La Maçonnerie
considérée comme le résultat
des religions Egyptienne, Juive et Chrétienne
par le Fr.°. Reghellini de Shio
1842
"Il existe au fond de nos coeurs un désir insatiable de connaître la vérité"
CHAPITRE XVIII. 2
Les premiers trinitaires ne furent dans l'origine que des Juifs qui propagèrent des notions puisées chez les Grecs, les Romains, les Phéniciens, les Babyloniens, les Perses et les Egyptiens.
Pendant que les Juifs, qui avaient embrassé le dogme du Christianisme et de la Trinité, s'occupaient à le répandre, les révolutions politiques préparèrent la chute des grands Empires et jetèrent l'Europe dans des guerres civiles et étrangères qui finirent par l'entraîner dans un abîme d'ignorance et la firent reculer devant les sciences cultivées par les Grecs et les Romains.
Dans ce désordre général, le nouveau culte trinitaire devint, pour ainsi dire, dominant dans toute l'Europe.
Trois siècles s'étaient écoulés depuis son origine; à cette époque de barbarie, dans cette Perse d'où étaient sortis tant de dogmes, parut un philosophe qui voulut ramener l'esprit humain égaré au culte du Dieu unique; il s'appelait Manès, que quelques personnes peu instruites ont cru être le premier type de notre Ordre, le créateur de notre dogme, peut-être par la conformité de son nom avec Menés, duquel nous avons parlé dans cet écrit.
Manès vécut sous Sophore, roi de Perse. Il s'efforça de faire revivre en toute leur pureté les mystères et religion de Zoroastre, en les unissant à la charitable et pure doctrine de Jésus-Christ.
La doctrine de Manès était libérale, tandis que la superstition et le despotisme dominaient l'Europe : il est aisé de croire que ceux qui professaient des principes démagogiques, une religion dépouillée de fantômes, devaient être persécutés. Ainsi , les Manichéens furent poursuivis à outrance par tous les despotes et par les prêtres de Rome, depuis le quatrième siècle et après leur apparition.
Remarquons que les signes gnosticiens acceptés par tous les anciens libéraux, furent ceux des Manichéens, comme par la suite ils le furent par les indépendans d'Angleterre, du temps de Cromwel, des Américains et dernièrement des Français.
Le zèle de Manès fut vivement combattu pas ses adversaires et même après sa mort. St Augustin l'Africain, élevé dans les mystères de Zoroastre adaptés à la Sainte Doctrine de Jésus, fut un des persécuteurs et des ennemis les plus acharnés de la doctrine de Manès, connue sous le nom de la Religion de l'Enfant de la Veuve.
On donne pour l'une des plus puissantes causes de la haine de St Augustin contre Manès, et de son zèle pour la religion trinitaire chrétienne, la douleur qu'il éprouva de n'avoir été admis dans les mystères de Manès qu'au premier grade et à l'ordre du croyant.
Les Mages, qui l'avaient reconnu pour un esprit ambitieux et inquiet, lui avaient refusé tout avancement, malgré neuf ans de postulat, et malgré les plus puissans efforts pour être admis aux ordres supérieurs. Ces faits sont constatés par Fleury, Baronius et Augustin lui-même dans ses Confessions.
Les critiques disent que St Augustin était Pyrrhonien, et qu'il voulait que ses Disciples suivissent cet axiome, duquel il fait parade dans plusieurs de ses écrits : « Credo quia absurdum. » Plus les choses sont incroyables, plus elles paraissent divines au croyant ; et plus elles sont absurdes, plus le croyant pense qu'il y a du mérite à les croire.
Scaliger assure que St Augustin manquait des talens nécessaires à un interprète de la Bible et de tout livre mystérieux. Il lui reproche (ce que firent aussi des critiques modernes) d'avoir voulu interpréter à sa manière des textes isolés de la Bible, et persuader à ses admirateurs que les nouveaux mystères du Christianisme trinitaire étaient annoncés, figurés et prophétisés dans l'Ancien-Testament de la manière suivante :
Qu'Abel était l'image positive de Jésus-Christ ; que les deux femmes d'Abraham* étaient les images des deux institutions divines et religieuses, la Synagogue et l'Eglise chrétienne catholique, nouvelle épouse de Jésus- Christ; que le drap rouge exposé à la fenêtre par cette fille de joie qui avait trahi Jéricho, sa patrie, pour être préservée du meurtre et du pillage auxquels elle avait livré ses concitoyens, était l'image du sang de Jésus ; que le Serpent d'Airain, que nous avons vu servir à la fourberie des Lévites, était l'image de Jésus, de son sacrifice sur la croix, et bien d'autres comparaisons et interprétations que nous n'osons contredire, et que l'on peut lire dans St Augustin, Sermon 98 et Epître 157, ainsi que dans les Saints-Pères de l'Eglise qui écrivirent après lui.
