Là on aborde une des principales cause qui provoqua la mort de Ieschoua dont j'ai commencé à parler ICI. Comme nous l'avons déjà vu sur cette partie du livre, les Lévites profitaient allègrement du Peuple judaïque et de sa crédulité en imposant dîmes, offrandes et sacrifices soit-disants exigés par Dieu... Dieu a dit donnez de l'or, rachetez tout premier né en bétail ou humain sinon il sera tué, allez trois fois par an au Temple avec quelque chose à offrir... si vous êtes atteint de la lèpre, apportez une offrande à Dieu, je vous ferai quelques simagrées et si vous n'êtes pas guéri dans quelques jours revenez encore avec une offrande et ainsi de suite sans que la lèpre bien évidemment ne parte... si vous commettez quelque chose de grave, apportez une offrande et vous serez "corban", pardonné, etc... en tenant d'ailleurs à souligner que cette pratique a toujours lieu en moins sanglante chez les judaïques orthodoxes et ultra-orthodoxes... ils se mettent une poule, par exemple, au-dessus de la tête en priant dieu qu'il les pardonne...
les enfants étant très tôt aussi élevés dans cette pratique...
au lieu d'apprendre la bonne conduite et les vrais dix commandements, de chercher à s'améliorer soi-même, on fait passer son "péché" sur la poule... et le lendemain on recommence à faire du mal à autrui, qui nous en empêche ? Une poule fera l'affaire pour effacer toute faute. Il faut bien saisir là ce que Ieschoua était revenu mettre en cause lorsqu'Il s'adresse aux Pharisiens, scribes et autres élites mafieuses...
Vous abandonnez le commandement de Dieu,
et vous observez la tradition des hommes.
Il leur dit encore: Vous anéantissez fort bien le commandement de Dieu,
pour garder votre tradition.
Car Moïse a dit: Honore ton père et ta mère; et:
Celui qui maudira son père ou sa mère sera puni de mort.
Mais vous, vous dites: Si un homme dit à son père ou à sa mère:
Ce dont j'aurais pu t'assister est corban,
c'est-à-dire, une offrande à Dieu,
vous ne le laissez plus rien faire pour son père ou pour sa mère,
annulant ainsi la parole de Dieu par votre tradition,
que vous avez établie.
Et vous faites beaucoup d'autres choses semblables. (Marc 7, 8 à 13)
J'explique bien là pour la jeunesse... les autres savent. Car originellement, les sacrifices n'étaient pas de mise et la première alliance que la "déité" fait à Abraham est l'arc en ciel.
Et Dieu dit: C'est ici le signe de l'alliance que j'établis entre moi et vous,
et tous les êtres vivants qui sont avec vous, pour les générations à toujours:
j'ai placé mon arc dans la nue,
et il servira de signe d'alliance entre moi et la terre.
Quand j'aurai rassemblé des nuages au-dessus de la terre,
l'arc paraîtra dans la nue;
(Gen. 9, 12 à 14)
Pour dire ce qu'est devenu la tradition au fil du temps sous la férule des diverses instances sacerdotales. Vous noterez qu'il n'est question ici ni de circoncision ni de sacrifices sanglants. Et bien avant Ieschoua, Isaïe avait aussi essayé de mettre en garde...
Qu'ai-je affaire de la multitude de vos sacrifices? dit l'Eternel.
Je suis rassasié des holocaustes de béliers et de la graisse des veaux;
Je ne prends point plaisir au sang des taureaux, des brebis et des boucs.
Quand vous venez vous présenter devant moi,
Qui vous demande de souiller mes parvis?
Cessez d'apporter de vaines offrandes:
J'ai en horreur l'encens,
Les nouvelles lunes, les sabbats et les assemblées;
Je ne puis voir le crime s'associer aux solennités.
Esaïe 1, 11 à 13
Souvenez vous ce qu'il s'est dit au Sanhédrin...
"vous ne réfléchissez pas qu'il est dans votre intérêt qu'un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne périsse pas."
Et souvenons nous aussi d'Ezechiel...
Les sacrificateurs ne connaissent plus la loi,
Les anciens n'ont plus de conseils.
