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23 octobre 2007 2 23 /10 /octobre /2007 15:29

La dernière partie du Livre I avec tous les noms des généraux de Satan que l'on a retrouvé en son temps à Canaan mais aussi en Egypte. John Milton au travers de cette oeuvre poétique cite notamment Osiris, Isis, Orus détournés il faut le savoir pour camoufler autre chose. Comme je l'ai déjà dit, les hieroglyphes égyptiens possédaient deux sens. J'ai commencé à en parler ICI. Il est à noter que Milton a écrit cet ouvrage ou plutôt dicté -à ses filles- alors qu'il était aveugle. Mais quel voyant ! Je tiens aussi à dire que j'ai rajouté l'argument dans la première partie où il est question -tout comme ici- du fameux Peuple -non pas le Peuple élu mais le Peuple de l'Elu- que Satan s'est donné pour mission de corrompre en le détournant de l'Enseignement Originel. Enseignement que Ieschuoa était venu réhabiliter... on y revient toujours.

 

Le paradis perdu

 

de John Milton

 

Traduction de Chateaubriand

1857

Livre I

3ème partie

2ème partie

1ère partie

Tableau de Boris Vallejo

 


Avec ces divinités, vinrent celles qui du bord des flots de l'antique Euphrate jusqu'au torrent qui sépare l'Egypte de la terre de Syrie, portent les noms généraux de Baal et d'Astaroth; ceux-là mâles, celles-ci femelles : car les esprits prennent à leur gré l'un ou l'autre sexe, ou tous les deux à la fois; si ténue et si simple est leur essence pure : elle n'est ni liée ni cadenassée par des jointures et des membres, ni fondée sur la fragile force des os, comme la lourde chair; mais dans telle forme qu'ils choisissent, dilatée ou condensée, brillante ou obscure, ils peuvent exécuter leurs résolutions aériennes, et accomplir les œuvres de l'amour ou de la haine. Pour ces divinités, les enfants d'Israël abandonnèrent souvent leur force vivante, et laissèrent infréquenté son autel légitime, se prosternant bassement devant des dieux animaux. Ce fut pour cela que leurs têtes inclinées aussi bas dans les batailles, se courbèrent devant la lance du plus méprisable ennemi.

Avec ces divinités en troupe, parut Astoreth, que les Phéniciens nomment Astarté, reine du ciel, ornée d'un croissant; à sa brillante image, nuitamment en présence de la lune, les vierges de Sidon payent le tribut de leurs vœux et de leurs chants. Elle ne fut pas aussi non chantée dans Sion, où sontemple s'élevait sur le mont d'Iniquité : temple que bâtit ce roi, ami des épouses, dont le cœur, quoique grand, séduit par de belles idolâtres, tomba devant d'infâmes idoles.

A la suite d'Astarté vint Thammuz, dont l'annuelle blessure dans le Liban attire les jeunes Syriennes, pour gémir sur sa destinée dans de tendres complaintes, pendant tout un jour d'été ; tandis que le tranquille Adonis, échappant de sa roche native, roule à la mer son onde supposée rougie du sang de Thammuz, blessé tous les ans. Cette amoureuse histoire infecta de la même ardeur les filles de Jérusalem, dont les molles voluptés sous le sacré portique, furent vues d'Ézéchiel, lorsque conduit par la vision, ses yeux découvrirent les noires idolâtries de l'infidèle Juda.

Après Thammuz, il en vint un qui pleura amèrement, quand l'Arche captive mutila sa stupide idole, tête et mains émondées dans son propre sanctuaire, sur le seuil de la porle où elle tomba à plat, et fit honte à ses adorateurs : Dagon est son nom; monstre marin, homme par le haut, poisson par le bas. Et cependant son temple, élevé haut dans Azot, fut redouté le long des côtes de la Palestine, dans Gath et Ascalon, et Accaron, et jusqu'aux bornes dela frontière de Gaza.

Suivait Rimnon, dont la délicieuse demeure était la charmante Damas sur les bords fertiles d'Abbana et de Pharphar, courants limpides. Lui aussi fut hardi contre la maison de Dieu : une fois il perdit un lépreux et gagna un roi, Achaz son imbécile conquérant, qu'il engagea à mépriser l'autel du Seigneur et à le déplacer pour un autel à la syrienne, sur lequel Achaz brûla ses odieuses offrandes, et adora les dieux qu'il avait vaincus.

