891.


62 A.G.O., LA, 28-3-1892.

68 A.G.O., LA, Mostaganem, 28-6-1897.


69 A.G.O., LA, Mostaganem, 28-6-1897.


70 A.G.O., LA, Mostaganem 5-7-1897.


71 A.G.O., LA, Mostaganem, 6-12-1897.


72 A.G.O., LA, Mostaganem, 3-10-1898.


73 BGO, Convent, 1899, p 14. Cf. annexe *.

(Paru dans la Revue des Etudes Juives, janvier 1996, t 155, fasc. 1-2)


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30 avril 2007 1 30 /04 /avril /2007 17:06

 

 

LA FRANC-MACONNERIE ET L'ANTISEMITISME


 
par Lucien SABAH

1ère partie

Est-ce une gageure de parler de la Franc-Maçonnerie ? Parce que, soit les auteurs s'en préoccupent très peu, on peut mentionner maintenant le livre classique que M. Miquel a consacré à la IIIe République1, soit ils en font une fixation qui tourne à la monomanie, mais alors ce ne sont pas des historiens !


C'est donc tout naturellement que nous devrons nous demander ce que sont ces Francs- Maçons, qui les représentent, s'il y a lieu et, enfin, quelle peut avoir été leur influence sur la crise antisémite qui a agité notre pays qui s'étendait, nous n'aurons garde de l'oublier, aussi en Algérie et au-delà.


Qui sont les Francs-Maçons ?


Un journaliste, Alain Guichard, les décrit très bien dans l'étude qu'il leur a consacrés2.

 
Pouvons-nous penser que ce sont des hommes et aussi des femmes qui partagent un idéal commun de progrès, se réunissent ensemble dans un esprit de fraternelle coopération ? En tout cas, ils se réunissent discrètement, même si le secret n'est pas leur fait : les archives de la police, sont remplies de pièces, rapports et autres papiers les concernant, mais seulement à partir du XVIII° siècle, lorsque la Franc-Maçonnerie classique ou historique naît.


M. le professeur Chevallier a tracé magistralement cette histoire dans la monumentale étude qu'il a consacrée aux Francs-Maçons et qui sera le texte de référence pour longtemps pour toute recherche sur le sujet3.


À sa naissance historique, c'est-à-dire en 1723, date de la publication des Constitutions d'Anderson, la Franc-Maçonnerie est une institution d'Europe occidentale, purement chrétienne, faite pour des chrétiens et par des Chrétiens !


Certes, M. Beresniak évoque la réception ou initiation de deux Juifs dans une Loge, unité de travail de la Maçonnerie, à Londres, en 1721, soit deux ans avant la publication des Constitutions4, malheureusement cet auteur ne cite pas ses sources. Dans la notice que nous trouvons dans l'Encyclopaedia Judaïca, nous lisons que c'est en 1732 que le premier Juif aurait été initié, c'est-à-dire reçu Maçon dans une Loge de Londres et que la Loge Israël, Loge juive, aurait été constituée toujours à Londres en 1793 ; en Allemagne, pendant la présence française, une Loge, Aurore Naissante, fut constituée en 1808, à Francfort, sous l'égide du Grand Orient de France5. Nous lisons un peu plus loin dans cette encyclopédie qu'un rabbin juif hollandais, le cabaliste Jacob Templo (1603-1675) aurait dessiné les armes des Maçons anglais ; il avait collaboré avec le rabbin Manasseh ben Israël6, ce rabbin qui avait convaincu Cromwell de laisser revenir les Juifs en Grande- Bretagne pour permettre la venue du Messie.

Nous avons dit "Cabale". La mystique ésotérique juive a influencé certainement la pensée ou les préoccupations des hommes qui s'adonnaient à la recherche ésotérique. La Loge maçonnique, au rite français (il y a plusieurs rites), n'est-elle bâtie sur le plan des Sephirot ? Quel que soit le rite, le vocabulaire maçonnique est riche d'expressions juives, au point que M. Saint-Gall a pu en dresser un dictionnaire7.


C'est à un curieux Maçon que nous avons à faire, lorsque le Rite Écossais Rectifié est établi. Ce Maçon est Martines de Pasqually, dont M. Beresniak a montré la figure curieuse, mais a rappelé qu'il a été établi qu'il n'était pas juif, mais sans doute un lecteur d'ouvrages kabbalistique8. Ce qui joint aux différentes excommunications papales induit certains esprits à voir dans la Maçonnerie une Synagogue et comme la Synagogue est satanique puisqu'elle n'a pas reconnu le message christique, une Synagogue de Satan. C'est le titre d'un ouvrage qu'un évêque de Port-Louis, Mgr Meurin, livre tout à fait original, dans le sens charitable de curieux9.


Nous avons là un mélange suffisant pour exciter les esprits, si possible faibles, lorsque la situation économique ou politique ou les deux ensemble, seront telles que certains chercheront un bouc émissaire pour proposer une alternative politique.


La Maçonnerie au XIX° siècle.


Quoiqu'il en soit, les Francs-Maçons, eux, se posent la question de savoir s'ils doivent ouvrir les portes de leurs Loges à des non chrétiens, Juifs ou Musulmans ? ou à des non Européens, Noirs10, Jaunes ?


Le Siècle des Lumières va régler cette question en ouvrant les portes de ses Loges à ceux qui nous intéressent ici, les Juifs.


Ils sont sur les colonnes, avec leurs Frères chrétiens, Catholiques ou Protestants ou agnostiques ou encore d'esprit gallican qui n'admettaient pas que l'Église imposât ses croyances au moins en ce qui concernait la politique et les Sciences. Il y a réellement là coupure entre l'esprit ancien et un monde moderne11. Le Galilée de 1633 n'est pas très loin ! Il ne faut pas être étonné de voir les Francs-Maçons nombreux dans les nouveaux milieux scientifiques créer, non seulement la science moderne, mais encore ces sociétés scientifiques qui fleurissent pendant tout le XIX° siècle, comme la Société asiatique de Paris, avec le Frère Sylvestre de Sacy, la Société de l'Histoire de France, avec le Frère Guizot ou la Société de Géographie de Paris et naturellement les sociétés purement scientifiques. C'est l'époque où les sciences sont détachées de la théologie.

C'est l'époque aussi, où on veut même mettre l'Homme en équation, le mesurer12 !...


Nous avons vu que le Grand Orient de France avait accepté en son sein, une Loge juive en Allemagne. Une autre
Loge des Chevaliers de la Croix, à l'Orient de Paris, qui est la Loge des néo- Templiers mentionne sur ses registres matricules la religion de ses membres : catholiques ou protestants13. Nous n'y trouvons ni Juif, ni Musulman, alors que les Templiers sont présents en Algérie.

 
Mais, si nous abandonnons cette
Loge des Chevaliers de la Croix, nous constatons que le Grand Orient a initié des Juifs, notamment à Livourne, en Italie, et permettez-moi d'ouvrir une parenthèse : on s'est demandé comment Bugeaud avait pu admettre dans son cercle de relations le Juif Durand, lorsqu'il était à Oran pendant son premier séjour ? Tout simplement parce que l'un et l'autre étaient Francs-Maçons. Nous l'avons montré pour Bugeaud, nous le montrons pour Durand dans un livre à paraître 14.


En Allemagne, les Loges prussiennes refusent d'admettre en leur sein des Juifs, entraînant la protestation des Loges françaises et anglaises, au point qu'en 1848, le Grand Orient de France doit adresser une protestation officielle à la Maçonnerie allemande et menacer de rompre leurs relations fraternelles. La menace agit et quelques temps plus tard, les Loges prussiennes initient à leur tour des profanes de confession juive 15. Ce qui est relativement peu connu est cette pétition non datée, mais qui peut être de la fin du IId Empire 16 qui tend à prouver que les Maçons prussiens sont toujours enveloppés des ténèbres médiévales 17...


Les citations présentées en annexe montrent simplement que l'institution maçonnique tend à l'universalisme...


L'application est quasi immédiate. L'armée française, celle de la Révolution, la grande, de l'Empire et après, est la première à admettre que des hommes ne pratiquant pas la religion du prince, puissent commander des nationaux, contrairement à ce qui se faisait sous l'Ancien Régime. En d'autres termes, nous trouvons dans une armée marquée par la Maçonnerie 18 des cadres juifs ou musulmans comme ce général Wolf, inspecteur de la cavalerie 19 ou ce musulman : Adallah d'Asbonne 20. C'est à ce signe que nous pensons que l'armée a été révolutionnaire et qu'elle l'est restée. Il n'est que de voir noté l'étonnement des officiers français quand ils constatent que leurs homologues égyptiens les recherchent parce qu'ils ne les repoussent pas, alors que leurs camarades anglais les ignorent parce que "natives" 21. Et pourtant, un Franc-Maçon comme le maréchal Bugeaud ne propose rien moins, à un moment de sa réflexion sur la colonisation, que de chasser les Juifs d'Algérie 22.

 
Voilà le cadre dans lequel le judaïsme français va continuer son oeuvre d'émancipation pendant ce XIX° siècle, en tout cas jusqu'en 1877, lorsque la lutte pour l'établissement du régime républicain va entraîner la réaction à tenter un pseudo-coup d'Etat, en 1877, et essayer de reprendre le pouvoir au moment de la crise boulangiste.


L'affaire Boulanger.


La crise boulangiste est assez connue pour que nous puissions ne pas y revenir, à ceci près que cette crise a connu une poussée dans la Maçonnerie du Grand Orient.


Les historiens qui parlent de cette période, ne citent généralement pas l'action de la Franc- Maçonnerie, c'est normal : cette société étant discrète. Il faut se reporter au travail du professeur Chevallier pour avoir une idée globale des efforts de certains d'entre eux 23. Nous pouvons dire aujourd'hui que des Francs-Maçons ont eu une action - particulièrement au sein du Grand Orient - en faveur du "brav'général". Ces Frères furent pour l'essentiel les Frères Naquet et Laguerre. Je crois que Naquet était d'origine juive.


Ici il faut faire très attention sur deux choses :


1/ à cette époque, l'origine d'un individu ne signifie pas nécessairement l'appartenance à un groupe ; M. Ageron a montré comment le seul membre de la Libre Pensée d'Alger avait été chassé de cette association parce que d'origine juive, alors que son adhésion à cette association lui avait fait rompre tous liens avec sa communauté religieuse d'origine 24 ; pour notre modeste part, nous avons rencontré au début de la présence française à Oran un certain Lévy Alexandre, né à Londres le 11- 8-1816, figurant sur le tableau de la Loge Union Africaine d'Oran, en 1845 comme Apprenti 25, qui obtient son exeat de cette Loge le 29-5-1847 : il était ministre anglican 26 !...


2/ il convient aussi de se poser la question de savoir qui peut parler au nom de la Maçonnerie ?  n'importe quel de ses adhérents ? sinon qui ?