En remettant à cause les préceptes pharisianniques et le gagne-pain des religieux dévoyés, Ieschoua a signé son arrêt de mort...
La Maçonnerie
considérée comme le résultat
des religions Egyptienne, Juive et Chrétienne
par le Fr.°. Reghellini de Shio
1842
"Il existe au fond de nos coeurs un désir insatiable de connaître la vérité"
21 ème partie
CHAPITRE XIII
Les Juifs persistent dans leur incrédulité , même après la mort de Jésus. — Facilité des anciens à se créer des divinités et des saints ; ce titre donné gratuitement par les premiers Chrétiens aux Fidèles. — Les Instituteurs des dogmes philosophiques regardés comme saints ou comme thaumaturges. — Histoire de la naissance de Pythagore et de Platon, que les incrédules prétendent se rapporter à celle de Jésus. — De la Virginité des femmes , crue par quelques nations, même après leur enfantement. — Epreuves pour être admis dans les sectes philosophiques, suivies de leurs préceptes. — Les Miracles admis indistinctement par les anciens sectaires chrétiens ; cause de cette adoption générale, même par les Saints-Pères. — Miracles attribués aux Pharisiens et au Diable sur Jésus. — Cause de la substitution de la Cène mystique aux Sacrifices sanglans. — Doctrine de Jésus sur le droit de la généralité des hommes au Sacerdoce.
Après la mort de Jésus, les Juifs persistèrent dans leur incrédulité. On lit dans les Actes des Apôtres, ch. II, v. 12-17, que les Apôtres, sur lesquels l'esprit de Dieu s'était répandu, parlaient plusieurs langues selon les promesses du prophète Joël, qui dit que Dieu répandrait son esprit sur toute chair aux derniers jours du monde. Les habitans de Jérusalem s'en moquèrent; ils disaient, en parlant des Apôtres et Disciples de Jésus, qu'ils étaient pleins de vin ; que l'esprit de Dieu ne descend pas et que celui du propitiatoire avait donné de faux oracles.
D'autre part, les Pharisiens et les Sacrificateurs juifs n'attendaient pas cette prochaine fin du monde (107), et regardaient comme fabuleuse la résurrection du corps. Ils jetaient de la défaveur sur la divinité de Jésus ; ils soutenaient qu'on avait donné des Dieux pour pères à Hercule, Thésée, Sémiramis, Romulus, Platon, Pythagore et autres, dont la naissance et la vie furent accompagnés d'événemens et de dénouemens miraculeux.
Ils avaient sous les yeux les médailles de leur temps, et les anciennes monnaies grecques, romaines et égyptiennes, qui leur faisaient voir que les Rois et les Empereurs aspiraient aussi à se faire honorer par des titres divins seulement en usage pour les Dieux. Ils y lisaient Basiléus Ptolemaios et Basilissae Cleopatrae, Divo Julio Cœsari, etc. etc. ; et quoique ces inscriptions fussent adoptées par ces Souverains, et qu'ils s'attribuassent les épithètes de saints et de divins , ils ne cessaient pas d'être mortels.
Les premiers Chrétiens avaient aussi un penchant incroyable à honorer par des titres sublimes, des hommes vivans. St Paul, dans sa première Epître aux Corinthiens, ch. XVI, v. 1 et suivans, appelait saints, les Chrétiens pauvres qui habitaient Jérusalem. Le même St Paul, dans son Epître aux Philippiens, ch. VII, § 2 , appelle saints ceux qui croyaient à la résurrection ; dans un autre sens, il dit dans sa première Epître aux Corinthiens, §
14 : « Le mari infidèle est sanctifié en sa femme, et la femme infidèle est sanctifiée en son mari (108), autrement vos enfans seraient impurs, et maintenant ils sont saints ».
Il était bien facile à un Empereur ou à un chef de parti, de se faire donner le titre de Divin , et d'appeler saints ceux auxquels il commandait, ou qui avaient la même croyance ; et dans l'Histoire profane, on voit des prêtres qui eurent la faiblesse d'encenser les Rois et de les qualifier Fils de Dieu, comme il arriva à Alexandre : ils donnaient ces noms aux bons Rois par reconnaissance, et aux tyrans par crainte.