* Sara et Agar. Nous avons vu la première partager le lit de Pharaon, par la sagesse innocente (telle est l'expression biblique) d'Abraham . qui, au lieu de déclarer qu'elle était sa femme, fit croire aux Egyptiens qu'elle était sa sœur ; cette méprise coûta presque la vie à Pharaon , car elle lui causa de telles maladies , qu'il la renvoya à Abraham. Le Seigneur avait ainsi affligé Pharaon pour délivrer la pureté de Sara. Quant à Agar, son esclave, Sara pria Abraham de la prendre comme sa femme ; elle était jeune et belle ; le bon patriarche acquiesça aux vœux de sa femme, et rendit féconde sa servante Agar. (Gen., chap. 12 et 16.)
Comme nous l'avons dit, des écrivains anciens et modernes veulent que notre dogme soit orignaire de Manès* ; c'est pourquoi nous nous croyons obligés de parler de quelques-unes des circonstances les plus marquantes de sa vie.
* Entr'autres, l'abbé Lucagui , de Rome, et l'abbé Baruel.
Manès n'eut d'autre héritage de son père que l'honneur et le droit d'admission aux mystères de Mythra. La veuve de Syctien ( qui avait été aussi Mage), femme pieuse et sans enfans, douée d'une âme douce et supérieure, possédant une grande fortune, connaissant les talens et les bonnes dispositions de Manès, lui proposa de l'adopter pour son fils, afin qu'aidé de sa fortune et de ses biens, il pût sans obstacle suivre sa carrière scientifique, pour le bien de sa patrie et de l'humanité. Manès d'abord refusa ces offres; mais, pressé par ses amis, il les accepta.
C'est en conséquence de cette adoption qu'il voulut qu'on l'appelât l'Enfant de la Veuve ; et comme ceux qui suivent ses doctrines et le dogme de Zoroastre, par le second article de ses statuts, étaient tous frères, de la même manière et dans le même esprit que ceux qui suivaient la doctrine de Jésus, les Disciples de Manès s'appelèrent les Enfans de la Veuve.
La morale de la réforme religieuse de Zoroastre, mise au jour par Manès, adaptée à la doctrine de Jésus, lui attira une infinité de Disciples. Les plus renommés furent Addas, Hesman , Thomas ; ils obtinrent la permission du vivant de Manès, de porter ailleurs sa morale, sa doctrine et sa science.
Addas fut en Judée , et réunit à sa doctrine le peu de prêtres-juifs qui se trouvaient éparpillés après la destruction de Jérusalem, et qui suivaient les doctrines mosaïques réformées par Jésus.
Hesman fut en Egypte, où les prêtres coptes qui, dans Alexandrie et ailleurs, avaient adopté les doctrines des Juifs nouveaux Chrétiens établis dans ce pays, reçurent les principes de Manès, qui n'étaient, dans le fond, que ceux des Egyptiens, transmis et apportés aux Israélites par Moïse et ordonnés par Jésus.
Thomas fut à Babylone, et ramena dans le bon chemin les prêtres de Balaham, que nous avons vus dans Hérodote être très dépravés.
Tous les trois couronnèrent leur apostolat du plus brillant succès.
Le nombre des Disciples de Manès augmentait tous les jours, et partout, mais plus qu'ailleurs, en Perse et en Mésopotamie, où il avait établi son siège et son professorat. Mais sa science, sa vertu, sa renommée , lui attirèrent une foule d'ennemis. L'envie, la haine , le fanatisme aiguisèrent leur glaive.
Les Perses les plus accrédités s'empressaient de consulter Manès ; ils partaient satisfaits de la justesse de ses conseils. Les Mages dissidens ignorant l'art sublime et libéral que Manès professait et enseignait, le regardèrent comme un intrus ; ennemis de sa science et de son crédit, ils jurèrent sa perte. Un accident malheureux les fit triompher ; le fils unique de Sophore était depuis longtemps malade ; les Mages dissidens firent adroitement persuader au Roi que Manès seul était dans le cas de le guérir; ils savaient cependant très-bien que sa guérison était impossible , et qu'il devait succomber bientôt. La médecine était professée par le Sacerdoce, et les Israélites mêmes n'avaient pour médecins que des prêtres. Dans le Lévitique, ch. XIII, il leur est dévolu de soigner et de guérir la lèpre, maladie qui rongeait le peuple israélite. Da.ns Saint-Luc l'Evangéliste, ch. XVII, on voit dix lépreux qui vont au-devant de Jésus, dans un bourg de Samarie, pour être guéris de la lèpre ; mais Jésus , qui professait la loi de Moïse et savait que c'était aux seuls prêtres juifs qu'était dévolu ce pouvoir, leur ordonna d'aller se présenter à eux pour cet objet, et de se conformer à la loi.