Nous répondrons à cette dernière question en disant que nous pensons que localement, dans les villes, le président de l'Atelier ou Loge 27 est la personne ad-hoc ; sur le plan national, les membres du Conseil de l'Ordre du Grand Orient ou du Conseil Fédéral de la Grande Loge de France, ainsi que les Grands Maîtres, sont ceux qui peuvent généralement engager leur Obédience. Quelques personnalités reconnues peuvent encore parler au nom de la Maçonnerie, comme le député Etienne, président du groupe coloniste à l'Assemblée et son homologue et Frère Saint- Germain au Sénat 28. Ceci posé, il faut faire attention que tout individu désigné même par des Maçons comme Franc-Maçon n'est pas nécessairement "Enfant de la Veuve", nous l'avons montré pour le préfet de Malherbes 29.

Le "brav'général" a été soutenu par des Francs-Maçons qui avaient des responsabilités dans leurs Obédiences.


Nous avons cité Naquet. Ce Franc-Maçon a été un Maçon qui a eu une influence certaine dans la région parisienne au moins. Cet avocat, député de la Seine a été le promoteur du rétablissement du divorce en France30 ; Il faut aussi évoquer le souvenir du Frère Laguerre, qui donna tant d'espérances à la Maçonnerie du Grand Orient31. Ce membre du Conseil de l'Ordre du Grand Orient fut mis en accusation avec le Frère Laisant pour sa participation à la tentative de putsch boulangiste32.


Le professeur Chevallier rappelle, dans le chapitre cité, le texte d'une lettre que le président du Conseil de l'Ordre du Grand Orient, le Frère et pasteur Desmons a adressée à Boulanger 33 : n'est-ce pas là le témoignage que les Maçons se sont au moins pendant un temps - mépris sur l'état d'esprit de Boulanger, ou plutôt que ce dernier soutenu à gauche, s'est fait phagocyter à un moment par la droite réactionnaire, entraînant son rejet par le parti de la République ? Car alors, la Maçonnerie est plutôt "revancharde", elle exclut de ses Loges les Frères allemands34 et soutient la Ligue des Patriotes35. Finalement, les Maçons abandonnèrent Boulanger.


Cet abandon ne se fit pas sans grincement de dents. Pendant longtemps, les colonnes du Bulletin du Grand Orient seront remplies de notices annonçant l'exclusion de Francs-Maçons qui avaient pratiqué le boulangisme 36.

Deuxième partie

Notes

1 P. Miquel, La Troisième République, Paris, 1989, notamment chapitre V, Les Francs-Maçons, p 357 sqq. Dans le travail de J. Ganiage, L'expansion coloniale de la France sous la IIIe République, 1871 - 1913, Paris, 1968, nous n'avons jamais vu mentionner la Maçonnerie parmi les acteurs de l'expansion coloniale de la France !

2 A. Guichard, Les Francs-Maçons, Paris, 1969.


3 P. Chevallier, Histoire de la Franc-Maçonnerie, Paris, 1975.


4 D. Beresniak, Juifs et Francs-Maçons, Paris, 1989, p 47.


5 Encyclopaedia Judaïca, t vii, col. 122 & 123, s v° Freemasons.

6 Ibid., t xv, col 998 & 999.


7 M. Saint-Gall, Dictionnaire du Rite Écossais Ancien et Accepté, Hébraïsmes et autres termes d'origine française, étrangère ou inconnue, 2° éd., Paris, 199.


8 D. Beresniak, Op. cit., p 118 sqq. Dans ce même ouvrage, nous trouvons encore mention de Juifs initiés en Italie, aux États-Unis.


9 Mgr Meurin, La Franc-Maçonnerie, Paris, 1893.


10 Qu'il nous soit permis de citer ici un article paru dès 1847 sur les LL ∴ de nègres et d'hommes de couleur en Amérique, paru dans le Bulletin du Grand Orient, n° 13, septembre 1847, p 267.


11 X. Yacono, Un siècle de Franc-Maçonnerie algérienne (1785-1884), Paris, 1969, a montré que des Musulmans ont fréquenté des Loges parisiennes dès 1785, cf. Ibid., passim.

12 Cf. les travaux de Vignon qui expliquait magistralement qu'un nègre ne pourrait jamais faire d'études secondaires parce que son cerveau pesait 200 gr de moins que celui du blanc, L. Vignon, Un programme de politique coloniale, les questions indigènes, Paris, 1919, passim.


13 AN, 3 AS, 14, 19, 22, 32, 33, 35 cf. L. Sabah, La Franc-Maçonnerie à Oran, 1832-1914, Paris, 1991, p 21, sqq., notamment le tableau, p 32 sqq.


14 Cf. annexe 1.


15 La première mention sur la question de l'admission des "profanes" ou non maçons, mais bien des Maçons israélites en Prusse est évoquée dans le Bulletin du Grand Orient de France, n° 3, 1844, p 106 et 107 etc. Cf. annexe 2.


16 Elle est signée par le Frère J. Macé, Orateur de la Loge de Mulhouse qui y occupe cette fonction à cette période.


17 Cf. Annexe : Adresse des LL∴ françaises de l'Est aux Maçons allemands.


18 Au point que M. Quoy-Bodin a pu consacrer sa thèse à la question : J.-L. Quoy-Bodin, L'armée et la Franc- Maçonnerie, au déclin de la monarchie, sous la Révolution et l'Empire, Paris, 1987.


19 De Castellane, Journal, Paris, 1896, t I, passim.


20 X. Yacono, Op. cit., p. 26.


21 Gal Bremont, Le Hedjaz dans la guerre mondiale, Paris, 1931, p 87.

22 L. Sabah, La Franc-Maçonnerie à Oran de 1832 à 1914, Paris, 1989, p 467.


23 Cf. P. Chevallier, Histoire de la Franc-Maçonnerie, Paris, 1975, t III, p 183 sqq.


24 R. Ageron, Histoire de l'Algérie contemporaine (1871-1954), Paris, 1979, p 589, n 1 et p 593


25 B.N., Fm² 532 ; cf. X. Yacono, Op. cit., p 213.


26 BGO, LA, Union Africaine, à la date.


27 En général il n'y a qu'une Loge par ville ou "Orient".


28 Sur ces deux personnalités, cf. L. Sabah, La Franc-Maçonnerie à Oran, Paris, 1991, passim.

29 L. Sabah, La vie politique à Oran au début du XX° siècle, Henry de Malherbe, préfet d'Oran (1893-1909), Administration, n° 140, 1988, alors que nous avons trouvé des matériaux tendant à montrer que Paul Cambon l'aurait été, ce qui serait logique : il était proche de Jules Ferry, Cf. . L. Sabah, L'ambassadeur Paul Cambon était-il Franc-Maçon ? BIDERM, n° 35, 1985.

30 P. Chevallier, Op. cit., t III, p 66 : "Dès 1879, il déposa une proposition de loi... Réélu en 1881, il réussit à la faire inscrire à l'ordre du jour de la Chambre. Votée en 1882, la loi fut adoptée par le Sénat en 1884 et Naquet reçut les félicitations de ses Frères pour l'énergie et la persévérance qu'il avait déployées. En juillet 1884, le Bulletin de la Grande Loge Symbolique Écossaise n'hésita pas à revendiquer pour la Maçonnerie la paternité de la nouvelle loi".


31 D. Ligou, Dictionnaire, s. v° .


32 B.G.O., 1891, p 115 : "Le Conseil de l'Ordre, vu le jugement rendu le 24-3-1891 par la Respectable Loge Les Disciples du Progrès, Orient de Paris, condamnant le Frère Laisant , Charles, député, à la perte de ses droits maçonniques et à l'exclusion définitive de la Franc-Maçonnerie pour délit de 1ère classe, Attendu que le jugement a été régulièrement notifié à l'intéressé le 27 mars ; qu'il n'a été depuis justifié d'aucun acte d'opposition ou d'appel ; que les délais sont expirés ; vu l'article 30 de la Constitution (du Grand Orient) ; ordonne : L'exclusion de la Franc-Maçonnerie, prononcée contre le Frère Laisant, sera insérée au Bulletin Officiel du Grand Orient de France. Fait en séance, le 11-5-1891".


33 Ibid., t III, p 184 ; p 185, M. Chevallier indique la suite que cette correspondance eut au sein du Conseil de l'Ordre du Grand Orient.


34 AGO, Compte-rendu des séances du Conseil de l'Ordre, 12-4-1897, inédit : "Le Frère Dazet appelle l'attention du Conseil sur la note qui figure à la page 224 de l'annuaire de 1897 où il est dit qu'il n'existe aucune espèce de relations entre le Grand Orient de France et les Grandes Loges de l'Empire allemand. Le Frère Damuzeaux trouve que les Loges ne devraient pas recevoir de Maçons allemands, puisqu'elles refusent des Maçons français depuis la rupture du Grand Orient avec le rite de Misraïm. Le Frère Desmons dit qu'il faut éviter de donner des armes au parti réactionnaire qui profite de toutes les occasions pour nous combattre au point de vue national. Le Frère Grégoire est d'avis qu'il faut laisser les Loges libres de faire ce qu'elles voudront, mais si elles demandent au Conseil un avis sur cette question, il serait bon de leur faire remarquer qu'en 1871, nos Ateliers d'Alsace-Lorraine, sommées par l'autorité allemande de rompre leurs relations avec le Grand Orient de France, ont préféré cesser leurs travaux et se dissoudre. Le Conseil décide de laisser cette question d'admission des Maçons allemands, en visiteurs, à l'appréciation des Loges...".


35 P. Miquel, Op. cit., p 386.


36 I. E., B.G.O., 1891 : Loge Avant Garde Maçonnique, Paris, Frère Pruniere, p 23 ; Loge Les Vrais Experts, Paris, Frère Paulin-Mery, pp 23 & 33 ; Loge Les Disciples du Progrès, Paris, Frère Goussot, député, pp 114, 127, Frère Laisant, député, pp 115, 127 ; Loge Saint-Jean-de-Jerusalem, Nancy, Frère Gugenheim, Georges, publiciste, p 127 etc.

(Paru dans la Revue des Etudes Juives, janvier 1996, t 155, fasc. 1-2)

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6 avril 2007 5 06 /04 /avril /2007 21:48

 

 

Pourquoi ne pas faire profiter les Profanes de certaines publications ou revues censées éveiller la conscience de Toutes et de Tous sur la Symbolique du Monde et de la Position de l’Homme libre et de bonnes mœurs dans celui-ci ?

Je ne suis pas de ceux qui cherchent le Secret avant tout autre chose : ce qui compte c’est de se sentir bien en nous et, si pour cela, il faut en passer par l’ouverture vers les Profanes, l’Initié que je suis en trouve une force décuplée : halte aux secrets dévoyés ! mais gare à l’Homme qui se cache sous le sceau du secret pour mener des « combines » qui ne correspondent en rien à la Maçonnerie Traditionnelle.

En Apparté, et pour vous offrir quelques textes personnels sur la Maçonnerie, voici ici une « Planche », épurée des secrets inviolables inhérant à ma Nouvelle Vie et de mes Nouveaux Devoirs. Le sujet ? Regardez plus bas :

«La sincérité, un Principe Maçonnique ?»

Constatations de la part d’un App.°. .

par Christophe Hinderchiette

 

 

Ven.°. M.°., et vous toutes et tous mes BB.°. AA.°. SS.°. et FF.°. en vos grades et qualités,

On peut toujours tenter de définir la sincérité, il restera toujours de multiples définitions de ce terme dans la vie profane car il fait appel à l’affect de chaque individu.

