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4 février 2007 7 04 /02 /février /2007 18:51

Les hassidim, des exaltés pacifiques

Par Jeanne Chaillet




Tenants de l'ultra-orthodoxie, ils vivent dans la prière et dans l'attente du Messie. Obéissant à la lettre à la Loi de Moïse, parfois avec excès, ils se marginalisent du reste de la communauté.



Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, en Pologne-Lituanie, apparaît, à côté d'individus isolés, le hassidisme en tant que mouvement religieux. La situation politique est chaotique, des bandes organisées multiplient massacres et pillages dont les juifs sont les premières victimes, souvent avec la bénédiction des moines chrétiens. Et l'enseignement de rabbi Leib : « C'est dans la cendre que vous trouverez le feu », va se révéler exact ; les persécutions réveillent la spiritualité juive et la poussent hors des limites du culte traditionnel. Le hassidisme essaime rapidement dans toute l'Europe de l'Est, puis en terre d'Israël et aux Etats-Unis, en gardant immuablement ses traditions jusque dans la vie quotidienne (langue, vêtement, éducation, etc.). Etant donné la diversité des guides spirituels des communautés, on en relèvera ici les traits communs, sans prétendre à l'exhaustivité.

Alors que le judaïsme classique est centré sur l'étude de la Torah, le hassidisme recherche l'union mystique avec Dieu. La Kabbale (lecture mystique juive), source d'inspiration du mouvement, enseigne qu'après la Création Dieu s'est retiré du monde en Lui-même pour laisser la place à Ses créatures. A l'homme de libérer les parcelles saintes dont il est dépositaire en les élevant sans cesse vers son créateur ; il invite ainsi le maître du monde à Se redéployer dans l'Univers où un rayon de l'essence divine est perceptible partout et à tout moment. Selon Martin Buber, penseur mystique contemporain et chef de file du néo-hassidisme, le cosmos a un potentiel de sainteté qu'il nous appartient de mener à son accomplissement. Si l'enseignement hassidique est essentiellement fondé sur la sagesse et la méditation, la prière s'exprime avec passion : élan d'amour vers Dieu, éblouissement devant la splendeur divine, explosion de joie... l'allégresse, qui libère l'esprit de tout souci, étant le facteur essentiel de l'adoration. C'est pourquoi les chants et les danses, qui favorisent par ailleurs la cohésion de la communauté, sont les indispensables compagnons de la louange divine. Ici encore, l'élan est essentiel, et le texte (lorsqu'il existe) s'efface devant la musique. Ces mélodies joyeuses sont issues d'airs populaires, témoins d'un folklore multiséculaire : des milliers de notes en grande partie disparues avec leurs interprètes dans les camps de la mort.

Les réunions hassidiques sont présidées par le tsaddiq - que l'on peut entendre comme un superlatif du hassid -, rabbin qui, par ses vertus exceptionnelles, s'attire une vénération si grande qu'elle se prolonge souvent de génération en génération à travers ses descendants ou ses disciples. Prêcheur, enseignant, confesseur, guide moral et conseiller pratique, c'est un visionnaire, à qui l'on attribue parfois des pouvoirs miraculeux. Conduisant Dieu vers les fidèles, et les fidèles vers Dieu, semblable aux anges qui, dans le songe de Jacob (Gn. 28,12), arpentent une échelle dressée entre le ciel et la terre, le tsaddiq est à la fois illuminé par l'Esprit divin et rayonnant d'amour pour son prochain. La piété ne va pas sans la charité : le riche doit donner au pauvre, le savant instruire l'ignorant, le bien portant veiller sur le malade... La Loi de Moïse, que les hassidim observent avec une rigueur absolue, régit l'être tout entier, corps et âme. La quête de l'Esprit ne peut donc entraîner le mépris du corps ; si on veut se libérer de la matière, il faut collaborer avec elle, la sublimer et faire de l'accomplissement des besoins du corps une expérience spirituelle. Cette participation du corps à la gloire divine sauve l'homme d'une retraite du monde.

Si le hassid connaît toutes les faiblesses humaines, il met sans cesse en lumière ce qui est bon à l'intérieur et à l'extérieur de lui-même, pour honorer le Créateur. Parlant du premier meurtre de l'Histoire, rabbi Ouri enseigne que ce qui est substantiellement bon en Caïn est aussi capital aux yeux de Dieu que la bonté d'Abel. On comprend alors cette surprenante déclaration d'Elie Wiesel, invité d'une émission télévisée sur les camps de la mort, dont il a vu et vécu toutes les horreurs : « J'ai la conviction qu'il y a plus de bien que de mal dans le monde. »

Si certains tsaddiqim forcent l'admiration générale, le hassidisme ne manque pas de provoquer quelques réactions dans le judaïsme traditionnel. Au XVIIIe siècle déjà, l'illustre Gaon de Vilna déplore l'extase, les visions, l'exaltation collective et la vénération « idolâtre » vouée au tsaddiq. Aujourd'hui, on dénonce aussi le conservatisme étroit, le refus de la modernité, les réunions en communauté au détriment de la vie familiale, les prières tapageuses, et enfin la célébration perpétuelle qui éclipse la repentance.

Au XIXe siècle, les querelles deviennent politiques. Le sionisme est très controversé : selon la tradition, seul le Messie est habilité à rendre aux juifs la terre de leurs ancêtres, mais on pense parfois que le retour en Terre sainte peut hâter sa venue... et Martin Buber rêve d'une seule patrie où juifs et Arabes de Palestine cohabiteront fraternellement. L'Holocauste bouleverse les consciences et entraîne la création de l'Etat d'Israël. Si le projet est soutenu, encore que tardivement, par certains hassidim, il est farouchement combattu par d'autres. Mais tous ces ultra-orthodoxes ont une préoccupation commune : que la terre d'Israël devienne une Terre sainte exclusivement peuplée de justes, conformément à la vision des prophètes de la Bible.



Diplômée de langues orientales anciennes, Jeanne Chaillet travaille sur la pensée juive dans les Evangiles et sur les sources cananéennes de la Bible.
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Mea Shearim, un quartier saint

Parmi les religieux siégeant à la Knesset, il n'y a qu'un seul hassid, qui intervient exclusivement pour rappeler les besoins religieux de la population ; et si n'importe qui peut se proclamer hassid, la pensée hassidique est suffisamment connue pour qu'on ne puisse pas soupçonner ses adeptes de commanditer des meurtres, tel celui du Premier ministre Itzhak Rabin, le 4 novembre 1995 à Tel-Aviv. Il existe aussi, dans le quartier de Mea Shearim, à Jérusalem, des ultra-orthodoxes qui vivent en Israël en refusant la carte d'identité israélienne : selon eux, l'Etat d'Israël bafoue Moïse et les prophètes en déclarant dans ses statuts qu'il n'acceptera aucune contrainte religieuse. Ces hassidim consacrent leur temps à l'étude et à la prière, parlent yiddish, parce que l'hébreu moderne défigure la langue de la Bible, et détestent les touristes qui ignorent que ce lieu est voué à Dieu aussi sûrement qu'un monastère. Mais hors de cette enceinte, l'habit ne fait pas le moine : le grand chapeau et la longue redingote noire peuvent revêtir à la fois des religieux ultra-sionistes et des hommes dont la cause est purement spirituelle et morale.

Sources Historia

Posté par Adriana Evangelizt


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