Un des plus éminens pouvoirs que les Evangélistes attribuent à Jésus, était de guérir les maladies mêmes les plus incurables , et de ressusciter les morts. Ses représentans, les pasteurs de l'Eglise romaine, en bien des pays et dans beaucoup de langues, se nomment curés , en latin curare , guérir.
Ces curés, pendant les temps d'ignorance et de barbarie, ne purent s'adonner aux sciences comme les anciens Mages, prêtres égyptiens et juifs, ni par conséquent à la physique et à la médecine , à l'aide desquelles les anciens Mages et prêtres guérissaient les malades. Ils ont donc cherché à s'attribuer l'art de guérir (dans le sens mystique) les âmes malades; peut-être qu'à ces époques lointaines, ils opéraient des guérisons par l'exemple des vertus chrétiennes qu'ils prêchaient.
La visite que les prêtres catholiques font de nos jours aux malades,est un reste des usages orientaux. Heureux si, avec cette ancienne pratique, ils eussent conservé la science des Anciens ; leur apparition au lit du malade lui causerait un sentiment de joie et de consolation, tandis qu'il frissonne à leur vue, par les tristes peintures qu'ils lui font de la colère de Dieu, de son dernier jugement et des peines éternelles qui attendent les pécheurs dans l'autre monde, au moyen de l'Enfer et du Diable qu'ils tiennent toujours prêts pour les employer à leur profit. L'aspect sous lequel se présente aujourd'hui un prêtre chez un moribond, ne peut causer que des révolutions meurtrières sur un physique déjà affaibli. Quelques sa vans prétendent que, dans les pays où dominent de tels abus de l'Eglise de Rome, les derniers Sacremens font mourir plus de monde que les maladies et les empyriques ensemble.
Chez les peuples d'Orient, la médecine faisant partie de la physique, était, pour ainsi dire, l'apanage des prêtres et des Mages. Pline, Hist. Nat., XVI, 44, et XXIV, 113, dit que les simples salutaires ne pouvaient être touchées que par les prêtres, avec de certaines cérémonies.
Mélampe , qui apporta en Grèce les fêtes et les cérémonies de Bacchus , était à-la-fois prêtre et médecin. (Herod. II, 40; Diod. I, 96). Les Brames sont encore de nos jours les médecins de toute l'Inde. Les Mexicains, dans leurs maladies, ne consultent que les prêtres. En Egypte, la troisième classe des prêtres était chargée du traitement de tous les maux physiques, en se conformant aux six livres de Mercure trismégiste. Dans le Thibet, encore aujourd'hui les médecins sont tirés de la race des Gellongs ou prêtres. (Mayer, Mith , Lexic. , art. Gellong. )
Suivant cet ancien usage , Sophore fit appeler Manès qui, ayant examiné le jeune Prince, découvrit que sa constitution était minée par les remèdes qu'on lui avait donnés ; néanmoins, afin de ne pas nuire à ceux qui l'avaient soigné, il dit au Roi que, s'il y avait un moyen de guérison, ce dont il n'était pas assuré, c'était d'éloigner de son fils tout remède et tout médecin, donnant pour raison que la nature, à l'âge tendre de l'enfant, aurait plus de pouvoir que tous les secours de l'art.
Le Roi suivit ce conseil, venu malheureusement trop tard, et chargea Manès de veiller lui-même à la précieuse vie du Prince; mais la nature du mal était telle que, malgré les soins de Manès, le jeune Prince expira dans ses bras.
Après ce malheur, Manès, déchu de toute faveur royale, quitta la cour, et se retira en Mésopotamie. Alors ses ennemis s'unirent pour cabaler contre lui en son absence. Ils firent un rapport au Roi, dans lequel ils dénoncèrent Manès comme le meurtrier de son fils ; ils lui persuadèrent qu'il eût été guéri, si Manès ne s'était pas adroitement emparé de sa faveur pour éloigner tous les autres Mages; qu'il avait fait périr son fils unique, dans l'espoir de monter ensuite sur le trône après la mort de Sophore, soutenu par le peuple qu'il avait corrompu, et par les grands de la couronne qu'il savait flatter.