Mais dans l’enseignement maçonnique, ce terme a un sens profond qui rattache tous les maçons entre eux : la sincérité se doit d’être un principe de tous au service de l’enseignement maçonnique de chacun.

Quand un Profane est reçu en Loge afin de soutenir son entrée, il lui faut rapidement se rendre compte que, dès les premières questions, ses interlocuteurs ont cerné ses principales qualités et défauts. Les questions qu’ils posent ensuite sont dans ce sens une découverte autant pour le Profane que pour ses interlocuteurs de ce qu’il Est réellement.

Il est dès cet instant plus facile de répondre avec franchise qu’en tentant de masquer un comportement qui, de toute manière, sera détecté par les F.°. Maç.°.

Car si les Maçons savent reconnaître la Sincérité d’un Candidat, c’est uniquement parce que l’enseignement maçonnique prodigue la culture de la tolérance, sous couvert de savoir -sous forme de symbolisme et d‘Histoire-, et qu’un homme honnête se doit, à chaque instant, de l’être avec soi-même comme avec ses F.° en Loge.

Ce qui est primordial c’est d’arriver en Maçonnerie avec des intentions pures et aucunement pour obtenir un « carnet d’adresses » : ce genre de comportement est très vite repéré et tout profane venu chercher ce genre d’arrangement est rapidement écarté de la Chaîne d’Union unissant tous les Maçons, dignes et de bonnes mœurs.

La tenue d’Initiation : Gestation

Quel serait plus beau symbole que cette sincérité affichée par le Profane dénudé et, surtout, momentannément aveugle avec un bandeau lui couvrant les yeux ?

« Tu es venu ici en tant que Profane, les Maçons t’ont jugé digne de recevoir la Lumière : Pour entrer dans ce tunnel de la Mort vers la rennaissance, tu devras faire preuve de courage, de volonté mais aussi d’Honnêteté : la Chambre de Préparation t’as déja mise en garde : Vas-t’en si s’est la curiosité qui t’a amené ici ». Un premier travail de sincérité s’est déjà fait jour dans l’esprit du Candidat, mais si réellement il souhaite continuer son Parcours vers la Lumière, il va devoir affronter de terribles épreuves qui sont avant tout des épreuves pour l’esprit : il est nulle question ici d’être flagellé en public ou de recevoir des coups, mais uniquement de franchir certains passages, sous forme de cercles, pour tester la Volonté du Demandeur !

Ce sont des épreuves poussant le candidat à une réflexion intérieure intense où tous les sentiments traverseront son esprit à mesure de son avancée dans la cérémonie d’initiation symbolisée par l’avancée vers les cercles intérieurs.

Les Maçons des Temps Anciens ont crée ces niveaux comme des passages volontaires que le Profane se doit de franchir lui-même pour oser espérer atteindre la Lumière.

A cet instant, il est évident que le Visiteur comprend qu’on attend de lui Courage, Abnégation, Force … et Sincérité !

Eclosion


La force de l’Esprit est, ici, durant ces épreuves initiatiques, magnifiée de façon à ce qu’une introspection proche d’une phase de poussée, tel le nouveau-né à sa sortie, l’amène à ressentir les luttes qui l’agitent pour savoir si, réellement, il est mûr et si sa motivation est assez forte pour s’exposer à l’Inconnu, pour permettre à des personnes de le mener vers un chemin dont même son imagination n‘a aucune prise : son individualisme primaire lutte dans sa conscience pour lui intimer l’ordre de tout arrêter ! « Comment ose-t-il accepter d’être dirigé de la sorte ? » Son corps veut se rebeller : l’angoisse du Noir absolu se mêle à la crainte que jamais il ne redeviendra le même : toutes ses belles vérités seront peut-être remises en question, et ceci par la « faute » d’Hommes et de Femmes sûrement bien plus intelligents que lui : l’Ego l’amène à rechercher un compromis, la Sincérité l’amène à transcender ses propres instincts animaux pour accepter le soutien de ceux qui l’entourent : « Advienne que pourra ! Ils ne me mangeront peut-être pas durant leurs Agapes !!» J .

A son arrivée…

La Sincérité jouera toujours un rôle majeur dans le cheminement du Jeune App.°. tout au long de ses tenues, au contact des Maîtres l’entourant de leur patience et, par la-même, de leur compréhension.

Cette patience n’est pas qu’une vertu maçonnique mais appartient à tous les Hommes Intelligents sachant comprendre l‘Autre. Toutefois l’expérience maçonnique rend les Maîtres bien plus ouverts et conscients des difficultés de chaque nouveau venu : eux-mêmes ont eu besoin de leurs Maîtres pour répondre à nombre de questions qu’ils ont pu se poser lors de leurs premiers pas en Maçonnerie.

Que constate un Apprenti lors de son arrivée en Maç.°.? Tout d’abord le plaisir de ces Frères et Sœurs d’accueillir un nouveau Maillon dans la Chaîne. Le visage raillonnant de ses interlocuteurs l’incite immédiatement à prendre confiance en lui, de façon à « ressembler » à ceux qui lui font face. On peut parler de mimétisme, mais je crois que c’est avant tout une marque de respect que l’App.°. tente de témoigner à l’égard de la Loge et de ses membres pour leur signifier que la gentillesse dont ils font preuve à son égard est reçue de manière délicieuse dans son cœur de Jeune Initié.

Après les tumultes des épreuves, le premier symbole de cette nouvelle vie est le sentiment de la Lumière incarnée par la douceur des regards et la gentillesse dont font preuve les Maçons : il faut immédiatement panser les plaies qui ont pu s’ouvrir durant la Tenue d’Initiation. Après le Chaos vient l’Ordre !

Constatations en Loge

Les visages radieux remplis de tendresse de toute l’Assemblée amènent immédiatement l’App.°. à ressentir une immense chaleur dans son Cœur.

Les Profanes vivent ensemble et font en sorte de se supporter, ici les Maçons vivent leur Seconde Vie en parfaite harmonie : hors de question de hausser le ton ou de s’envoyer des noms d’oiseaux lors de la Tenue. Ici prime le respect de la Parole d’Autrui, le Silence permettant aux Apprentis de percevoir avec encore plus de force cette démarcation avec la Vie Profane. Les Maçons semblent, au yeux de notre App.°., sincères en acceptant avec honneur et un plaisir, parfois non dissimulé, les échanges verbaux mêlant courtoisie et respect -et il apprendra plus tard qu‘il a raison ! Chaque phrase employée est alors importante et représente toujours un moyen d’accomplissement intellectuel dans le but avoué de remplacer la Parole des nouveaux Initiés, qui leur est confisquée à leur entrée sur le Parvis, afin que ces derniers, s’enrichissent tout autant, et même au-delà, dans le silence.

Les Maîtres font preuve de Sincérité mais dans leurs discussions lors des Tenues puis des Agapes, il n’est pas question de dévoiler leur vie personnelle : Sincérité ne doit jamais être le paravent au voyeurisme et à la Curiosité malsaine mais au contraire une méthode pour faire ressentir aux App.°. que c’est en étant sincère, et en tout premier lieu avec soi-même, que naîtra l’échange fraternel.

Une Pédagogie de la naissance


L’accomplissement ne peut se faire que si nous sommes nous-mêmes !

L’Apprenti doit apprendre : l’enseignement maçonnique doit être apporté avec une pédagogie à l’image de chacun : le Maître se doit de se mettre au niveau du nouveau-né et lui faire acquérir les bases d’une compréhension qu’il construira, ensuite, seul. Mais jamais aucun enseignement ne devra se départir de la Sincérité qui guide les Enseignants à l’égard des Enseignés.

La Sincérité bouscule toutes les idées préconcues et offre un vivier fantastique de patience aux deux parties : c’est en étant sincère que les fautes sont pardonnées, c’est en suivant la route de son cœur que les embûches durant le chemin seront moins lourdes à porter. L’Apprenti apprend à étoffer ses connaissances par la patience et la démonstration de sa Sincérité : Avouer parfois sa méconnaissance nous côute peut-être beaucoup au départ, mais les réponses que l’on recoit nous enrichissent au centuple de ce que nous avons perdu. L’Apprenti comprend alors que la Sincérité paye !. Le mensonge, lui, est toujours, un jour ou l’autre, revélé.

La Reconnaissance pour Croissance

Face à la gentillesse des Maçons de toute âge et de tous niveaux, l’Apprenti, automatiquement, tentera de les remercier par les moyens qui lui sont permis d’utiliser : en premier lieu, par le respect des bornes qu’on lui intime de ne pas franchir. Ensuite, à mesure qu’il acquiert une confiance dans ce qui l‘entoure, comme pour le nouveau né s’habituant à la Lumière du Soleil, lui vient à l’esprit quelques initiatives comme se proposer à toutes sortes de travaux : il tient à montrer, ainsi, aux Maîtres l’entourant de leurs ailes, que ce qu’ils ont pû lui enseigner commence à porter ses fruits : les actes de tout ordre se veulent alors l’expression d’une gratitude magnifiée par l‘innocence du nouveau-né. Comme les Maîtres s’en doutent, les premiers gestes, qui ne sont aucunement des gestes démonstratifs d’indépendance, mais de témoignage de la part de l’Appenti et qui sont emplis de Sincérité touchante et innocente, sont gauches et empoulés : les Maîtres en prennent, sous cape, un immense ravissement : le Nouveau-Né, montre, fier, ses premiers pas et il le fait en guise de témoignage de Respect Infini pour ses Maîtres, qui lui offrent protection et enseignement.

Les premiers gestes sont assurément le signe que la Lumière a atteint le jeune App.°., mais parfois ils prennent des formes à la limite du risible. Loin de moi la croyance que tous osent faire leur premier pas en agissant avec déraison !! pourtant les premiers pas sont toujours source de comportements innocents et tendres et parfois, sont si peu Maçonniques, qu’un sourire peu subrepticement apparaître sur les lèvres d’un Maître.

Je ne suis pas de ceux qui croient qu’innocence rime obligatoirement avec sincérité, mais la gage d’une longue sincérité tient absolument au fait que l’Etre a gardé une part de naîveté généreuse, confinant à une innocence à l’égard de ses semblables.

Ouverture vers l’Indépendance


Quand les premiers gestes « indépendants » de l’App.°. se font jour, ils sont toujours marqué par le sceau de la reconnaissance envers les Maîtres qui ont été, pour lui, les plus généreux à son égard : la Mère recevra avant quiconque le premier sourire de son nouveau-né : merveilleux pour le Cœur, incommensurable douceur pour tout le travail accompli, pour tous ces mois où il a fallu donner plus que la Mère ne possédait : le sourire est le premier échange réel entre les Maçons Confirmés et l’Apprenti en quête d’un espace où affirmer son Moi.

Un Engagement vers l’Identité

Cette Sincérité du Cœur peut prendre, bien sûr, une multitude d’aspects allant, je l’ai dit, du travail à des gestes plus raffinés tels que l ‘écriture de planches innombrables, toutes dédiées à montrer à la Loge qu’elle a bien agi en acceuillant l’App.°. en son sein. Ceux qui en recoivent les premières ébauches sont également ceux dont l’Apprenti tient à montrer que, malgré le peu de richesse de son travail, tout ce que l’on peut en tirer de bénéfique leur est accordé.