Après ces démons, parut la bande de ceux qui, sous des noms d'antique renommée, Osiris, Isis, Orus et leur train, monstrueux en figures et en sorcelleries, abusèrent la fanatique Egypte et ses prêtres qui cherchèrent leurs divinités errantes, cachées sous des formes de bêtes plutôt que sous des formes humaines.

Point n'échappa Israël à la contagion, quand d'un or emprunté il forma le veau d'Oreb. Le roi rebelle doubla ce péché à Béthel et à Dan, assimilant son Créateur au bœuf paissant; ce Jehovah qui, dans une nuit, lorsqu'il passa dans sa marche à travers l'Egypte, rendit égaux d'un seul coup ses premiers-nés et ses dieux bêlants.

Bélial parut le dernier; plus impur esprit, plus grossièrement épris de l'amour du vice pour le vice même, ne tomba du ciel. Pour Bélial, aucun temple ne s'élevait, aucun autel ne fuma : qui cependant est plus souvent que lui dans les temples et sur les autels, quand le prêtre devient athée comme les fils d'Éli qui remplirent de prostitutions et de violences la maison de Dieu ? Il régne aussi dans les palais et dans les cours, dans les villes dissolues où le bruit de la débauche, de l'injure et de l'outrage, monte au-dessus des plus hautes tours : et quand la nuit obscurcit les rues, alors vagabondent les fils de Bélial gonflés d'insolence et devin; témoin les rues de Sodome, et cette nuit dans Gabaa, lorsque la porte hospitalière exposa une matrone pour éviter un rapt plus odieux.

Ces démons étaient les premiers en rang et en puissance; le reste serait long à dire, bien qu'au loin renommé; dieux d'Ionie que la postérité de Javan tint pour dieux, mais confessés dieux plus récents que le Ciel et la Terre, leurs parents vantés : Titan, premier-né du ciel avec son énorme lignée et son droit d'aînesse usurpé par Saturne, plus jeune que lui ; Saturne traité de la même sorte par le plus puissant Jupiter, son propre fils et fils de Rhée; ainsi Jupiter, usurpant, régna. Ces dieux d'abord connus en Crète et sur l'Ida, de là sur le sommet neigeux du froid Olympe, gouvernèrent la moyenne région de l'air, leur plus haut ciel, ou sur le rocher de Delphes, ou dans Dodone,et dans toutes les limites de la terre Dorique. L'un d'eux, avec le vieux Saturne, fuit sur l'Adriatique aux champs de l'Hespérie, et par delà la Celtique, erra dans les îles les plus reculées.

Tous ces dieux, et beaucoup d'autres, vinrent en troupe, mais avec des regards baissés et humides, tels cependant qu'on y voyait une obscure lueur de joie d'avoir trouvé leur chef non désespéré, de s'être trouvés eux-mêmes non perdus dans la perdition même. Ceci refléta sur le visage de Satan comme une couleur douteuse : mais bientôt reprenant son orgueil accoutumé, avec de hautes paroles qui avaient l'apparence, non la réalité de la dignité, il ranime doucement leur défaillant courage et dissipe leur crainte.

Alors sur-le-champ il ordonne qu'au bruit guerrier des clairons et des trompettes retentissantes, son puissant étendard soit levé. Cet orgueilleux honneur est réclamé comme un droit par Azazel, grand chérubin ; il déferle de l'hast brillant l'enseigne impériale, qui haute et pleinement avancée brille comme un météore s'écoulant dans le vent : les perles et le riche éclat de l'or y blasonnaient les armes et les trophées séraphiques. Pendant tout ce temps l'airain sonore souffle des sons belliqueux, auxquels l'universelle armée renvoie un cri qui déchire la concavité de l'enfer, et épouvante au delà, l'empire du Chaos et de la vieille Nuit.

En un moment, à travers les ténèbres, sont vues dix mille bannières qui s'élèvent dans l'air avec des couleurs orientales ondoyantes. Avec ces bannières se dresse une forêt énorme de lances; et les casques pressés apparaissent, et les boucliers se serrent dans une épaisse ligne d'une profondeur incommensurable. Bientôt les guerriers se meuvent en phalange parfaite, au mode dorien des flûtes et des suaves haut-bois : un tel mode élevait à la hauteur du plus noble calme les héros antiques, s'armant pour le combat; au lieu de la fureur, il inspirait une valeur réglée, ferme, incapable d'être entraînée par la crainte de la mort, à la fuite ou à une retraite honteuse. Cette harmonie ne manque pas de pouvoir pour tempérer et apaiser, avec des accords religieux, les pensées troublées, pour chasser l'angoisse, et le doute, et la frayeur, et le chagrin, et la peine des esprits mortels et immortels.