Lors de l'introduction des sectes chez les Juifs, les partisans de la philosophie de Platon et de Pythagore, pour donner un plus grand poids à leur dogme et à leur doctrine, publièrent que leurs maîtres étaient des saints, et que leur naissance avait été accompagnée de prodiges et de miracles extraordinaires. Lorsque le Christianisme parut, ils osèrent dire qu'on avait emprunté à la naissance de leurs Sages, celle qu'on venait d'attribuer à Jésus, Fils de Marie, afin d'imprimer un caractère divin à ses doctrines et à son dogme. Ammonius, Jamblique, Plotin, Julien ont envisagé la naissance de Pythagore comme divine, et ont comparé sa vie à celle de Jésus : ils disaient que Pythagore était fils du dieu Apollon, qu'un oracle avait annoncé sa naissance, que l'âme de Dieu était descendue du ciel pour l'animer, qu'il fut le médiateur et le conciliateur entre Dieu et l'homme, qu'il avait connu ce qui se passait dans l'Univers, qu'il avait commandé aux élémens, prêché les vertus les plus éminentes à l'humanité, et qu'enfin âgé de cent quatre ans, il avait été égorgé comme Jésus par de féroces assassins qui en avaient fait une Divinité. Enfin, que Théane, sa femme, après sa mort, présida ses Disciples, de même que la Vierge-Mère avait présidé dans le cénacle les premiers Chrétiens. Plusieurs admirateurs de Platon établirent aussi sa divinité ; ils débitèrent que sa mère Perictione avait conçu et mis au monde cet enfant sans cesser d'être vierge, qu'elle avait accouché en sacrifiant aux Muses ; ils imaginèrent que Platon naquit entre des myrthes, que des abeilles voltigeant autour de sa tête enduisirent ses lèvres de miel, et ces faits sont rapportés par des auteurs très-graves.
C'est chez les anciens peuples de l'Orient que l'on trouve toutes ces rêveries. Dans la Chine, l'union de la virginité et de l'enfantement se trouve dans les légendes de ses différentes religions. Nous lisons dans l'ouvrage de M. Benjamin Constant, que Loui-Ztu, mère de Chao-Hao, devint grosse à l'aspect d'une étoile. Ton-Pao devint grosse en voyant une nuée brillante. Hou-Su, fleur attendue, la fille du Seigneur, est rendue féconde par un arc-en-ciel qui l'entoure et lui cause de l'émotion ; elle donna la lumière à No-Hi au bout de douze ans. Niu-Oua est la plus célèbre des vierges-mères ; elle est surnommée la souveraine des Vierges; ses prières lui valurent aussi des enfantemens miraculeux : des critiques ont établi quelques parallèles entr'elle et l'Hécate des Grecs qui paraît postérieure à la Vierge chinoise. Les Vierges des Indiens étaient placées sur le Nénuphar ; dans leurs mystères, cette plante était le symbole sacré de la virginité. Les Egyptiens y substituèrent le Lotus sur lequel était assise la chaste Isis, symbole de la nature et mère des grâces.
Les premiers Chrétiens qui arrivèrent après les Chinois et les Egyptiens, ont symbolisé la virginité par la Rose, sur laquelle ils placèrent la Vierge-Mère ; ils enlevèrent cette fleur sacrée à Vénus, et si le Nénuphar et le Lotus avaient pu perdre la signification de leur symbole chez les Chinois et chez les Egyptiens, les Chrétiens ont conservé la leur dans la Rosa Mystica.
Tous les miracles dont nous venons de parler passèrent des Grecs aux Juifs avec la philosophie de Platon et de Pythagore, et on suivit dans toutes les initiations à ces sectes les pratiques de ces philosophes : on éprouvait la discrétion, la pénétration de celui qu'on devait initier, bien avant de lui accorder la connaissance de la vérité et de la nature : les initiés passaient de l'étude des mathématiques à celle de la nature, et de celle-ci à la théologie.