C’est à ce moment là que les Maîtres devront être particulièrement vigilants quand aux actes entrepris par le jeune Maçon dans sa Nouvelle vie : ce sont les premiers actions témoignant de la fraîche assurance prise à l’aide de ses pairs, où l’App.°. va apprendre à constater les réactions de son Vénérable et des Surveillants : ses actes peuvent tout à fait être en contradiction même avec la Maçonnerie… ses premiers pas ne sont que les tatonnements de son cœur pour toucher ses F.°., une tentative de les renseigner sur l’état larvaire dans lequel il se trouve : plus vraiment profane, Solide Apprenti, par de nombreux points il reste en recherche sur l’Inconnu, sur les questionnements de son Esprit concernant le Futur. Il se cherche un espace dans lequel il pourra respirer, vivre, souffler. Ici naît ses premières actions, individuelles dans sa recherche Initiatique pour une mineure partie, communes pour une grande partie vers un Idéal qu’il juge nécessairement en rapport avec ses F.°. et S.°.. La réaction de ses Maîtres se doit d’être à la mesure des tentatives de leur App.°. : aussi sincère que droit.

L’Enseignement du symbolisme doit alors être primordial mais uniquement à partir de cette période, car avant le jeune App.°. n’est pas encore en mesure de percevoir suffisamment clairement tout ce qui l’entoure. Les premiers signes d’action de l’Apprenti doivent donc être le déclic pour les Maîtres afin d‘engager, ensemble, l’étude de l’enseignement maçonnique dans ses Traditions, son Histoire, sa Philosophie, Sa Recherche Moderne. Mais on ne doit pas oublier que l’Enseignement Maçonnique à proprement dit inclut tous ces instants « magiques » durant lesquels l’App.°. apprend…à apprendre! Nul souci vient entraver ses premières sorties vers la Tenue : il faut déjà qu’il aborde avec confiance ses F.°. et ce travail nécessite déjà beaucoup de courage : Face à la Touchante sincérité dont font preuve les S.°. et F.°. de la Loge, accepter de sortir de son cocon pour, aussi, s’engager dans une Voie de Sincérité n’est pas en soi un Défi, c’est un Combat ! Et c’est le Premier Travail de chaque Maçon : à la découverte de son Moi Intérieur par l’entremise du comportement bien « étrange » de ses Frères J !!

Un nouveau stade

Quand les premières actions visibles de l’App.°. se font jour, il est alors temps pour la Loge de réellement l’accueillir en son sein en lui ouvrant des portes jusqu’alors fermées à sa vision : je veux parler ici de la Vie Maçonnique dans son pays comme partout ailleurs : l’Histoire au service du renseignement sur le bouillonnement culturel propre à la Maçonnerie ! Beaucoup de Jeunes App.°. arrivent en Maç.°. avec toutes les connaissances d’un Maître du 33eme degré… Mais d’autres arrivent très peu vêtu : « Je ne demande qu’à apprendre, habillez mon esprit de vêtements chauds pour me permettre de passer en paix les hivers rigoureux, les printemps humides à venir… ».

La Sincérité des demandes que formulent les Apprentis sont à ce sujet symboliques de leur parcours de Profane : L’Homme cherche avant tout à satisfaire sa curiosité et les questions qui interpellent son intellect. Ces interrogations sont sensiblement différentes selon le parcours de l’App.°. et il est bon de se renseigner sur le parcours profane de chaque nouvel arrivant afin d’orienter ce dernier vers un Maître ayant un parcours soit à l’identique soit au plus proche des sensibilités du nouveau Maillon de la Chaîne.

Apparté

Quand je suis arrivé en Maçonnerie, tout d’abord lors de la « Séance des Questions » (que j’inclue totalement dans mon enseignement maçonnique), j’ai pu me rendre compte au fond de mon Cœur que des doutes subsistaient sur mes réelles motivations quant à mon entrée dans la Lumière : de confession chrétienne, j’ai depuis l’age de 12 ans ressenti profondément le Message de Dieu qui est celui d’apporter à tout Homme tout ce qui est possible de lui procurer, et ceci même au détriment de sa propre vie. Certains appelleront cela de la sottise, d’autres une utopie mêlée de mensonge intérieur, et encore certains diront d’une folie patentée !! Qu’importe si je suis fou, ce qui compte c’est que je ne dénature pas, ni dans mes propos ni dans mes actes, le Message de Dieu qui se veut Amour et Bienfaisance.

Lors des questions, au fond de mon Ame se mêlaient Religion, Société Secrète, Organisation Charitative… Un de mes futurs F.°. me fit rapidement remarquer que la Maçonnerie n’était aucunement une Organisation à but charitatif, mais se voulait porteuse d’idées de tolérance, de respect et, en communion avec ces principes, d’une Idée de l’Homme et de valeurs intemporelles en vue de son épanouissement personnel et sociétal. Me voilà dévoilé !! : mon principal doute se fit jour sans que, ouvertement, je n’en fasse mention. Je devais sincérement trouver une Réponse à cette mise en garde tout autant pour honorer son propos d’une réponse à son attention mais aussi pour moi. Il fallait que je fasse un choix et ce choix fût fait : j’acceptais pleinement le rôle réel de la Maçonnerie et rectifiait, en mon for intérieur, la définition erronée ou tronquée de ce qu’était pour moi la F.°. M.°.. Je fis rapidement mien cette nouvelle et réelle représentation de la Maçonnerie, souvent dénaturée par des propos de profanes se servant d‘attaques à son encontre comme moyen de pression pour des sujets à milles lieux de la Maçonnerie que nous pratiquons.

Il va sans dire qu’une fois reparti chez moi, je refis intérieurement toutes les étapes de la soirée et il me sembla que je n’avais pas été assez sincère avec moi-même : comment des Maçons accepteraient d’accueillir à leurs côtés un Profane qui se trompait si lourdement sur la F.°. M.°.?

Même si j’acceptais totalement le nouveau sens du but ultime que tout Maçons cherche dans son chemin initiatique, je m’imaginais mal d’être accepté : « Il a peut-être fait preuve de Sincérité, mais sa recherche s’établit sur des bases érronées du réel sens dont est porteur la Mac.°. !! ».

Toutefois, je fut accepté et accueilli, une fois le bandeau retiré, dans une « Confrérie » de femmes et d’hommes dotés d’une profonde patience : ce fut, pour moi, le premier exemple de l’enrichissement que peut apporter l’enseignement maçonnique à ceux qui en acceptent les bases et fondent leur comportement dans le respect des valeurs que les Anciens ont toujours souhaité perpétuer bien après leur départ vers l‘Orient Eternel.

Une autre constatation que je pus rapidement faire fut l’arrivée d’ailes protectrices qui m’enveloppèrent et me protégèrent avec beaucoup de Chaleur Humaine et d’Amour Fraternel : ce que je ressentis comme « la Protection d’un Corps au service des Plus faibles » : ceux dont l’innocence font les proies faciles des charognards, toujours prompts à profiter de la naïveté qui caractérise nos premiers pas et qui accompagnera toujours notre démarche maçonnique. La seule nuance est qu’en Maçonnerie je sais que je n’ai pas à me méfier de mes F.°. et S.°. : Jamais ils ne profiteront de cette faiblesse, ma Confiance leur est acquise.

Dans la vie profane, par opposition, tout défaut apparent est désavantage. Défaut dans la cuirasse, le Talon d’Achille dont vos ennemis prennent plaisir à imaginer son utilisation pour vous mettre à terre. Il est difficile de changer d’attitude : d’une position défensive dans la Société, on passe à une position de confiance où rien n’est omis dans les Tenues, où l’on se permet même de s’ouvrir et de faire partager parfois ses douleurs, souvent ses joies et le bonheur de participer à une Œuvre Commune, peu importe la trace quelle laissera dans l’histoire, l’Oeuvre initiatique de tous est un enrichissement formidable pour tous.

La Sincérité a toujours guidé mes pas et ce comportement restera à jamais ce que j’ose espérer être une qualité. Toutefois, pour certaines activités profanes dont je commence l‘appprentissage, cette capacité à vouloir ne jamais mentir est un comportement à proscrire. Des endroits, sujets qu’on ne peut aborder en Loge, où règnent l’hypocrisie et un individualisme exarcerbé, sont une preuve supplémentaire que notre société accepte mal l’œuvre d’Honnêteté qui doit caractériser le Chemin prit par l ‘Homme Sincère.

L’éveil de la conscience n’est possible que si nous sommes en harmonie avec nous-mêmes !

J’ai commencé très jeune la Maçonnerie et j’ai l’orgueuil de croire que je n’en connais rien. Mes pas sont toujours marqués par la peur de blesser ou de heurter. Je ne renierai jamais ma foi ni ce que me dicte ma conscience. Je suis comme tout Etre : très enclin à connaître avant de savoir.


Je ne veux pas blesser du fait de ma motivation, plutôt expréssive, mes F.°. qui peuvent, parfois, ressentir une exaspération à mon contact.

Je ne joue pas un rôle, je suis moi-même : je préfère donner que recevoir. Ceci est ma nature d’Homme, en accord avec mes Principes inculqués dans mon passé. Ne voyez pas en moi un Chrétien Propagandiste ni un Régoriste. Ne voyez pas en moi l’opportuniste ni l’Homme soucieux de son Image, mais uniquement un homme rempli de doutes sur son devenir, soucieux de trouver un pôle où trouver son Unité, en accord avec les principes qui définissent « Libre et de Bonnes moeurs ».

Juger un Homme sans le connaître totalement, c’est assurément se tromper.

Les ailes protectrices sont un bienfait dont jamais je n’oserai me départir. La Patience m’anime à mesure que les sollicitations à mon égard se font jour. Mais jamais vous ne me verrez agir en opposition avec les principes fondateurs de la Maçonnerie dont vous êtes toutes et tous, de véritables exemples :

Intégrité, Patience, Honnêteté et Sincérité.

J’ai dit, Ven.°. M.°. !



 

RITES



Tout d’abord, les RITES. Ils en existent de nombeux en Maçonnerie et chaque Loge est en droit d’en pratiquer un. Dans les faits, les Obédiences proposent à chacune de leurs loges plusieurs rites et c’est cette dernière qui, selon l’avis de leurs membres, determine sous quel rite ils ouvriront et fermeront leurs travaux.

Je vous présente ici des textes ouverts à tous sur différents rites pratiqués par nos F.°. et S.°.

Le R.E.R (pas de blagues de mauvais goût concernant notre moyen de locomotion pour les pauvres civilisés que nous sommes J ) : le Rite Ecossais Rectifié.

L



Historique RER

Le texte qui suit a été primitivement publié dans une plaquette éditée en 1995 par le Grand Prieuré des Gaules auquel nous adressons nos fraternels remerciements.

Régime Écossais Rectifié est un système maçonnique et chevaleresque chrétien qui fut constitué en France dans le troisième quart du XVIIIe siècle. Après une éclipse apparente au XIXe siècle, il connaît, à notre époque, et surtout depuis les années 1960, un fort regain de vitalité.