Ainsi respirant la force unie, avec un dessein fixé, marchaient en silence les anges déchus, au son du doux pipeau qui charmait leurs pas douloureux sur le sol brûlant ; et alors avancés en vue, ils s'arrêtent; horrible front d'effroyable longueur, étincelant d'armes, à la ressemblance des guerriers de jadis, rangés sous le bouclier et la lance, attendant l'ordre que leur puissant général avait à leur imposer. Satan, dans les files armées, darde son regard expérimenté, et bientôt voit à travers tout le bataillon la tenue exacte de ces guerriers, leurs visages, et leurs statures comme celles des dieux : leur nombre finalement il résume.

Et alors son cœur se dilate d'orgueil, et, s'endurcissant dans sa puissance, il se glorifie. Car depuis que l'homme fut créé, jamais force pareille n'avait été réunie en corps; nommée auprès de celle-ci, elle ne mériterait pas qu'on s'y arrêtât plus qu'à cette petite infanterie combattue par les grues; quand même on y ajouterait la race gigantesque de Phlégra avec la race héroïque qui lutta devant Thèbes et Ilion où, de l'un et de l'autre côté, se mêlaient des dieux auxiliaires; quand on y joindrait ce que le roman ou la fable raconte du fils d'Uther entouré de chevaliers bretons et armoricains; quand on rassemblerait tous ceux qui depuis, baptisés ou infidèles, joutèrent dans Aspremont, ou Montauban, ou Damas, ou Maroc, ou Trébisonde, ou ceux que Biserle envoya de la rive africaine, lorsque Charlemagne avec tous ses pairs tomba près de Fontarabie.

Ainsi cette armée des esprits, loin de comparaison avec toute mortelle prouesse, respectait cependant son redoutable chef. Celui-ci, au-dessus du reste par sa taille et sa contenance, superbement dominateur, s'élevait comme une tour. Sa forme n'avait pas encore perdu toute sa splendeur originelle ; il ne paraissait rien moins qu'un archange tombé, un excès de gloire obscurcie : comme lorsque le soleil nouvellement levé, tondu de ses rayons, regarde à travers l'air horizontal et brumeux; ou tel que cet astre derrière la lune, dans une sombre éclipse, répand un crépuscule funeste sur la moitié des peuples, et par la frayeur des révolutions tourmente les rois ; ainsi obscurci, brillait encore au-dessus de tous ses compagnons l'archange. Mais son visage est labouré des profondes cicatrices de la foudre, et l'inquiétude est assise sur sa joue fanée ; sous les sourcils d'un courage indompté et d'un orgueil patient, veille la vengeance.

Cruel était son œil ; toutefois il s'en échappait des signes de remords et de compassion, quand Satan regardait ceux qui partagèrent, ou plutôt ceux qui suivirent son crime, (il les avait vus autrefois bien différents dans la béatitude ) condamnés maintenant pour toujours à avoir leur lot dans la souffrance ! millions d'esprits mis pour sa faute à l'amende du ciel, et jetés hors des éternelles splendeurs pour sa révolte, néanmoins demeurés fidèles combien que leur gloire flétrie. Comme quandle feu du ciel a écorché les chênes de la forêt ou les pins de la montagne, avec une tête passée à la flamme, leur tronc majestueux, quoique nu, reste debout sur la lande brûlée.

Satan se prépare à parler ; sur quoi les rangs doublés des bataillons se courbent d'une aile à l'autre aile, et l'entourent à demi de tous ses pairs : l'attention les rend muets. Trois fois il essaye de commencer ; trois fois, en dépit de sa fierté, des larmes telles que les anges en peuvent pleurer, débordent. Enfin des mots entrecoupés de soupirs forcent le passage.

« O myriades d'esprits immortels ! ô puissances, qui n'avez de pareils que le Tout-Puissant ! il ne fut pas inglorieux, ce combat, bien que l'événement fût désastreux, comme l'attestent ce séjour et ce terrible changement, odieux à exprimer. Mais quelle faculté d'esprit, prévoyant et présageant d'après la profondeur de la connaissance du passé ou du présent, aurait craint que la force unie de tant de dieux, de dieux tels que ceux-ci, fût jamais repoussée? Car qui peut croire, même après cette défaite, que toutes ces légions puissantes, dont l'exil a rendu le ciel vide, manqueront à se relever, et à reconquérir leur séjour natal ? Quant à moi, toute l'armée céleste est témoin, si des conseils divers, ou des dangers par moi évités, ont ruiné nos espérances. Mais celui qui régne monarque dans le ciel était jusqu'alors demeuré en sûreté assis sur son trône, maintenu par une ancienne réputation, par le consentement, ou l'usage; il nous étalait en plein son faste royal, mais il nous cachait sa force, ce qui nous tenta à notre tentative et causa notre chute.