Platon, même après s'être instruit dans les sciences chez les Egyptiens et avoir appris chez les Italiens la philosophie de Pythagore, de retour à Athènes, établit et ouvrit une école qu'on appela Académie : on lisait au- dessus de la porte : « On n'est point admis ici sans être géomètre». Nous connaissons un rite maçon dans lequel, pour obtenir un Ordre, il faut démontrer que le carré de l'hypothénuse est égal aux carrés des catètes. (Voyez le Grade Master-Maçon, pag. 187, dans la Bibliothèque Maconique, Baltimore 1817); tant il est vrai que, dans les différentes pratiques de la Maçonnerie, on trouve les traces de toutes les sciences qui faisaient partie des anciennes initiations.
Les philosophes et leurs disciples enseignaient oralement les sciences de la vérité et de la nature : Pythagore n'a laissé rien d'écrit sur celles qu'il communiquait à ses initiés, il a toujours voilé sa doctrine dont la partie morale est consignée dans les sentences suivantes :
« Il est défendu de quitter son poste sans la volonté de celui qui commande ».
« Il faut éviter l'intempérance dans les choses nécessaires à la conservation et l'excès en tout ».
« La tempérance est la force de l'âme, l'empire des passions, elle fait sa lumière; avoir la continence, c'est être riche et puissant ; la continence s'étend aux besoins du corps, à ses voluptés, aux alimens et à l'usage des femmes : réprimez tous les appétits vains et superflus. L'homme est mort dans l'ivresse du vin; il est furieux dans l'ivresse de l'amour ».
« Il faut s'occuper de la propagation de l'espèce en hiver et au printemps ; cette fonction est funeste en été et nuisible en tout temps. Quand l'homme doit-il approcher de la femme ? lorsqu'il s'ennuyera d'être fort ».
« La volupté est la plus dangereuse des enchanteresses. Lorsqu'elle nous sollicite, voyons d'abord si la chose est bonne et honnête ; voyons ensuite si elle est utile et commode ».
« Il faut exercer l'homme dans son enfance à fuir ce qu'il devra toujours éviter (109), et à pratiquer ce qu'il aura toujours à faire, à désirer ce qu'il devra toujours aimer, à mépriser ce qui le rendra en tout temps malheureux et ridicule ».
En poursuivant l'histoire des miracles, on se convaincra que les écrivains qui nous laissèrent des mémoires sur les opinions des philosophes grecs introduites chez les Juifs, nous parlent de quantité de miracles opérés par beaucoup d'autres individus que les Chrétiens.
Tous les Chrétiens s'accordent à dire que Simon le Magicien, de nation Samaritaine, avait fait des miracles ; un auteur en a fait le parallèle avec ceux de Jésus ; il dit que, comme Jésus et Moïse, il fut instruit et initié en Egypte. Les Samaritains l'appelaient grande vertu de Dieu, et le crurent le libérateur du genre humain, tandis que les Chrétiens et une partie des Juifs appliquaient ces qualifications à Jésus. (Voyez les Actes des Apôtres, ch. VII et IX. )
St Epiphane de Haeres, pag. 54, dit que Simon prêchait aux Samaritains qu'il était Dieu le Père, tandis qu'il se faisait passer chez les Juifs pour n'être que le Fils de Dieu. Cette contradiction ne pouvait exister dans des localités aussi rapprochées, et les Juifs se seraient soulevés contre Simon, comme ils le firent contre Jésus, pour avoir pris le titre de Fils de Dieu. Simon s'est borné à faire des miracles, il ne s'est pas arrogé le titre de Messie, il ne s'est pas mis à la tête de ceux qui conspiraient contre leur gouvernement. Les Actes des Apôtres, loco citato, disent qu'il avait ébloui les Samaritains par sa magie ; ils ajoutent qu'il s'est fait baptiser et que, surpris des miracles de Philippe, il avait donné de l'argent aux Apôtres pour obtenir, par l'imposition des mains, le don d'en faire aussi. Mais St Pierre s'y refusa et lui répondit que les grâces du Ciel ne se vendaient point.