Cette calomnie réussit. Le Roi donna tête baissée dans le piège ; il fit instruire un procès secret, à la suite duquel on condamna Mânes par contumace à la peine de mort.
Manès en fut averti; il chercha à se dérober aux poursuites. Le Roi avait envoyé des chevaliers armés en plusieurs endroits pour l'arrêter.
Deux fois il fut sauvé par Archelaüs, évêque; mais enfin il fut pris en Mésopotamie et traduit devant Sophore qui, après lui avoir reproché sa prétendue trahison et la mort de son fils, pour s'emparer de la couronne, voulut que l'arrêt de mort s'exécutât sans aucun délai, et inventa même un tourment inoui, par lequel le sage Manès finit sa carrière.
Ce Roi cruel ordonna qu'on l'écorchât tout vif avec des pointes de roseaux ; que sa peau, remplie de paille, fût suspendue à la porte la plus fréquentée de la ville ; et de plus que sa chair fut jetée à la voirie pour être dévorée par les chiens.
Telle fut la fin de cet homme savant et juste.
Ce malheur rendu public, douze de ses Disciples se partagèrent la terre, et portèrent son dogme, ses mystères et sa doctrine dans tout l'Univers ; sa lumière se répandit comme un éclair en Asie, en Afrique et en Europe, ainsi qu'on le voit dans Baronius, Fleury et Bayle.
Les Egyptiens qui s'opposaient au dogme d'un Dieu mortel, représentaient Dieu immortel par un serpent qu'ils appelèrent Cneph , qui rendait par la bouche un œuf, symbole du monde qu'il avait produit.
Le dogme des deux principes et de Dieu , conformément à celui de Zoroastre et des Egyptiens, était répandu en Italie au temps des Romains. La Fig. 9, PL II, montre un œuf au milieu de deux serpens, dont l'un veut l'enlever à l'autre.
Voici l'inscription que portait cet hiéroglyphe : « Que Hernnulejus Hermès avait sacrifié aux mânes pour sa femme et pour lui, pour ses enfans et sa postérité, et qu'il admettait par le symbole de l'œuf le Dieu non mortel des Egyptiens, et par deux serpens qui se disputent l'œuf, les deux principes bon et mauvais, lumière et ténèbres ». Montfaucon, t. II.
Ces idées furent toujours suivies par les premiers Chrétiens.
Du vivant de Manès, Hesman, son Disciple, avait propagé son dogme en Egypte où les prêtres coptes et les autres Chrétiens le suivaient avec les mystères adoptés par leurs voisins et nouveaux hôtes juifs, qui déjà professaient les doctrines de Jésus. Il paraît que, dans ce temps-là, les Chrétiens indistinctement, tout en se tenant aux anciens mystères, établirent une quantité d'hiéroglyphes emblématiques, auxquels ils attachèrent leurs mystérieuses allégories, savoir :
L'Etoile pour indiquer les Rois Mages, ou les savans qui, les premiers, publièrent la doctrine de Jésus, ayant été guidés, par la lumière de la raison, à la recherche de la vérité.
L'Acacia, arbre commun en Palestine, qui figure dans le Maître Parfait, pour rappeler la Croix sur laquelle leur Divin Maître finit sa carrière mortelle. Nous le répétons, cette branche symbolique est le Lothus des mystères égyptiens, le Myrthe d'Eleusis , le Gui druidique , le Rameau d'or de Virgile, le Roseau d'or de l'Apocalypse.
Le Triple Triangle rappelant la gloire de l'Eternel qui a l'œil à tout et partout, composé de trois unités égales qui formaient la Trinité, base des mystères égyptiens, la génération, la destruction, la régénération, qu'on a dû représenter aux faibles yeux des Egyptiens dans les trois personnes d'Isis, Osiris, Orus, comme à ceux des Chrétiens dans les trois personnes du Père, du Fils et du Saint-Esprit, afin de leur donner une idée allégorique des trois vérités et de l'unité* du Grand Architecte de l'Univers, du Grand Gehovah.
* Le Dante, dans son Paradis; voit l'Eternel., qu'il décrit portant sous le symbole de trois cercles, desquels sortait une lumière colorée comme l'Iris qui l'éblouit.
Le poète, dans sa vision, voit une transfiguration de ces cercles lumineux en sa propre figure et ressemblance.
