Chapitre extrait des Oeuvres complètes de Volney Recherches Nouvelles sur l'histoire ancienne Tome I 1821 par Constantin François Volney
16eme partie
CHAPITRE XVIII
Examen du chapitre 10 de la Genèse ,
ou système géographique des Hébreux.
1ère partie
15 - Mythologie de la Création 2 14 - Mythologie de la Création 1
Un dernier exemple choquant de ce genre d’invraisemblances est la prétendue généalogie du dixième chapitre de
Il paraît qu’en général les anciens, lorsqu’ils voulurent remonter aux origines, et qu’ils n’eurent aucun monument précis, employèrent cette formule, et donnèrent au premier auteur le nom de la chose ; et parce que la nature même du langage les conduisit à personnifier tous les êtres, il en résulta que tout effet résultant d’une cause, fut censé engendré par elle, en fut appelé le fils, le produit, comme elle-même en fut appelée la mère ou le père ; ainsi, parce que la terre alimente le peuple qui l’habite, qu’elle semble en être la nourrice, la mère, ce peuple fut appelé, et l’est encore en arabe, enfant de cette terre, de ce pays, Beni-masr, les enfants de l’Égypte ; Beni-sham, les enfants de Syrie ; Beni-fransa, les enfants de
Le dixième chapitre offre encore cette particularité, que tous les peuples étant placés dans leurs pays respectifs l’on se trouve avoir trois grandes divisions du monde connu des Hébreux, qui ont une analogie sensible aux trois grandes divisions du monde connu des anciens ; aux trois divisions de la terre, par Zoroastre, en pays de Tazé ou Arabes ; pays de Mazendran ou Nord, et pays de Hosheng ; et au partage du monde entre les trois dieux, Jupiter, Pluton et Neptune ; notez que Cham ou plutôt, Ham, qui signifie noir, brûlé, et qui se traduit en grec asbolos, couleur de suie, est le synonyme de Pluton. Mais commençons par établir tous les noms de la liste sur la carte, afin de rendre plus palpables nos propositions. Nous n’entrerons point dans tous les détails de discussion qui ont occupé Samuel Bochart, dom Calmet et Michaëlis ; en profitant de leur travail, nous insisterons seulement sur quelques articles, où notre opinion diffère de la leur. Japhet, a pour descendants, ou pour dépendants :
1° GMR, qui, étant écrit sans voyelles, peut se prononcer Gomer ou Gamr, ou Gimr (prononcez Guimr) ; nous préférons cette dernière lecture, et nous disons avec l’historien Josèphe, que Guimr représente les Kimr ou Kimmériens, de l’Asie mineure et de
Ashkenez a des traces dans la province d’Arménie, appelée par Strabon, Asikinsene, et qu’il place entre
Riphat est l’altération facile de Niphates, mont et pays arménien, dont l’r a été prononcé nasalement.
Togormah est reconnu par Moïse de Chorène (page 26), pour être le nom d’un peuple qui habitait un autre canton montueux appelé Harch, dans, la grande Arménie : ces trois peuples nous sont donc indiqués ici comme des colonies des Kimmériens ou Kimbres, fondées à une époque inconnue.
2° Le second peuple de Japhet, appelé Magog, représente les Scythes, de l’aveu unanime des auteurs grecs et arabes. On ne fait point mention ici de Gog ou Goug, qu’Ezéchiel associe à Moshk, Roush[5], et Toubal, et qui doit être encore un peuple scythique : dans Strabon, le pays dit Gogarene est voisin des Moschi. Dans l’ancien grec et latin, goug-as signifie géant, et les légendes grecque et chaldéenne placent toujours les géants dans le nord comme les Scythes. Justin, au début de son histoire, observe que les Scythes, dans des temps anciens, antérieurs même à Sésostris (1350), dominèrent sur l’Asie pendant 1.500 ans. Cela cadre bien avec l’étendue de leur langue (le sanscrit).
3° Le troisième peuple est Medi, nom pluriel des Mèdes : Hérodote en compte sept nations ; il ajoute que jadis leur nom était Arioi, les braves[6] : les livres parsis n’en citent pas d’autre à l’époque de Zoroastre. Ne peut-on pas inférer que le nom des Mèdes ne se serait introduit que depuis 14 conquêtes de ces peuples par Ninus et les assyriens ?
4° Le quatrième peuple est Ioun, l’Ionien ou Grec de l’Asie mineure. Selon les auteurs grecs, la colonie des Ioniens ne vint s’établir en Asie que 80 ans après la guerre de Troie[7]. Les Grecs les appèlent Pélasgues aigialéens (c’est-à-dire pécheurs) aussi longtemps qu’ils habitèrent l’Achaïe[8] ; Strabon (lib. VI) dit que l’Ionie, avant eux, était occupée par les Cariens et les Lelèges : les Pélasgues les ayant chassés, reçurent des barbares, selon quelques auteurs, le nom de Ioun et Iaoun[9] (dont on a fait Iavan) : selon d’autres, c’était le nom d’une tribu athénienne, qui d’abord faible, devint ensuite prépondérante dans le lieu de son émigration. De ces Ioniens vinrent ou descendirent Elishah, Tarshish, Ketim et Rodanim.
Elishah est l’Ellas, ancien nom de
Ketim est le nom pluriel des Kitiens, peuple ancien et prépondérant de l’île de Cypre, qui paraît en avoir pris le nom : ce nom se trouve aussi appliqué à la côte de Cilicie. (Isaïe, c. XIII.)
Rodanim sont les Rhodiens.
Tarshish est la ville et pays de Tarsous, sur la côte de Cilicie, en face de Cypre. Tous ces pays sont contigus sur la carte, comme dans la liste de l'auteur ; et tous sont maritimes ou insulaires ; ce qui sans doute lui fait dire que par eux furent partagées les îles des nations.
Isaïe, ch. LXVI, associe, dans un même récit, Phul, Loud, Ketim, Tarshish, Ioun, Moshk et Tubal. Phul est
5° Le cinquième peuple de Iaphet est Toubal, que Josèphe dit représenter les Ibériens. La capitale de ce pays, nommée Tebl-is et Teflis, offre quelque analogie au mot Tebl ; mais les peuples Tubar-eni, sur le rivage de l’Euxin, pourraient ici être désignés, et rempliraient mieux l’indication d'Isaïe.
6° Le sixième peuple est Moshk, qui représente les habitants des Moschici montes, au nord de l’Arménie.
7° Enfin le septième peuple est Tiras, que l’on regarde comme le représentant des Thraces établis dans
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[1] Phaleg et Canaan. [2] Commentaires sur [3] Histoire du Ciel. [4] Geographiœ Hebrœorum exterœ spicilegium. [5] Roush montre sa trace dans l’Erusheti de Danville, canton à l’ouest de Gokia. [6] Hérodote, liv. VII. [7] Selon la plupart chronologistes modernes, 1130 ans avant J.-C. , comment concilient-ils cette date avec la composition de [8] Hérodote, lib. VII. [9] Scholiaste Aristophanus in Acharn. [10] Page 49. Posté par Adriana Evangelizt