On notera que la notion de Régime renvoie à l’organisation structurelle du système, celle du Rite à la pratique rituelle proprement dite. Les deux expressions : Régime Écossais Rectifié et Rite Écossais Rectifié ne sont donc pas, à strictement parler, interchangeables, même si la pratique courante les confond, ce que facilite leur sigle commun : R.E.R.

Le Régime Écossais Rectifié a été organisé entre 1774 et 1782 par deux groupes de maçons strasbourgeois et lyonnais parmi lesquels on doit citer Jean et Bernard de Turckheim ainsi que Rodolphe de Salzman (tous trois de Strasbourg) et surtout le Lyonnais Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824) qui en fut l’âme pensante. L’architecture du Régime fut son œuvre et c’est lui qui mit en forme la doctrine qu’il véhicule.

Du point de vue formel, le Régime Écossais Rectifié a trois origines ; du point de vue spirituel, il a deux sources ou inspirations.

Pour ce qui est de la structure et de la symbolique tant maçonnique que chevaleresque, les trois origines du système sont :

· La maçonnerie française de l’époque avec sa prolifération de grades les plus divers [1] et qui, épurée, devait être structurée vers 1786/1787 en un système qui portera plus tard le nom de « Rite français », avec ses trois grades bleus et ses quatre ordres, sans omettre les divers grades dont la combinaison constitue ce qu’on appelle l’écossisme ;

· Le système propre à Martinez de Pasqually, personnage énigmatique mais inspiré que Willermoz, comme Louis-Claude de Saint-Martin, reconnut toujours pour son maître, c'est-à-dire l’ « Ordre des Chevaliers Maçons Élus Cohen de l’Univers » ;

· La « Stricte Observance », dite encore « Maçonnerie rectifiée » ou « Maçonnerie réformée de Dresde », système allemand où l’aspect chevaleresque primait absolument sur l’aspect maçonnique, car il se voulait non seulement l’héritier mais le restaurateur de l’ancien Ordre du Temple aboli en 1312.

Pour ce qui regarde les deux sources spirituelles dont il est un des dépositaires modernes, il a puisé à :

· La doctrine ésotérique de Martinez de Pasqually dont l’essentiel porte sur l’origine première, la condition actuelle et la destination ultime de l’homme et de l’univers ;

· La tradition chrétienne indivise, nourrie des enseignements des Pères de l’Église.

Quoi que certains aient pu affirmer, ces deux doctrines, non seulement ne se contredisent pas, mais, a contrario, se corroborent l’une l’autre.

Tous les textes prouvent la parfaite orthodoxie, au regard des confessions chrétiennes, du Régime Écossais Rectifié qui s’occupe, non de ce qui divise les chrétiens, mais de ce qui les réunit.

Partant de là, Willermoz a donné à son Système ou Régime une architecture concentrique en l’organisant en trois classes successives de plus en plus intérieures et, en même temps, de plus en plus secrètes, chacune étant inconnue de celle qui lui était extérieure.

En outre, il a doublé le parcours initiatique de grade en grade par un enseignement doctrinal progressivement de plus en plus précis et explicite, au moyen d’instructions qui font partie intégrante du rituel de chaque grade.

Cette conception d’ensemble – architecture du Régime et doctrine – a été officiellement approuvée en deux étapes. D’abord, sur le plan national, par le Convent des Gaules (novembre-décembre 1778) lequel ratifia, entre autres, le Code maçonnique des Loges réunies et rectifiées et le code de l’Ordre des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte qui demeurent les textes constitutionnels, toujours en vigueur, du régime. Puis, sur le plan européen, par le Convent de Wilhemsbad, en Allemagne, (août-septembre 1782), tenu sous la présidence du duc Ferdinand de Brunswick-Lunebourg et du prince Charles de Hesse, principaux dirigeants de la « Stricte Observance » qui se rallièrent à ce qu’on appelait à l’époque la Réforme de Lyon.

L'Organisation


Dans sa structure d’origine, le Régime Écossais Rectifié comportait trois classes, deux ostensibles et une secrète :

- la classe symbolique ou Ordre maçonnique dans laquelle est conférée et conduite à son terme l’initiation maçonnique. Cette classe est elle-même subdivisée en quatre grades :

- les grades pratiqués dans les loges de saint Jean, dites loges bleues, en raison de la couleur de leurs décors ; le grade de Maître Écossais de Saint-André ou Loges Écossaises, dites loges vertes pour les mêmes raisons. Sans ce quatrième grade, l’initiation maçonnique demeure incomplète. La cérémonie de réception à ce grade récapitule et parachève le contenu initiatique et doctrinal des trois précédents et le mène à son accomplissement. Il est donné au Maître Écossais de Saint-André de contempler tout ce qui l’attend jusqu’à sa réintégration dans la Jérusalem céleste, but de l’initiation chrétienne. Ces quatre grades sont axés sur la reconstruction intérieure de l’homme par l’approfondissement de la foi et la pratique assidue des vertus chrétiennes.

Lorsque le Maître Écossais de Saint-André a atteint le degré requis de réalisation spirituelle prouvant qu’il a effectivement mis en œuvre l’initiation maçonnique, il peut avoir accès à l’Ordre intérieur.

L’Ordre Intérieur se subdivise à son tour en deux étapes :

- une première étape préparatoire et transitoire, celle de l’Écuyer novice. Cette qualité est conférée par la cérémonie de la vestition. En effet, l’Écuyer novice a pour unique tâche de se préparer, durant un an au moins, à devenir Chevalier mais, s’il s’y révèle définitivement inapte, il peut et, même (selon la prescription du code des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte), il doit être rétrogradé et redevenir maître Écossais de Saint-André.

- La seconde étape est celle de Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte (en abrégé : C.B.C.S.). Ce n’est pas un grade, mais une qualité que confère la cérémonie d’armement. Celle-ci est en principe célébrée par le Grand Maître national et Grand Prieur en personne ou, à défaut, par un délégué désigné par lui.

Le Chevalier a le devoir d’œuvrer activement dans l’Ordre et dans le monde pour mettre en pratique les enseignements moraux, religieux et doctrinaux reçus dans les loges de saint Jean et de Saint-André, qu’il n’abandonne pas pour autant mais où il doit, à contrario, et plus que jamais, se dévouer au service de ses frères et de tous les hommes, en particulier par l’exercice de la bienfaisance.

Au XVIIIe siècle, existait en outre une classe secrète, celle de la « Profession ». Les Chevaliers qui la composaient se répartissaient en deux catégories : les Profès et les Grands Profès, réunis en un Collège métropolitain. Tenus à un engagement total envers l’Ordre, sans exercer en tant que tels des fonctions de responsabilité ou de direction administratives (ces dernières incombant aux dignitaires de l’Ordre intérieur), les Profès et les Grands Profès se vouaient à l’approfondissement, par l’étude et la méditation, de la doctrine exposée dans les textes (instructions secrètes conservées par le Collège métropolitain), à charge de vivifier l’Ordre à la fois par leurs connaissances et leur exemple de vie. Cette classe a apparemment disparu ou, si elle existe encore, poursuit, comme à l’origine, une existence très discrète.

Sources FM H

Posté par Adriana Evangelizt









 

 

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25 novembre 2006 6 25 /11 /novembre /2006 13:39

 Une excellente analyse sur les Rites égyptiens et plus particulièrement sur le Rite de Memphis-Misraïm.

Homme, tu as deux oreilles pour entendre le même son,
Deux yeux pour percevoir le même objet,
Deux mains pour exécuter le même acte.
De même, la science maçonnique, la Science par excellence,
Est ésotérique et exotérique.
L'ésotérisme constitue la pensée,
L'exotérisme, la structure.
L'exotérisme s'apprend, s'enseigne, se donne ;
L'ésotérisme ne s'apprend, ne s'enseigne, ni ne se donne :
Il vient d'en HAUT


De la confusion actuelle

 

par Rémi Boyer

 



Les rites maçonniques égyptiens, tout comme le Régime Écossais Rectifié, pour des raisons en partie, mais en partie seulement, différentes, entretiennent des exigences spécifiques et certaines structures ne permettent pas de satisfaire ces exigences, voire s'y opposent.


Je lis dans les expressions littéraires récentes de courants maçonniques égyptiens en recherche de reconnaissance sociale, c'est-à-dire profane, des propos parfaitement anti-traditionnels, marque de la grande confusion qui règne à propos de l'idée même d'initiation. Ici l'on rejette le principe de la Hiérophanie auquel on oppose l'élection, non dans le sens ancien et sacré, mais dans son sens le plus profane. Le même rejette l'idée d'aristocratie, taxée d'élitisme, pour lui substituer la démocratie. La démocratie a un sens, et même tout son sens, dans l'évolution de nos sociétés malades vers un art politique qui reste à inventer, à la fois capable d'instaurer l'harmonie et de préserver la créativité. Elle n'a aucun sens dans le domaine de l'initiation. La démocratie est, ou devrait être, le véhicule de l'éducation créatrice, l'aristocratie est le véhicule de l'initiation. L'éducation appartient à l'horizontalité, l'initiation à cette verticalité, à cette transcendance à laquelle les rites égyptiens appellent. Nous entendons par aristocratie une "axiocratie", ce qui signifie que les choses se conquièrent, que rien, absolument rien, n'est conféré, prix à payer pour une liberté qui se veut absolue. Cette aristocratie là est d'essence libertaire. Cette "liberté libertaire" n'a que peu à voir avec la "liberté libérale" faite de faux-semblants. Si la liberté de pensée est une nécessité dans les mondes relatifs auxquels appartiennent nos structures sociétales, l'initiation commence par un état de conscience accrue accessible en non-pensée. Ce Silence, dans lequel le maçon égyptien opère, nécessite une ascèse particulière qui n'est pas d'ordre intellectuel, qui n'est pas de nature philosophique au sens technique, ou professionnel, du terme.

Les mêmes courants qui se veulent égyptiens en appellent à la raison pour écarter, avec plus ou moins d'honnêteté, les sciences d'Hermès, la magie, l'astrologie, l'alchimie, étiquetées avec mépris du mot "occultisme". Non seulement les rites égyptiens sont par nature hermétistes, mais ils ont toujours revendiqué la dimension occulte. Rappelons pour ceux que le mot "occulte" renvoie encore à des films de "série B" ou aux clichés hérités de la propagande nazie quelle est la définition universitaire de l'occultisme, définition que nous empruntons, une fois de plus, à Robert Amadou :
" L'occultisme est l'ensemble des doctrines et des pratiques fondées sur la théorie des correspondances.
La théorie des correspondances est la théorie selon laquelle tout objet appartient à un ensemble unique et possède avec tout autre élément de cet ensemble des rapports nécessaires, intentionnels, non temporels, et non spatiaux."
Par conséquent :
"L'occultisme est l'ensemble des doctrines et des pratiques fondées sur la théorie selon laquelle tout objet appartient à un ensemble unique et possède avec tout autre élément de cet ensemble des rapports nécessaires, intentionnels, non temporels, et non spatiaux."