Les Anciens ont établi la forme de la Divinité sous celle d'un homme ; ainsi, avant le Cygne d'Italie, les Egyptiens représentèrent leurs Dieux Isis, Osiris, Orus, sous des formes humaines ; après eux, les Juifs firent Dieu le Père ; les Grecs et les Romains eurent Jupiter, Apollon, Cybèle, et les Chrétiens le Père et le Fils ; et dernièrement, Swedembourg a cru voir Dieu sous la même forme que lui, se conformant à la Genèse, ch. Ier, v. 37, de la Création de l'Homme.
Le philosophe Fontenelle disait quelquefois d'un ton railleur : « Dieu a fait l'homme à sou image, mais l'homme le lui a bien rendu » ; et Bossuet disait avec plus de gravité, d'une certaine époque, que « tout était Dieu alors, excepté Dieu même ».
L'équerre et le compas unis pour figurer la fusion de la Loi de Moïse avec la nouvelle Loi de Jésus, qui rendait par ses préceptes les hommes égaux. Clément d'Alexandrie, Strom VI, regarde le cubitus , c'est-à-dire la Règle comme un emblème de justice. Nous avons trouvé en main d'un Osiris et d'un Arpocrate une équerre.
Aux deux autels des pains et des parfums, ces Chrétiens ont ajouté l'autel des sacrifices, pour rappeler la fin sanglante de Jésus.
Il paraît qu'on attacha aux douze bouvillons de la Mer d'Airain une seconde commémoration , outre celle des douze Patriarches, celle de douze Apôtres de Jésus qui triomphent des obstacles la foi et les maximes libérales de leur maître dans l'Univers; comme aussi on a du attacher une seconde allégorie au Livre de la vraie lumière, rappelant par-là les Evangiles et l'Apocalypse, écrits tous mystérieux, que l'on prétend contenir la doctrine complète des Maçons du Temple mystique de Salomon, et qu'il n'était permis de lire qu'aux initiés des hauts Ordres ; ce qui était désigné par les sept sceaux que renfermait le Livre de la lumière (planche I, n.°26), lesquels sept sceaux étaient aussi les emblèmes des sept sciences requises et des sept degrés théosophiques et chrétiens, tout comme le sont les sept Sacremens des Chrétiens de Rome*.
* Le nouveau rite français paraît avoir adopté simplerant sept grades, comme le fac simile des sept grades des prêtres de Rome.
On attacha aux dix cuves l'allégorie des dix Commandemens des Tables de la Loi, qui étaient les préceptes de la religion des Juifs et des nouveaux Chrétiens, préceptes qui devaient être invariables.
Nous répétons que les emblèmes qui tiennent entièrement à l'art du Maçon furent établis, comme on l'a expliqué, lors de l'établissement de l'initiation juive en Babylone, pour indiquer l'Architecte éternel et expliquer l'allégorie du Temple de la Sagesse et de l'Amitié ; ils servaient aussi à expliquer la nécessité du travail imposé à l'homme. Pour ces emblèmes, voyez Pl. I, n° 34 ; mais tous ces emblèmes maçonniques multipliés firent tomber presqu'en oubli les enseignemens de l'imitation égyptienne, juive-chrétienne, qui perdit pour ainsi dire son nom, dans celui des simples signes ou emblèmes de la Maçonnerie. L'auteur de la Maçonnerie (poème) croit ces changemens arrivés du sixième au dixième siècle.
Dans un Ordre élevé, et dans différens rites maçonniques, pendant la représentation d'une des cérémonies, les signes symboliques sont les colonnes du Temple brisées, le voile déchiré, la pierre cubique renversée, couverte de taches de sang ; les accolytes tiennent à la main un roseau où , après l'explication des causes de ce désordre, quelquefois après les agapes, on brûle les quatre lettres initiales I. N. R. I., qui font la base des mystères de ce même degré.
Baruel et quelques autres auteurs de son opinion, ont cru voir dans cette allégorie celle de Manès, et ont prétendu que les instituteurs de cet Ordre avaient voulu établir, par cette cérémonie, que les persécuteurs de Manès avaient répandu les ténèbres, l'ignorance, le désordre sur la terre, et fait disparaître et brûler la sainte doctrine de Jésus, que Manès avait unie à celle de Zoroastre.
Tous les historiens ont rapporté les efforts qu'après la mort de Manès, les nouveaux trinitaires chrétiens mirent en œuvre du temps de Constantin-le-Grand et après lui, pour détruire le dogme réformé de Zoroastre, sur l'unité de Dieu et ses deux principes, ou la Religion des Enfans de la Veuve. Il s'en suivit une persécution violente contre ceux qui professaient de tels principes, et surtout lors de la décadence de l'empire grec, les derniers Empereurs accordèrent une protection sans bornes aux trinitaires.
Posté par Adriana Evangelizt