Où comment l'Eglise Catholique Romaine a instauré la Confession pour traquer le péché donc le diable... mais aussi le début de l'Inquisition. Inutile de préciser que toutes ces méthodes s'éloignent fortement de l'Enseignement de Ieschoua.
La peur du diable
Le concile de Latran traque le péché
Par Jean Verdon
Réunie en 1215 par le pape Innocent III, l'Eglise légifère, notamment, sur la confession. Désormais, les chrétiens doivent faire pénitence au moins une fois l'an. Le diable n'a qu'à bien se tenir !
Au début du XIIIe siècle, alors que le christianisme semble solidement établi, au moment où se manifeste un vigoureux développement économique et urbain, une nouvelle pauvreté apparaît en même temps que se manifestent d'attirantes hérésies. Prenant conscience d'un enracinement insuffisant de la religion dans la société, malgré son expansion sur le plan géographique, le pape Innocent III convoque un concile général par une bulle d'avril 1213. Les objectifs y sont nettement définis : réformer tant le monde clérical que laïc, engager les chrétiens dans une vie religieuse moins superficielle, lutter contre les hérésies et obtenir des secours pour la Terre sainte.
Latran IV doit, selon le souverain pontife, ressembler aux grands conciles de l'Eglise ancienne. Aussi la liste officielle des participants est-elle impressionnante, recensant 402 cardinaux, patriarches, archevêques et évêques, ainsi que plus de 800 prélats de statut moindre, tels qu'abbés, prieurs, prévôts et doyens. Le 11 novembre 1215 a lieu l'inauguration. Deux autres séances plénières se déroulent les 20 et 30 novembre. Soixante-dix décrets ou canons sont pris au total. Après une longue définition de la foi, divers décrets traitent de l'organisation de la vie ecclésiale, de la discipline des prêtres et des religieux, cependant que d'autres concernent plus spécialement les laïcs, particulièrement en matière de pénitence et de mariage. Le concile lance l'anathème contre les hérétiques, impose des mesures de discrimination à l'égard des juifs, condamne le clergé grec, appelle à la croisade. Le canon 21, et accessoirement le canon 22, relatifs à la confession vont marquer la vie du chrétien pour des siècles.
Tous les fidèles de l'un et de l'autre sexe - c'est pourquoi on parle du canon Omnis utriusque sexus - doivent dès l'âge de discrétion (c'est-à-dire 7 ans) confesser tous leurs péchés, au moins une fois par an, à leur propre prêtre, à savoir le curé de leur paroisse. Ils accompliront leur pénitence et communieront à Pâques, à moins qu'ils n'estiment avoir une raison valable de s'en abstenir quelque temps et à condition d'avoir reçu l'assentiment de leur curé. Ceux qui n'obtempéreront pas à cette obligation seront privés durant leur vie de l'entrée de l'église et après leur mort de sépulture ecclésiastique.
Ce décret sera publié fréquemment dans les églises, afin que personne ne prétende l'ignorer. Le canon stipule également que si quelqu'un souhaite, pour une juste raison, confesser ses péchés à un prêtre étranger, par exemple un curé voisin, ou un autre prêtre approuvé, il doit obtenir la permission de son propre prêtre ; sinon ce prêtre étranger ne peut ni le lier ni le délier. Par ailleurs, le prêtre qui entend le récit des péchés doit se montrer discret et prudent. Tout comme un bon médecin, il panse les plaies du malade, en s'informant très exactement des circonstances du péché, afin de fournir avec discernement conseils et remèdes. Le directeur de conscience est tenu à un secret absolu en ce qui concerne les péchés de ceux qu'il confesse ; le prêtre qui n'observera pas cette règle sera déposé et enfermé dans un monastère où il fera pénitence le reste de ses jours. Selon le canon 22, lorsqu'un malade fera appel à un médecin, ce dernier, avant de pourvoir au rétablissement de sa santé, devra songer au salut de son âme. Le médecin qui n'aura pas rempli cette obligation sera privé de l'entrée de l'église jusqu'à ce qu'il ait fourni une satisfaction suffisante. Si le médecin conseille pour la santé du corps des remèdes nuisibles au salut de l'âme, il est excommunié.
Les anciens pénitentiels (catalogues de péchés avec en regard les pénitences qu'ils impliquent) sont donc abandonnés. Tout un travail théologique permet de préciser les notions de péché véniel et de péché mortel et de préciser les caractères de la confession où l'important est l'aspect pénible de l'aveu, où la pénitence, si le coupable a été sincère et désireux de ne pas recommencer, apparaît comme secondaire. Le prêtre peut ainsi délier les fidèles. Par l'absolution, il remet les péchés- qu'il doit donc pouvoir connaître avec précision -, ce qui explique le développement des Sommes des confesseurs , ouvrages florissants au début du XIIe siècle.
Le prêtre, pour avoir une idée exacte de la culpabilité de celui qui vient le trouver, est tenu de « s'enquérir avec soin de la situation du pécheur et des circonstances du péché ». Bien informé, il doit, par ses questions, amener ses ouailles à se connaître. La confession auriculaire mise en place par Latran IV marque ainsi la naissance de la confession moderne. Il s'ensuit évidemment une nouvelle pastorale. Le curé de paroisse joue un rôle essentiel. C'est lui qui intervient obligatoirement. En tout cas, sans sa permission et seulement dans quelques circonstances particulières, nul autre prêtre ne peut lier ou délier.
Et le diable ? Quand on parle péché, il n'est jamais loin. Le concile renforce donc sa surveillance sur les esprits aussi bien que sur les corps. La confession devient une obligation morale. Toute la vie privée du chrétien doit être révélée au prêtre ; aucun péché, même véniel, ne doit être caché. Evidemment, la culpabilisation des fidèles est amplifiée. Il faut rechercher en soi le péché, ce péché que le diable suscite.
Les pères conciliaires sont obnubilés par la question des hérétiques. Ils craignent que les démons et leurs disciples terrestres n'essaient de faire régner Satan. Ces mouvements hérétiques seront accusés au cours du siècle de commettre des actes abominables, de tenir des réunions où se déroulent des contre-messes, d'ériger en quelque sorte une contre-Eglise. Les pères voient en particulier dans les manichéens, ceux qui croient à l'existence de deux forces antagonistes, le Bien et le Mal, l'aspect le plus évident de ces mouvements. Or, la lutte contre les cathares est déjà commencée. Le pape Innocent III a légitimé en quelque sorte la procédure inquisitoriale, prescrivant à des prêtres de parcourir les pays, d'interroger les suspects, de procéder à des enquêtes, de punir. Latran IV encourage de telles enquêtes. Doivent être dénoncés tous les coupables, ennemis de Dieu, qui rendent un culte au Mal.
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Ancien professeur d'histoire médiévale à l'Université de Limoges, Jean Verdon est spécialiste des mentalités. Il est l'auteur de multiples ouvrages dont La Nuit au Moyen Age ; Le Plaisir au Moyen Age ; Voyage au Moyen Age et dernièrement Boire au Moyen Age (tous chez Perrin).
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Faute avouée est à moitié pardonnée
La confession devient un acte de pénitence où ce qui importe est l'aspect pénible de l'aveu. Si le repentir est sincère, la peine sera symbolique. Il faut se méfier du Malin et n'oublier aucun péché. (Livre de prières, 1320.)
Sources Historia
Posté par Adriana Evangelizt