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3 janvier 2008 4 03 /01 /janvier /2008 15:30

 Un beau texte... le ciel est dans le coeur de l'homme libre...

 

 

DE LA LOI MORALE ET DE LA LIBERTÉ

 

par Victor Cousin

 

Extrait de l'ouvrage Cours de l'histoire de la philosophie moderne

Tome I

1846

 


La loi morale ne peut commander qu'à une volonté libre. Le monde moral est celui de la liberté. La où il y a libre détermination, acte voulu et délibéré, là est le monde spirituel. Or nous ne vivons, nous ne subsistons que par des actes continuels de volonté et de liberté. Le monde spirituel est donc déjà pour nous sur cette terre. Nous vivons en quelque sorte sur les confins de deux empires séparés dont nous formons la mystérieuse réunion. Pour pénétrer dans le ciel, il n'est pas besoin de percer les ombres du tombeau ; le ciel est déjà dans le cœur de l'homme libre, et cœlum et virtus, dit Lucain. Je suis citoyen du royaume invisible des intelligences actives et libres. Mais quelle est la détermination de ma volonté qui éclaire à mes yeux ce monde invisible? Demandez-le à la conscience. Examinez-vous quand vous faites votre devoir, et le ciel vous apparaîtra au fond de votre cœur. Ce n'est pas par des raisonnements qu'on acquiert la conviction du monde spirituel : c'est par un acte libre de vertu, qui est toujours suivi d'un acte de foi a la beauté morale, et d'une vue intérieure de Dieu et du ciel. Le monde sensible agit sur moi, et l'impression que je reçois est pour moi une occasion de vouloir. Ma volonté détermine à son tour un changement dans le monde sensible. C'est là l'ordinaire de la vie humaine,le vouloir ne se manifeste qu'à la suite de mouvements sensibles et  par des mouvements sensibles. Faites plus : contenez votre vouloir en lui-même, qu'il agisse sans se manifester au dehors, que ses libres déterminations ne sortent pas du sanctuaire intérieur ; et votre vie est toute spirituelle, vous êtes parvenu à la source de la véritable activité; vous avez une vue intérieure de la vie divine qui se révèle dans la vôtre. Ou peut parler de liberté et de spiritualité : mais on ne combine que des mots lorsqu'on ne s'est point affranchi soi-même. On n'obtient, dit le christianisme, le sens de la vie éternelle qu'en renonçant au monde et a ses fins. Alors la foi en l'Éternel entre dans l'âme. Enfin, selon les images de la doctrine chrétienne, il faut mourir et être enfanté de nouveau pour entrer dans le royaume des cieux.

La philosophie n'est que la vue de l'âme généralisée. Si la volonté est
attachée au monde sensible, comment peut-on croire à l'esprit et a une autre vie? On traite l'immortalité de fable, ou on y croit par préjugé. Réformer la vie pour réformer la philosophie. Les lumières de l'entendement ne seraient que ténèbres sans la lumière de la vertu. Oh ! si l'âme du dernier des Brutus, si l'âme de saint Louis s'étaient racontées elles-mêmes, quelle belle psychologie morale nous aurions !

La volonté infinie et éternelle se révèle à nous
dans la conscience morale, dans ce commandement suprême : Veux le bien; et la volonté humaine individuelle se mêle à la volonté infinie en obéissant librement à sa voix. La est le grand mystère de l'éternité se découvrant à l'humanité, et de l'humanité se revêtant librement de l'éternité. L'homme est tout entier dans ce mystère : donc la morale est la source de toute vérité, et la vraie lumière réside dans les profondeurs de l'activité volontaire et libre.

Voici un fait de conscience incontestable, et en même temps simple et indécomposable :

« Fais le bien, sans égard aux conséquences; c'est-à-dire, veux le bien. »

Puisque ce commandement n'a pas d'objet terrestre, visible, matériel, applicable aux besoins de cette vie et de ce monde sensible, il suit que : ou il n'a pas de fin, de but, ou
il a une fin, un but invisible, et qu'il regarde un monde différent du nôtre, où les mouvements externes qui résultent des volitions sont comptés pour rien, et où les volitions elles-mêmes sont tout.

S'il n'y a pas un monde invisible, où toutes nos bonnes volontés nous sont comptées
, quel est donc sur la terre le but de la vertu ?

1° Sert-elle au mécanisme de l'univers?


2° A-t-elle pour fin la civilisation du globe?


3° L'amélioration de la destinée humaine sous le rapport des commodités matérielles et physiques?


4° La paix du monde?


5° Le
plus grand développement moral du genre humain, d'où sortirait sa plus grande perfection en général, avec son plus grand bonheur?

Pour tout cela il n'était
pas besoin de vertu. Dieu n'avait qu'à construire des machines sans liberté; il aurait eu un aussi beau spectacle, s'il ne voulait que le spectacle du bonheur. Mais, dira-t-on, il le voulait produit par nous-mêmes. Il ne l'aura jamais ; le bonheur universel sur la terre est une chimère. Ensuite Dieu, pour arriver à ce but, pouvait se dispenser de nous donner la loi morale el la conscience ; il suffisait de l'égoïsme. Remarquez que dans le monde sensible peu importe pourquoi un fait a lieu, pourvu qu'il ait lieu. Donnez plus de lumière à mon égoïsme, ou augmentez la force de ma sympathie naturelle, je ferai autant ou plus de bien aux autres que par le seul sentiment du devoir.

Il faudrait avoir toujours présentes à l'esprit les maximes suivantes :

1° Les conséquences d'une action, quelles qu'elles soient, ne la rendent ni bonne ni mauvaise moralement :
l'intention est tout. A parler rigoureusement, il n'y a pas d'action morale, il n'y a que des intentions morales.

2° Pour qu'une intention soit
bonne moralement, il faut qu'elle ne soit pas intéressée.

3° Sont regardées
comme intéressées toutes intentions où il y a un retour personnel. Ainsi, faire une chose pour avoir des honneurs, de la gloire, des applaudissements, des plaisirs, soit sensuels, soit intellectuels, des plaisirs externes ou internes, pour entendre dire que l'on est généreux ou pour pouvoir se le dire à soi-même, pour avoir des récompenses sur la terre ou même dans le ciel, tout cela est également en dehors de la morale.

4° Sont regardées comme moralement indifférentes les actions, même les plus utiles, qui viennent de l'impulsion de l'organisation.

5° Est regardé seulement comme
être vertueux celui qui, après avoir pesé une action et l'avoir trouvée juste, la fait uniquement parce qu'il croit qu'il faut la faire, et par cette seule raison qu'elle est juste.

Posté par Adriana Evangelizt

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