On ne peut à la fois prétendre aux rites égyptiens et rejeter Cagliostro. Il me semble ainsi inquiétant que le Grand Orient de France, sanctuaire de la laïcité et de la République, dont le travail social et culturel fut à plusieurs reprises indispensable à la société, mais qui par ailleurs n'entend rien, ou presque rien, à l'Initiation sacerdotale accueille en son sein un rite de Memphis-Misraïm dont la finalité demeure sacerdotale, au sens alchimique du terme. Il y a tout lieu de craindre qu'après avoir avec la meilleure volonté du monde dénaturé le Régime Écossais Rectifié, le Grand Orient de France dénature le Rite de Memphis-Misraïm qui n'a de sens que dans sa finalité hautement opérative. Il est encore plus inquiétant que des frères égyptiens choisissent de se placer sous la protection du Grand-Orient de France, en espérant trouver un peu de stabilité et un peu de reconnaissance. Depuis quand les grandes obédiences offrent-elles une stabilité, entre affaires inavouables et pugilats politiques ? Depuis quand la reconnaissance initiatique est-elle obtenue autrement que par un acte parfait sans autre témoin que le Réel ? Depuis quand abandonne t-on la folie, apanage des nobles aventuriers qui réalisent, et se réalisent, sur des voies qualifiées depuis toujours d'héroïques, pour la triste raison de la majorité ?


De la spécificité des rites maçonniques égyptiens

Il convient sans doute de rappeler que stricto sensus, le Rite de Memphis- Misraïm est formé de quatre grades, les 87ème, 88ème, 89ème et 90ème grades, dits de l'Échelle de Naples. L'échelle de grade qui précède emprunte à d'autres rites, principalement au R:. E:. A:. A:. et n'a de sens, au regard de la finalité du rite, que si ces grades servent de support à l'acquisition des qualifications nécessaires à la queste hermétique. Voici comment Sebastiano Caracciolo, Grand Hiérophante du Rite Ancien et Oriental de Misraïm et Memphis évoque les correspondances existant entre les hauts grades du Rite et les différentes étapes de l'initiation. Successeur du Comte Gastone Ventura, Sebastiano Caracciolo, grande figure de l'hermétisme maçonnique italien, a su maintenir son rite dans une stricte orthodoxie traditionnelle égyptienne, sans pour autant négliger les grades bleus. Il est l'un des très rares à avoir réussi dans un contexte maçonnique qui ne s'y prête nullement. Il explique que la zone de premier travail, les grades bleus, conditionne le succès opératif. Le maître maçon doit avoir atteint réellement, et non symboliquement la Chambre du Milieu, où désormais il va opérer :
" Au grade 8°-11°, le Questeur tente le passage des eaux. Il peut passer le pont qui unit les deux rives, mais il peut aussi tomber dans les eaux sans espérance.
Au grade 12°-17°, une fois les eaux passées il peut affronter la voie alchimique, et au grade 18°-30° la voie astrologique et cabalistique.
A partir du 30°-90°, il commence à opérer avec les forces des éléments, et par la suite avec les forces supérieures. Le Rite sacrificiel, qui agit sur les plans subtils, le protège et l'aide parce que l'action rituelle permet l'ouverture des deux canaux, l'un qui fait monter du bas vers le haut la fides et l'autre qui fait descendre du haut vers le bas la virtus, comme cela est dit clairement dans la Table d'Emeraude. Il est bon, cependant, de faire très attention. C'est le fondement du Rite de savoir que les effets se produisent dans le monde physique et que les causes se créent dans le monde métaphysique, c'est pourquoi rien ne se produit ici-bas qui, avant, ne se soit produit dans l'au-delà.


Par le Rite, le monde supérieur est mû depuis le monde inférieur, et vice-versa. Dans la Table d'Emeraude il est dit : " Il monte de la terre au ciel et il redescend sur terre en recueillant la force des choses supérieures et inférieures." De là vient l'indispensable présence chez l'opérateur des qualifications originales de légitimité et d'authenticité qui garantissent la validité du Rite et préservent la communauté des dommages causés par les interventions de forces inconnues et non désirées ou par la libération de forces infernales incontrôlables. Le Sacré ne peut pas être manipulé impunément. Le but du Rite est la répétition des lois de la Nature en tant qu'imitation de l'ordre cosmique, qui consiste à réitérer le mystère de la divinisation de l'homme, de la génération surnaturelle d'un dieu en relation avec l'expérience de la mort et de la résurrection. En harmonie avec ce qui vient d'être dit plus haut, et du fait qu'il est totalement projeté vers la spiritualité, l'Antique et Primitif Rite Oriental de Misraïm et Memphis n'a pour fins ni le lucre ni un quelconque pouvoir socio-politique. En effet, il se désintéresse de la politique et place toutes les confessions religieuses sur le même plan, en ce sens qu'il les admet toutes avec la même dignité."

De la finalité des rites maçonniques égyptiens

Comme nous l'avons déjà écrit, la finalité du rite de Misraïm et Memphis, et le rite lui-même réside dans les Arcana Arcanorum. Il semble nécessaire de rappeler ce que nous écrivions à ce sujet il y a quelques années mais qui ne semble pas avoir été très remarqué :
" Les Arcana Arcanorum, qui ont fait couler beaucoup d'encre fort mal à propos ces dernières années, créant ainsi un mythe bien inutile, constituent les quatre, parfois trois grades terminaux des rites maçonniques égyptiens, grades particuliers à l'échelle de Naples (du 87° au 90°). Les A:.A:. sont présents également au sein d'autres organisations, pythagoriciennes, rosicruciennes, ou de
certains collèges hermétistes très fermés.
Du point de vue maçonnique, il convient de distinguer le système des frères Bédarride, basé sur la Kabbale du Régime de Naples qui constitue le véritable système des A:.A:.. Citons Ragon qui nous parle de ces quatre degrés en ces termes : "Ils forment tout le système philosophique du vrai rite de Misraïm, lequel satisfait tout maçon instruit, tandis que les mêmes degrés chez les F:.F:. Bédarride, sont une dérision frauduleuse née de leur ignorance."


Les Arcana Arcanorum sont définis par Jean Pierre Giudicelli de Cressac Bachelerie, dans son livre De la Rose Rouge à la Croix d'Or , à la page 67 : "Cet enseignement concerne une théurgie, c'est-à-dire une mise en relation avec des éons-guides qui doivent prendre le relais pour faire comprendre un processus, mais aussi une voie alchimique très fermée qui est un Nei Tan, c'est-à-dire une voie interne."


Les Arcana Arcanorum maçonniques semblent être en réalité, davantage que les grades terminaux de la maçonnerie égyptienne, l'introduction à un autre système. Les A:.A:. constituent en fait une qualification pour d'autres ordres plus internes rattachés au courant osirien ou pythagoricien ou encore au courant des anciens Rose+Croix, comme l'Ordre des Rose+Croix d'Or d'ancien système, l'Ordre des Frères Initiés d'Asie, et d'autres, restés inconnus, échappant ainsi à la recherche historique et surtout aux problèmes humains. Jean Pierre Giudicelli de Cressac Bachelerie, faisant référence à Brunelli, confirme dans son livre, déjà cité, De la Rose Rouge à la Croix d'Or, à la page 79, que les A:.A:. constituent en fait l'introduction à d'autre ordres : "d'autres ordres succèdent aux Arcana Arcanorum. Mais nous sortons ici de l'aspect maçonnique pour découvrir quatre ou cinq autres ordres (Grand Ordre Égyptien, Rites Égyptiens ainsi que trois autres que nous ne pouvons mentionner)." De plus certaines organisations traditionnelles, n'utilisant pas l'appellation "Arcana Arcanorum", détiennent totalité ou partie de l'ensemble théurgique des A:.A:..


Le système complet des Arcana Arcanorum, dont la maçonnerie égyptienne nedétiendrait donc qu'une partie, comporte en fait trois disciplines


Théurgie qui se présente selon les documents sous une double forme, chaldéo-égyptienne ou Kabbale angélique : avec notamment les invocations des 4, des 7, et la grande opération des 72.


Alchimies métalliques : parmi différentes voies, les documents identifiés semblent donner la priorité à la voie de l'Antimoine, mais d'autres voies, notamment la voie de la Salamandre ou la voie du Cinabre semblent constituer un élément important de ce système, relevant à la fois de la voie externe et de la voie interne, soit pour des raisons pédagogiques, soit pour des raisons opératives.


Alchimies internes : selon les courants internes, les voies pratiquées diffèrent, moins techniquement que par leurs environnements philosophiques et mythiques respectifs, parfois totalement opposés. Les alchimies internes, tout comme d'ailleurs les alchimies métalliques trouveraient leur origine en Orient et, plus particulièrement, selon Alain Daniélou, dans le Shivaïsme. Quoi qu'il en soit, elles font partie de l'héritage traditionnel occidental depuis au moins deux millénaires, comme l'attestent certains papyrus égyptiens ou gnostiques (on pense notamment au très important Papyrus Bruce). En matière d'alchimie interne, on parle de voies d'immortalité ou encore de voies réelles.


D'une manière générale, toute Voie Réelle comporte à la fois une magie naturelle (selon Giordano Bruno, la magie est art de la mémoire et manipulation des fantasmes, elle est maîtrise de ce que certains éthologues appellent "l'ensorcellement du monde" ), une théurgie, et une alchimie, vecteur d'une voie d'immortalité.


La question des immortalités est difficile à traiter car elle ne peut s'inscrire avec succès dans un modèle du monde aristotélicien, c'est pourquoi il n'est pas rare que la recherche prématurée par une personnalité non-alignée d'une sur-humanité, d'une plus-qu'humanité ou d'une non-humanité conduise malheureusement à l'inhumanité. Plus encore, nous pouvons très bien avoir une excellente compréhension intellectuelle de modèles non-aristotéliciens, comme le sont le taoïsme, ou le système de Gurdjieff, sans avoir "inverser les chandeliers" pour reprendre la formule de Meyrink dans le Visage vert.. La sur-humanité pourrait être symbolisée par Héraklès, indiquant ainsi la voie magique du Héros, prédisposant à la plus-qu'humanité, symbolisée par le Christ, ou encore par Orphée, ou à la non-humanité symbolisée elle, par Osiris, ou encore par Dionysos. Nous pourrions trouver d'autres références tant en Occident que dans les traditions orientales pour tenter de faire saisir ce qui est en fait une différence d'orientation. L'Etre n'est pas nécessairement orienté vers un Pôle unique, ce qui explique des Voies Réelles différentes, ne conduisant donc pas au même Lieu-État.


Les A:.A:. du Régime de Naples introduisent à une alchimie interne de tradition égyptienne en deux phases, l'une isiaque, l'autre osirienne. C'est bien sûr dans ce dernier aspect des alchimies internes que l'on retrouve les aspects plus spécifiquement osiriens des A:.A:.. Il est probable qu'au Moyen Age et à la Renaissance, ce système était exclusivement chaldéo-égyptien, ce serait peu à peu, et principalement dans ses aspects magiques et théurgiques, que le système aurait subi dans certaines structures traditionnelles une "christianisation" ou une "hébraïsation". On trouve parfois à ce sujet l'expression "christianisme chaldéen"."
Il est aisé de remarquer à quel point cette Tradition immuable en son essence, ce qui sous-entend qu'elle peut s'habiller de vêtements culturels divers et même opposés, s'oppose au modernisme, mais peut au contraire se mouvoir dans un post-modernisme qui demeure malheureusement très étranger à la France.