On lit dans les Actes des Apôtres, que Simon, à l'aide de sa magie, avait séduit à Rome un grand nombre de personnes ; il tâcha même d'en imposer à Pierre et à Paul, qui se trouvaient dans cette ville ; Simon avait promis de voler et de monter au ciel comme Jésus. Il s'éleva en effet, mais St Pierre et St Paul se mirent à genoux en voyant le miracle, et prièrent ensemble. Simon alors tomba, eut les jambes brisées et ses Disciples l'emportèrent en un autre lieu ; enfin ces mêmes Actes rapportent que Simon, honteux de sa défaite, se précipita d'un comble très-élèvé
.
Les critiques s'étonnent que de pareils contes puissent être reçus comme des vérités chez bien des religionnaires ; ils les disent extravagans et forgés sur la mythologie d'Icare ; mais ce qui les révolte encore plus, c'est qu'ils ne trouvent aucun auteur profane antérieur au troisième siècle, qui ait parlé de Simon, si l'on excepte les Actes det Apôtres; ce qui leur fait croire encore que ces Actes sont bien postérieurs aux auteurs auxquels on les attribue; car, disent-ils, si de tels faits étaient arrivés à Rome, ils auraient été écrits par vingt auteurs contemporains ; il n'en manquait pas dans une ville qui était alors la plus renommée pour les sciences et les lettres.
Si on lit avec attention les livres qui nous rapportent ces miracles, il paraît qu'à ces époques il s'était fait une convention réciproque entre les différentes religions en fait de miracles. Les Saints-Pères voyant que tous les croyans tenaient aux miracles de leurs instituteurs, se persuadèrent qu'il y avait moins d'inconvénient et de danger à admettre tous ces miracles samaritains, grecs et égyptiens, qu'à les nier, ce qui eût été impolitique. Ces Saints-Pères étaient tout-à-fait des hommes simples; ils se sont pour lors bornés à déclarer la supériorité des miracles opérés par Jésus et ses Disciples, sur ceux des dissidens et des Payens. Ils se modelèrent sur la Bible, qui, en parlant des miracles opérés par Moïse, les déclare supérieurs à ceux opérés par les prêtres égyptiens devant Pharaon, lors de l'esclavage des Israélites. Ces Saints-Pères avaient lu que les Pharisiens même faisaient des miracles. St Mathieu, ch. XII, v. 27, le dit positivement, qu'ils chassaient les Démons ; n'importe , Jésus les chassait aussi par Béelzebuth : c'est de là, sans doute, que nous est venu l'adage qu'un Diable en chasse un autre. Ils avaient lu que les Diables se mêlaient aussi de faire des miracles extraordinaires. L'Evangile disait que Knabul emmena Jésus dans le désert, et qu'il le tînt sept semaines à une diète rigoureuse; que du désert, il le porta en l'air sur les créneaux du Temple, et de là sur la plus haute montagne.
Quelque pouvoir que le Diable ait eu sur le Dieu des Chrétiens, on ne trouve nulle part que le Prince des ténèbres ait eu autant de puissance sur aucun autre fondateur de religion, fût-il Turc ou idolâtre. Dans toutes les religions anciennes, les prêtres se sont arrogé le pouvoir exclusif de disposer à leur gré des forces de la nature et de celles de son Grand-Architecte; à l'aide de cette croyance généralement établie, il s'exemptaient de porter le fardeau commun à tous les autres membres de leur religion. Ces prétentions, qui compromettaient le droitd'égalité dans les castes existantes, furent attaquées par Jésus-Christ, ainsi que le rapporte l'Apôtre Jean. Jésus voulait que les hommes fussent conséquens, qu'ils abolissent à jamais ce genre sacrilège de caste privilégiée, qui a été le type de toutes les castes orgueilleuses et privilégiées de l'Univers, qui furent et seront toujours liguées entr'elles pour arrêter les progrès de la (110) civilisation et des sciences, et pour exister aux dépens de leurs croyans. Qui peut lire le Rituel des Juifs dans le Lévitique et autres, sans avoir le cœur soulevé des sanglantes et révoltantes cérémonies prescrites aux prêtres de la religion mosaïque, et ne pas plaindre les autres Juifs chargés de contribuer à un
impôt aussi onéreux !
Les premiers Chrétiens qui, d'abord, avaient été Juifs, assistaient à ce sacrifice et au partage des viandes qui étaient cuites sur ces autels mêmes, où plus d'une fois on avait fait couler le sang des victimes humaines : on en trouve la preuve dans St Paul, dans les Actes des Apôtres et dans les écrits des premiers Saints-Pères.