« Dorénavant nous connaissons sa puissance et nous connaissons la nôtre, de manière à ne provoquer ni craindre une nouvelle guerre, provoquée. Le meilleur parti qui nous reste est de travailler dans un secret dessein, à obtenir de la ruse et de l'artifice ce que la force n'a pas effectué, afin qu'à la longue il apprenne du moins ceci de nous : Celui qui a vaincu par la force, n'a vaincu qu'à moitié son ennemi.

« L'espace peut produire de nouveaux mondes : à ce sujet un bruit courait dans le ciel, qu'avant peu le Tout-Puissant avait l'intention de créer, et de placer dans cette création une race, que les regards de sa préférence favoriseraient à l'égal des fils du ciel. Là, ne fut-ce que pour découvrir, se fera peut-ètre notre première irruption ; là ou ailleurs : car ce puits infernal ne retiendra jamais des esprits célestes en captivité, ni l'abîme ne les couvrira longtemps de ses ténèbres. Mais ces projets doivent être mûris en plein conseil. Plus d'espoir de paix, car qui songerait à la soumission? Guerre donc ! guerre ouverte ou cachée, doit être résolue. »

Il dit; et pour approuver ses paroles, volèrent en l'air des mil
lions d'épées flamboyantes, tirées de dessus la cuisse des puissants chérubins ; la lueur subite au loin à l'entour illumine l'enfer : les démons poussent des cris de rage contre le Très-Haut, et furieux, avec leurs armes saisies, ils sonnent sur leurs boucliers rententissants le glas de guerre, hurlant un défi à la voûte du ciel.

A peu de distance s'élevait une colline dont le sommet terrible rendait, par intervalles, du feu et une roulante fumée; le reste entier brillait d'une croûte lustrée; indubitable signe que dans les entrailles de cette colline était cachée une substance métallique, œuvre du soufre. Là, sur les ailes de la vitesse, une nombreuse brigade se hâte, de même que des bandes de pionniers armés de pics et de bêches, devancent le camp royal pour se retrancher en plaine, ou élever un rempart. Mammon les conduit; Mammon, le moins élevé des esprits tombés du ciel, car dans le ciel même ses regards et ses pensées étaient toujours dirigées en bas; admirant plus la richesse du pavé du ciel où les pas foulent l'or, que toute chose divine ou sacrée dont on jouit dans la vision béatifique. Par lui d'abord, les hommes aussi, et par ses suggestions enseignés, saccagèrent le centre de la terre, et avec des mains impies pillèrent les entrailles de leur mère, pour des trésors qu'il vaudrait mieux cacher. Bientôt la bande de Mammon eut ouvertune large blessure dans la montagne et extrait de ses flancs des côtes d'or. Personne ne doit s'étonner si les richesses croissent dans l'enfer ; ce sol est le plus convenable au précieux poison. Et ici que ceux qui se vantent des choses mortelles et qui s'en émerveillant disent Babel et les ouvrages des rois de Memphis ; que ceux-là apprennent combien leurs plus grands monuments de renommée, de force et d'art, sont aisément surpassés par des esprits réprouvés : ils accomplissent en une heure ce que dans un siècle les rois, avec des labeurs incessants et des mains innombrables, achèvent à peine.

Tout auprès, sur la plaine, dans maints fourneaux préparés sous lesquels passe une veine de feu liquide, éclusée du lac, une seconde troupe avec un art prodigieux fait fondre le minerai massif, sépare chaque espèce, et écume les scories des lingots d'or. Une troisième troupe aussi promptement forme dans la terre des moules variés, et de la matière des bouillants creusets, par une dérivation étonnante, remplissent chaque profond recoin : ainsi dans l'orgue, par un seul souffle de vent divisé entre plusieurs rangs de tuyaux, tout le jeu respire.

Soudain un immense édifice s'éleva de la terre, comme une exhalaison, au son d'une symphonie charmante et de douces voix : édifice bâti ainsi qu'un temple, où tout autour étaient placés des pilastres et des colonnes doriques surchargées d'une architrave d'or : il n'y manquait ni corniches, ni frises avec des reliefs gravés en bosse. Le plafond élait d'or ciselé. Ni Babylone, ni Memphis, dans toute leur gloire, n'égalèrent une pareille magnificence pour enchâsser Bélus ou Sérapis, leurs dieux, ou pour introniser leurs rois, lorsque l'Égypte et l'Assyrie rivalisaient de luxe et de richesses.