De la Hiérophanie

Nous avons vu que le principe de la Hiérophanie est contesté. Certains dénoncent le parasitage d'une hiérarchie de "droit divin" qui confondrait le spirituel et le temporel, mais où voit-on l'argent pervertir les règles traditionnelles sinon dans les grandes obédiences maçonniques qui fonctionnent selon les mêmes règles et les mêmes critères que les structures profanes auxquelles elles ressemblent de plus en plus. Contester le principe de la Hiérophanie, c'est contester la Tradition même. Il ne s'agit pas de nier de toujours possibles abus de pouvoir de la part de personnages aux intentions malsaines qui voileront leur autoritarisme sous le masque du sacré, mais de restaurer le sacré dans sa juste transcendance. Une Grande Hiérophanie assure le pouvoir de transmission au sein du Rite. Tout le Rite est organisé comme une grande pyramide, au sommet visible de laquelle se trouve le Souverain Grand Hiérophante Général tandis qu'au sommet invisible se trouve le Sublime Architecte des Mondes, dont la présence rend les travaux sacrés. Cette présence, qui est sentie par tous, est invoquée pour qu'elle intervienne dans la direction des travaux eux-mêmes. Cela en harmonie avec le principe que la lumière vient d'en haut. En harmonie avec le principe selon lequel la remontée doit se faire du bas vers le haut par stades successifs de conscience, le Rite se développe en plusieurs niveaux organisés comme des petites pyramides l'une dans l'autre, dont le sommet est investi des fonctions correspondantes par le sommet visible de tout l'organisme, unique détenteur de la virtus.
Sebastiano Caracciolo insiste longuement sur les valeurs initiatiques qui accompagnent le principe de Hiérophanie :
" Il y a d'abord la Virtus sacrée, transmise traditionnellement et régulièrement au sommet visible de la Grande Pyramide par le précédent détenteur de la dignité royale et sacerdotale du Rite. Il y a ensuite l'acceptation en totalité de la plus pure tradition, qui désigne, dans le rite sacrificiel, le seul moyen pour l'homme moderne d'atteindre les niveaux supérieurs de l'esprit et de tenter, avec les qualifications acquises au fur et à mesure, la réintégration individuelle. Puis vient le rite sacrificiel, utilisé selon les principes de correspondances, de liaison sacrée, de transcendance, de rythme en harmonie avec le rythme cosmique. Traditionnellement, c'est la fides de tous les adhérents qui leur permet de participer à la virtus du sommet. Enfin, on trouve l'action rituelle.


L'homme ayant perdu le point de référence de son propre centre se trouve dans une grave crise d'identité. Ceci l'a brisé complètement, c'est pourquoi il est nécessaire de le recomposer. Le mythe d'Osiris, découpé en 14 morceaux, et qui, pour renaître, a besoin d'être recomposé, est toujours actuel. Isis, la veuve de la maçonnerie égyptienne, en recueille les morceaux, le recompose en lui redonnant vie par l'action qui nécessite le rite sacrificiel. C'est la réalisation de la pierre cubique tirée de la pierre brute. L'Homme ressuscité n'est pas complet ; bien que reconstitué, il est sans phallus, il ne peut pas engendrer, sa virilité spirituelle est presque complètement perdue. Il n'est ni mâle ni femelle, il est un hybride qui n'arrive pas à rester debout comme l'Apollon de Cyrène. Bien que reconstitué et ressuscité, il se tient dans la croix horizontale, incapable de se tourner vers la croix verticale. Pour cela, il a besoin d'ultérieures purifications, méditations, rites sacrificiels adéquats, qui peuvent lui restituer sa virilité spirituelle perdue. C'est ce qui est tenté dans les chambres qui suivent la zone de premier travail, dans lesquelles il parcourt le bras vertical de la croix au terme duquel il devient pierre cubique à pointe. Il s'agit d'un itinéraire difficile et hérissé de dangers. Pour formuler l'idée en harmonie avec la légende du Graal, de Chevalier Terrestre il doit devenir Chevalier Céleste. Il doit être pur, humble et doux, tous ses efforts doivent tendre à surmonter les nombreux obstacles qui tenteront de le faire dévier définitivement. C'est une lutte terrible à soutenir, contre sa propre personnalité, contre ses propres intérêts et ses conditionnements. Il doit assurer une forme d'esprit toute particulière, tournée vers la recherche du monde divin en soi, de la sacralité de sa propre vie et de tout ce qui l'entoure, évitant toute autre préoccupation. Il faut vouloir connaître à tout prix et s'appliquer en se préparant à ce que la connaissance se donne spontanément. C'est une préparation à l'événement qui se fait avec détermination, amour et sacrifice. Préparation qui portera d'abord sur la mentalité traditionnelle et sur la transmutation de la personnalité profane et chaotique en personnalité initiatique et rythmiquement ordonnée, et par la suite à la lente et continuelle progression vers la Lumière."


De la confusion encore

Un dernier point enfin. De nombreux reproches sont faits à Gérard Kloppel et à son équipe que l'on accuse d'avoir conduit l'Ordre de Memphis-Misraïm à l'éclatement. Il lui est ainsi reproché la juxtaposition de plusieurs ordres, la plupart non-maçonniques ou post-maçonniques, et l'existence de passerelles entre ces ordres. C'est là en réalité l'héritage du système mis en place par Robert Ambelain, système, qui outre son intérêt pédagogique jamais démenti, a permis de préserver des ordres traditionnels qui n'auraient pas résisté dans leur isolement ni au second conflit mondial, ni à la période incertaine qui a suivi. C'est le cas notamment de l'Ordre de la Rose-Croix d'Orient, de l'Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix, de l'Ordre des Chevaliers Maçons Élus Coens de l'Univers pour ne citer que les plus prestigieux. Ce que l'on peut sans doute reprocher à Gérard Kloppel, mais il n'est ni le seul ni le premier, c'est d'être tombé dans le mirage du nombre, d'avoir privilégié le multiple plutôt que l'Un, d'avoir cédé à la tentation de l'horizontalité, plutôt que de privilégier la verticalité. De ce point de vue, il est curieux d'entendre dénoncer les groupuscules maçonniques. Le grand nombre n'autorise pas le travail initiatique, un groupe initiatique est par nature restreint et fermé. L'histoire de l'Ordre de Memphis-Misraïm en est un exemple probant, qui a perdu sa fonction initiatique avec son extension. Certaines loges maçonniques sauvages réalisent un travail remarquable. Si certains des reproches faits par les uns ou les autres à Gérard Kloppel paraîtront justifiés, il est tout à fait regrettable d'oublier que Gérard Kloppel fut et reste, tout comme son initiateur Robert Ambelain, un véritable opératif, un cherchant sincère qui a fait l'effort d'acquérir les qualifications nécessaires dans les sciences d'Hermès avant d'aborder la queste, contrairement à la presque totalité de ceux qui n'ayant travaillé ni au laboratoire, ni en oratoire, se réclament toutefois des rites égyptiens. Il convient surtout de se rappeler que les conditions humaines n'interviennent pas dans le domaine de l'initiation, que tout être qui, ne serait-ce qu'une fois, s'est inscrit dans la verticalité de la queste en porte toujours l'empreinte et en demeure l'une de ses expressions.



Pour conclure



Il ne s'agit pas d'ouvrir un débat. Le débat n'a que peu à faire avec l'initiation. Que ceux qui souhaitent réellement appréhender les rites égyptiens aillent à l'essentiel, par le seul chemin de la pratique opérative et de l'ascèse. Qu'ils ne se laissent pas emporter par les vagues de la mer du consensus. L'initié demeure un rebelle, un guerrier pacifique, un sage fou, un poète muet.

Il ne s'agit pas d'ouvrir un débat. Le débat n'a que . Que ceux qui souhaitent réellement appréhender les rites égyptiens Qu'ils ne se laissent par les vagues de la mer du consensus.

Sources : Centre International de Recherches et d'Etudes Martinistes

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25 novembre 2006 6 25 /11 /novembre /2006 11:43

L'Eglise et le Temple

par Jean Amadou

 

L'Eglise catholique romaine, aujourd'hui et partout, interdit à ses fidèles, tant laïcs que clercs, d'adhérer à la franc-maçonnerie ; aux francs-maçons, elle refuse la communion eucharistique. D'avance, le Saint-Siège a récusé la compétence des autorités ecclésiastiques locales à abroger ou suspendre ces dispositions canoniques. Tel est le droit et c'est un fait ; et c'est l'annulation, depuis 1983, des compromis atteints à partir de 1974, après de longues années de discussions et de rapprochements. C'est un autre fait que les motifs exposés ne sont pas d'ordre contingent, mais nécessaire : le jugement négatif de l'Eglise contre les associations maçonniques, quelles qu'elles soient, demeure inchangé, après un bref intermède, parce que leurs principes ont toujours été et sont toujours considérés comme inconciliables avec la doctrine de l'Eglise. Des interprètes autorisés expliquent que le franc-maçon et le chrétien seraient astreints respectivement à vivre deux modes incompatibles de rapport à Dieu.

L'Eglise d'Orient, l'Eglise dite orthodoxe n'a pas exprimé d'opinion ni légiféré en l'espèce, quoique l'Eglise d'Hellade ait condamné la franc-maçonnerie comme une religion païenne, en 1933, et réitéré cette condamnation.

L'Eglise d'Angleterre a adopté, en 1986, un rapport bête et méchant, qui venge assez mesquinement la défaite, pourtant catastrophique, des anti-féministes ; mais elle s'est abstenue avec intelligence et charité d'en suivre les conclusions tendant à condamner et l'institution maçonnique et les anglicans qui y appartiennent.

Plusieurs organismes protestants, en diverses confessions et à divers niveaux, ont dénoncé dans la franc-maçonnerie un anti-christianisme, ou un a-christianisme, sans altérer ni la liberté des croyants de ces confessions, ni l'harmonie que beaucoup d'entre eux trouvent dans leur état de chrétien franc-maçon.

Les critiques avancées par certains représentants d'Eglises chrétiennes autres que l'Eglise catholique romaine vont, de même que l'actuelle position de celle-ci, désormais au coeur du problème ; et les condamnations locales, les réflexions individuelles confirment le caractère fondamental, déclaré par Rome, du problème que l'histoire illustre en des événements nombreux et sporadiques.

La Kirk presbytérienne d'Ecosse vient, à son tour, de passer un jugement très sévère, quoiqu'il ne contraigne pas en droit ses fidèles, contre la franc-maçonnerie. Ce jugement, lui aussi, va au fond. Mais quand la Kirk du XVIIe siècle, stricte et officielle, tolérait paradoxalement des rites maçonniques occultisants dont on croirait que sa théologie les eût assimilés au paganisme, ne dépassait-elle pas la prudence du moindre mal (rites maçonniques plutôt que superstitions catholiques romaines !), pour convenir en fait que la franc-maçonnerie bien entendue n'empiète en aucun sens sur l'Eglise la plus sourcilleuse, et n'encourageait-elle pas d'avance à résoudre le problème qu'elle soulève plus de trois siècles plus tard

RELIGION - SCIENCE - LUMIERE
COSMOS ET HISTOIRE - LE GRAND HOMME.