Le nouveau culte de Jésus-Soleil, emblème mystique de la justice, avait substitué aux victimes l'offrande du pain ; c'est ainsi qu'il avait changé ces sacrifices sanglans en paisibles agapes, qui se soutenaient à très-peu de frais. Ce nouveau système, prêché loin même de la Judée, avait attiré une infinité de prosélites d'entre les Juifs qui ne pouvaient pas assister aux sacrifices de Jérusalem , étant établis ailleurs ; et dans la Judée et la Palestine, il attira tous ceux qui n'avaient aucun droit de participer aux viandes des sacrifices, malgré qu'ils y contribuassent. Les Esséniens furent les premiers qui ne voulurent ni contribuer, ni assister, ni participer à ces sanglans sacrifices.
D'un autre côté, la philosophie grecque qu'on commençait à professer, faisait faire quelques progrés à la civilisation. Ces hommes éclairés ne voyaient dans ces Temples si renommés que de vastes boucheries, des autels dégoûtans de sang ; ils y trouvaient une mauvaise odeur par la graisse qu'on y brûlait, par les entrailles et par la fiente qu'on était obligé de répandre.
Les Juifs les plus éclairés avaient connu par leur histoire les atrocités commises par les Lévites ; ils attribuaient toutes ces horreurs des temps anciens à l'usage de répandre avec joie le sang des victimes. Aussi la généralité désirait-elle que l'on fît disparaître ces usages sanguinaires et barbares.
Le changement de culte et de sacrifices devint une nécessité générale : c'est une des causes principales de l'apparition de toutes ces sectes juives-chrétiennes qui s'élevèrent en opposition aux anciens Sacrificateurs.
Tous ceux qui suivaient les nouveaux dogmes pouvaient participer à des sacrifices simples ; c'est ainsi qu'ils se dispensaient de payer le tribut aux Lévites et aux Sacrificateurs. Les Juifs qui professaient le Christianisme disaient que Jésus avait consacré tout homme prêtre devant le Père céleste ; ce qui fit dire à Tertullien de Baptismo : « Non ne et laïci sacerdotes sumus !...» II était bien naturel que les prêtres juifs regardassent la doctrine de Jésus et de St Paul comme contraires au Deutéronome, au Sacerdoce et aux lois divines. Moïse avait établi pour Sacrificateurs les fils d'Aaron, et la tribu de Lévi à la garde du Tabernacle, avec tous les privilèges, droits et bénéfices dont nous avons déjà parlé ; les descendans de ces castes privilégiées haïssaient indistinctement tous ceux qui professaient des doctrines subversives de leurs intérêts, et les Chrétiens étaient surtout détestés à cause de la doctrine de St Jean-Evangéliste, qui disait clairement que Jésus revendiquait tous ces droits et privilèges, pour tous ceux qui suivaient sa doctrine. Voici comment, au v. 6 de l'Apocalypse, il parle de son maître :
« A lui, dis-je, qui nous a aimés, qui nous a lavés de nos péchés dans son sang et nous a faits Rois et Sacrificateurs ; à Dieu son Père, à lui soit gloire et force aux siècles des siècles. Amen ».
Numa avait nommé soixante prêtres à Rome ; le choix devait en être fait par les Patriciens. Ceux-ci avaient conservé exclusivement ce droit du Sacerdoce jusqu'à l'instant où le peuple eut obtenu le droit de participer indistinctement à toutes les dignités de l'Etat ; néanmoins, en ce qui regarde les anciens prêtres de Rome, quoique les Patriciens romains exerçassent le Sacerdoce, les anciens Rois présidaient aux sacrifices ; et si nous n'avions pas le témoignage des écrivains, l'ancienne fresque des Noces Allobrandines nous le prouverait.
Les droits du Sacerdoce, après que le peuple romain eut perdu une partie des siens, passèrent dans les mains des Empereurs, lorsqu'ils s'emparèrent de toute l'autorité romaine ; ils se créèrent les Grands-Prêtres de Jupiter et Janus, et exercèrent les fonctions des Souverains- Pontifes. Il est aisé de croire, après cela, que la doctrine de St Jean, qui admettait tout le monde indistinctement au Sacerdoce, devait avoir bien des prosélytes.