La masse ascendante arrêta fixe sa majestueuse hauteur : et sur-le-champ les portes ouvrant les battants de bronze, découvrent au large en dedans ses amples espaces sur un pavé nivelé et poli : sous l'arc de la voûte pendent, par une subtile magie, plusieurs files de lampes étoilées et d'étincelants falots qui nourris de naphte, d'asphalte, émanent la lumière comme un firmament.

La foule empressée entre en admirant, et les uns vantent l'ouvrage, les autres l'ouvrier. La main de cet architecte fut connue dans le ciel par la structure de plusieurs hautes tours où des anges portant le sceptre faisaient leur résidence et siégeaient comme des princes : le Monarque Suprême les éleva à un tel pouvoir, et les chargea de gouverner, chacun dans sa hiérarchie les milices brillantes.

Le même architecte ne fut point ignoré ou sans adorateurs dans l'antique Grèce ; et dans la terre d'Ausonie, les hommes l'appelèrent Mulciber. Et la Fable disait comme il fut précipité du ciel, jeté par Jupiter en courroux par-dessus les créneaux de cristal : du matin jusqu'au midi il roula, du midi jusqu'au soir d'un jour d'été ; et avec le soleil couchant, il s'abattit du zénith, comme une étoile tombante, dans Lemnos, île de l'AEgée : ainsi les hommes le racontaient, en se trompant, car la chute de Mulciber, avec cette bande rebelle, avait eu lieu longtemps auparavant. Il ne lui servit de rien à présent d'avoir élevé de hautes tours dans le ciel; il ne se sauva point à l'aide de ses machines; mais il fut envoyé la tête la première, avec sa horde industrieuse, bâtir dans l'enfer.

Cependant les hérauts ailés, par le commandement du souverain pouvoir, avec un appareil redoutable, et au son des trompettes, proclament dans toute l'armée la convocation d'un conseil solennel qui doit se tenir incontinent à Pandaemonium, la grande capitale de Satan et de ses pairs. Leurs sommations appellent de chaque bande et de chaque régiment régulier les plus dignes en rang ou en mérite ; ils viennent aussitôt, par troupes de cent et de mille, avec leurs cortéges. Tous les abords sont obstrués; les portes et les larges parvis s'encombrent, mais surtout l'immense salle (quoique semblable à un champ couvert, où de vaillants champions étaient accoutumés à chevaucher en armes, et devant le siége du soudan, à défier la fleur de la chevalerie païenne, au combat à mort ou au courre d'une lance). L'essaim des esprits fourmille épais, à la fois sur la terre et dans l'air froissé du sifflement de leurs ailes bruyantes.

Au printemps, quand le soleil marche avec le Taureau, des abeilles répandent en grappes autour de la ruche leur populeuse jeunesse : elles voltigent ça et là parmi la fraîche rosée et les fleurs, ou sur une planche unie, faubourg de leur citadelle de paille, nouvellement frottée de baume, elles discourent et délibèrent de leurs affaires d'État : aussi épaisse la troupe aérienne fourmillait et était serrée, jusqu'au moment du signal donné.

Voyez la merveille! Ceux qui paraissaient à présent surpasser en grandeur les géants, fils de la Terre, à présent moindres que les plus petits nains, s'entassent sans nombre dans un espace étroit : ils ressemblent à la race des pygmées au delà de la montagne de l'Inde, ou bien à des fées dans leur orgie de minuit, à la lisière d'une forêt, ou au bord d'une fontaine, que quelque paysan en retard voit ou rêve qu'il voit, tandis que sur sa tête la lune siége arbitre et incline plus près de la terre sa pâle course : appliquées à leurs danses ou à leurs jeux, ces esprits légers charment l'oreille du paysan avec une agréable musique ; son cœur bat à la fois de joie et de frayeur.

Ainsi des esprits incorporels réduisirent à la plus petite proportion leur stature immense, et furent au large, quoique toujours sans-nombre, dans la salle de cette cour infernale. Mais loin dans l'intérieur, et dans leurs propres dimensions, semblables à eux-mêmes, les grands seigneurs séraphiques et chérubins se réunissent en un lieu retiré, et en secret conclave; mille demi-dieux assis sur des siéges d'or, conseil nombreux et complet ! Après un court silence et la semonce lue, la grande délibération commença.

Asuivre...

Posté par Adriana Evangelizt

 

 

 

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