RELIGION

1- Franc-maçonnerie et religion : ce sont les termes d'un problème. Quelle est la position de l'institution maçonnique à l'endroit de la religion ?  Quelle est la position des institutions religieuses en face de la franc-maçonnerie ? C'est un problème de fond, outre les accidents de l'histoire ; outre aussi les cas de figure où, pour des raisons spécifiques, le problème est soit gazé, soit nié.

2- Par des raisons historiques et géographiques, ce problème à double face se manifeste principalement au cas du christianisme et particulièrement en Occident chrétien. Les non-chrétiens peuvent légitimement s'en soucier aussi, s'agissant tant de leurs propres religions que du christianisme, dont les dogmes et les Eglises les touchent de façon variée ; le christianisme oriental, quelles que puissent être les inquiétudes, souvent occidentalisantes, de certaines autorités ecclésiastiques d'Orient, précise le problème et montre la voie d'une solution, en même temps qu'il explique l'origine et la gravité de l'affaire, du problème par la signification historique, y compris dans l'histoire des dogmes et des institutions, de la franc-maçonnerie et de l'Eglise romaine.

3- Déblayons le terrain. La franc-maçonnerie n'est pas athée : ses statuts le lui interdisent ; la cohérence du système aussi. La franc-maçonnerie n'est pas déiste : ses prières rituelles, quelles qu'en soient les formes ou la matière, le démontrent ; la croyance en la volonté révélée du Grand Architecte de l'Univers aussi. La franc-maçonnerie n'est pas indifférentiste : sinon, comment pourrait-elle inviter le candidat à choisir un volume de la Loi sacrée, entre tous, c'est-à-dire un Livre saint parmi tous ceux qui fondent une religion particulière

4- Déblayons encore. Le serment est de droit naturel ; les châtiments dont la menace l'accompagne sont évidemment symboliques et liés, à ce titre, aux signes d'ordre ; en outre, la Grande Loge Unie d'Angleterre en a aboli la mention en 1985, pour éviter toute équivoque, et de nombreuses obédiences suivent l'exemple. Le secret, au demeurant, n'est plus que discrétion. "Jahbulon" est un mot composé de fantaisie, attesté tout à la fin du XVIIIe siècle, entériné en 1835 ; afin d'en évacuer l'éventuelle intention d'un syncrétisme vague et naïf, les meilleurs interprètes de la maçonnerie le comprennent, quitte à modifier l'orthographe, dans le sens d'un monothéisme biblique. Les prières sont d'intercession et non point d'adoration, et point de pélagianisme à craindre, car, si, sur le plan du salut et par les sacrements, le Saint vient à l'homme, celui-ci peut prendre l'initiative dans la démarche mystérique, ou païenne - osons le mot - et c'est sur ce plan-là exclusivement qu'oeuvre la franc-maçonnerie. Allons outre.

5- Religions fondées sur l'histoire, religions fondées sur la nature : le christianisme est fondé sur l'histoire, mais il récapitule les cultes de nature en récapitulant la nature comme les cultes. Telle est la doctrine et telle est la pratique imposée : point de lumière incréée qui ne soit visible par l'homme qu'elle a transfiguré, et c'est la mystique ; mais aussi - et c'est le mystère (à informer par la mystique) - point de cosmologie qui ne soit cosmosophie, point de nature que la Sagesse ne rattache à Dieu, présente comme une âme du monde, ou sa suzeraine, certes créée ainsi que la lumière correspondante, dont la perception, du coup, tient elle-même au mystérique. Tout homme, naturellement logique, en est capable. Mais aussi l'âme du monde est une manifestation des énergies divines qu'irradie la Sainte-Trinité, quoique la Sophia éternelle s'identifie particulièrement soit avec le Logos, soit avec le Saint-Esprit. Point de lumière créée qui ne dépende, sans confusion, de la lumière incréée.

6- La transfiguration de l'homme, et du monde par l'homme est chose d'Eglise ; des formes sacrées de contemplation et d'action sont accessibles à l'homme hors l'Eglise visible et au chrétien hormis son activité liturgique expresse. Mais c'est toujours par le Christ que tout bien s'opère et toute activité du chrétien participe à la liturgie. Autrement dit, toute activité de l'homme est, elle doit être liturgique, explicitement ou implicitement, régulière ou sauvage, et chrétienne avec ou sans la lettre. Le chrétien, de par son état, réintègre, de même que sa doctrine récapitule, toute activité d'apparence extra-liturgique et non chrétienne dans l'Eglise inévitable, spirituellement ; il fortifie, en démasquant, par l'articulation.

7- Le temple est le lieu particulier de Dieu, un point crucial de sa présence : l'homme, esprit, âme et corps, et mon esprit, mon âme et mon corps, par excellence méthodique ; le cosmos ; la société à toute échelle ; les édifices construits ou à construire de main d'homme et selon les règles de l'architecture naturelle, par quoi - poids, nombre et mesure - la Sagesse divine régit tous temples de tous ordres. Et tous temples, de tous ordres, sont à construire ; aussi, par conséquent, la personne et la communauté, et encore le cosmos lui-même : les rites partout et toujours aident au monde. Les rites sacramentels selon leur mode éminent et leur efficacité unique.

8- Quand Coustos, à son procès d'Inquisition, au Portugal, rapporte ces propos par lui entendus en 1728 : "Le maître dit à l'initié que la religion qu'il professe désormais est beaucoup plus noble que l'ordre de la Toison d'or, du Saint-Esprit, du Christ et de tous les autres au monde, car elle est plus noble et plus ancienne que tous ceux-ci...", gare au contexte ! gare à saisir que "religion" signifie ici ordre ou confrérie. Ce qui n'exclut pas que la religion du maçon en sa qualité ne soit aussi la plus ancienne, au point d'être la seule.

9- La religion de la maçonnerie, ou du maçon en sa qualité, est spécifique, mais elle n'est pas spécifiquement maçonnique, quoiqu'elle ne se trouve nulle part ailleurs - et peut-être pas même là - à l'état pur. C'est le noachisme, la religion de Noé dont les deux caractères sont l'antiquité (elle est même primitive, depuis la chute évidemment, et disions-nous, la seule) et l'universalité (elle est la vieille et seule religion catholique). Religion de nature et non point de la nature (comme on dit, ou l'on doit dire, non pas philosophie de la nature, mais philosophie de nature, pour en désigner le reflet spéculatif). Les noachides exploitent la nature dans l'alliance. Les trois grands articles théistes de Noé empêchent que l'homme ne se dissolve dans la nature, et même que l'effort de connaissance et d'amour de l'homme que Dieu a installé dans la nature ne tende à quelque romantique fusion, à la Novalis par exemple.

10- L'alliance de Noé subsiste dans les religions archaïques, mais, dans les mystères à ordonner, ce n'est plus le cosmos qui est médiateur du mystère, c'est la personne : celle du Dieu fait homme et de l'homme qui, dans l'Esprit, devient Dieu. L'homme, roi de l'existence universelle, en est aussi - aussi - le prêtre, capable de déceler, pour l'emplir de Dieu et l'offrir à Dieu, l'être des choses. Le premier pas demeure la révélation naturelle, mais s'il est sans second, c'est le savant moderne ou le sorcier diabolique, qui se prendra pour le prêtre de la nature.

11- Il y a une vérité des religions fondées sur la nature, qui correspondent à l'alliance première de Noé : Dieu se révèle dans la régularité des rythmes naturels et dans le sens métaphysique de toutes choses, d'aucunes semblant plus porteuses à cet égard et plus généralement contemplées. Mais "les hommes ont changé la majesté du Dieu incorruptible en images représentant l'homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes et des poissons". (Romains, I, 2, 3). L'artifice de l'homme déchu concourt à accroître l'obscurité que sa déchéance fit tomber sur le monde. L'erreur, pourtant, n'est pas fatale.

12- En Abraham et en Moïse, l'alliance n'est pas anéantie, elle est d'un autre ordre et Dieu se révèle dans la singularité des événements historiques. En Christ l'alliance n'est pas anéantie, elle s'accomplit. Le christianisme nous arrache à l'horizontalité, n'importe sa profondeur, du cosmos. Le Christ, dit Eusèbe de Césarée, n'apporte pas un message nouveau, mais rétablit dans sa pureté la religion de l'humanité primitive provisoirement remplacée par le christianisme. (Dem. ev. I, 6)

13- Il existe une révélation naturelle de Dieu dans sa créature, dans la nature et dans l'esprit humain ; elle est propre à la dialectique du processus mystérique et, si l'on veut, du paganisme, de la religion païenne. Pourtant, la révélation naturelle que l'homme trouve en lui dans le monde, dans la Sophia créée (selon l'expression téméraire mais suggestive de Boulgakov, et sous réserve qu'elle ne soit pas déchue, de fait, en sagesse terrestre, sensuelle, diabolique (Jacques, III, 15)), dans l'image de Dieu, est entachée d'erreurs et d'illusions. La révélation divine, dont ne se soucie la franc-maçonnerie, mais que le franc-maçon et, en particulier, le franc-maçon chrétien ou le chrétien franc-maçon n'oubliera pas, est, symétriquement, une descente de Dieu en l'homme.

14- Premièrement, contemplation de Dieu, communion directe avec Dieu, vision de la lumière incréée. Mais, secondement (selon la hiérarchie et premièrement selon certaine pédagogie), contemplation de la nature, connaissance des êtres, c'est-à-dire des "secrets de la gloire de Dieu cachés dans les êtres" (Isaac le Syrien). Cette seconde espèce est la première révélation, la première alliance avec le Logos en qui sont créées toutes choses. Le Pèlerin russe apprend le langage de la création : il sublime une activité païenne en la sanctifiant : du cosmos liturgique à la liturgie cosmique. A l'intuition directe de la lumière et de l'action de Dieu dans les natures visibles est conjointe, dans la doctrine et peut-être dans la pratique, la connaissance rationnelle où l'âme se voit elle-même : réflexion philosophique ou contemplation du noûs appelé à descendre dans le coeur apprêté.

15- Les sacrements de l'Eglise ne souffrent des rites exercés dans la loge maçonnique, à l'ombre idéale du Temple, et dans sa mouvance, nulle rivalité. Les sacrements sont d'institution divine directe (par Jésus-Christ ou par son Eglise qui est son corps mystique), les rites sont d'origine naturelle, comme la révélation primitive, et donc immédiatement divine. Les rites initiatiques promettent et signifient le salut, les sacrements y donnent accès. Nature, rites, monde sont à connaître et à servir en vue de leur transfiguration. Il est bon que tout homme les connaisse et les serve, il est nécessaire que tout chrétien recueille cette connaissance et ce service, pour autant qu'il y est requis, dans le processus de transfiguration où il engage dès lors qu'il est engagé. Il est utile que le chrétien, dont c'est la vocation, connaisse et serve ce que tout homme a pour tâche de transfigurer entre autres, avec tout. Du bon usage de la science ; encore faut-il que ce soit de bonne science.

Sources : Centre International de Recherches et d'Etudes Martinistes

Posté par Adriana Evangelizt

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