Comme on l'a pu observer, les premiers Chrétiens étaient imbus des principes d'égalité de droits au Sacerdoce ; ces idées avaient prévalu soit en Grèce, soit en Italie. A Syracuse, colonie grecque, le Sacerdoce s'obtenait par l'élection du peuple ; cette dignité durait un an. En plusieurs endroits, les prêtres étaient élus par le peuple ; cet usage dura chez les Chrétiens d'Alexandrie et de Constantinople. On a vu aussi qu'après que Judas, Apôtre et traître, se fut pendu, un Concile, composé des autres Apôtres et de cent vingt Disciples de Jésus, procéda à l'élection d'un nouveau Prince de l'Eglise. On y suivit l'exemple qu'avait donné Samuel, et le sort décida que Mathias remplacerait Judas.
Pour nous, dans nos Ordres et rites , le Sacerdoce et le Souverain-Pontificat est accordé indistinctement aux Frères qui suivent les travaux, qui sont zélés, éclairés et bienfaisans ; il n'y a pas de trace que le sort, comme chez les Juifs et les premiers Chrétiens, nous ait fourni le choix d'un seul de nos Grands-Maîtres.
Notes
Suite de la note 104 - Signé ROBERT TAYLOH, B. A.; et M. R. C. S., secrétaire de la Société.
Voilà la réponse de l'auteur du Voile levé, à Liège, 1826 , qui détruit toutes les puérilités de cette provocation, par un texte de l'Apocalypse : « Que les vrais Chrétiens ne se scandalisent point en entendant les blasphèmes horribles révélés dans cet écrit, la prédiction doit s'accomplir. Satan sera délié ; il sortira de sa prison , il séduira les nations qui sont aux quatre coins du monde. Apoc. 18 , ch. xx, v. 7.
(105) A Thèbes, entre le Memnomium et Médinet - Abou, on trouve, de nos jours, des fragmens de statues colossales avec des têtes d'animaux ; et dans le tombeau Psametique, l'escalier qui succède au premier passage , a, de part et d'autre, une petite niche ornée de figures curieuses : ce sont des corps humains avec des têtes de divers animaux, comme celles des Evangélistes du Plafond du Bienheureux Angelico da Frissole : tout le monde sait que la divinité protectrice de l'Egypte est une figure humaine à tête d'épervier (voyez la Planche n." III), et bien des critiques soutiennent que l'Egypte a fourni des matériaux aux religions grecques et chétiennes, et que les Evangélistes ne sont que des divinités égyptiennes appliquées aux systèmes des anciens Chrétiens.
(106) Le faîte d'une infinité de dômes et de clochers des églises chrétiennes, est décoré ou d'un Coq qui est l'emblème du Soleil, ou même d'un Soleil qui est l'emblème de Dieu.
(107) M. du Séjour a publié, en 1776 , un ouvrage sur les Comètes ; il a pour but de rassurer le monde sur les craintes qu'il pourrait avoir d'un nouveau choc d'un de ces corps. Par une précision, par une clarté et une solidité de raisonnemens qui surpassent celle de tous ceux qui ont écrit sur cette matière, il réduit la probabilité à 1/752 730. Déjà M. de Irlande l'avait évaluée, par approximation, à 1/76 000.
(108) St Paul devait, par cette doctrine, attirer à son parti toutes les femmes galantes qui auraient dû subir les épreuves des eaux amères ; n'y aurait-il pas eu communauté de biens et de femmes chez les premiers Chrétiens ? ou cette doctrine ne serait-elle pas une conséquence de l'Histoire d'Abraham, de Sara et de Pharaon , qu'on a rapportée ?
(109) Les critiques disent que la morale évangélique découle de ces doctrines philosophiques, et que c'est des préceptes de l'ancienne Grèce que les Esséniens et les Cénobites tirèrent leurs idées de chasteté.
(110) Voyez des Destinées futures de l'Europe , par d'Herbigny.
Posté par Adriana Evangelizt